A l’heure même où à Rome, Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi adoptaient une position commune visant à obtenir de Bruxelles le rétablissement ponctuel des contrôles aux frontières, des opérations de filtrage se poursuivaient dans les départements alpins. En Isère par exemple, la gendarmerie et les douanes ont mené mardi une action conjointe destinée à intercepter d’éventuels migrants d’Afrique du Nord en situation irrégulière. Positionnés à l’entrée de Bourg-d’Oisans sur la RD 1091 -l’axe qui, via le Briançonnais, est emprunté par les véhicules en provenance de la frontière italienne, distante d’environ 80 kilomètres- les forces de l’ordre ont systématiquement contrôlé camions et fourgons, ainsi que les véhicules immatriculés à l’étranger.
“Nous répondons aux consignes de la préfecture, qui a demandé ces dernières semaines un renforcement des contrôles”, explique le capitaine Morelli, de la compagnie de gendarmerie de La Mure. Selon l’officier, les personnes qui seraient détentrices du permis de séjour provisoire (délivré récemment à 20 000 migrants tunisiens par les autorités italiennes) ainsi que de l’autorisation de circuler dans l’espace Schengen ne seraient en aucun cas arrêtées par ses services. “Notre mission est d’intercepter les personnes qui sont clairement en situation irrégulière. Nous voulons également envoyer un signal aux passeurs qui, pour éviter les Alpes Maritimes soumises ces derniers temps à une importante densité de contrôles, seraient tentés d’emprunter les itinéraires alpins”.
Ce mardi, au terme de trois heures de contrôle, aucun migrant -en situation régulière ou irrégulière- n’aura pourtant été intercepté. Et selon nos informations, les Tunisiens et Libyens arrêtés ces dernières semaines dans le département sont très peu nombreux. Si l’Isère n’est pas la Savoie, département qui a enregistré un passage significatif de migrants tunisiens à la fin de l’hiver (notre édition du 8 avril), le ”flux massif” évoqué par les pouvoirs publics semble donc s’être tari…
Les associations d’assistance aux réfugiés et aux migrants évoquent d’ailleurs des chiffres “modestes, sans rapport avec la communication politique qui est faite actuellement”, juge Jean-François Ploquin, directeur général de l’association Forum Réfugiés, basée en banlieue lyonnaise. Selon cette organisation partenaire du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), 76 Tunisiens ont été conduits au Centre de rétention administrative (CRA) de Lyon depuis le 11 février, date d’arrivée du premier bateau de migrants à Lampedusa. A titre de comparaison pour la même période, le chiffre donné par Forum Réfugiés concernant le CRA de Nice est de 500 personnes.
1/5/2011