samedi 23 novembre 2024 19:47

Les immigrés ? De bons entrepreneurs selon l'OCDE

Les entrepreneurs immigrés ont une influence positive sur la conjoncture de leurs pays d'accueil, selon le dernier rapport Perspectives sur les migrations internationales de l'OCDE. Ces chefs d'entreprises nés à l'étranger créent des emplois et introduisent des innovations dans l'économie. Cela contraste avec l'image stéréotypée des migrants en général.

Rendons-nous à l'évidence : qu'on le veuille ou non, les migrations ne cesseront d'augmenter, constate l'Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) dans son dernier rapport Perspectives sur les migrations internationales publié mardi. Certes, avec la récession, les migrations du travail ont baissé de 7% entre 2008 et 2009 mais devraient augmenter et continuer sur cette lancée avec la reprise économique. En effet, la pression migratoire exercée par les pays pauvres va croître à cause d'une population mondiale grandissante, estimée à 9 milliards d'habitants en 2050 d'après les projections de l'Organisation des Nations Unies (ONU). De plus, à cause des incidents climatiques, les réfugiés environnementaux seront de plus en plus nombreux.

Les immigrés entrepreneurs contribuent « substantiellement » à la création d'emploi dans leur pays d'accueil

"La demande de migration de travail reprendra", a résumé mardi le Secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurría. "La mondialisation et le vieillissement des populations nous en donnent la certitude."

Selon l'OCDE, les immigrés nous apportent beaucoup plus que leur main d'œuvre: certains d'entre eux créent de l'emploi dans les pays d'accueil grâce à l'entreprenariat.

Selon le rapport de l'organisation, les entrepreneurs immigrés contribueraient de manière "substantielle" à la création d'emploi dans les pays de l'OCDE, une création qui a augmenté progressivement entre 1998-2008. La propension des immigrés à créer leur entreprise est au moins aussi forte que dans la population locale: 12,6% des immigrés travaillant le font à leur compte contre 12 % pour les actifs "locaux" employés. Actuellement les entrepreneurs immigrés emploieraient au moins 2,4% de la population active occupée des 34 pays membres de l'OCDE, avec un pic de 9,4% des employés en Suisse. Des études antécédentes ont montré que ces entrepreneurs immigrés embauchent aussi bien des immigrés que des locaux. De plus, les immigrés contribuent également à l'innovation et l'augmentation des échanges commerciaux avec le pays d'accueil.

"Les immigrés sont pour la plupart bien intégrés dans les économies et les sociétés"

"Les pouvoirs publics doivent faire plus pour développer des filières légales de migration de travail et favoriser une meilleure utilisation des compétences des immigrés" a plaidé Angel Gurría lors de la présentation de ce rapport annuel.

Si le nombre de nouveaux entrepreneurs immigrés est nettement supérieur au nombre d'entrepreneurs locaux, leur taux de réussite sur le long terme est inférieur à ceux-ci. Cela s'explique en partie par les difficultés supplémentaires que peuvent rencontrer les entrepreneurs immigrés dans l'obtention des capitaux humains, sociaux et financiers nécessaires à une entreprise commerciale.
Il faut donc "renforcer les programmes d'intégration" qui doivent "être vus comme un investissement à long terme et non comme un coût immédiat", recommande l'OCDE.

"Porter les faits à l'attention du grand public", notamment que "les immigrés sont pour la plupart bien intégrés dans les économies et les sociétés" est un point essentiel, ajoute l'organisation.

Ce plaidoyer ne semble guère trouver d'écho parmi la plupart des pays de l'OCDE. En Europe notamment. Plusieurs Etats-membres des accords de Schengen, permettant la libre-circulation entre les pays (en particulier des immigrés issus de pays-tiers), sont ainsi tentés de rétablir le contrôle des frontières, à l'instar du Danemark début juillet ou même, temporairement, de la France face au printemps arabe.

12/07/2011, Céline Tcheng

Source : La Tribune

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