samedi 23 novembre 2024 20:01

Net recul du mariage forcé chez les populations immigrées

 «Immigrées et filles d’immigrées : le recul des mariages forcés», affirme l’Institut national d’études démographiques (Ined). Cette étude de la chercheuse Christelle Hamel, menée conjointement avec l’Insee, fait partie de l’enquête «Trajectoires et origines», qui porte sur la diversité des populations en France. Elle a été rendue publique hier.

Plutôt que de mariages forcés, Christelle Hamel préfère parler de mariages non consentis. Sont  concernés les mariages «acceptés», pour lesquels la volonté individuelle est altérée par le conjoint, la famille ou le poids des normes sociales.

Chez les femmes immigrées, le pourcentage de mariages forcés est relativement important. 22% des 51-60 ans disent avoir été contraintes d’épouser un homme qu’elles n’avaient pas choisi. Dans les deux tiers des cas, il s’agit d’unions conclues dans le pays d’origine, avant la migration en France. Les personnes concernées sont principalement originaires du Maghreb, de Turquie et d’Afrique subsaharienne.

Dans le reste de la population française, cette pratique existe également. 5% des femmes de 51 à 60 ans évoquent une pression familiale sur le choix du conjoint.

Reste que les mariages non consentis ne concernent pas n’importe quelles femmes, ils vont de pair avec la faiblesse du niveau d’instruction du groupe.

Ces mariages finissent mal en général. 65% des immigrées mariées contre leur gré vivant en France divorcent. «Un signe clair, s’il en est, de leur désir d’autonomie», signale l’Ined. Preuve de cette quête de liberté : certaines choisissent ensuite le concubinage, choix impossible dans le pays d’origine s’il est musulman.

Parmi les filles d’immigrés, dont la majorité se marie en France, le pourcentage des unions non choisies est «marginal» : 1% ont été mariées contre leur gré et 3% avec un consentement éventuellement altéré.

Dans la moitié des cas, il s’agit de régulariser une relation prémaritale, voire une grossesse, qui ne serait pas tolérée par le groupe. 68% des filles d’immigrées mariées contre leur gré finissent, elles aussi, par divorcer.

Pour les moins de 30 ans, en revanche, le phénomène des mariages non consentis a totalement disparu.

Exception : les filles d’immigrés turcs, qui connaissent le même pourcentage de mariages forcés que leurs mères.

Le troisième plan de lutte contre les violences faites aux femmes, lancé le 13 avril par Roselyne Bachelot, prévoit notamment la réalisation d’études permettant de mieux évaluer l’ampleur de ce phénomène.

24/6/2011

Source : Libération

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