Le ministre de l'Intérieur a reçu vendredi les représentants des grandes religions de France pour leur présenter quelques mesures visant à renforcer l'application de la laïcité, notamment le renforcement de son enseignement à l'école. (Avec des vidéos itélé)
Après la polémique autour du récent débat de l'UMP sur la laïcité, les mesures présentées vendredi par Claude Guéant manifestaient une volonté d'alléger l'atmosphère entre le monde religieux et le pouvoir. Prenant ses distances avec l'approche législative défendue par Jean-François Copé le 5 avril, le ministre de l'Intérieur a opté pour une posture plus consensuelle, proche du discours de François Fillon ou d'Alain Juppé. Devant les représentants des six grandes religions de France (catholique, musulmane, juive, protestante, bouddhiste et orthodoxe) il a affiché trois objectifs : «réaffirmer le principe de neutralité du service public», «mieux faire connaître la laïcité et son application dans la République» et «garantir et favoriser le libre-exercice du culte».
Concernant l'application de la laïcité au service public, le ministre renvoie les dossiers les plus épineux à un groupe de travail interministériel associant les cultes. Celui-ci devra remettre ses conclusions avant l'été. L'idée est, entre autres, de trancher la question du port de signes religieux par des parents encadrant des sorties scolaires ou par des salariés d'organismes de droit privé chargé d'une mission de droit public, comme des employés de crèche.
Prières de rue : la concertation privilégiée
Le projet de Claude Guéant prévoit de mettre au point d'ici la fin mai un «code de la laïcité» rassemblant les grands textes existant sur le sujet. Les fonctionnaires devront suivre une formation à la laïcité. A l'école, ce sujet fera l'objet d'un enseignement renforcé en cours d'éducation civique. Il est aussi souhaité que les ministres du culte reçoivent une formation républicaine plus solide. Enfin, des médiateurs seront désignés dans chaque ministère et des «correspondants laïcité» dans chaque préfecture pour être les interlocuteurs des élus locaux et des associations cultuelles.
Sur la question de l'exercice du culte, le ministre a annoncé la tenue de «conférences départementales de la liberté religieuse» à l'automne, réunissant des élus locaux, des responsables des services publics et des représentants des cultes. Concernant les très médiatisées«prières de rue», qui ne concernent que «cinq lieux de culte» à Paris, Marseille et Nice selon le président du Conseil français du culte musulman Mohammed Moussaoui, Claude Guéant privilégie «la voie de la concertation» entre les pouvoirs publics et les associations concernées.
» Le président du CFCM Mohammed Moussaoui revient sur la question des prières de rue :
Comme l'avait souhaité l'UMP, le ministre confirme qu'aucun financement public d'un lieu de culte n'est possible, mais il rappelle les dispositifs permettant d'ores et déjà d'accompagner leur construction baux emphytéotiques*, garanties d'emprunt… Statu quo également dans les écoles où aucun menu religieux ne sera fourni par les cantines publiques. Des repas végétariens de substitution pourront néanmoins être proposés, comme l'avait suggéré l'UMP.
Les propositions du ministre ont globalement été bien accueillies par les représentants des cultes, qui avaient en revanche presque tous boycotté le débat de l'UMP par crainte d'une stigmatisation. «On sent qu'il y avait une volonté d'apaisement, de dialogue entre les pouvoirs publics et les cultes sur des questions concrètes», a déclaré Mohammed Moussaoui. De son côté, le rabbin Moshé Lewin s'est félicité de ce que le ministre ait déclaré qu'il était impensable d'organiser des examens les jours d'une fête juive importante, après la polémique autour des dates de concours d'entrée aux grandes écoles.
16/4/2011
Source : Le Figaro