samedi 23 novembre 2024 15:25

Exposition d’affiches à Alger : “Figures et parcours, un siècle d’histoire des Maghrébins en France”

Un travail de mémoire et d’histoire. Ce support retrace plus de 100 ans de flux migratoire de l’Afrique du Nord vers la France. C’est également le parcours pour le moins chaotique de cette communauté à travers des affiches d’artistes maghrébins.

“L'affiche s’expose, proclame, informe et revendique. Politique, artistique, publicitaire, illustré ou non, ce support caractérise particulièrement les thèmes et l’esthétique d’une époque.” C’est par le biais de ce support iconique que l’association française Génériques a décidé de retracer le parcours et les figures des Maghrébins en France, en mettant sur pied tout un projet artistique, dont une exposition, se déroulant actuellement au Centre culturel français d’Alger, depuis le 15 mars dernier. Intitulée “Figures et parcours, un siècle d’histoire des Maghrébins en France”, cette exposition (présentée plusieurs fois en France et dans divers festivals) est composée d’une cinquantaine d’affiches allant de la moitié du XIXe au XXe siècle.
Des affiches anciennes jusqu’aux plus récentes. En choisissant “d’évoquer par ce biais la figure du Maghrébin, objet de représentation tout au long du XXe siècle, c’est cerner les stéréotypes à travers un moyen d’expression quotidien ayant tendance à disparaître sous le nombre”, est-il mentionné dans le catalogue de l’exposition. Couvrant la totalité des murs blancs de la salle d’exposition du CCF d’Alger, ces affiches sont un voyage dans le passé. Une brèche dans la muraille du temps, retraçant, à travers elles, la présence, la vie et l’engagement de la communauté maghrébine en France. Elles rappellent sans conteste “le long chemin de l’enracinement des Maghrébins” en France, à travers un parcours, souvent jalonné d’embûches et autres obstacles, de femmes et d’hommes “ordinaires, en particulier des artistes”. Ces derniers ont été les témoins de l’implantation et de “l’implosion” de cette communauté dans ce pays du vieux continent.

Des affiches de Warda El-Djazaïria, Slimane Azem, Hocine Slaoui, Salim Halali, cheikh El-Hasnaoui… démontrent la forte présence des Algériens, Marocains et Tunisiens en France. Car ces artistes se déplaçaient souvent dans ce pays (certains y ont même vécu) pour animer des soirées musicales nostalgiques, chantant pour la plupart le pays, la famille laissée, avec une voix gorgée d’émotion.

Outre leur aspect culturel ou artistique, l’exposition met à nu le regard qu’a l’Occident du Maghreb : des stéréotypes, des clichés (zouaves, danseuses du ventre, eunuques, travailleurs dans les mines ou les chantiers de construction de bâtiment), des visions qui perdurent aujourd’hui, car longtemps elles ont véhiculé une image et une réputation négatives du “Nord-Africain appelé aujourd’hui Maghrébin”. Il lui a fallu suivre le parcours du combattant pour s’en défaire progressivement, devenant “les acteurs de leur émancipation”. Ils on été les “acteurs privilégiés dans la destinée de ces communautés”, ainsi que “des témoins précieux de cette histoire”. De facto, ce sont ces matériaux culturels (littérature, cinéma, musique, théâtre, chanson, arts plastiques… ) que cette exposition tend à retracer ce siècle de flux migratoire, venu d’Afrique du Nord. Figures et parcours, un siècle d’histoire des Maghrébins en France, embrasser l'histoire de ces pionniers, et ce à partir de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’à la fin du XXe siècle, en passant par les différentes mutations ; raconter cette histoire du point de vue de ces populations, sans négliger leur environnement ; raconter ce siècle à partir des itinéraires de personnalités, maghrébines ou françaises (de l'émir Abdelkader, fêté par Napoléon III et le Grand-Orient, les marcheurs de 1983, Ahmed Ben Amar El-Gaïd, fondateur du cirque Amar, aux vedettes d'aujourd'hui) ; enfin, passer de l’état de mémoire à celui d'histoire, “sans négliger les conflits, les rencontres ni les métissages, et prenant en compte toutes les facettes de cette histoire culturelle, des orchestres judéo-musulmans, encore actifs au début des années 1970, aux crispations identitaires qui nous posent question”.

3/4/2011, Amine IDJER

Source : Liberté.al

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