jeudi 4 juillet 2024 20:19

Fini l’époque où il allait braconner sur les terres de la gauche, en se disant à titre personnel favorable au vote des étrangers aux élections locales. Devant les maires de France conviés à l’Elysée, Nicolas Sarkozy s’en est pris mercredi 23 novembre à la proposition de loi du Sénat visant à accorder le droit de vote aux étrangers aux élections municipales. « Une telle proposition me paraît hasardeuse. Elle présente le risque de diviser profondément les Français au moment, où plus que jamais, nous avons besoin de nous rassembler », a expliqué le candidat non déclaré de l’UMP sous les applaudissements. « Le droit de voter et le droit d’être élu, dans nos territoires, doit demeurer un droit attaché à la nationalité française » et étendu aux ressortissants européens pour les élections municipales et européennes.

En octobre 2005, juste avant les émeutes de banlieues, celui qui était alors ministre de l’intérieur tenait un discours radicalement différent dans un entretien accordé au Monde. « A titre personnel, je considère qu'il ne serait pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales », expliquait M. Sarkozy, qui disait vouloir « renforcer la chance de l'intégration pour les étrangers en situation légale. Le droit de vote aux municipales en fait partie ».

Le candidat, alors, n’avait pas peur de brusquer son camp, comme il l’avait fait en abolissant lors de son arrivée place Beauvau la double peine, prévoyant l’expulsion des étrangers ayant purgé leur peine de prison. « Je ne demande pas à mon parti d'être d'accord avec moi sur tout. Et j'ai la liberté de ne pas être d'accord avec lui sur tout », expliquait encore en 2005 M. Sarkozy.

Mais 2007 n’est pas 2012. L’ouverture à gauche du début du quinquennat a désorienté la droite, sans ouvrir de perspective au centre. M. Sarkozy veille à rassembler son camp et à cliver le débat politique. Soutenu par les députés de la Droite populaire, il veut récupérer les électeurs tentés par le front national, alors que selon le politologue Patrick Buisson, conseiller de M. Sarkozy, l’immigration est devenu pour la première fois une préoccupation supérieure à celle de la délinquance. M. Sarkozy espère l’emporter face à M. Hollande, qui, selon M. Buisson, ne mordrait plus sur le centre ni sur les classes populaires, dont M. Sarkozy pense qu’elles feront l’élection. « François Hollande est redevenu candidat du PS », assène M. Buisson.

M. Sarkozy saisit aussi la proposition de loi du Sénat, pour faire toucher du doigt aux Français par avance ce que signifierait l’arrivée de la gauche au pouvoir. Il essaie ainsi de retourner à son profit le basculement de la Haute-Assemblée en en faisant un épouvantail.

Il n’est pas question, pour l’heure, de donner un coup de barre majeur à droite, comme l’avait fait Nicolas Sarkozy en juillet 2010 avec son discours de Grenoble sur la déchéance de la nationalité et les Roms. Il n’empêche, le chef de l’Etat multiplie les sujets d’affrontement avec la gauche, comme en atteste sa sortie contre la fraude aux prestations sociales, qui n’a été accompagnée d’aucune mesure concrète vraiment nouvelle.

Cette tactique serait d’autant plus fructueuse, selon le député de la Drôme Hervé Mariton, que la campagne marque, selon lui, « la fin des consensus » entre la gauche et la droite sur quelques sujets majeurs, qui vont au delà de l’économie et du social : la perspective proche qui régnait avec le PS sur le nucléaire n’existe plus et M. Sarkozy se déplacera vendredi au centre nucléaire de Tricastin à Pierrelatte, compte enfoncer le clou. M. Mariton accuse de vouloir faire de la défense une variable d’ajustement budgétaire. La droite compte attaquer la gauche sur sa politique familiale, en contestant l’individualisation des droits et la remise en cause partielle du quotient familial née de la fusion programmée de l’impôt sur le revenu et de la CSG. M. Mariton note que les lois bioéthiques n’ont pas été votées à l’unanimité. L’Elysée ne compte pas sortir du bois sur le mariage homosexuel, même si les Français s’y déclarent favorables dans les sondages: une ouverture sur ce point rapporterait très peu à M. Sarkozy et lui coûterait très cher auprès de l’électorat catholique traditionnel.

