L'Organisation des Nations Unies a souligné, vendredi à New York, la nécessité de promouvoir les droits des travailleurs migrants qui demeurent vulnérables aux violations des droits de l'Homme, dont la discrimination et la violence à leur égard.
"La réalité des flux migratoires est telle qu'il est devenu essentiel pour l'ensemble des Etats d'élaborer des normes et d'adopter des politiques visant à protéger les droits des travailleurs migrants, y compris ceux en situation irrégulière", a averti le Président du Comité des travailleurs migrants, Abdelhamid El Jamri, lors d'un débat de la troisième commission de l'ONU chargée des droits de l'Homme.
En effet, a-t-il expliqué, "les travailleurs migrants sont toujours vulnérables aux violations des droits de l'Homme, telles que la discrimination et la violence contre les migrants, les détentions arbitraires, les expulsions collectives, les interceptions dangereuses de migrants en mer et aux frontières, l'accueil des migrants dans les centres surpeuplés, ainsi que la traite et le trafic d'êtres humains".
M. El Jamri, qui présentait un rapport du Secrétaire général de l'ONU sur la situation des travailleurs migrants, a souligné l'importance de la Convention onusienne sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille en tant que cadre législatif utile pour la protection de tous les travailleurs migrants, quelle que soit leur situation, et pour la formulation de politiques migratoires nationales.
Entrée en vigueur en juillet 2003, cette Convention a pour objectif de protéger les travailleurs migrants, une population particulièrement vulnérable, de l'exploitation et de la violation de leurs droits humains.
Cette Convention, a-t-il expliqué, "constitue le seul traité à vocation universelle protégeant spécifiquement les droits des travailleurs migrants et des membres de leur famille", regrettant toutefois que "cette vocation universelle est loin d'être la réalité".
M. El Jamri a regretté à cet égard "le nombre limité d'Etats parties à cette convention", y voyant un "réel défi".
Il a également exprimé les inquiétudes du Comité qu'il préside quant à "un durcissement, dans certains pays, des politiques migratoires au détriment des droits des migrants", qui s'illustre par un nombre important de détentions administratives des migrants en situation irrégulière malgré l'absence de toute preuve que de telles mesures empêchent la migration irrégulière.
De son côté, le Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme des migrants, François Crépeau, a reconnu que la migration est un "sujet critique" dans beaucoup de pays, notant, à cet égard, qu'"un discours xénophobe s'est généralisé au cours de la dernière décennie et les parties extrémistes tablent sur un programme anti-immigration".
"Il ne faut pas oublier que de nombreux secteurs de nos économies sont en essor et compétitifs grâce à la contribution des migrants. Le discours politique à tous les niveaux du gouvernement devrait tenir compte de cette réalité", a relevé M. Crépau, notant que "la migration irrégulière n'est pas un crime".
La traversée des frontières peut se faire en violation du droit, mais il s'agit "d'une violation abstraite, car le fait de passer d'un pays à l'autre ne met pas en danger la vie des personnes et n'affecte pas les biens", a-t-il conclu.
Source : MAP
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