Selon Europol, l'entrée de la Bulgarie et de la Roumanie dans la zone risque d'"augmenter la pression sur la frontière gréco-turque".
L'élargissement de la frontière de l'espace Schengen par l'adhésion à terme de la Bulgarie et la Roumanie est susceptible d'encourager l'immigration clandestine par la frontière gréco-turque, a estimé mardi un responsable d'Europol à Sofia. "L'accession possible de la Roumanie et la Bulgarie à la zone Schengen (...) risque d'augmenter la pression sur la frontière gréco-turque et la côte bulgare de la mer Noire risque de devenir une cible de l'immigration clandestine", a jugé Jean-Dominique Nollet, chef de l'unité d'analyses d'Europol, lors d'une conférence sur Schengen.
À l'avenir, des groupes criminels albanophones, turcs et issus de l'ex-Union soviétique "pourraient exploiter l'adhésion de la Bulgarie et la Roumanie ainsi que la levée des visas pour les pays des Balkans occidentaux". La future suppression des visas Schengen envisagée pour les ressortissants d'Ukraine et de Moldavie risque également de faciliter les activités criminelles, selon Jean-Dominique Nollet. Parmi tous les centres d'activité de la criminalité organisée en Europe, c'est la région des Balkans qui a connu "la plus grande expansion ces dernières années" en matière de trafic de drogue, de contrebande et de trafic d'êtres humains, selon un rapport récent d'Europol. L'adhésion de la Bulgarie et la Roumanie à Schengen "ne doit effrayer personne", a souligné le représentant d'Europol, insistant néanmoins sur la nécessité de prendre "des mesures appropriées" à l'avance.
L'entrée éventuelle de Sofia et Bucarest dans Schengen doit permettre une libre circulation de personnes entre les Balkans et la grande majorité des pays européens. Certains États, dont les Pays-Bas, la France et l'Allemagne, se sont toutefois déclarés réservés, et une adhésion rapide des deux pays paraît compromise. L'unanimité des 26 membres de l'espace Schengen est requise pour l'intégration de tout nouveau membre. Une étude du Centre d'étude de la démocratie (CSD), un centre de recherche basé à Sofia, a par ailleurs évoqué mardi une coopération insuffisante et même "une rivalité institutionnelle" entre la police frontalière et les douanes, tant en Bulgarie qu'en Roumanie. Le rapport fait état notamment de "méfiance et soupçons mutuels de liens avec la criminalité organisée". Une autre étude de l'institut Open Society, présentée également mardi, a constaté une large volonté des Bulgares d'entrer dans Schengen, ce processus devant "encourager les réformes pour garantir plus de sécurité et une plus grande liberté de circulation". Quelque 67 % des personnes interrogées se déclarent en faveur de l'adhésion, 6 % seulement contre.
14/06/2011
Source : Le Point.fr