Enfin, M. Sarkozy a fait des droits d’auteurs et de Hadopi un combat personnel, qui l’oppose à la gauche. C’est dans ce domaine que M. Sarkozy veut apparaître moderniste. Il entend aussi mettre à dispositions des Français toute une série de banques de données publiques en provenance des administrations, pour donner un sentiment de transparence par la preuve et atténuer son image autoritaire.

23/11/2011, Arnaud Leparmentier

Source : Le Monde

Le Marocain Mohamed Brihmi a été assermenté, mardi après-midi à Toronto (Canada), en qualité de juge de paix à la Cour de justice de l'Ontario. La cérémonie d'assermentation, qui s'est déroulée au Palais de justice de Toronto, a été rehaussée par la présence notamment de Mme Nouzha Chekrouni, ambassadrice du Maroc au Canada, M. Zoubair Hakam, consul général du Maroc à Montréal, ainsi que de plusieurs membres de la communauté marocaine établie au Canada.

Dans une déclaration à la MAP, le Premier magistrat d'origine marocaine au Canada s'est dit “honoré, comblé et heureux d'avoir obtenu cette distinction”, affirmant garder “une fierté absolue de mon héritage marocain”.

Installé au Canada en 1981 et titulaire de plusieurs prix et distinctions, M. Brihmi a exercé pendant plus de 25 ans dans la fonction publique, œuvrant auprès des communautés francophones établies à l'étranger comme dans la province anglophone canadienne de l'Ontario.

23/11/2011

Source : Au fait/MAP

Le chef de l'Etat estime que le «droit de voter et d'être élu doit demeurer un droit attaché à la nationalité française»...

Accorder des droits électoraux aux étrangers? Une proposition «hasardeuse», selon Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat s'est ainsi prononcé contre le droit de vote et d'éligibilité des ressortissants de pays non membres de l'Union européenne résidant en France aux élections municipales, proposé par la nouvelle majorité sénatoriale socialiste.

Le Sénat, qui a basculé à gauche lors des sénatoriales de septembre, examinera le 8 décembre une proposition de loi constitutionnelle du PS en ce sens, déjà votée par l'Assemblée nationale le 3 mai 2000 sous le gouvernement du Premier ministre socialiste Lionel Jospin.

«Besoin de rassembler les Français»

«Une telle proposition me semble hasardeuse (...) parce que cette proposition risque de diviser profondément les Français au moment où, plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler», a déclaré le président de la République devant quelque 2.000 maires reçus au Palais de l'Elysée à l'occasion de leur congrès annuel à Paris.

«Chacun peut avoir ses convictions (...) mais dans la crise que nous avons à affronter il y a une nécessité, qui est celle de rassembler», a-t-il insisté.

La Droite populaire, aile sécuritaire de l'UMP, a lancé le mois dernier une pétition contre cette proposition de loi dans laquelle elle voit une «imposture idéologique» et une «manœuvre électoraliste». Sans aller jusque-là, Nicolas Sarkozy a rappelé que les citoyens de l'UE résidant en France pouvaient participer aux élections municipales et européennes et s'est dit «très attaché» à ce que la Constitution française n'aille pas au-delà.

Il y était favorable en 2005

«Je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu, dans nos territoires, doit demeurer un droit attaché à la nationalité française, étendu pour les élections municipales et européennes aux citoyens européens qui partagent avec nous une communauté de destin», a poursuivi le chef de l'Etat.

La seule façon pour un ressortissant d'un pays non membre de l'UE de participer aux choix politiques de la France est de prendre la nationalité française, à condition d'en remplir les conditions, a-t-il ajouté. Arno Klarsfeld, le président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) a justifié ce refus par le fait que l'intégration était loin d'être une réussite et qu'existait le risque de voir apparaître des listes fondamentalistes aux scrutins locaux.

En 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, s’était pourtant montré favorable au droit de vote des étrangers. «A titre personnel, je considère qu'il ne serait pas anormal qu'un étranger en situation régulière, qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales», indiquait à l’époque le chef de l’Etat, dans le Monde.

24/11/2011, E.O., avec Reuters

Source : 20 minutes.fr

Assis sur un banc, les cheveux blanchis, des hommes renfrognés regardent les passants et parlent du "bled", qu'ils ont quitté dans les années cinquante pour venir travailler en France: une pièce, "Invisibles", rend hommage à ces vieux immigrés, les "chibanis".

