Consciente que sa politique de « rééquilibrage » de l’immigration au Québec a été largement perçue comme hostile aux nouveaux venus d’Afrique du Nord, la ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles, Kathleen Weil, a décidé d’abandonner cette mesure impopulaire.
Annoncée en avril, la politique (2012-2015) aurait conduit à plafonner à un maximum de 30 % l’apport annuel de chacun de ses quatre grands bassins géographiques d’immigration.
Or, en 2010, les Africains représentaient 36,8 % du total des immigrants admis au Québec. La nouvelle directive ministérielle aurait donc conduit à faire baisser le nombre et la proportion d’Africains − surtout les Marocains et les Algériens − accueillis au Québec.
«C’est perçu négativement comme peut-être discriminatoire (et comme si) on ciblait l’Afrique et les Maghrébins, a dit la ministre Kathleen Weil en marge des premières consultations publiques sur ces orientations. Je ne suis pas à l’aise avec le fait que les gens ne soient pas à l’aise. »
« Je leur pose des questions (aux fonctionnaires du ministère) sur une autre formulation, peut-être plus positive, sur la diversité, a ajouté Mme Weil. La majorité n’aime pas la formule du rééquilibrage. Je n’aime pas le fait qu’il y ait cet inconfort. Ce n’est pas le bon message envoyé. »
Les critiques viennent des représentants des immigrants maghrébins, mais aussi des milieux économiques et sociaux. « Je suis sensible à l’image du Québec », a dit la ministre. Non aux « ambiguïtés »
Mercredi, l’Association de la communauté algérienne de Québec (ACAQ) a demandé à ce que la notion de « bassins géographiques » soit « plus claire ».
« Ce concept doit-il prendre en considération le territoire d’appartenance et la connaissance de la langue française? Quels sont les critères utilisés pour définir les bassins géographiques? Qu’en est-il du bassin Maghreb?
S’apprêterait-on à diminuer l’apport humain? », s’est demandée l’Association, qui veut que la ministre évite les « ambiguïtés ».
« Tout ce qui est du secteur Maghreb, je parle du Maroc, Algérie, Tunisie, se trouve pénalisé par cette question de bassin et par ce pourcentage qui va être une réduction significative, a dit Boufeldja Benabdallah, membre de l’ACAQ. Donc, ça ne contribuera pas au fait français. Au contraire, ça va réduire le nombre de francophones. Et les gens qui viennent de chez nous, sans se targuer et avec toute humilité, maîtrisent le français. »
Le Conseil supérieur de la langue française (CSLF) a déploré une « politique du quota ». « Au lieu de viser à atteindre un bassin de 30 % pour cette partie du monde, n'y aurait-il pas lieu de regarder les causes qui font qu'une partie des immigrants provenant de ce continent (l’Afrique) ont des difficultés d'intégration? », a questionné le président du CSLF, Conrad Ouellon.
18/08/2011 , Taïeb Moall
Source : Canoê/Agence QMI