Parmi les nouveaux «malvenus» de la famille européenne, figure désormais le «polytechnicien marocain», aux côtés du «plombier polonais».
Il n’avait rien d’un inconnu pour les élites tant marocaines que françaises. Mais c’est la première fois qu’il se retrouve au-devant de la scène, tel un homme de l’ombre soudain concerné par une sombre affaire médiatico-judiciaire.
La circulaire du 31 mai qui prévoit l’expulsion des étudiants étrangers dès l’obtention de leur diplôme en dit long sur la France contemporaine. Elle en dit tout autant du Maroc et des Marocains. En touchant les élites et les futures élites du royaume, cette circulaire révèle une histoire malaisée, où s’entremêlent éducation, cultures nationales et rapports Nord-Sud ; une histoire mise à mal par les effets convergents de la crise en Europe, du développement désarticulé des pays du Sud et du printemps arabe.
L'éducation, une question centrale et douloureuse
Voilà deux siècles que l’éducation représente une question centrale et douloureuse pour le monde arabe. La modernité y a été lancée par les missions religieuses occidentales, d’abord au Liban et en Egypte. Et les grandes plumes de la Nahda, la renaissance arabe, ses penseurs et ses politiques, tous passèrent, d’une manière ou d’une autre, par des écoles occidentales implantées en Orient, avant de poursuivre leurs études en Europe ou en Amérique.
Aussi, au lendemain de la décolonisation, on ne nationalisa pas seulement le pétrole et les champs de coton. Beaucoup d’écoles étrangères fermèrent ou durent se plier au versant culturel de l’indépendance : arabisation de l’enseignement, homogénéisation des programmes… Seuls le Maroc et le Liban, chacun à leur manière, poursuivirent cette étrange aventure commencée au début du XIXe siècle, qui voulait que le monde arabe s’éveille à lui-même par l’enseignement de son vainqueur.
Cette externalisation de la formation des élites sauva Rabat comme Beyrouth du populisme culturel qui fit des ravages ailleurs. Mais le revers de la médaille est rouillé : ni le Liban ni le Maroc n’acquièrent d’élites capables de faire émerger une bourgeoisie nationale. Au contraire, ce processus maintint plus longtemps qu’il ne le fallait l’existence et la morgue de communautés locales, fragmentées et repliées sur des niches de privilèges, et empêcha pour longtemps l’apparition d’une culture nationale unifiée. Pour le Maroc, les choses se compliquent lorsque l’on sait qu’à côté de ces fils de bonne famille envoyés rue d’Ulm ou à Saint-Guillaume, des dizaines de milliers d’autres nourrissaient les usines Renault et les mines de charbon. Mais les deux groupes ne se mélangeaient pas, à Paris comme au Maroc. Sans doute aussi ces Marocains de bonne souche disaient-ils à la France la vérité cachée de son système scolaire, dont la méritocratie est souvent enracinée dans des critères de classe habilement masqués et que l’extraction sociale des diplômés marocains révèle crûment. Certes, il y avait parmi ces brillants étudiants des rejetons de classes moyennes ou populaires. Mais c’était un mince filet dans la rivière bien canalisée qui déversait l’aristocratie marocaine en France avant de la reconduire au Maroc. Et le centralisme autoritaire de Hassan II trouvait pour ces quelques fils de pauvres «montés» à Polytechnique du travail pour contrebalancer la domination des enfants de notables.
Le vieil empire chérifien a changé
Le dualisme de l’économie marocaine, tant décrié, avait donc son pendant culturel et éducatif. Parallèlement à ces promotions annuelles de brillants technocrates revenus de l’étranger, le Maroc investit à peine dans l’éducation de masse. Il offre l’image d’un pays baroque, associant l’un des plus hauts taux d’analphabétisme dans le monde arabe à une brillante et abondante élite intellectuelle, tout comme il combine l’un des plus puissants secteurs bancaires africains avec un taux de pauvreté massif.