Ecrite par le metteur en scène Nasser Djemaï, lui-même d'origine algérienne, "Invisibles" entend donner "un corps, une voix, une personnalité" à ces travailleurs, qui ont été, selon lui, "des masses informes, incolores, inodores, éternellement interchangeables".

La pièce est à l'affiche à partir du 22 novembre à la Maison de la culture de Grenoble, avant une vaste tournée en France, puis à Lausanne, qui s'achèvera en mai prochain.

"J'ai pris le parti de parler uniquement des hommes qui n'ont pas fait venir leur famille parce que, pour moi, ils représentent une double tragédie", raconte Nasser Djemaï, dans un entretien à l'AFP. Ils ont vécu "l'exil, l'arrachement à la terre natale pour retrouver une misère plus froide encore et l'éloignement d'avec leur famille".

"Une fois vieillis, ces hommes se retrouvent seuls, avec des séquelles physiques très importantes et aussi pauvres que quand ils sont arrivés", affirme le metteur en scène, qui insiste sur "le rapport très ambigu, très paradoxal" qu'ont les "chibanis" avec leur pays d'origine. "Ils ont vieilli avec une carte postale dans la tête", déclare-t-il.

"Une histoire entre la vie et la mort"

"Le retour au pays est toujours une incompréhension avec à la fois ce mythe éternel du retour et leur présence ici liée notamment au fait qu'une partie de leur retraite ne peut pas être exportée", ajoute Nasser Djemaï.

Il a cherché pendant un an les acteurs susceptibles d'incarner ces hommes qui s'expriment à la fois en français et en arabe et recueilli des témoignages dans les cafés chibanis, les mosquées, les foyers en même temps qu'il lisait les ouvrages portant sur ce thème.

"C'est un peu aussi l'histoire de mon père qui est arrivé ici tout seul pendant deux ans, avant de faire venir sa famille", confie Nasser Djemaï, né en 1971 à Grenoble de parents algériens. "Les amis qu'il a côtoyés sont ces hommes-là. Ça fait partie de ma mythologie".

Mais, explique-t-il, "mon travail théâtral, c'est de m'emparer d'une parole authentique et d'arriver à tordre toute cette matière pour en faire des figures théâtrales".

"Cette histoire d'hommes qui ont quitté leur terre natale date de la nuit des temps", poursuit-il, évoquant Enée, condamné à l'exil et qui doit se rendre aux enfers pour que son père lui révèle où il doit fonder Rome. "J'ai trouvé ce mythe tellement beau que j'ai voulu aussi m'en servir", ajoute-t-il.

Le héros, Martin, n'a pas connu son père, l'un de ces immigrés, mais le retrouve grâce à sa mère, une Française, qui vient de mourir. "J'ai placé l'histoire entre la vie et la mort. C'est comme un monde parallèle. Ces hommes sont dans une sorte d'antichambre et Martin va être plongé dans ce monde à la demande de sa mère".

Mais "cette histoire, c'est une volonté d'apaisement, une reconstruction, celle d'un jeune homme qui va se réconcilier avec lui-même et avec son passé", selon Nasser Djemaï.

22/11/2011

Source : Le Point

L'Ille-et-Vilaine est le 3e département le plus touché par l'afflux de mineurs étrangers sans parents, avec une vingtaine d'arrivées par mois. Le président PS du conseil général, Jean-Louis Tourenne, somme l'Etat de prendre ses responsabilités, avec cet ultimatum : il ne prendra plus d'enfants en charge au 1er janvier.

Dominique Baudis, le nouveau défenseur des droits, a remis en début de semaine au président de la République son rapport sur les droits de l'enfant. Une partie de son travail est consacrée à la question des mineurs isolés étrangers. La France en compte officiellement 6.000. Elle est particulièrement touchée par l'augmentation des arrivées ces dernières années. En tête des départements touchés par cet afflux : Paris, la Seine-Saint-Denis et... l'Ille-et-Vilaine. Le président socialiste du Conseil général, Jean-Louis Tourenne, tire la sonnette d'alarme. Il explique à TF1 News pourquoi il ne peut plus faire face à ce "raz-de-marée" et pourquoi il appelle l'Etat à prendre ses responsabilités.

