Le pianiste marocain Marouan Benabdallah a fait ses "débuts" New Yorkais, jeudi soir, à guichet fermé, au Carnegie Hall, le temple de la musique classique aux Etats-Unis, en donnant un récital dans le cadre du "World Nomads Morocco".
L'artiste formé à l'Académie Franz Liszt de Budapest, a interprété, en première partie du concert, la grandiose sonate n1 en ré mineur du compositeur russe Serguei Rachmaninoff. Une oeuvre en trois mouvements rarement jouée en raison de sa complexité mais "interprétée avec une grande maturité" par l'artiste qui a une "grande maîtrise" de la technique.
Les critiques relèveront une "force d'interprétation adoucit par une grâce naturelle". Il est en "total harmonie avec son instrument" et passe avec aisance de la rigueur et la profondeur de l'école classique européenne au lyrisme et à la poésie méditerranéenne, très présente, d'ailleurs, dans la seconde partie du récital et qui reflète ses origines orientales.
A cheval entre deux cultures, marocaine et hongroise, Marouan Benabdallah a été initié dès l'âge de 4 ans à la musique auprès d'une mère professeur de piano. Sa carrière internationale débute en 2003 après son succès au concours de la Radio Hongroise et du Grand Prix d'Andorre. Son large répertoire le mène de Scarlatti au XXe siècle, avec une prédilection très tôt ressentie pour l'oeuvre de Bartok et Rachmaninoff, mais il joue avec la même passion Bach, Haydn, Schubert, Debussy ou Ravel.
"Le répertoire joué ce soir, a été choisi pour qu'il épouse parfaitement l'esprit de la 4ème édition du festival, placé sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, et initié par le French Institute Alliance française (FIAF), en partenariat avec l'Association Essaouira-Mogador et la Fondation Esprit de Fès", a expliqué Zeyba Rahman, Commissaire du festival.
NOMBREUX LANGAGES MUSICAUX
Dans cette partie franco-hispano-marocaine, le soliste vêtu d'une tenue de concert originale, un clin d'oeil à ses origines marocaines, explorera pour son public du Zankel Hall de nombreux langages musicaux, entamés par "La soirée dans Grenade" (extrait des Estampes) de Claude Debussy, ou le "Nocturne" et la "Romance sans paroles" de son compatriote Nabil Benabdeljalil, où il entraîne la salle dans un air coloré et léger.
C'est avec les extraits de la Suite espagnole op.47 "Asturias et Sevilla", de Isaac Albéniz, que Marouan Benabdallah découvrira tout son style en "capturant l'esprit de la musique" du célèbre compositeur espagnol. Dans cette ballade sévillane, plus connue dans sa version transcrite pour la guitare, le soliste ressortira toute la gaieté et mélodie du flamenco.
Avec "Oiseaux tristes", "Barques sur l'océan" et "Alborada del gracioso", trois des cinq pièces pour piano "Miroirs" de Maurice Ravel, il revisite ses classiques impressionnistes et offre à son public les différentes facettes du célèbre recueil. Il enchaînera sur "Africa", un concerto pour piano et orchestre de Saint-Saëns dont il a fait une transcription très applaudie.
Le jeune pianiste chaleureusement acclamé a offert deux bis. D'abord des extraits de "Mikrokosmos" de Béla Bartock, puis le "Prélude" en si mineur de Jean Sebastien Bach arrangé par Alexander Siloti.
Le Concert s'est déroulé en présence de l'ambassadeur du Maroc à l'ONU, Mohamed Loulichki, de l'ambassadeur du Royaume à Washington, Aziz Mekouar, ainsi que de nombreux Représentants permanents auprès de l'Organisation mondiale et des personnalités du monde des Affaires, des médias et de la Culture.
Avec ce récital, "World Nomads Morocco" aura bouclé un mois de célébrations dédiées à la découverte et à l'exploration, en différentes places prestigieuses de New York, de l'identité et la culture du Royaume à travers les arts.
28/5/2011, Bouchra Benyoussef
Source : MAP