mercredi 3 juillet 2024 22:18

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Des centaines d'immigrés tunisiens rêvent de la France à la gare de Rome

Reportage de Dario THUBURN

Armés de leur précieux permis de séjour temporaire délivré par l'Italie, des centaines d'immigrés tunisiens transitent ces derniers jours par la gare centrale de Rome, d'où ils espèrent gagner la France grâce aux billets de train gratuits remis par les autorités locales.

Après un voyage périlleux des côtes tunisiennes jusqu'à l'île de Lampedusa, ces Tunisiens fuyant la pauvreté affluent chaque jour à la gare de Termini en provenance de centres d'accueil du sud de l'Italie et en repartent avant le soir.

"Chaque jour, il y en a des centaines qui arrivent", raconte Dorsaf Yacoubi, une jeune Italienne d'origine tunisienne qui aide comme volontaire les immigrés en leur distribuant des repas préparés qu'elle retire d'une petite camionnette sous le regard des touristes et des policiers.

Un peu plus loin, des membres de la protection civile italienne distribuent des billets de train gratuits pour permettre aux Tunisiens d'arriver jusqu'à Vintimille, dernière ville italienne avant la frontière française.

"Il est nécessaire que la protection civile intervienne rapidement, avec notre aide naturellement, pour éviter les regroupements d'immigrés à Termini", a expliqué le maire de droite de la capitale, Gianni Alemanno.

Paris a d'ailleurs accusé Rome d'abuser de l'accord de Schengen sur la libre circulation des personnes en fournissant des documents de voyage et permis de séjour temporaires aux Tunisiens, accusant à mots couverts Rome de s'en débarrasser ainsi à bon compte vu que la plupart veulent aller en France.

Ce dossier est en tête des questions qui seront abordées mardi lors d'un sommet à Rome entre le président français Nicolas Sarkozy et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.

"Nous ferons en sorte que Rome ne devienne pas la dernière étape d'une vague incontrôlée d'immigration", a affirmé M. Alemanno, un ex-néo-fasciste et ténor du parti de M. Berlusconi, s'attirant les critiques de la communauté catholique Sant'Egidio, qui a fait part de sa "stupéfaction, déception et préoccupation" face à l'attitude des autorités municipales.

"Nous sommes si accueillants quand des étrangers viennent dans notre pays, on veut juste un peu d'hospitalité et travailler. Nous sommes des gens honnêtes", se défend Nasser Seghaier, un informaticien de 26 ans qui espère pouvoir rejoindre son frère en banlieue parisienne.

"Sarkozy n'aime pas les Arabes, il y a beaucoup de problèmes", ajoute-t-il, tout en montrant fièrement ses papiers: "Regardez, c'est écrit que je peux aller n'importe où en Europe!"

Au total, plus de 20.000 migrants tunisiens ayant débarqué dans le sud de l'Italie entre janvier et le 5 avril, date d'un accord italo-tunisien de lutte contre l'immigration clandestine, ont bénéficié de ces permis temporaires délivrés pour raisons humanitaires.

En attendant, les Tunisiens présents à Termini sont surpris par le manque d'organisation des autorités italiennes: "l'organisation est complètement défaillante, honnêtement, je suis choqué", confie Mohammed Hammouda, un ingénieur électricien de 27 ans originaire de Sfax.

Il est arrivé le 26 mars à Lampedusa, la petite île italienne proche des côtes tunisiennes, d'où il a ensuite été conduit dans un camp du sud de l'Italie.

Dorsaf Yacoubi, la jeune volontaire de 18 ans, confirme elle aussi "l'absence d'organisation". "Il n'y a personne d'autre que nous", explique-t-elle en sortant des plateaux-repas de sa camionnette avant d'ajouter: "Je les aide parce qu'ils sont tunisiens comme moi!"

25/4/2011

AFP

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