TF1 News : Combien de mineurs isolés étrangers (MIE) sont venus frapper à la porte du conseil général cette année ?
J-L.T. : Fin octobre, nous étions à 335 mineurs isolés étrangers arrivés dans le département. Quinze jours plus tard nous sommes à 349. Grosso-modo il en arrive une vingtaine par mois. Pour vous donner une idée, en 2000, ils n'étaient que cinq. Depuis le début, nous avons à cœur d'accueillir ces jeunes dans les meilleures conditions possibles, mais là, la situation devient intolérable. On ne sait plus la gérer. Nous avons créé 70 places supplémentaires en famille d'accueil et recruté 11 travailleurs sociaux pour faire face à ce raz-de-marée, mais là, on ne peut plus les accueillir dans de bonnes conditions.

TF1 News : D'où viennent ces mineurs isolés et pourquoi choisissent-ils votre département ?

J-L.T. : La majorité d'entre eux ont entre 14 et 18 ans. 68% viennent d'Afrique, 21% d'Asie, notamment de Mongolie et de Chine, et le reste des pays de l'Est et de l'Afghanistan. Leur arrivée est très organisée en amont. Les passeurs soit leur donnent les adresses de nos centres d'action sociale soit les déposent directement devant.

Avant d'être tentés par l'Ille-et-Vilaine, ils sont tentés par la France qui peut être perçue comme un Eldorado. Ensuite, il y a un certain nombre de centres d'accueil comme Sangatte qui ont été fermés, donc ils vont ailleurs. Comme leur destination finale est très souvent l'Angleterre, ils vont dans des départements qui servent de point de départ. La liaison Saint-Malo/Porthmouth, en Ille-et-vilaine, en fait partie.

TF1 News : Que faites-vous quand un de ces mineurs étranger se présente à vos services ?

J-L.T. : Le conseil général étant responsable de tous les mineurs présents sur son département et qui n'ont plus d'autorité parentale, qu'ils soient étrangers ou pas, nous les accueillons et nous les signalons à une plateforme d'orientation qui est complètement saturée ainsi qu'au procureur de la République. Ce dernier a normalement cinq jours pour se prononcer sur l'orientation que doivent avoir ces enfants. Trois cas sont possibles : ils sont mineurs mais peuvent être rapatriés car on a connaissance de la famille dans le pays d'origine, ils sont mineurs et doivent être placés dans un nos services, ou bien, ils sont majeurs et alors ils ne relèvent plus de nos services.

Le problème, c'est qu'au lieu des cinq jours prévus, cela prend entre trois et six mois car les services de la justice aussi sont encombrés. Du coup, ils font exactement comme les passeurs : ils les déposent devant nos services. Résultat, le département s'occupe de pléthore de jeunes dont il ne devrait pas s'occuper. Et cela a un coût important puisqu'il est de l'ordre de 13 millions d'euros par an.

TF1 News : Aujourd'hui, vous tirez la sonnette d'alarme pour que l'Etat prenne ses responsabilités...

J-L.T. : Oui, l'Etat ne s'inquiète absolument pas de cette question car pour lui le problème est réglé. Il nous dit : débrouillez-vous avec ces jeunes. Or, l'Etat est quand même le premier responsable de ces enfants. C'est l'Etat qui a signé la convention internationale des droits de l'Enfant et qui, par conséquent, a des comptes à rendre à la communauté internationale sur la façon dont ils sont traités. C'est l'Etat qui est responsable de la politique d'immigration, qui exerce les contrôles aux frontières et qui peut éventuellement en reconduire certains. Et c'est l'Etat, enfin, qui détermine quand un mineur devient majeur et comment il doit orienter ses services de justice. Malgré un rapport du préfet Landrieu en 2006, malgré le rapport de la sénatrice Isabelle Debré en 2010, et malgré le dernier rapport de Dominique Baudis, l'Etat n'a jamais assumé toutes ces responsabilités.

TF1 news : Sollicité le 20 octobre sur cette question des MIE lors du Congrès de l'Association des départements de France, le garde des Sceaux a annoncé le lancement prochain d'une réflexion interministérielle. Qu'en est-il depuis ?

