Dans une interview donnée au journal danois Politiken le ministre de l’Intégration a déclaré vouloir établir une distinction légale entre immigrants venus de pays développés et les autres. Les plans du ministère, s’ils sont menés à bien, devraient établir une discrimination positive envers les immigrants venus des pays les plus riches lors des procédures de réunion familiale.
Søren Pind, ministre de l’Intégration, bien connu pour ses prises de positions conservatrices en matière d’immigration n’aura encore une fois pas ménagé ses mots pour soutenir ses propositions. « Nous avons un problème majeur dans le sens où la législation sur l’immigration est tellement remplie de préoccupations égalitaires que nous rendons la procédure trop compliquée pour ceux qui sont prêts à s’installer de manière constructive au Danemark. »
D’après Pind, il faudrait donc faciliter la procédure légale de rapprochement familial pour certains immigrants tout en conservant la ligne politique actuelle concernant les autres. Cette procédure, fortement critique par l’opposition pour son caractère dissuasif prévoit un test de compétence en danois, un autre en culture danoise et le paiement de 3000 couronnes danoises (l’équivalent de quelque 400 euros).
Toujours d’après le ministre, cette distinction devra être faite entre immigrants en provenance de pays riches et les autres. Même si les plans du ministère sont encore loin d’être finalisés, plusieurs critères ont d’ores et déjà été proposés pour la constitution de cette potentielle catégorie d’immigrés de première classe. Ont ainsi été avancés comme critère potentiels l’appartenance ou non du pays du migrant à l’OCDE, l’indice de développement humain de ce pays ou encore le fait que ses habitants puissant voyager en Europe sans Visa.
S’il devait advenir que ces plans soient un jour amenés à entrer dans la législation danoise, cela signifierait ni plus ni moins qu’une forme de discrimination basée sur l’origine nationale deviendrait institutionnalisée. D’après le ministre de l’Intégration, une telle idée n’est pas particulièrement choquante et ce dernier a mis en avant l’existence d’une législation similaire aux Pays-Bas et en Allemagne pour en défendre l’idée.
« Il s’agit d’une rupture avec la politique que nous avons eue depuis 2001. La portée est dépendante des questions légales mais la boîte de Pandore a été ouverte. J’y mettrai beaucoup d’énergie » a également déclaré le ministre.
Tandis que la nouvelle aura enchanté les chantres du Parti Populaire Danois, allié du gouvernement, certains partis d’opposition, rejoins par plusieurs ONG ont critiqué les plans du ministère. Henrik Kristensen, député et porte-parole des Sociaux-démocrates en matière d’immigration, rappelle ainsi que la mesure, centrée autour du processus de rapprochement familial, pourrait également être préjudiciable aux Danois eux-mêmes. « Le gouvernement et le PPD pensent que vous pouvez aisément venir ici avec une bonne éducation et beaucoup d’argent. Mais la question est plutôt avec qui les citoyens danois tombent amoureux. Il sera maintenant mieux de tomber amoureux d’une Américaine qu’avec une Brésilienne » déclare-il au journal Politiken.
Tandis que l’entente entre le Parti Populaire Danois et les Conservateurs du Venstre semble être prête pour durer encore un moment, nul ne devrait s’étonner de voir un nombre croissant de mesures à caractère conservatrices voir le jour. Cette dernière saillie promettant l’institutionnalisation d’une discrimination de type économique et social ne sera certainement rien de plus qu’un maillon dans une chaîne bien plus longue de réformes à venir.
23/5/ 2011, Lyonel PERABO ⋅
Source : Le froncofil