Quant à la France, elle trouvait son avantage dans cet outsourcing des élites. Les diplômés marocains des grandes écoles françaises poursuivent, chez eux, le maintien d’une alliance économique et politique favorable aux deux bords. Mais quelque chose s’est grippé dans ce manège. Le vieil empire chérifien a changé. Malgré la multitude de barrières, de nouvelles catégories sociales ont intégré la voie qui mène aux grandes écoles. Ces étudiants ne reviendront pas au Maroc maintenir l’alliance. Pour une raison simple : ils n’ont pas de capital à faire fructifier. Ni postes ministériels ni direction d’offices publics ne les attendent à Rabat ou à Casablanca. Pis, ils savent que ces postes se déroberont devant leurs diplômes.
Talonnée par un FN relooké, la droite française manie pour sa part un populisme qui ne distingue plus les «bons» des «mauvais» Marocains. Inimaginable sous la Chiraquie, la circulaire de Claude Guéant manifeste le dépassement de la politique de copinage entre élites transméditerranéennes, au profit d’un poujadisme aveugle et électoraliste. Cette mesure est en train de créer une conscience politique chez les étudiants marocains des grandes écoles : polytechniciens ou normaliens, ils apprendront à être des émigrés, comme les ouvriers de Billancourt et les chômeurs de Villeurbanne. C’est un grand pas en avant pour les deux pays, que cette clarification.
19/11/2011, Omar Saghi
Source : Libération.fr
Un document de Bruxelles appelant les pays de l'UE à ouvrir davantage leurs frontières aux migrants en provenance du monde entier, a déclenché une réaction furieuse des eurosceptiques en Grande-Bretagne.
La Commission européenne a exhorté les 27 pays membres de l'UE à admettre de nouveaux migrants hors UE et d'adopter des politiques centrées sur l'immigration.
"L'immigration en Europe est nécessaire pour aider à stimuler l'économie du continent. Pour assurer la prospérité, l'Europe doit devenir une destination plus attrayante dans la compétition mondiale pour le talent", a souligné le document cité par le Daily Express.
Le député Gerard Batten, porte-parole du parti UKBI pour les questions de l'immigration a affirmé que "une fois de plus, l'UE encourage l'arrivée de plus de migrants, la plupart des Britanniques seront absolument +stupéfaits+ par la dernière proposition de la Commission européenne".
De son côté, le député conservateur Philip Hollobone a soutenu qu'a la faveur d'une telle mesure, "un grand nombre de migrants se déplaceront au Royaume-Uni (...) ils vont soit accepter des emplois, ce qui rend notre situation de chômage pire, ou finiront par bénéficier des prestations de l'Etat, ce qui coûte encore plus d'argent aux contribuables".
Pour Sir Andrew Green, représentant l'Organisme de contrôle migrationwatch, "ce document est un non sens, les seules bonnes nouvelles sont que nous ne faisons pas partie de leur système de visa".
Le gouvernement britannique a prévu de réduire l'immigration de 200.000 par an actuellement à "quelques dizaines de milliers par an", à l'horizon 2015.
19/11/2011
Source : Agence Algérienne(APS)
La Commission européenne a proposé de consolider le dialogue et la coopération avec les pays tiers partenaires dans le domaine de la migration et de la mobilité, dans le cadre de la nouvelle approche de la stratégie migratoire de l'Union européenne.
L'Union européenne doit dynamiser ses relations avec les pays tiers pour mieux récolter les bénéfices mutuels que la migration peut apporter, a indiqué l'Exécutif européen, soulignant que le Printemps arabe et les événements survenus en 2011 dans le sud de la Méditerranée ont souligné davantage encore la nécessité pour l'UE d'adopter une politique migratoire cohérente et globale.
Dans le cadre de sa nouvelle approche, la commission propose d'établir des partenariats pour la mobilité avec le Maroc, la Tunisie, et l'Egypte.