J-L.T. : Il est gentil monsieur Mercier, c'est un adepte de la table ronde mais il n'en sort rien. Ce problème n'est pas nouveau. La façon dont il a décidé de régler le problème en Seine-Saint-Denis (ndlr : deuxième département le plus touché par l'afflux de MIE après Paris, avec plus d'un millier de mineurs déjà récupérés en 2011) avec le préfet et le procureur, est inacceptable. Ils ont décidé de dispatcher les enfants sur une dizaine de départements, un seul sur dix restant dans le 93, alors qu'il s'agit d'un problème de solidarité nationale. Nous, départements, acceptons de prendre nos responsabilités, mais l'Etat doit aider aussi, notamment au financement.

TF1 News : Vous avez lancé un ultimatum à l'Etat, disant qu'à partir de la fin de l'année vous ne prendrez plus d'enfant en charge, si rien n'est fait...

J-L.T. : Oui et je le maintiens. A partir de 2012, nous remettrons tous ces enfants directement à la justice, à qui il incombe de prendre des décisions. Nous, on ne peut plus. Matériellement, on n'a plus de place. Ca déborde de partout. A tel point que, malgré nos 850 familles d'accueil, nous ne sommes quasiment plus en mesure aujourd'hui d'appliquer les décisions judiciaires de placement prises pour des enfants originaires d'Ille-et-Vilaine. C'est tout le fonctionnement de l'aide sociale à l'enfance qui se trouve perturbé. Alors, s'il le faut, j'irai devant les tribunaux pour expliquer que l'on a des décisions mais qu'elles sont inapplicables par défaut de moyens.

23/11/2011,  Alexandra Guillet

Source : TF1

Notre monde connaît aujourd’hui une triple mutation : démographique et géopolitique d’abord avec la montée des «émergents» que sont la Chine, l’Inde et le Brésil ; éthique ensuite, avec des interrogations sur les impacts sociaux et environnementaux de notre modèle de développement ; structurelle enfin, avec l’avènement de l’économie de la connaissance.

Ces mutations exigent des réponses à l’échelle mondiale qui seront conçues et mises en place par les élites de demain, autrement dit les étudiants d’aujourd’hui. Or, d’après les projections de l’Unesco, le nombre d’étudiants dans le monde aura doublé entre 2000 et 2015, passant de 100 à 200 millions environ, les trois quarts de cette hausse spectaculaire étant dus au seul continent asiatique. Dès lors, il convient de jouer un rôle actif dans la formation de ceux qui deviendront des ambassadeurs de France dans leurs pays mais aussi des repeaters dans le domaine touristique.

La capacité à attirer les meilleurs étudiants de la planète est un facteur déterminant de la puissance d’un Etat. Si nous continuons d’évoluer tout au long de notre vie, la période étudiante est cruciale. C’est alors que se fabrique notre vision du monde par l’acquisition de références philosophiques, politiques et artistiques. Ainsi n’est-il pas surprenant que le journaliste et essayiste indo-américain Fareed Zakaria qualifie, dans son ouvrage (The Post-American World, 2008), le système universitaire américain comme étant «la meilleure industrie des Etats-Unis». En ayant accueilli et formé les meilleurs étudiants du monde, les universités américaines ont été un vecteur de puissance et se trouvent encore aujourd’hui au cœur de la stratégie américaine dite de smart power (puissance intelligente). Car si les rapports de force militaires continuent d’occuper une place centrale dans le monde multipolaire qui se profile, le poids d’un pôle dépend de plus en plus de sa capacité à influer sur les normes qui régissent le monde.

Disposant d’une image attractive auprès des étudiants étrangers, la France est la première destination non anglophone avec près de 280 000 étudiants étrangers. Auparavant troisième, elle se classe désormais en quatrième position derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie. Aussi, la tentation de repli sur soi, instrumentalisée par une partie de la classe politique, est tout à fait dommageable : elle gangrène le débat démocratique à l’intérieur de nos frontières, elle traduit l’ignorance grave et coupable de nos dirigeants face aux enjeux mondiaux mais surtout elle nuit à l’image de la France. La circulaire du 31 mai restreignant les possibilités pour les diplômés étrangers de poursuivre leur carrière en France s’inscrit dans cette logique qui se donne comme finalité une baisse de l’immigration dans son ensemble. Ce positionnement démagogique est d’autant plus condamnable qu’il revient à séduire l’électorat d’extrême droite.

