Les représentants des six grands cultes français estiment, dans une tribune commune, que le contexte politique actuel n'est pas favorable à ce débat voulu par l'UMP.
C'est un nouveau coup porté au débat sur la laïcité. Après les remous au sein de l'UMP, c'est au tour des représentants des grandes religions de France d'exprimer dans une tribune commune leurs grandes réticences face à la tenue de ce débat qui doit être organisé par le parti majoritaire. Dans ce texte publié mardi soir par le site internet du journal Le Parisien , douze représentants* des six grands cultes français, réunis au sein de la Conférence des responsables de culte en France (CRCF), formée en novembre, prennent leurs distances avec le débat sur la laïcité.
Les signataires de ce texte rappellent en préambule leur attachement à la laïcité, «pilier de notre pacte républicain». Mais ils préviennent : «Veillons à ne pas dilapider ce précieux acquis». «Il nous paraît capital, pendant cette période pré-électorale, de bien garder sereinement le cap en évitant amalgames et risques de stigmatisation», ajoutent-ils.
«N'ajoutons pas de la confusion»
S'exprimant «sans aucun esprit polémique ou partisan», les signataires du texte s'interrogent : «Faut-il dans le contexte actuel un débat sur la laïcité ?» Ils ne formulent pas à cette question de réponse définitive mais font état de leurs craintes. «L'accélération des agendas politiques risque (...) de brouiller cette perspective et de susciter des confusions qui ne peuvent qu'être préjudiciables», expliquent-t-ils. Si «le débat est toujours signe de vitalité», «un parti politique, fût-il majoritaire, est-il la bonne instance pour le conduire seul ?», demandent les signataires du texte. «N'ajoutons pas de la confusion dans la période trouble que nous traversons».
Les représentants des grandes religions reconnaissent cependant la nécessaire adaptation des cultes face aux évolutions de la société. «Nous ne manquerons pas d'être une force positive de propositions dans ce sens», concluent-ils, non sans rappeller l'importance de la production intellectuelle et les rapports établis sur le sujet.
* Parmi les signataires de ce texte figurent le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, Mohammed Moussaoui, président du Conseil national du culte musulman, le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France, le Grand Rabbin de France Gilles Bernheim, le Métropolite Emmanuel, président de l'Assemblée des Évêques orthodoxes de France et le révérend Olivier Wang-Genh, président de l'Union bouddhiste de France.
30/3/2011
Source : Le Figaro