samedi 23 novembre 2024 23:10

Droit au travail : Au Millénaire, le service public destiné aux étrangers est indigne !

Dans un communiqué, le SNUTEFP-CGT Paris, le SNUTEFE FSU Paris, la CGT Paris, SOLIDAIRES Paris et le GISTI dénonce le transfert à Aubervilliers du bureau chargé de délivrer des autorisations de travail aux immigrés vivant à Paris. Ce déménagement s’accompagne de considérables restrictions visant les travailleurs immigrés, explique le communiqué.

L’unité territoriale de Paris de la DIRECCTE (ex Direction départementale du travail et de l’emploi) est chargée d’instruire les demandes d’autorisation de travail des travailleurs étrangers.

Depuis la fin juillet, ce service est installé à Aubervilliers sur le site du Millénaire – mais qu’on ne s’y trompe pas, seuls les ressortissants étrangers de Paris seront reçus… à Aubervilliers.

Les anciens locaux de ce service se trouvaient boulevard de la Villette dans le 10ème arrondissement. Il est difficile de dire que ce lieu aménagé en box d’accueil du type CAF était l’idéal (notamment en terme de confidentialité des échanges), mais il avait le mérite d’être facilement accessible, d’avoir un nombre suffisant de sièges, etc.

Un accès bien compliqué

De l’aveu même de l’ancien directeur régional d’Ile de France, M. Joël Blondel, l’accès à ce site et ses services publics est aujourd’hui un véritable point noir. Certes, on peut s’amuser à prendre une navette fluviale avec les consommateurs venus faire « du shopping au bord de l’eau » dans le centre commercial du Millénaire, mais la localisation au-delà du périphérique, les travaux aux portes de Paris et le manque de transports en commun adaptés (pas de métro, bus bondés) rendent difficile l’accès à ces services tant pour les usagers que les agents.

Arrivé sur le site du Millénaire, il est difficile de repérer les deux bâtiments de la DIRECCTE car aucune signalétique n’est installée. Les habitués du site indiquent maintenant aux petits nouveaux : « c’est simple c’est à côté du centre commercial, c’est le bâtiment où sont accrochées les enseignes commerciales ». Le service public, lui, n’a pas droit à une enseigne…

Des locaux ne permettant pas l’accueil décent des usagers

De façon générale en France, les étrangers attendent dans la rue l’ouverture des services. Ils ne peuvent être reçus que selon des plages horaires restreintes vu la surcharge de travail entretenue par ces services.

Dans les nouveaux locaux du service de la main d’œuvre étrangère de Paris, la soixantaine d’usagers quotidiens patiente et est reçue pour les premiers renseignements dans les courants d’air du hall d’entrée du bâtiment, hall qui est aussi une des entrées du personnel. Une quinzaine de sièges seulement sont à leur disposition sous le regard des caméras de surveillance disposées dans le hall d’entrée.

Un hall d’entrée, lieu de passage, ne peut être ni un lieu décent d’accueil pour les travailleurs étrangers, ni de travail pour les agents du service.

Pourtant, une grande partie du 7eme étage du bâtiment est vide ! Il est même envisagé par la direction de sous louer ses locaux disponibles. Mais, selon la direction, pas question d’installer ailleurs qu’au rez-de-chaussée les locaux de ce service ! D’autres services reçoivent du public dans de bien meilleures conditions dans les étages, pourquoi cette différence de traitement ?

Les orientations xénophobes du gouvernement dégradent les conditions de travail des agents et d’accueil des travailleurs étrangers

La circulaire relative à l’immigration professionnelle de mai 2011 est très claire, il faut refuser en masse les autorisations de travail. Cette orientation augmente considérablement la charge de travail des services pour l’instruction et le traitement des dossiers ; même vite rédigée, une décision de refus demande toujours plus de travail. Si on rajoute à cette pression ministérielle, un déménagement mal préparé, des postes de travail inadaptés, le bruit dû aux entrées et sorties du personnel, la situation du service est explosive ! Au point que les directeurs ont dû prendre le 2 septembre précipitamment deux mesures de restriction d’accueil applicables dès le 5 septembre 2011.

Une première « mesure conservatoire des modalités d’accès des agents sur le site » interdit aux agents de la DIRECCTE, pour se rendre à leur bureau, et autres usagers de passer par le hall d’entrée du bâtiment 2, réservant cette entrée aux travailleurs étrangers. A chacun son entrée, les agents et les usagers « normaux » d’un côté, les étrangers de l’autre. Cette mesure est censée permettre la sécurité des agents de la MOE et répondre à leur ras le bol ! La direction ne veut toujours pas admettre qu’un hall d’entrée n’est pas un lieu d’accueil permettant de retirer ou remettre un dossier, d’obtenir les premiers renseignements, bref un lieu d’accueil du public et de travail décent !

Une deuxième mesure d’urgence énonce « afin de résorber le retard pris dans le traitement des dossiers et faire face à la charge de travail qui découle de la nouvelle orientation des pouvoirs publics en matière d’immigration professionnelle, le service MOE de Paris n’ouvrira au public que du lundi au mercredi ». Silence, on refuse les autorisations de travail en paix !

Nous demandons un véritable service public pour les ressortissants étrangers, un accueil digne de ce nom, et des conditions de travail décentes pour les agents !

Le service de la main d’œuvre étrangère de Paris doit être relogé !

Le service de la main d’œuvre étrangère ne doit pas être une machine à refus d’autorisation de travail et de séjour, instrument de la politique xénophobe de ce gouvernement !

Nos organisations syndicales rappellent leur revendication de suppression du régime d’autorisation pour les travailleurs étrangers et de régularisation de tous les travailleurs sans-papiers !

28/9/2011

Source : Témoignages

Google+ Google+