A rebours de ces tentations regrettables, il convient ainsi de saluer la volonté de la Conférence des grandes écoles de multiplier par trois, d’ici à 2020, le nombre d’étudiants étrangers formés par notre enseignement supérieur. Cette ouverture contribuerait au rayonnement de la France tout en confrontant les décideurs de demain à la complexité et à la diversité des expressions culturelles et politiques de notre monde.

L’accueil accru d’étudiants étrangers suppose néanmoins d’investir dans des infrastructures d’accueil adaptées (logements, transports…) et de recruter des personnels enseignants supplémentaires. Pour y parvenir en dépit du contexte actuel, nous pourrions facturer aux étudiants étrangers les formations de haut niveau. En s’alignant sur les prix mondiaux - atteignant 50 000 dollars pour une année universitaire à Harvard -, on s’apercevrait que l’accueil d’étudiants étrangers accroîtrait les moyens de notre système universitaire, moyens qui pourraient servir en partie à attribuer des bourses aux meilleurs étudiants étrangers sélectionnés mais dont les moyens financiers seraient insuffisants. Une autre partie de ces moyens permettrait de développer des projets académiques ambitieux pour attirer encore davantage les meilleurs étudiants et enseignants-chercheurs, et instaurer ainsi un cercle vertueux.

Par ailleurs, s’il est nécessaire de développer notre capacité à attirer les meilleurs étudiants étrangers, il faut aussi poursuivre les efforts consacrés aux programmes de mobilité des étudiants français. Les bienfaits d’une période d’expatriation, quelle qu’en soit la destination, sont en effet multiples : apprentissage de l’autonomie, enrichissement culturel, rayonnement de la France à l’étranger, prise de conscience de la valeur du modèle français, meilleure compréhension des modèles étrangers… Le programme Erasmus, qui a démocratisé la mobilité des étudiants européens, gagnerait par exemple à être élargi à l’ensemble du bassin méditerranéen. Alors que le continent européen devra faire face au vieillissement de sa population, le gouvernement choisit la stratégie de la petite politique interne pour répondre aux peurs populistes accentuées par la crise. Ce choix constitue d’ailleurs un paradoxe idéologique avec la politique économique du gouvernement qui rejette en bloc les arguments des partisans de la démondialisation et invite la Chine à racheter une partie des dettes publiques européennes. La schizophrénie semble devenir une norme en politique : on s’insurge contre toute mention de protectionnisme économique mais on n’hésite pas à invoquer un protectionnisme en matière de flux migratoires.

Enfin, et c’est peut-être le plus grave, l’image de la France continue à être écornée aux quatre coins du monde. L’image d’un pays en crise sur son identité, mais surtout qui trahit les principes qu’il a autrefois incarnés. Il est légitime de vouloir rompre avec l’arrogance occidentale consistant à vouloir imposer ses vues au monde. Mais cette rupture ne doit pas servir d’alibi pour abandonner les valeurs universalistes à l’origine de notre République ni pour réanimer la théorie culturaliste du «choc des civilisations». Promouvoir les valeurs auxquelles nous sommes attachés en respectant l’autre : voilà la ligne de crête qu’il nous faut emprunter si l’on veut profiter du meilleur point de vue.

24/11/2011, El Yamine Soum, Anas Jaballah

Source : Libération

 Des représentants d'une soixantaine de pays africains et européens ont adopté mercredi à Dakar une nouvelle stratégie commune de gestion du phénomène migratoire, à l'issue d'une conférence sur l'immigration et le développement, a constaté un journaliste de l'AFP.

La conférence de Dakar, précédée mardi par une réunion d'experts et qui faisait suite à des réunions similaires tenues à Rabat en 2006 et à Paris en 2008, visait à relancer et donner un nouveau souffle au processus eurafricain en matière de migration et de développement solidaire, selon la secrétaire d'Etat française chargée de la Jeunesse et de la vie associative, Jeannette Bougrab.
Il est important que des dispositifs existent pour améliorer l'éducation et la formation des jeunes dans les pays africains. Il ne faut pas que les talents de l'Afrique soit pillés. L'Afrique a un joyau qui est la jeunesse, l'Afrique c'est l'avenir, a-t-elle affirmé à l'AFP.
La réunion de Dakar a évalué le programme de coopération triennal (2008-2011) signé à Paris par les pays membres du processus eurafricain, dit de Rabat, en référence à la première conférence organisée dans la capitale marocaine, selon des participants.
Elle a débouché sur l'adoption d'une nouvelle stratégie, dite de Dakar, qui fixe les priorités du dialogue sur la migration entre les pays partenaires pour la période 2012-2014, selon des documents distribués à la presse.