Ces partenariats "visent essentiellement à faciliter et à mieux organiser la migration légale, à définir des mesures efficaces et humaines pour lutter contre la migration irrégulière et à prévoir des étapes concrètes pour renforcer les bénéfices des migrations en termes de développement".
La conclusion d'accords de réadmission et d'assouplissement du régime des visas doit s'inscrire dans le cadre de ces partenariats, indique l'Exécutif européen.
Pour d'autres pays, la Commission propose de mettre en place des programmes communs pour les migrations et la mobilité, qui donneront lieu à une coopération approfondie, fondée sur un certain nombre de recommandations, objectifs et engagements communs pour le dialogue.
"C'est seulement en renforçant son dialogue et sa coopération avec les pays partenaires que l'UE sera mieux armée pour encadrer le phénomène migratoire sur son territoire et dans le contexte international. La nouvelle approche globale de la question des migrations et de la mobilité constitue le cadre stratégique ad hoc pour conférer une valeur ajoutée à l'action de l'Union et des Etats membres dans ce domaine", a affirmé la commissaire européenne chargée des affaires intérieures Cecilia Malmstrom.
La Commissaire européenne a également annoncé avoir mis en place un portail internet sur l'immigration pour aider les étrangers dans les formalités à remplir pour pouvoir travailler ou étudier dans les Etats de l'UE.
Elle a expliqué que la nouvelle approche globale de la question des migrations et de la mobilité placera davantage l'accent sur la politique en matière de mobilité et de visas.
"Elle sera davantage intégrée dans la politique extérieure de l'UE et la coopération au développement, et sera aussi mieux alignée sur les objectifs internes de l'Union, notamment sur la stratégie "Europe 2020", mais aussi sur les politiques en matière d'emploi et d'éducation", a-t-elle dit.
Et de conclure que "pour assurer sa prospérité, l'Europe doit devenir une destination plus attrayante dans le cadre de la course mondiale aux talents".
19/11/2011
Source :MAP
Une exposition originale sur l'histoire de l'habillement Marocain depuis le VIIIème siècle jusqu'à nos jours, qui propose au public Espagnol de découvrir, à travers une centaine de modèles en miniature habillés et parés, la richesse culturelle du Maroc, la beauté de ses tissus et le coloris de ses broderies, a été inaugurée, jeudi soir à Séville au siège de la Fondation des Trois Cultures de la Méditerranée, apprend-on vendredi auprès de la Fondation.
L'exposition, qui sera ouverte jusqu'au 11 décembre prochain, fait partie de la programmation retenue par la Fondation pour la clôture du cycle d'activités culturelles "Le Maroc en Andalousie" inauguré en mai dernier en collaboration avec le ministère de la communauté Marocaine résidant à l'étranger.
L'exposition, une oeuvre de Habiba Hantout Cherradi, est "le résultat d'une profonde étude de plus de vingt ans sur l'histoire de l'habillement Marocain depuis le VIIIème siècle jusqu'à nos jours. Toutes les régions du pays, l'héritage d'Al-Andalous, les influences du moyen orient et les caractéristiques propres des différentes ethnies du Maroc y sont représentées", relève la Fondation.
L'auteur, bibliothécaire-documentaliste de formation, nous offre une immersion inédite dans le monde des costumes, des parures et des coiffures au Maroc grâce à un travail de recherche effectué aussi bien dans les enceintes de divers fonds d'archives et bibliothèques que sur le terrain.
