samedi 23 novembre 2024 17:03

France : Le débat sur l'immigration fait son retour

L'immigration légale est à l'honneur depuis ce week-end. Claude Guéant, d'abord, a réaffirmé l'idée de diminuer l'immigration par le travail. Puis Jean-François Copé, en réponse aux propositions du ministre de l'Intérieur, a annoncé la tenue d'une convention UMP sur l'immigration en juin.

L'immigration, suite. Le sujet est à nouveau sur le devant de la scène. Mardi matin, Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a annoncé la tenue d'une convention UMP sur l'immigration. Sans donner d'explication concrète sur le contenu de cette réunion, il fait écho aux déclarations du ministre de l'Intérieur Claude Guéant sur l'immigration légale. Ce dernier avait créé la polémique en avril, estimant qu'il fallait limiter l'immigration légale. Il a précisé une nouvelle fois sa pensée dimanche lors du Grand rendez-vous Europe 1/ Le Parisien, en s'attaquant en particulier à l'immigration du travail.

Fidèle à son objectif de réduire de 20.000 le nombre d'immigrés légaux, le ministre de l'Intérieur a affirmé que "contrairement à une légende, il est inexact que (la France ait) besoin de talents, de compétences" issus de l'immigration. Et d'insister que le pays "n'a pas besoin de maçons, de serveurs de restaurants" car il dispose "de la ressource" nécessaire.

Dans cette annonce, Jérôme Martinez, secrétaire général de la CIMADE (Comité inter mouvements auprès des évacués) ne voit qu'une fuite en avant du gouvernement. Il l'accuse de reprendre les "vieilles ficelles " et de tenir le discours du Front national d'il y a quelques années. "Tous les experts économiques sont d’accords pour dire que l'immigration légale est une nécessité. L'Europe a besoin d'une immigration légale pour équilibrer les comptes et la reprise économique. Des rapports du Sénat et de l'Assemblée nationale estiment que l'immigration par le travail est une nécessité, un plus pour valoriser la France", appuie le secrétaire général.

"Des mesures à caractère social que nous ne pouvons pas financer"

"Il y a des secteurs de l'économie qui ne vivent que par les migrants. Ce sont principalement les secteurs où les conditions de travail sont éprouvantes, les horaires décalés…", analyse le représentant de la CIMADE. Ainsi, les immigrés sont en nombre dans les secteurs de la construction, l'entretien, la restauration, l'agriculture saisonnière… De surcroît, "le gouvernement laisse penser qu'un chômeur ingénieur, par exemple, devrait se reconvertir, accepter des conditions très dures, être moins payé et partir loin de chez lui. Il parait impossible d'imposer ce genre de reconversion aux chômeurs. La pression qui leur est mise est déjà énorme. Il faut être réaliste, il y a des secteurs qui ont besoin de la main d'œuvre immigrée. "

D'autre part, le député-maire de Meaux a aussi pointé la question de "l'immigration sociale", constatant qu' "il y a un certain nombre de mesures à caractère social dont peuvent bénéficier les immigrés" que "nous ne pouvons pas financer". Un discours qui ne tient pas la route selon Jérôme Martinez. " C'est sûr qu'il y a parfois des abus, c'est une évidence. Mais ce qui est dangereux, c'est de généraliser." Et de souligner que "ce sont les lois, en imposant des conditions de plus en plus exigeantes, qui ont précarisées les gens. Par exemple, concernant les permis de travail, un employeur va être hésitant à embaucher une personne qui a un permis de travail de six mois ou un an. Il va se dire que, passé cette date, il sera dans l'illégalité s'il continue à embaucher cette personne. La personne immigrée, le plus souvent peu qualifiée, peinera donc à trouver un emploi".

24/5/2011

Source : Le Journal de Dimanche

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