samedi 23 novembre 2024 17:26

Les maghrébins dans la mire de Québec

Près d’un an après la sortie d’une étude qui estimait le taux de chômage des Algériens établis au Québec depuis moins de cinq ans à 35,4 %, la ministre de l'Immigration du Québec, Kathleen Weil, propose un système de quotas qui aurait pour conséquence de restreindre l’entrée des populations arabo-musulmanes au Québec.

L’étude de l’Institut de recherche en politiques publiques s’intéressait aux problèmes d’intégration vécus par les immigrants maghrébins.

«Ce qu’on veut, c’est aller chercher de la diversité», a soutenu la ministre Weil, qui souligne que le système de quotas n’est qu’à l’étape des consultations publiques et qu’une cinquantaine d’organismes participeront à la commission parlementaire.

Selon Pierre Anctil, spécialiste de l’histoire de l’immigration canadienne à l’Université d’Ottawa et l’un des signataires de la lettre ouverte «Non aux quotas par origine», la mise en place d’un système de quotas par région géographique vise spécifiquement la population du Maghreb. Avec cette politique, la proportion d’immigrants d’origine maghrébine passerait de 38 % à 30 %.

«On déguise un quota religieux, culturel et linguistique en quota géographique. Choisir les immigrants en fonction de la couleur, de la religion et de la langue, c’est discriminatoire aux yeux de la Charte québécoise des droits et libertés, alors on le camoufle», a affirmé M. Anctil.

Pour ce dernier, il s’agit d’un recul important quant aux politiques migratoires. «Depuis 1968, on choisit les immigrants au mérite en fonction de critères comme l’âge, les compétences, le niveau d’éducation, l’âge et la maîtrise de la langue. Une sélection basée sur la géographie remet en question ce principe», a-t-il indiqué.

Jeunes, éduqués et francophones

Sébastien Arcand, spécialiste en management interculturel à L'École des hautes études commerciales de Montréal et l’un des auteurs de l’étude, souligne qu’aucune politique structurante n’a été mise en place depuis la sortie de son étude.

«Les immigrants maghrébins sont jeunes, ils sont très éduqués et ils parlent français, mais ils ont de la difficulté à se trouver un emploi, car ils parlent peu l’anglais. C’est la réalité du marché du travail montréalais», a-t-il lancé. Il blâme aussi l’influence des syndicats et des ordres professionnels. «Le Québec est très corporatif», a-t-il dit.

Selon les données du Recensement 2001, la population d’origine maghrébine se concentre en effet à 91, 8 % dans la région métropolitaine de Montréal.

27/5/2011

Source : Canoë

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