samedi 23 novembre 2024 15:09

Débat sur l’islam: le chemin de croix de l’UMP

Rejetée par les responsables religieux, désavouée jusque dans la majorité, perçue comme un clin d’œil au FN, la convention «sur la laïcité» prend des allures de naufrage.

Former enfin les imams

C’était l’une des missions du Conseil français du culte musulman (CFCM) lors de sa création, en 2003 : former des imams républicains. Selon Mohammed Moussaoui, son président, sur les 1800 imams exerçant en France, 300 viennent de l’étranger : 150 de Turquie, 120 d’Algérie, 30 du Maroc. Une enquête du ministère de l’Intérieur, en 2005, avait montré par ailleurs qu’«un bon tiers ne parle pas ou très difficilement notre langue, un petit tiers s’exprime moyennement et le tiers restant s’exprime avec aisance». Par ailleurs, seulement «45 % sont salariés de manière régulière. […] Les autres sont bénévoles ou rétribués par des oboles de type divers».

Ces dernières années, diverses hypothèses de formation des imams ont été examinées. Sans grand succès. La Mosquée de Paris a créé son propre institut, l’Union des organisations islamiques de France également. Mais il s’agit de formations exclusivement pastorales.

Pour le côté sciences humaines, la «Catho» de Paris a ouvert en janvier 2008 un cursus «religions, laïcité, interculturalité». Le projet de créer une faculté de théologie musulmane en zone concordataire à Strasbourg, n’a jamais vu le jour. Tant que la question du statut social et économique des cadres religieux musulmans français ne sera pas réglée, ces efforts resteront de toute façon vains.

Aider à construire des mosquées

Des mosquées se construisent en France. Il y en aurait environ 2 000 aujourd’hui. Mais il en manque. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) estime à 4 000 le nombre des lieux de culte nécessaires pour satisfaire les 20 %de pratiquants parmi les 5 millions de musulmans. Sur les 2 000 mosquées, une dizaine maximum serait concernée par les prières dans la rue : six à Paris, trois à Marseille et une à Nice. Sur le terrain, certaines communes continuent de freiner des quatre fers et d’entraver les constructions, utilisant par exemple leur droit de préemption. Mais «les municipalités mettent moins d’obstacles qu’autrefois à l’édification de nouveaux lieux de culte, observe la mission Stasi dans son rapport. Les autorisations d’urbanisme sont plus facilement accordées». Les collectivités territoriales peuvent mettre à disposition des terrains communaux dans le cadre de baux emphytéotiques (de très longue durée) et accorder des garanties d’emprunt. Le rapport Machelon juge qu’il faut aller plus loin, qui préconise que «l’aide directe» par les communes soit «formellement autorisée». La Fondation pour l’islam de France pourrait également être réactivée. Créée par Dominique de Villepin lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, mise en sommeil par Nicolas Sarkozy, elle devait collecter des fonds et les redistribuer en vue notamment de la construction de lieux de culte. Mais elle n’a jamais fonctionné.

31/3/2011, Catherine Coroller

Source : Libération

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