samedi 23 novembre 2024 21:42

Suisse : Cours obligatoires pour les migrants

Le PDC relance le débat sur l’apprentissage obligatoire d’une langue nationale pour les étrangers. Il préconise des cours dès l’enfance, pour favoriser leur intégration.

 «La Suisse est avec l’Australie un des plus grands pays d’immigration!» Ce constat, c’est le PDC vaudois Jacques Neirynck qui le fait. Pour lui, nombre d’enfants étrangers commencent l’école alors qu’ils ne maîtrisant pas assez bien l’une des langues nationales. Afin de combler ce déficit, le Parti démocrate-chrétien demande la mise en place de structures pour l’apprentissage précoce et obligatoire d’une langue nationale. Cette requête pourrait passer par la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique, ou être relayée au niveau fédéral par une initiative parlementaire signée Jacques Neirynck. Pour l’heure, il existe des offres, mais elles restent ponctuelles et, surtout, ne sont pas imposées.

«Il y a dans l’Ouest lausannois des classes où aucun élève ne parle français en entrant à l’école», souligne Jacques Neirynck. Leur apprendre la langue du pays augmenterait leurs chances de réussite scolaire et donc, plus tard, professionnelles. Au final, tout le monde est gagnant: les étrangers sont mieux intégrés, ce qui permet aux enfants suisses de jouir d’une meilleure qualité d’enseignement dans les écoles. Les enfants de travailleurs internationaux, qui ne restent en Suisse que quelques années et fréquentent des écoles de langue anglaise ne seraient pas touchés par cette mesure.

«Concrètement, l’apprentissage pourrait commencer de manière ludique dans les crèches ou dans les groupes de jeu», estime Tim Frey, secrétaire général du PDC. Le parti prévoit d’intégrer les parents dans ce processus. Quant aux ados, des offres de cours devraient aussi leur permettre de combler leurs retards linguistiques.

Qui paiera la facture? Le PDC étudie encore différents scénarios. «Cette offre ne coûtera pas si cher, rassure Tim Frey. Après tout, c’est dès crèches qu’il faut construire, pas des universités.»

«Difficile à appliquer»

Sur le terrain, la proposition du PDC est plutôt bien accueillie. Ivica Pertusic, vice-président de l’association Secondos Plus et candidat socialiste au Conseil national, se réjouit de l’initiative de Jacques Neirynck. Mais il nuance: «La langue n’est pas le seul facteur d’intégration et comprendre ce que dit le professeur ne suffit pas. Il est primordial d’intégrer la famille de l’enfant dans le processus scolaire, de la responsabiliser, de lui faire comprendre ce que la société attend d’elle en matière d’éducation de ses enfants», estime le spécialiste. Pour lui, le caractère obligatoire de cet apprentissage des langues donne un signal officiel, qui sera interprété comme un gage de sérieux par la population migrante.

Fanny Spichiger, cheffe ad interim du Bureau vaudois pour l’intégration des étrangers (BCI), estime pour sa part qu’il sera difficile de contraindre les migrants venus par le biais de la libre circulation à suivre des cours de langue. Pour elle, il convient aussi d’encourager l’apprentissage de la langue maternelle des enfants: «Sa maîtrise facilite ensuite l’apprentissage d’autres langues. Il faut être bien dans ses deux cultures pour réussir son intégration.»

Gratuité contestée

Politiquement, la proposition de Jacques Neirynck a des chances de passer. L’UDC, qui collecte en ce moment des signatures contre «l’immigration massive», ne rejette pas le projet en bloc. «Mieux vaut cela qu’une intégration ratée, qui coûte cher à la société», explique Yvan Perrin, vice-président du parti conservateur. Reste que la gratuité des cours préconisée par le PDC risque de refroidir certains agrariens. «Pour nous, les étrangers devraient aussi participer financièrement à leur intégration.»

15/8/2011, Koch

Source : Le Matin.ch

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