mercredi 3 juillet 2024 22:17

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Rencontre avec le franco marocain Karim TROUSSI, metteur en scène et pédagogue

Metteur en scène, pédagogue et coach. Il a commencé sa carrière au Maroc avant de partir compléter sa formation en France au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris puis au Centre National du Cirque de Chalon. Très vite, il s'est intéressé aux aspects corporels, sensoriels et aux fondamentaux du jeu de l'acteur. Rencontre avec Karim TROUSSI.

Karim TROUSSI a travaillé avec divers chercheurs : Alexandre Del Pérugia sur la pédagogie, le geste et l'acrobatie, Alfred Tomatis sur l'oreille et la voix et d'autres sur la kinésiologie, le massage... Depuis 15 ans, il développe, en tant que pédagogue, un travail autour de la thématique «corps, jeux, perception», centrée sur la sensibilité corporelle de l'acteur et son autonomie. Il partage son travail avec les élèves des grandes écoles (il a enseigné 10 ans à la Comédie de Saint- Etienne, 3 ans à l'ENSATT...); mais également avec des artistes qu'il accompagne dans leur parcours professionnel et artistique.

Ces dernières années, Il s'est particulièrement investit dans le développement artistique de groupes musicaux (tels que « Babylon Circus », «  Hurlement de Leo », « Melk »,  « Fanfarnaüm »...) et la mise en scène de concerts. En tant que metteur en scène de théâtre, il compte aujourd'hui plus d'une vingtaine de mises en scène à son actif. . Il a initié et dirigé plusieurs projets artistiques en France, Allemagne, Togo, Brésil, Chine, Roumanie et Maroc où il a réalisé « Oedipiades » une pièce de Driss Ksikès présentée au Théâtre Bahnini à Rabat.

TB : D'abord pourquoi cet intérêt pour l'art dramatique?

Karim TROUSSI : C'est plus qu'un intérêt, c'est une nécessité pour vivre. Je dois raconter des histoires qui font rêver et grandir. Le théâtre est un lieu où les émotions et les images rencontrent la pensée et la poésie.

TB : Vous arrivez à l'âge de 21 ans en France où vous rencontrez des personnes comme Ariane Mnouchkine, Peter Brook, Niels Arestrup, Soutigui Kouyaté.... Ce sont ces rencontres qui vont forger votre démarche et polyvalence ?

Karim TROUSSI : Quand je suis arrivé du Maroc, j'avais soif d'apprendre. J'ai eu beaucoup de chance de rencontrer de belles et grandes personnes qui m'ont accompagné et m'accompagne encore dans mon parcours. Elles m'ont transmis un héritage que je fais fructifier. Elles m'ont appris que l'essentiel se trouve dans l'être et le faire.

TB : Votre double culture pèse-t-elle dans le processus créatif, dans la forme comme dans le contenu ?

Karim TROUSSI : Elle ne pèse pas, bien au contraire elle me porte dans mon travail et ma recherche. Ma place aujourd'hui est une place de trait d'union. J'ai toujours grandit dans la diversité culturelle. Deux petites anecdotes peuvent illustrer cela : Ma mère, à la maison à Meknès, nous cuisinait des recettes quelle découvrait dans des revues françaises. Quand je suis arrivé en France grâce à un ami français, je me suis intéressé à Hmadcha et issawa. Je suis fait de ce croisement et cela rejaillit obligatoirement en moi et dans mon travail.

TB : Karim TROUSSI met-il en scène pour le public français comme pour il le fait pour le public marocain ?

Karim TROUSSI : Quand je mets en scène un spectacle franco –marocain par exemple Oedipiades, mon rôle de trait d'union est très important, je dois regarder le spectacle tantôt avec les codes culturels marocains, tantôt avec les codes culturels français et mon travail est de rendre le spectacle homogène. Mais quand ce sont des spectacles pour un seul pays c'est celui-ci qui m'influence inconsciemment.

TB : Le théâtre peut-il jouer un rôle édifiant dans le processus d'enracinement sans déracinement des marocains du monde qui s'intègrent sans oublier leur culture d'origine? Vous y pensez ?

Karim TROUSSI : En arabe classique pour dire je suis né quelque part on dit « MASQUITO RASSI » traduction littéral : là où ma tète est tombé. Pour moi, Le corps peu aller où il veut mais la tête reste là où elle est tombée. Pour moi l'intégration se fait, quand on à quelque chose à troquer (notre savoir faire, savoir être et paraître). Et je n'aime pas le mot racines (la souche est très lourde à déplacer) je préfère parler d'ancrage ou de culture nomade basée sur le respect de son environnement physique et spirituel.

TB : Quels sont vos projets au Maroc comme en France ?

Karim TROUSSI : En plus de la tourné d'Oedipiades au Maroc et en France, je prépare un spectacle à partir du roman de Driss Chraïbi La Civilisation ma mère !... qui aborde avec tendresse et simplicité un grand destin et dresse un magnifique portrait de femme. L'objectif de cette création est d'amener le théâtre là où il ne va pas habituellement  : dans les classes, dans les foyers, dans les centre sociaux... pour parler et interagir directement avec le public. Une rencontre insolite autour de problématiques qui touchent chacun de nous à différents niveaux : Comment la civilisation permet-elle l'accès à la liberté individuelle ? Quelle condition pour la femme moderne, plongée au cœur de cette civilisation ? Comment gérer la liberté et la conscience douloureuse qu'elle apporte avec elle ?

31/3/2011, Taoufik Boubker

Source : Synergies des Marocains du monde

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