samedi 23 novembre 2024 22:05

A Strasbourg, la grande mosquée rayonne déjà

Pas encore tout à fait achevée, la grande mosquée de Strasbourg a ouvert pendant le mois de Ramadan, avant de fermer pour deux mois de travaux de finition.

« Elle est tellement belle, comme un énorme gâteau ! » Chaque soir, après une journée de travail dans son auto-école et la rupture du jeûne chez elle, Hatice, la trentaine, est venue prier à la toute nouvelle grande mosquée de Strasbourg, ouverte provisoirement pour le Ramadan avant de fermer à nouveaux deux mois pour la pose des mosaïques, frises en plâtre, moquettes définitives et autres finitions.

« Elle représente tout ce que nous avons voulu en matière sociale, identitaire. Dans notre ville, nous avions déjà une magnifique cathédrale, une très belle synagogue. Nous sommes enfin reconnus, et le fait que des non-musulmans aient participé à son édification nous ravit », poursuit-elle, satisfaite aussi que « ce lieu soit animé par des musulmans progressistes, à l’image du vrai islam ».

Fierté

Comme Hatice, des milliers de musulmans strasbourgeois ont ressenti ce mois d’août une telle fierté. Pour la première fois dans la région, ils pouvaient prier dans un lieu construit spécialement pour eux. Les dirigeants de la mosquée affirment qu’elle peut accueillir jusqu’à 1 500 hommes, dans une salle de prière annoncée comme la plus vaste de France (si on excepte les mosquées aménagées dans des lieux non construits à dessein) et sans aucun pilier gênant la vue, plus 500 femmes en mezzanine.

Construite au cœur de la ville, particulièrement visible depuis un grand axe de circulation, cette œuvre de l’architecte italien Paolo Portoghesi invite, avec son dôme stylisé de 24 mètres de haut, mais sans minaret, ses couleurs gris et blanc, à une acceptation tranquille dans la cité. L’intérêt des Strasbourgeois semble d’ailleurs fort : les visites guidées proposées deux fois par semaine au grand public attirent à chaque fois 450 personnes, dont une grande majorité de non-musulmans.

Il est vrai que le projet a eu le temps de se faire accepter. Imaginé il y a près de vingt ans et lancé il y a dix ans, il a été moult fois contrarié, par des problèmes de trésorerie – le budget initialement prévu de 4,5 millions d’euros a doublé –, un différend avec les entreprises de bâtiment – le chantier a été paralysé de janvier 2008 à mai 2009 – ou encore les hésitations de la précédente municipalité UMP.

Un lieu de rayonnement européen

En Alsace, en vertu du droit local des cultes, les collectivités locales peuvent en effet participer à la construction des édifices religieux. Ici, mairie, département et région ont abondé à hauteur de 30 %. « Certains fidèles n’y croyaient plus, alors qu’ils y ont beaucoup contribué par leur soutien financier et moral. Aujourd’hui, l’émotion est grande », reconnaît Said Aalla, le président de la grande mosquée.

Avec ce nouvel équipement, les 40 000 à 60 000 musulmans de Strasbourg ont un lieu central auquel s’identifier, qui vient compléter les 25 autres lieux de prière de quartier, eux aussi en profonde redéfinition.

Durant le mois de Ramadan, certains ont d’ailleurs connu de fortes baisses de fréquentation, mais elles ont aussi bénéficié de la visite de conférenciers et d’imams s’étant déplacés à Strasbourg pour l’occasion, à l’instar de Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman. Car ses responsables espèrent en effet en faire un lieu de rayonnement européen.

ÉLISE DESCAMPS, à Strasbourg

29/8/2011

Source : La Croix

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