La Stratégie de Dakar repose sur trois piliers: organiser la migration légale, renforcer les synergies entre migration et développement et lutter contre la migration irrégulière.

Africains et Européens s'engagent avec cette stratégie à atteindre dix objectifs prioritaires, dont la garantie du respect des droits des migrants et des réfugiés, l'amélioration de la mobilisation des transferts d'argent des migrants au bénéfice du développement des pays d'origine, la facilitation des échanges entre les services chargés de la mobilité.

Dakar lance des projets et des initiatives. Il nous appartient dans les discussions (à venir entre Africains et Européens) de voir les moyens de mise en oeuvre, a indiqué le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Madické Niang, lors d'une conférence de presse à l'issue des travaux.

La migration demeure une réalité de plus en plus présente dans les rapports entre l'Afrique et l'Europe qui reste une destination majeure du mouvement migratoire africain, avait-il auparavant estimé.

Les mesures nationales, aussi strictes soient-elles, ne suffisent guère pour maîtriser le problème de la migration iourcerrégulière qui risque de perdurer si on ne créée pas les conditions nécessaires à la fixation des potentiels candidats chez eux, en agissant contre la pauvreté et le chômage persistants, avait-il dit.

23/11/2011

Source : Romandie/AFP

La crise n'a pas réduit l'afflux de travailleurs étrangers outre-Manche, notamment non Européens. Ni leur capacité à trouver du travail : plus flexibles sur les horaires et les salaires, ils sont toujours plus nombreux à exercer une activité, alors que de plus en plus de Britanniques se retrouvent eux au chômage.

L’immigration au Royaume-Uni n’a guère faibli pendant les années de crise avec, cependant, moins d’entrées au motif du travail mais un accroissement très important des entrées d’étudiants.

David Cameron avait promis de traiter la question migratoire dans son ensemble pour qu’il n’y ait pas de report et éviter l’abus du statut d’étudiant. Il n’a manifestement pas réussi. Entre juin 2009 et juin 2010, le nombre d’étudiants ayant reçu un visa est passé de 268 000 à 362 000, soit une augmentation de 35 %.

Si la migration en provenance des nouveaux entrants dans l’Union européenne s’est ajustée à la crise – le solde des entrées et des sorties est désormais très faible -, il n’en va pas de même pour le reste de l’immigration étrangère. Le solde migratoire annuel des étrangers, en moyenne mobiles, était encore supérieur à 200 000 en mars 2010, soit un niveau comparable à celui observé en mars 2006. Le repli de l’immigration en provenance des nouveaux entrants de l’UE a donc eu peu d’effet sur le niveau d’ensemble des flux.

Des travailleurs étrangers plus flexibles

L’Office national de la statistique vient de publier une statistique qui fait scandale. En un an, l’emploi des personnes nées à l’étranger s’est accru de 181 000 alors que celui des Britanniques nés au Royaume-Uni s’est effondré (-311 000). La motivation et l’acceptation d’horaires et de conditions de travail pénibles seraient plus grandes chez ceux qui viennent de l’étranger. Les employeurs trouvent les jeunes Britanniques trop feignants et démotivés.

Ces arguments ne sont pas nouveaux. Les employeurs préfèrent recruter des immigrés plus qualifiés que les natifs, ou alors plus disposés à accepter les conditions de travail et les salaires que ces derniers refusent. En 2008, le rapport de la Chambre des Lords sur l’impact de l’immigration faisait déjà part de ses craintes que ne "se développe une demande spécifique des employeurs pour des immigrants aux exigences faibles en matière de salaire et de conditions de travail". Nous y sommes. En période de crise, la situation semble sans doute encore plus choquante.

Par ailleurs, une pétition lancée par Migration Watch UK demandant à ce que l’immigration soit progressivement réduite afin de revenir à un solde migratoire ne dépassant pas 40 000 a été signée, en une semaine, par 100 000 personnes. Avec les statistiques publiées sur les créations d’emploi par l’ONS, nul doute que la pression va s’accroître sur le gouvernement britannique pour faire baisser l’immigration étrangère.

23/11/2011

Source : Atlantico

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