Il existe des centres de rétention réservés aux migrants et aux demandeurs d’asile partout en Europe. Ils portent différents noms, mais le principe reste le même : violation des droits fondamentaux, abus, déni d’assistance adaptée (qu’elle soit juridique ou sociale). Comment de tels abus peuvent-ils exister aujourd’hui ?
Lorsqu’un citoyen européen subit une violation de ses droits, il peut saisir la justice afin d’obtenir réparation. Cependant, lorsqu’un migrant est en rétention dans un pays étranger, qu’il n’a pas les moyens de payer un avocat et n’est pas dûment tenu informé par la police ou les assistants sociaux, comment peut-il revendiquer ses droits alors qu’il ne les connait même pas ?
Lorsque ce sont les droits d’un citoyen européen qui sont bafoués, les journaux rapportent les faits et les médias peuvent largement contribuer à aviser les personnalités politiques de la situation. Mais lorsqu’un migrant en rétention est victime d’une violation de ses droits fondamentaux, qui est au courant ?
En règle générale, les journalistes ne sont pas autorisés à pénétrer dans les centres de rétention de migrants. Ceux qui le font malgré tout, en utilisant des faux noms, encourent des poursuites judiciaires pour dissimulation d’identité (comme cela a récemment été le cas pour Fabrizio Gatti). Le 1er avril dernier, l’Italie a même promulgué un décret afin d’interdire formellement l’accès à ces centres aux journalistes. Par conséquent, seuls les députés et les ONG agréées sont habilités à pénétrer à l’intérieur des centres de rétention. Les députés peuvent y accéder à tout moment, mais les ONG doivent obtenir une autorisation préalable.
Il va sans dire qu’une surveillance est nécessaire afin d’éviter que des atteintes aux droits de l’homme ne soient commises. C’est pourquoi une coalition d’envergure, constituée de l’association nationale des journalistes, des réseaux de migrants et tous les partis politiques d’opposition (de l’’extrême gauche aux partis centristes) a immédiatement organisé une manifestation réussie le 25 juillet devant 13 centres de rétention en Italie .
Néanmoins, l’Italie n’est pas la seule dans cette situation : la plupart des pays d’Europe interdisent l’accès aux centres de migrants. La coalition italienne ayant vu le jour pour lutter contre une telle interdiction (appelée « LasciateCIEntrare », signifiant « Laissez-nous entrer ») a par conséquent suggéré de lancer en automne une campagne Européenne visant à obtenir l’accès inconditionnel de la société civile aux centres de migrants.
Quel que soit votre point de vue sur les centres de migrants, une telle campagne ne peut être que soutenue.
Chiara Tamburini
Source : European alternatives