jeudi 4 juillet 2024 04:21

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Bonne nouvelle : le Danemark rouvre la porte

Par les temps qui courent, lorsqu'un Etat européen modifie sa politique d'immigration, c'est en général pour aller dans le sens de restrictions accrues. La décision, au Danemark, du nouveau gouvernement de rouvrir ses frontières et d'assouplir le régime d'accueil des étrangers est une initiative suffisamment rare et courageuse, dans un pays qui compte 9,8 % d'immigrés et de citoyens d'origine étrangère, pour être saluée.

Formé le 3 octobre par la première ministre sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt, dont le bloc de gauche a remporté les élections du 15 septembre, le nouveau gouvernement danois rassemble plusieurs partis. C'est sous la pression de deux de ces partis, une formation d'extrême gauche et un parti centriste, que Mme Thorning-Schmidt a été amenée à changer de cap sur l'immigration.

Parmi les mesures annoncées, la plus spectaculaire est la levée des contrôles aux frontières, dont le rétablissement, au mépris des règles de Schengen, avait été annoncé au printemps. Le ministère de l'immigration est purement et simplement supprimé et ses services répartis entre ceux de la justice et des affaires sociales. Le système de permis à points pour le regroupement familial est abrogé. Les procédures de demande de permis de séjour, de naturalisation et de regroupement familial vont être simplifiées.

Par ailleurs, dans un geste qui n'est pas directement lié à la politique d'immigration mais dont la valeur symbolique n'a échappé à personne, l'équipe de Helle Thorning-Schmidt compte, pour la première fois au Danemark, un ministre issu de l'immigration, Manu Sareen, d'origine indienne, titulaire du portefeuille de l'égalité, des cultes et des affaires nordiques.

Toutes les restrictions ne sont pas levées. Ainsi, l'interdiction d'épouser un étranger de moins de 24 ans, visant à empêcher les mariages forcés, est maintenue. Mais le revirement général modifie fondamentalement les termes du débat sur l'immigration.

Il faut dire que le Danemark, depuis dix ans, était allé très loin dans le sens du durcissement. Sous l'influence de l'extrême droite, ce pays, pourtant connu pour sa tradition de tolérance et d'ouverture, était même devenu le régime le plus fermé d'Europe aux étrangers, regardé avec envie par certains gouvernements de droite qui n'arrivaient pas à en faire autant chez eux, mais dénoncé par les organisations de défense des droits de l'homme. La Suède voisine s'était inquiétée de la détérioration des conditions d'accueil des étrangers et du ton général du débat sur l'immigration au Danemark.

Cet ostracisme était devenu de plus en plus difficile à vivre pour les Danois qui ne s'identifiaient pas à l'image donnée par l'extrême droite. Grand traumatisme dans le subconscient national, l'affaire des caricatures de Mahomet, publiées en 2005 par un quotidien danois, s'était aussi inscrite dans un contexte général de dégradation des relations des Danois avec les étrangers.

Ce nouveau départ est une bonne nouvelle pour les Danois - et pour le reste de l'Europe.

11.10.11, L’Edito du Monde

Source : Le Monde

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