Le Québec doit choisir ses immigrants selon leurs compétences mais il le fait mal. C'est le message que lancent deux intervenants alors que le gouvernement tient des consultations sur cet enjeu.
Les audiences publiques de la Commission des relations avec les citoyens ont cours à Québec dans le cadre de la planification pour la période 2012-15. La province a déjà signalé son intention d'accueillir 50 000 personnes par année. Elle cible la venue de 65 à 75% de personnes âgées de moins de 35 ans, ainsi que de 65% d'immigrants économiques.
Dans le contexte où le marché du travail affronte des pénuries, la façon de sélectionner les immigrants devient une clé importante. Une entreprise établie comme le studio de jeux vidéo Ubisoft, par exemple, se plaint de ne pas pouvoir trouver de développeurs expérimentés.
Or, de 2006 à 2008, seulement 9% des travailleurs qualifiés choisis répondaient aux exigences dans les domaines privilégiés par l'État, déplore le Vérificateur général.
Il y a donc urgence de corriger le tir, dit Florent Francoeur, PDG de l'Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CHRA)
«D'ici 2019, 1,4 million de postes sont à combler, souligne-t-il. Normalement, 250 000 devraient être comblés par des immigrants. Si l'on accepte 50 000 personnes par année au Québec, nous avons la capacité de les absorber. C'est même un besoin pour assurer la croissance.»
Par contre, il faut être en mesure de laisser entrer les bonnes personnes, remarque M. Francoeur. «Nous pouvons dire qu'il y a 80 professions qui sont en période de rareté. Il faut cibler pour combler des postes. Si l'on va seulement chercher des détenteurs de doctorats mais que nous n'avons pas de postes pour eux, ce n'est pas productif».
Le système est défaillant, affirme Patricia Rimok, ancienne présidente du Conseil des relations interculturelles. «Il faut être capable d'évaluer les compétences et expériences des immigrants. La grille de sélection actuelle ne permet pas de le faire. Nous serions capables d'augmenter notre capacité de sélection si cet outil était mieux développé.»
Privilégier une profession ne veut pas dire faire de la discrimination, ajoute-t-elle. «Ça permettrait surtout de faire un meilleur tri en faveur des secteurs en grande pénurie de main d'oeuvre. La disponibilité des travailleurs n'est pas toujours égale d'un territoire à l'autre.»
Mme Rimok estime que l'État doit travailler étroitement avec les entreprises afin d'obtenir de bons résultats. Le secteur privé doit avoir son mot à dire le plus tôt possible dans ce processus.
«Le travail pourrait commencer avant que l'immigrant arrive au Québec, lance-t-elle. Il faut d'abord regarder les besoins du marché et s'assurer que la planification de la relève soit mise au profit des choix effectués en immigration.»
Le souci de la langue française ne doit pas être oublié, indique Florent Francoeur. «Les gens s'insurgent que l'on va chercher des gens en Afrique du Nord, mais ils sont fonctionnels en français. Si l'immigrant ne parle ni l'anglais ni le français, il se retrouver au chômage.»
24/8/2011
Source : Canoë