Albinfo.ch a adressé trois questions aux Présidents des principales formations politiques suisses sur la publication d’affiches publicitaires de l’UDC intitulée « Des Kosovars poignardent un Suisse! Stopper l’immigration massive », parues dans la presse dominicale.
Sur fond de climat politique électoral fédéral, notre démarche consistait à faire connaître à nos lecteurs le point de vue des formations politiques sur l’annonce en question, mais aussi sur le récent sondage réalisé par « SonntagsBlick » au sujet des étrangers en Suisse.
Nos questions :
- Comment jugez-vous ce lien établi dans cette annonce payante de l’UDC entre les derniers évènements violents commis la semaine dernière par des individus de citoyenneté kosovare à Pfäffikon et à Interlaken et l’initiative de l’UDC « Stopper l’immigration massive » ?
- N’y a-t’il pas dans l’annonce en question un amalgame direct entre la nationalité des auteurs de ces actes violents, alors que les faits en question ont été dénoncés avec force par les associations albanaises de Suisse, par les médias albanophones, par les instances religieuses kosovares, mais aussi les institutions kosovares au Kosovo et celles présentes en Suisse ?
- Que pensez-vous du sondage réalisé pour le «SonntagsBlick» qui dit notamment que 80% des personnes interrogées pensent que l’économie suisse ne serait pas si saine sans étrangers ?
La première réponse nous est parvenue du Parti Socialiste Suisse (PSS), par l’intermédiaire du porte-parole adjoint et secrétaire central romand, M. Jean-Yves Gentil.
S’agissant des réactions des autres formations politiques suisses sollicitées, à savoir, le Parti Libéral-Radical, le Parti Démocratique-Chrétien, le Parti des Verts, l’Union Démocratique du Centre et le Parti Bourgeois Démocratique, nous les publierons au fur et à mesure de leur réception.
Le PS exprime un sentiment d’indignation et met en garde contre le risque de surréaction
« S'agissant de vos questions, nous considérons particulièrement déplorable la récupération opportuniste, par l'UDC, de tragiques faits divers pour nourrir sa nauséabonde propagande en faveur de son initiative contre l'immigration. C'est toutefois loin d'être une première puisque cette formation a déjà employé le même procédé douteux à de multiples reprises. En soutien, par exemple, à une autre de ses initiatives visant plus précisément les délinquant-e-s d'origine étrangère, la provocation xénophobe faisant - quoi qu'il en soit et plus généralement - partie intégrante du fonds de commerce de l'UDC.
Reste que l'existence de précédents ne saurait constituer un quelconque brevet d'autorisation à continuer à creuser dans la même veine, condamnable sur le fond comme sur la forme. D'ailleurs et au delà, justement, de la condamnation sans équivoque du racisme latent de cette annonce, il convient également - dans un contexte purement économique - de rappeler que les étrangers sont des contributeurs nets pour toutes les assurances sociales en Suisse. Mieux, l'afflux de cotisants supplémentaires ces 5 dernières années n'a pas que dopé la croissance et amorti la récession: il a donné un puissant coup de fouet aux finances de l'AVS. Le retour à des contingents de travailleuses et travailleurs étrangers serait ainsi - outre son caractère arbitraire et discriminatoire - tout simplement nuisible à notre pays. Pire encore, il remettrait en cause l'ensemble des bilatérales.
Ceci posé, il ne faut pas pour autant perdre de vue que tout ce qui alimente la polémique autour de telles annonces est exactement le but recherché par l'UDC. Toute discussion supplémentaire revient - aux yeux de ses promoteurs - à en renforcer l'impact, s'apparentant dès lors à un regain de publicité gratuite pour les thèses qu'ils défendent. Un surcroît de prudence s'impose donc dans le calibrage de réactions qui pourraient - in fine - avoir un effet totalement inverse à celui recherché par des personnes ou associations légitimement indignées.
23/08/2011, Bashkim Iseni
Source : Albainfo.ch