A Toronto, une simple prière du vendredi organisée dans une école publique suscite depuis peu la polémique, alors qu'elle y est pratiquée depuis trois ans. Pour cause, un reportage publiée dans la presse, et sur lequel une association hindoue a rebondi pour critiquer une « situation alarmante ». La commission scolaire de Toronto ne semble pas pour autant se laisser influencer.
La prière du vendredi crée la polémique à Toronto (Ontario). Elle est régulièrement organisée depuis trois ans dans la cafétéria de l'école publique de Valley Park. L’objectif était de permettre aux élèves musulmans, dont le nombre avoisine les 400, soit entre 80 et 90% des effectifs de l’école, de pouvoir prier sur place et d’éviter de rater des cours en allant à la mosquée. La demande, approuvée par la commission scolaire de Toronto, émanait des parents d’élèves, qui avaient fait venir un imam pour diriger la prière hebdomadaire.
« Dans une école avec une telle concentration d'étudiants musulmans, il s'agissait de la meilleure solution afin d'éviter que le temps de classe ne soit compromis », explique Jim Spyropoulos, haut responsable de la commission scolaire.
Depuis, la prière du vendredi est tenue dans l’école, sans susciter la moindre opposition : « En trois ans, il n'y a eu aucune plainte », indique Shari Schwartz-Maltz, porte-parole de la commission scolaire, pour qui « c'est un plaisir et un honneur de montrer aux enfants que nous valorisons qui ils sont ». Mais la publication dans la presse, cette semaine, d’un reportage sur l’école, a créé une polémique.
Levée de boucliers
Rebondissant sur ce reportage, une association de Hindous parle de « situation alarmante et inacceptable ». Pour ce groupe, en plus des repas halal servis à l’école, le fait d’accorder quarante minutes de prière hebdomadaire aux élèves musulmans après le repas le déjeuner est contraire à « la séparation de l’église et de l’Etat ». Ses membres appellent à l’interdiction de cet « accommodement », pourtant pratiquée dans d’autres écoles de Toronto. Sur les forums des médias, les réactions hostiles se multiplient elles aussi.
Autre adversaire de la prière du vendredi à l'école, et ce « depuis le début », le Congrès musulman canadien, une organisation décrite comme défendant une conception plutôt libérale de l'islam. Pour Salma Siddiqui, vice présidente du congrès musulman, les membres de la commission scolaire veulent « montrer qu'ils trouvent des accommodements. Aujourd'hui c'est cette religion qui a des revendications, mais demain ça en sera une autre. Où cela va-t-il s'arrêter? Comment pourrons-nous vivre ensemble en société ? », a-t-elle ajouté.
Accommodements prévus par la loi
La Commission scolaire de Toronto, pour sa part, ne semble pas prête à faire marche arrière. Elle a réitéré son « devoir de s’accommoder aux convictions religieuses des élèves » et continuera d’autoriser la poursuite des séances de prière du vendredi. En vertu de la charte canadienne des droits et du code des droits de la personne de l'Ontario, rappelle-t-elle, l'école est « tenue » de fournir un lieu de culte aux élèves s'il y a une demande de leur part. Le Canada, qui accueille environ 250 000 immigrés par an, oblige ses institutions à trouver des « accommodements », notamment religieux, pour les minorités du pays.
7/7/2011
Source : Yabiladi