SOS Racisme annonce mercredi avoir saisi la Cour de justice des propos du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, relevant, selon elle, de l'incitation à la discrimination raciale et qu'elle juge contraires à la Constitution.
L'association estime que les propos réitérés du ministre sur les musulmans et l'islam "ne sont pas un simple dérapage" mais s'inscrivent dans un discours récurrent "fondé pour l'essentiel sur la xénophobie et la discrimination."
La Cour de justice de la République statue sur des infractions commises par les ministres pendant l'exercice de leurs fonctions.
Outre SOS Racisme, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), l'association "SOS Soutien ô sans papiers" et un élu local ont annoncé leur intention de porter plainte contre Claude Guéant.
Dans sa requête, SOS Racisme rappelle les propos de Claude Guéant le 4 avril en Loire-Atlantique, où il avait déclaré: "En 1905, il y a avait très peu de musulmans en France, aujourd'hui il y en a entre 5 et 6 millions. L'accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème."
Le texte évoque également des propos tenus au journal Le Monde le 15 mars. Le ministre de l'Intérieur expliquait que "les Français ont le sentiment que les flux (migratoires) non maÂŒtrisés changent leur environnement." "Ils ne sont pas xénophobes. Ils veulent que la France reste la France".
SOS Racisme reproche en outre au ministre d'avoir, le 21 mars, expliqué à un journaliste du Figaro Talk pourquoi Nicolas Sarkozy avait eu raison de prendre "la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations Unies et puis la Ligue arabe et l'Union africaine" concernant la Libye.
"Ces propos sont d'un extrême gravité, en contradiction totale avec les valeurs de la République, valeurs qu'un ministre se doit de promouvoir et non de contribuer à affaiblir", estime Dominique Sopo, président de SOS Racisme.
Brice Hortefeux, prédécesseur de Claude Guéant, avait été condamné pour injure raciale le 4 juin dernier.
L'opposition de gauche accuse Claude Guéant de reprendre systématiquement depuis sa prise de fonctions en février dernier les thématiques du Front national. Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a estimé que Claude Guéant, est "devenu le ministre du FN".
La présidente du parti d'extrême droite, Marine Le Pen, a de son côté ironisé sur ce proche de Nicolas Sarkozy, estimant qu'il méritait d'être fait "président d'honneur" du FN.
20/4/2011
Source : Atlas info