Le nouveau président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), Arno Klarsfeld, a défendu mercredi 21 septembre la politique du chiffre de Claude Guéant, s'attirant les foudres de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH).
Le ministre de l'intérieur a demandé à l'OFII, qui est un organisme chargé du retour volontaire des migrants ou de leur intégration en France, d'augmenter le nombre de retours aidés des sans-papiers dans leur pays afin de parvenir à son objectif de 30 000 reconduites à la frontière, contre un objectif initial de 28 000.
"S'il n'y a pas de politique du chiffre, c'est-à-dire s'il n'y a pas d'aiguillon sur les préfets, alors les préfets ne font pas ce travail de renvoyer, non pas vers la mort, non pas vers Auschwitz ou vers une situation...", a déclaré Arno Klarsfeld mercredi matin sur France Inter.
Arno Klarsfeld par franceinter
"S'il n'y a pas d'aiguillon sur les préfets, c'est-à-dire si les préfets ne sont pas, disons, entre guillemets, emmerdés administrativement par leur hiérarchie, alors ils ne font pas le travail parce que c'est un travail qui est difficile, emmerdant, qui suscite des tracas administratifs, qui nécessite de recevoir les associations, ils se font mal voir", a insisté l'avocat, auquel Nicolas Sarkozy avait confié dans le passé plusieurs dossiers liés aux sans-papiers.
"DES PROPOS DÉSINVOLTES ET IRRESPONSABLES"
Selon M. Klarsfeld, les étrangers reconduits, à l'image des Roms, ne vont pas vers une "destination fatale". "Les Roms qui sont renvoyés, disons en Roumanie, vont vers un pays où ils sont moins heureux qu'en France, mais c'est pas pour autant qu'ils peuvent rester en France".
Invité à répondre à ces propos par France Inter, le président de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Pierre Tartakowsky, a dénoncé "une légèreté, une désinvolture qui n'honorent pas la République".
"On ne peut pas attendre d'Arno Klarsfeld qu'il critique la politique du gouvernement. De là à tenir des propos aussi désinvoltes, aussi irresponsables sur la politique du chiffre, c'est proprement hallucinant", s'est-il indigné.
"Je ne crois pas que la politique du chiffre soit là pour emmerder les préfets mais elle est là pour habiller l'horreur" car "une fois qu'on a déterminé le chiffre, c'est là que l'humanité commence à reculer", a-t-il ajouté.
21.09.11
Source : LEMONDE/ AFP