samedi 23 novembre 2024 17:04

France : L'UMP crie haro sur la binationalité

Un rapport parlementaire préconisant sa limitation sera remis ce mercredi par Claude Goasguen.

La double nationalité est sur la sellette. Alors que le débat lancé par Marine Le Pen, divise au sein même de l’UMP, le député Claude Goasguen doit remettre mercredi un rapport dans lequel il préconise un encadrement drastique de ce droit à appartenir à deux Etats.

"Il est certes impossible, comme le suggèrent certains extrémistes, de supprimer la binationalité, mais il faut la limiter", a déclaré le député-maire du XVIe arrondissement de Paris, rapporteur de la mission d’information parlementaire sur le droit de la nationalité.

"Cela veut dire qu'on demanderait aux gens de choisir entre deux nationalités. Ou bien qu'on aille vers une limitation des droits politiques. Car il est tout de même gênant qu'une personne puisse voter en France et dans un autre Etat. En procédant ainsi un binational se retrouverait en quelque sorte avec +une nationalité et demie+".

"Une atteinte à la cohésion républicaine"

Selon les estimations de Claude Goasguen, elle concernerait 4 à 5 millions de personnes en France. Des chiffres impossibles à vérifier dans la mesure où aucune statistique officielle n’existe sur ce sujet.

La première charge dans ce dossier a été donnée par Marine Le Pen le 1er juin dernier. La présidente du Front national a adressé une lettre aux 577 députés de l’Assemblée nationale pour demander l’abrogation de la double nationalité qu’elle jugeait être "une atteinte à la cohésion républicaine".

Une brèche ouverte dans laquelle le parti de la majorité présidentielle n’a pas hésité à s’engouffrer. Le conseiller spécial du président Henri Guaino a ainsi estimé mercredi dernier que la question de la double nationalité "méritait d'être débattue" même si le moment n'était pas "forcément le meilleur" pour le faire.

L’UMP tiraillée

Même son de cloche chez Jean-François Copé, le secrétaire national de l’UMP. "C'est une question qui se pose parmi d'autres. Nous serons certainement amenés à aborder cette question lorsque nous aurons notre convention sur l'immigration et l'intégration" début juillet, a-t-il dit.

Eric Besson, pourtant porte-drapeau du débat sur l’identité nationale lorsqu’il était ministre de l’Immigration, s’est dit quant à lui opposé à la question, notamment en raison de sa difficulté de mise en œuvre. " Ce serait contradictoire avec la législation de beaucoup de pays de par le monde qui autorisent de rester ressortissant", a-t-il fait valoir.

"Stigmatiser ainsi des personnes qui n’ont pas deux parents français, je trouve ça dommage", a quant à elle souligné Jeanette Bougrab, secrétaire d’Etat à la jeunesse.

"Réinventer le système d'apartheid"

A gauche, les réactions sont également nombreuses, à commencer par le président de la commission parlementaire lui-même, le socialiste Manuel Valls. C'est "une mauvaise idée, d'abord parce que cela revient à dire par exemple que les citoyens franco-américains, franco-israéliens, franco-algériens ou franco-maliens ne sont pas tout à fait français", a souligné le député dans les colonnes du Parisien.

"Ensuite, poursuit le député-maire d'Evry, parce qu'il faut penser aussi aux 2 millions de binationaux qui vivent à l'étranger". "Ils sont, ajoute-t-il, des ambassadeurs de la France sur le plan économique, culturel, touristique".

Le PCF a quant à lui brocardé dans un communiqué "la droite et l'extrême droite" pour qui "il y aurait des Français plus Français que d'autres", parlant même de la volonté de "réinventer le système d'apartheid".

7/6/2011, Assiya Hamza

Source : Europe 1

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