"Dans ce travail d'historien autodidacte, abondamment fouillé et documenté, Hantout Cherradi, affiche une originalité à double titre. En plus du travail d'écriture, l'auteur a confectionné plus d'une centaine de miniatures reproduisant ainsi fidèlement parures et costumes à travers les âges et les provinces du Maroc, usant chaque fois que cela lui fut possible de tissus anciens ". " Ainsi, ces miniatures d'environ cinquante centimètres proposent une illustration +vivante+ de ce travail de recherche et donnent à voir littéralement une photographie de cette histoire d'un Maroc où ethnies, traditions et arts de vivre cohabitent et s'interpénètrent, et où les costumes arabo-berbères, juifs séfarades, juifs berbères et chrétiens s'enrichissent des multiples apports du Moyen-Orient et d'Al-Andalous ", relève la même source.
Cette exposition inédite a été immortalisée et la centaine de modèles en miniatures a été photographiée et accompagnée de textes pour venir enrichir un ouvrage de trois cent pages, du même auteur, qui entend préserver la mémoire et l'histoire du costume au Maroc. Habiba Hantout Cherradi a à son actif plusieurs expositions et conférences au Maroc, en France, en Autriche, en Italie, et en Espagne.
Une cérémonie de clôture officielle du cycle " le Maroc en Andalousie ", qui a rencontré un vif succès non seulement auprès du public espagnol mais également auprès de la communauté marocaine résidant en Andalousie, a été célébrée, jeudi à Séville.
Initiative conjointe de la Fondation des Trois Cultures de la Méditerranée et du ministère de la communauté Marocaine résidant à l'étranger, cette manifestation marquée par une diverse et riche programmation dont des séminaires, des concerts de musique, des conférences, des activités sportives et des expositions d'artisanat organisées dans différentes villes de la région autonome d'Andalousie, s'est fixée comme principal objectif d'oeuvrer au rapprochement entre les deux peuples Marocain et Espagnol à travers la culture.
Créée à Séville en 1998, la Fondation est un forum fondé sur les principes de paix, de tolérance et de dialogue, dont l'objectif principal est de promouvoir la rencontre entre les peuples et les cultures de la Méditerranée. La Fondation, qui est une initiative du gouvernement du Maroc et du gouvernement autonome de l'Andalousie, est l'un des organismes les plus actifs dans ce domaine dans l'espace euro-méditerranéen.
18/11/2011
Source : MAP
Déçus, les Marocains résidant à l’étranger se déclarent néanmoins ne pas vouloir se désintéresser des affaires de la Nation.
Les cent quatre-vingt associations représentant les Marocains résidant à l’étranger (MRE) ne décolèrent pas au vu de la «lecture restrictive qu’a faite l’administration de l’article 17 de la Constitution du 1er juillet», ont déclaré des délégués de ces groupements au cours d’une conférence de presse donnée, jeudi matin, au siège du syndicat de la presse à Rabat. Abdou Mnebhi et Nezha El Ouafi, qui se réclament d’un rassemblement qui regroupe les trois grandes fédérations des Marocains de l’étranger, ont dit la grande déception de leurs mandants à la suite de la décision qui leur impose de voter par procuration. «Nous sommes en proie à un sentiment de «hogra»’ face à cette mesure qui fait de nous des citoyens de seconde zone», ont-ils déclaré. Ils ont laissé entendre que cette décision les obligeait sinon à des révisions déchirantes du moins à se poser des questions sur la nature de leurs relations futures avec le pays d’origine. Il est inconcevable que les MRE soient traités en citoyens responsables s’agissant des transferts de fonds et de contribution au développement et qu’ils soient considérés comme des personnes mineures sur le plan de la participation à la gestion des affaires de la mère-patrie, ont-ils estimé. Pour les fédérations des MRE, le Maroc est pratiquement le seul pays dans la région à refuser à ses citoyens le vote direct dans les pays d’accueil. Selon eux, ni l’Algérie, ni la Tunisie, ni l’Egypte, ni la Libye ne dénient à leurs nationaux le droit de participer aux consultations électorales depuis leurs lieux de séjour. Ils estiment également que les arguments techniques présentés par l’administration pour étayer la procuration ne sont pas valables puisqu’ils «auraient dû jouer lors du référendum également». Selon eux, la procuration est contraire à l’article 17 de la Constitution qui stipule qu’à l’instar de leurs concitoyens vivant sur le territoire national, les MRE ont le droit d’élire et d’être éligibles à des fonctions au Maroc à partir de leurs lieux de vie. Ils ont considéré qu’il est impardonnable de priver quelque 5 millions de citoyens marocains de leur droit à participer à l’exercice de la démocratie dans leur pays. «C’est un rude coup porté à la démocratie participative marocaine», ont-il affirmé. Déçus, les MRE se déclarent néanmoins ne pas vouloir se désintéresser des affaires de la Nation. «Nous restons les patriotes que nous avons toujours été et œuvrerons comme nous l’avons toujours fait au service de notre pays», ont-ils tenu à préciser. Ils ont également dit leur intention de recourir aux différentes procédures légales pour recouvrer «leurs droits». «Mamfakinch !», a déclaré Mnebhi en concluant son exposé.
