jeudi 4 juillet 2024 02:19

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Plaidoyer pour une Banque d’investissement de la diaspora

L’apport de plus en plus croissant des migrants africains dans le développement de leur continent nécessite la mise en place d’un cadre réglementaire régissant le transfert d’argent, au moment où la Banque mondiale rapporte que l’appui de la diaspora à leur pays dépasse l’aide publique au développement.

La participation de la diaspora africaine dans le développement des communautés locales est importante. Aussi bien au Maghreb qu’en Afrique subsaharienne, l’appui apporté chaque année par la population immigrée se chiffre en milliards de francs CFA. Des montants qui connaissent une évolution exponentielle depuis l’apparition il y a deux décennies dans la plupart des pays africains des Sociétés de transfert d’argent (STA). Selon la Banque mondiale, les montants annuels issus de la diaspora africaine sont estimés entre 30 et 40 milliards de dollars. Rien que pour les pays d’Afrique subsaharienne, ces flux sont passés de 3 milliards de dollars en 1995 à 19 milliards de dollars en 2007, soit 9% et 24% de leur PIB et entre 80% et 750% de l’aide publique au développement desdits pays, ce qui faits des migrants, « les premiers bailleurs de fonds de bon nombre des pays africains », constate la Banque mondiale.

Intégration économique et financière.

Dans une approche visant une meilleure canalisation des transferts de fonds des migrants africains, experts et analystes financiers préconisent la mise en place d’un cadre réglementaire visant non pas seulement une harmonisation des procédures comme la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) est en train de le faire pour les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), mais davantage, une démarche devant déboucher sur la création d’une institution bancaire pour réguler cette activité.

Un point de vue notamment défendu par le banquier Sénégalais Sanou Mbaye, ancien haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement (BAD), mais également auteur du livre « L’Afrique au secours de l’Afrique », favorable pour la création de la Banque d’investissement de la diaspora (BID) de la Zone franc CFA.

D’après ce banquier, « il existe dans la Zone franc un réel besoin de création d’une institution de de financement à moyen et long termes pour canaliser les transferts de fonds des migrants, favoriser la bancarisation de tous les segments de la population et augmenter les taux d’épargne afin de satisfaire les besoins de la diaspora, des foyers et des Etats ».
La naissance d’une telle banque et dont l’actionnariat pourrait être ouvert aux institutions financières, bancaires, intergouvernementales favoriserait la mobilisation des ressources et contribuera au financement des projets d’investissements porteurs à des taux d’intérêts avantageux. Tenant compte du fait que les banques commerciales perçoivent des commissions élevées au regard du niveau de vie des populations subsahariennes, ceci accroit leur répugnance à ouvrir des comptes bancaires et d’y recourir à des prêts. Une situation à l’origine de la surliquidité bancaire observée actuellement, ce qui suppose que la mise en place de la Banque d’investissement de la diaspora (BID) de la Zone franc permettrait une bonne régulation de cette activité. Pour cela, trois conditionnalités s’avèrent nécessaire: primo, la mise en place d’un vaste réseau de représentations, de collecte et de paiement en France, en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique pour capter les flux des migrants ; secundo, proposer des produits et services performants à moindre coût adaptés aux travailleurs émigrés ; tercio, financer à des conditions favorables, des projets contribuant à la réalisation des objectifs de groupements régionaux qui ont vocation à mettre en place, des politiques d’intégration économique.

Encourager la réforme bancaire.

L’existence d’un tel cadre légal devrait entre autres, favoriser la sécurisation et la rapidité des opérations, la lutte contre le monopole, puisqu’actuellement, certaines Sociétés de transfert d’argent se trouvant en situation de monopole ou de duopole vont jusqu’à prélever 20% des sommes envoyées. Dans sous ouvrage, Sanou Mbaye signe et persiste : « il subsiste un réel besoin de réformes des institutions bancaires de la Zone franc en matière de politique de change, de diminution des coûts de transferts, du prix de l’argent et des taux des commissions. La création d’une banque de la diaspora couplée à une stratégie d’alliance et de partenariat avec les banques et institutions financières de la Zone franc, et d’autres organismes bancaires en Afrique et en Europe peut servir de déclencheur à une dynamique de réformes, favoriser la concurrence, restructurer et revaloriser l’épargne des migrants. Elle peut également contribuer à la création en Europe et en Afrique de milliers d’emplois ».
Au regard de l’importance de la contribution de la diaspora dans le développement du continent africain, la mise en place d’un cadre réglementaire, en l’occurrence, une Banque d’investissement pour réguler cette activité s’avère nécessaire.

Achille Mbog Pibasso, Douala

Source : Les Afrique

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