98.000 permis de séjour seront délivrés en 2011 essentiellement à des ouvriers et employés peu qualifiés.
« Qu'ils se cassent ! ». Face à l'arrivée soudaine de jeunes Tunisiens sur la petite île de Lampedusa dans le sillage des révolutions arabes, Umberto Bossi, ministre du gouvernement Berlusconi et leader xénophobe de la Ligue du Nord, avait ainsi, sans détours, résumé en mars dernier sa pensée. Mais derrière les déclarations à l'emporte-pièce, l'Italie régularise plus d'une centaine de milliers d'immigrés par an pour répondre aux besoins de l'économie du pays.
Officiellement, il s'agit de délivrer des permis de séjour requis par les employeurs potentiels pour faire venir la main-d'oeuvre de l'étranger. En réalité, les travailleurs concernés sont pour la plupart déjà présents sur le territoire transalpin, en attente de papiers officiels. Au début de l'année, le ministère de l'Intérieur, dirigé par le responsable de la Ligue du Nord Roberto Maroni, a instauré pour 2011 un quota de 98.000 permis de séjour, auxquels il faut ajouter 60.000 permis saisonniers. Sur fond de crise démographique qui frappe depuis des années la péninsule (avec moins de 1,2 enfant par femme), l'immigration permet de pallier au manque de bras dans certains secteurs.
Accords de coopération
Aujourd'hui, un tiers des ouvriers agricoles pour l'élevage des vaches qui fournissent le lait du Parmesan sont Indiens. 90 % des bergers des Abruzzes sont macédoniens. Le jambon de Parme, la mozzarella de Buffala ou le brunello de Montalcino sont aussi traités par les travailleurs étrangers. Ils assurent près de 80 % des emplois domestiques et d'assistance aux personnes âgées et occupent 22 % des postes dans le bâtiment où l'on trouve en particulier des Moldaves, des Marocains ou des Égyptiens. Avec certains pays, l'Italie a même signé des accords de coopération en matière migratoire, et donne priorité à leurs ressortissants. Au total, les immigrés représentent 7,5 % du total de la population, et 63 % d'entre eux sont actifs. Récemment, le quotidien économique « Il Sole 24 Ore » résumait : « Aujourd'hui, les immigrés compensent la chute démographique, demain ils sauveront notre système de retraites. »
11/08/2011, Robert Lavéran
Source : La Tribune.fr