En deux jours, trois mille immigrés partis de Libye sont arrivés à Lampedusa. Le ministre italien des Affaires étrangères redoute que leur nombre s'élève à 60.000.
À quatre heures du matin dimanche, la barque de pêche déglinguée partie de Libye est entrée dans le port de Lampedusa, étroitement encadrée par trois vedettes des gardes-côtes italiens. Au large de Malte, elle avait lancé un SOS par téléphone cellulaire car elle prenait l'eau dans une mer démontée. À bord se trouvaient 461 réfugiés, dont 44 femmes et six enfants, africains pour la plupart mais aussi asiatiques. La veille à minuit, une autre embarcation transportant 612 réfugiés était arrivée à Lampedusa. En l'espace de deux jours, trois mille immigrés partis de Libye ont mis pied sur cet îlot rocheux à mi-distance de la Sicile et de l'Afrique du Nord.
C'est signe que l'exode, interrompu depuis quinze jours à partir de la Tunisie, a repris à large échelle, en provenance de Libye cette fois. Ces migrants pourraient constituer l'avant-garde des réfugiés que Mouammar Kadhafi menace d'expulser dans les prochaines semaines en représailles des bombardements contre ses positions. Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, redoute que leur nombre s'élève à 60.000.
Silvio Berlusconi, une histoire de «trahison»
«Avec l'Italie, c'est désormais guerre ouverte», a déclaré samedi le colonel Kadhafi, accusant son ancien ami Silvio Berlusconi de «trahison». La Ligue du Nord, qui est au gouvernement, critique âprement la participation de l'Italie aux frappes aériennes. Elle est furieuse de n'avoir pas été consultée par le président du Conseil alors qu'elle est son allié le plus fidèle. Elle estime aussi que l'Italie en a déjà «assez fait» en ouvrant sept bases militaires à l'Otan et en participant au blocus naval. Pour l'un de ses dirigeants, le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, ces nouvelles arrivées sont la «conséquence directe» des bombardements.
Pour prix du maintien de son alliance, la Ligue veut connaître la date précise de la fin des opérations militaires et réclame une réduction des effectifs militaires italiens au Liban et en Afghanistan. Un débat se déroulera demain à la Chambre des députés. Silvio Berlusconi a cherché à l'éviter en affirmant que les frappes faisaient partie du dispositif prévu par la résolution 1973 du Conseil de sécurité. Il lui faut maintenant manœuvrer serré pour éviter la censure.
2/5/2011