18-11-2011, Ahmed Salaheddine
Source : Aujourd’hui le Maroc
Le discours du ministre de l'Intérieur, jeudi matin à Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, fait grincer des dents les habitants.
Les employés municipaux retirent les barrières métalliques, dernières traces du passage du ministre de l'Intérieur un peu plus tôt. Aux alentours de 15h, le calme règne dans la cité des Bosquets de Montfermeil, à côté de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Seuls les éclats de voix des élèves de l'école maternelle Jean-Baptiste Clément brisent le silence de ce quartier en pleine rénovation urbaine où des immeubles délabrés et progressivement murés côtoient des logements flambant neufs, moins hauts, plus beaux.
"Il a fait un petit tour et c'est tout"
Ce matin, pourtant, les Bosquets ont connu une agitation toute particulière : 6 ans presque jour pour jour après la fin des émeutes de 2005 qui avaient démarré non loin de là, Claude Guéant est venu parler d'intégration face à un panel d'acteurs locaux de la ville. Et quelques habitants. "Il a fait un petit tour dans la cité et c'est tout, il a filé faire son discours" commente une mère de famille. Comme la plupart des gens du quartier, elle n'était pas au courant de la visite du ministre. Elle regrette : "on aurait pu lui dire des choses, lui expliquer la réalité. Maintenant ça dépend pourquoi il était là." Une interrogation partagée par la plupart de ses voisins, aussi surpris que dubitatifs.
"Les immigrés doivent adopter nos coutumes"
Après quelques pas dans le quartier, le ministre a fait une halte au CLJ, le centre de loisirs géré par la police nationale, avant de prendre la parole à la Maison de l'Habitat et des Cultures, une structure récente qui accompagne les habitants durant les travaux de rénovation et leur propose, entre autres, différents ateliers de bricolage et de jardinage. Le ministre avait préparé le terrain un peu plus tôt sur "LCI" et affirmé que "les immigrés doivent adopter nos coutumes, respecter nos lois et être intégrés". Se basant sur un rapport mettant l'accent sur une "intensification de l'identité musulmane", Claude Guéant avait aussi expliqué son déplacement à Montfermeil par le fait que "se constituent à Montfermeil, à Clichy-sous-Bois, (...) des communautés qui sont d'origine immigrée, qui vivent selon des règles qui sont les leurs, qui s'éloignent du respect de la règle commune, et qui d'ailleurs ont peu connaissance des lois de la République, des modes de vie de la France."
"Je connais et respecte les lois, les règles et la laïcité"
Une fois sur place, le ministre a insisté sur "le risque du communautarisme" qu'il estime "grand" pour "notre société" : "ce risque, c'est celui de la création de communautés étrangères refermées sur elles-mêmes, fidèles aux règles qui caractérisent leur culture ou leur religion, mais peu soucieuses, voire peu informées des lois de la République et des principes essentiels qui structurent notre vivre ensemble". Du "bla-bla, n'importe quoi" selon Hanane, 20 ans, jeune et jolie habitante de Clichy : "je suis française d'origine marocaine et je respecte les coutumes et la religion de mes parents tout comme je respecte toutes les religions. Je me sens intégrée, je connais et respecte les lois, les règles et la laïcité. Mais l'intégration fonctionne dans les deux sens : je m'intègre et je respecte, mais eux aussi, au gouvernement, doivent nous respecter."
