Rejetée, stigmatisée dans plusieurs pays européens, la communauté musulmane démontre actuellement en Italie, qu’elle peut également être d’un grand apport pour l’économie locale. A Milan, Egyptiens et Marocains, s’affirment comme les principaux acteurs du renouveau économique de la ville.
Par les temps actuels de crise, les étrangers se montrent particulièrement actifs en Italie, ou leur activité génère pas moins de 35 milliards d’euros par année, selon le quotidien espagnol ABC. A titre indicatif, ce titre représente 3,2% du PIB italien. C’est dire leur importance en Italie.
Milan, capitale économique du pays à la Botte, est l’une des villes où cette prospérité est des plus visibles. Le nombre d’entreprises créées par des Italiens aurait connu une croissance de 1,8%. De leur côté, les entreprises gérées par des étrangers ont connu une croissance de l’ordre de 3,2%, près du double.
Les immigrés musulmans prennent une part importante dans cette croissance, avec pas moins de 6000 entreprises créées au cours de l’exercice 2010-2011. Selon la chambre de commerce de Milan, plus de 22 000 PME seraient gérées par des étrangers, dans la capitale lombarde. Les communautés les plus actives se trouvent êtres les Egyptiens (4875 entreprises), suivis des Chinois (3408). Les Marocains complètent le podium, avec près de 1600 PME à leur compte.
Le succès de ces entrepreneurs étrangers s’explique par le fait que ces derniers aient investis des secteurs très peu prisés par les Italiens, ou, liés aux besoins des immigrés. Les étrangers représenteraient 100% des fabricants de tapis, 96% des vendeurs ambulants de tissus et de chaussures, 70% des traducteurs, et même 69% des prestataires de services de transfert d’argent.
Il faut ajouter à cela le « boom » qu’a connu le secteur de la restauration ethnique en Italie. Les entreprises de ce secteur auraient connu une croissance de 76% dans l’ensemble du territoire, et de 14% en Lombardie. Les principaux restaurants dans ce domaine, seraient chinois et arabes.
Il semble toutefois que cette prospérité économique des musulmans de Milan, ne soit pas vue d’un bon œil par tous. Silvio Berlusconi, actuel Président du Conseil italien, serait en ballotage défavorable, dans son fief milanais, en vue des élections municipales de dimanche à lundi prochains. Le Cavaliere a alors récemment déclaré, dans son style caractéristique, que si ses rivaux du Centre-Gauche l’emportaient, « Milan deviendrait une ville islamique ». Au train où vont (bien) les choses, peu de chance que son discours inquiète les électeurs.
30/5/2011, Yann Ngomo
Source : Yabiladi