samedi 23 novembre 2024 22:33

Asile et immigration: les partis suisses campent sur leurs positions

Les groupes parlementaires du National se sont montrés intransigeants sur le dossier de l'asile et de l'immigration mercredi, avant le vote sur 10 propositions.

Les fronts demeurent en matière d’asile et d’immigration. Tous les groupes parlementaires l’ont montré mercredi à l’occasion d’une session extraordinaire du Conseil national lors de laquelle ils sont appelés à voter sur des dizaines de propositions.

L’UDC, qui multiplie les interventions sur le sujet, a répété ses critiques de la politique actuelle du Conseil fédéral, appelant à dénoncer les accords de Schengen et Dublin, ainsi que la libre circulation des personnes. «On ne peut plus renvoyer de requérants d’asile en Grèce, et l’Italie ruse pour échapper à ses responsabilités que lui confère l’accord de Dublin, qui ne fonctionne plus», a dit Hans Fehr (UDC/ ZH).

Ces deux accords signés avec l’Union européenne ont augmenté les charges administratives sans apporter les bénéfices escomptés, a- t-il ajouté. Selon lui, la Suisse doit prendre en charge son propre destin tant en matière d’asile que de politique des étrangers pour répondre aux besoins de son économie.

Et l’UDC de mettre le doigt sur les admissions provisoires, trop nombreuses, qui représentent 60% des demandes d’asile. Or une personne en situation provisoire devient généralement un résidant éternel, ce qui n’était pas du tout le but.

Importance économique

Les groupes PLR, PDC/PEV/PVL et PBD ont pour leur part insisté sur l’importance que revêtent les travailleurs étrangers pour la bonne santé de l’économie suisse. Et Hugues Hiltpold (PLR/GE) de prendre un peu de recul, quand la Suisse était si pauvre, au XIXe siècle. Ses habitants émigraient dans le nouveau monde. Depuis, la Suisse a profité de la globalisation du commerce et des accords bilatéraux.

Or aujourd’hui, les attaques de l’UDC contre la libre circulation et les accords bilatéraux menacent toute son économie. «Une attitude irresponsable qui risque d’obliger nos jeunes à émigrer à nouveau et devenir des mercenaires», a déclaré le Genevois.

Urs Hany (PDC/ZH) voit lui la solution aux problèmes d’immigration dans un renforcement de la collaboration internationale. Hans Grunder (PBD/BE) va dans le même sens: trouver des solutions au lieu de faire porter le chapeau aux étrangers.

La marge de manoeuvre est réduite, a admis M. Grunder. Selon lui, on doit limiter le regroupement familial au minimum de ce qu’exige le droit international. La Suisse est encore trop généreuse avec ceux qui n’ont pas de travail, a-t-il affirmé.

Electoralisme

La plupart des propositions sur lesquelles le National devra voter proviennent des partis bourgeois, pourtant à l’origine des lois en vigueur, a relevé Antonio Hodgers (Verts/GE). Revenir régulièrement sur ses propres propositions est un sacré aveu d’échec, a-t-il renchéri. «Mais à l’approche des élections, peut- être que l’objectif est ailleurs», a-t-il lancé.

Et M. Hodgers de dénoncer l’hypocrisie dans le traitement de l’immigration extra-européenne. «On a besoin de cette main d’oeuvre mais on fait comme si elle n’existait pas». Une politique de l’autruche qui conduit à une multiplication des sans-papiers, selon l’écologiste.

Une fois que les migrants sont là, plutôt que de dépenser beaucoup d’énergie à vouloir les chasser, il serait préférable, de l’avis des Verts, de chercher à bien les intégrer. «Mais comment prétendre à une bonne intégration si on empêche à un immigré de vivre avec sa femme et ses enfants?», a-t-il dit.

Craintes infondées

Allant dans le même sens, Ada Marra (PS/VD) a relativisé les craintes d’une invasion d’Africains du Nord consécutive aux printemps arabes, objet d’un premier débat avant l’été. «On les cherche encore dans nos rues», a ironisé la socialiste.

Sur 1,7 million d’étrangers en Suisse, seuls 40’000 émargent au secteur de l’asile, un nombre stable depuis de nombreuses années, a ajouté Ada Marra. A voir la plupart des interventions ce matin, on fait une montagne de cette immigration au lieu de parler de tout ce qu’elle apporte à l’économie, a-t-elle ajouté en précisant que 67% des étrangers sont porteurs d’un diplôme d’une haute école.

28/9/2011

Source : Le Matin.ch

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