La mairie de Paris a décidé de maintenir dans ses murs mercredi soir l'organisation d'un concert du ramadan, en dépit des critiques faites au nom de la laïcité par ses détracteurs, de droite et d'extrême droite, qui dénoncent une manifestation cultuelle.
Les premiers à demander l'annulation de cette soirée musicale ont été les députés UMP Jacques Myard et le conseiller de Paris Nouveau Centre Jérôme Dubus, la semaine dernière.
Peu après, le préfet de la région Ile-de-France, Daniel Canepa, a écrit au maire de Paris Bertrand Delanoë (PS), lui disant que sa "décision d'organiser une soirée à caractère cultuel" semblait "contraire au principe de neutralité des services publics" à l'égard des religions. Il lui demandait dans le même courrier de préciser les "modalités de financement" de cette soirée.
Le maire a répondu que cette soirée, "organisée traditionnellement par la Ville tous les ans depuis 2001", ne constituait "pas une manifestation cultuelle". Il ajoute que la date du 24 août "ne correspond à aucune fête religieuse musulmane", que l'événement n'a pas de "caractère rituel", qu'"il s'agit donc d'une manifestation à caractère artistique et festif". "Il n'y aura aucune prière ou prêche religieux", insiste-t-il.
Le ramadan, qui correspond au neuvième mois du calendrier lunaire, a commencé cette année le 1er août.
La Ville souligne qu'elle "participe à des manifestations traditionnelles concernant les différentes confessions ou communautés représentées à Paris", citant Hanouka, le nouvel an chinois, Vesak (fête bouddhiste), le nouvel an berbère et l'arbre de Noël.
La mairie ajoute qu'elle prend en charge sur son budget les frais de la soirée - soit 29.748,89 euros pour le buffet et 69.651,50 euros pour le concert - et conclut que son organisation "n'a "nullement porté atteinte au principe de laïcité ou à l'interdiction de subventionner les cultes".
L'échange de courriers avec la préfecture s'est arrêté là.
La Grande Mosquée de Paris, interrogée par l'AFP, a également estimé que ce concert n'avait pas de caractère religieux.
Les écologistes ont apporté leur soutien à cette "initiative pacifique et solidaire", à laquelle deux élus devaient participer, estimant que cette "fête culturelle" était "respectueuse des principes de laïcité".
Dans la soirée de mercredi, des militants des groupes d'extrême droite Projet Apache et Bloc Identitaire ont collé des affiches dans le quartier de l'Hôtel de Ville montrant un portrait de Delanoë assorti d'une citation qui lui est faussement attribuée: "Aujourd'hui les Parisiens sont sans logement, les Français n'ont plus d'argent, les Européens voient leur avenir foutre le camp... Moi, je préfère dépenser pour le ramadan".
Quant au Parti de Gauche (PG), il a publié mercredi un communiqué estimant que "cette façon d'agiter le mot laïcité exclusivement contre l'islam" tout en restant "systématiquement silencieux quand il s'agit d'autres cultes ne paraît pas conforme aux principes de la République laïque".
"Durant les deux mois d'été 2011, bien des principes laïques ont à nouveau été piétinés dans notre pays", juge encore le PG, citant notamment la présence du président de la République, le 19 juillet, à la messe officielle d'hommage aux soldats tombés en Afghanistan, ou la participation du maire de Marseille Jean-Claude Gaudin "es qualité" au pèlerinage de l'Assomption à Carmoux-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Et l'organisation par la mairie de Paris de cette fête du ramadan.
La chanteuse tunisienne Abir Nasraoui et le groupe Djerba International sont à l'affiche du concert de l'Hôtel de Ville.
24/8/2011
Source : L’Express/AFP