"Les étrangers doivent apprendre notre langue"
Au cours de son discours, le ministre a également déclaré que "les étrangers admis à vivre en France doivent adopter nos règles de vie et apprendre notre langue", avant de s'interroger : "comment voulez-vous trouver facilement du travail si vous ne parlez pas le français ?". Et la jeune femme de poursuivre : "nos parents ont appris avec nous quand on était à l'école. Quand ma mère est arrivée en France, personne ne lui a dit 'venez Madame si vous voulez apprendre le français vous pouvez'. Ça ne s'est pas passé comme ça" ajoute la jeune femme qui ne ressent aucune montée du communautarisme : "j'ai des voisins de différentes nationalités et ça se passe bien."
"C'est beaucoup de provocation quand même"
"Venir dire ça dans une cité où la communauté musulmane est importante, c'est beaucoup de provocation" selon Abderrahim, 24 ans, qui vit aux Bosquets et tue un peu le temps au centre social intercommunal de la Dhuys. Un ami s'invite dans la conversation : "Ce qu'a dit le ministre, c'est faux, c'est n'importe quoi." Abderrahim a été choqué par le dispositif entourant le déplacement de Claude Guéant, et "les 100.000 policiers autour de lui. Il n'y avait pas un mètre sans policier : il y avait la BAC, les inspecteurs, tout le monde. Pour quelqu'un qui vient nous dire de mieux nous intégrer, c'est un peu fort."
La présence policière est selon lui un des principaux problèmes du quartier : "ils sont vraiment beaucoup, beaucoup trop, tout le temps." Pas plus tard qu'hier, le jeune intérimaire qui "prend toutes les missions qui passent" a été contrôlé en sortant de chez lui : "tu pars travailler et tu commences par un contrôle, c'est dur." Il raconte aussi la récente interpellation d'un ami "parce qu'il avait un pied sur un mur" : "il a été frappé et insulté dans le camion. On lui a dit 'sale noir'." "C'est chiant à la longue" ajoute le jeune homme, qui craint qu'à terme "un jour ou l'autre, ça ne pète à nouveau."
"Il veut qu'on s'intègre mais ne nous laisse pas l'opportunité"
Le jeune homme essaie de comprendre pourquoi le ministre a tenu ses propos et "ne voit pas trop." Pour lui "ça ne sert à rien", si ce n'est à blesser les gens et à risquer des réactions de protestation : "comment veut-il qu'on le prenne bien ?" demande-t-il, ajoutant "il veut qu'on s'intègre mais il ne nous laisse pas l'opportunité d'avancer. Quand on a un travail, qu'on paie un loyer, des impôts, on se sent davantage intégré." Quant à l'apprentissage de la langue, il préfère que son père n'entende pas le discours : "il est venu il y a 40 ans pour travailler dans le bâtiment car on avait besoin de lui. Il a appris sur le tas."
"Le ministre a dit que les noirs et les arabes sont trop ensemble"
Certains habitants du quartier parlent peu ou mal le français. Ils ne connaissent pas le ministre et ne saisissent pas tous la portée de ses propos. L'un d'eux "vient d'arriver du pays". Il demande à son neveu de lui expliquer ce qu'a dit le ministre. Le collégien de 12 ans, qui l'a vu mais "n'a pas bien compris", résume : "le ministre a dit que les noirs et les arabes sont trop ensemble et pas assez avec les autres." "Ah bon" répond son oncle un peu dépassé. Et l'enfant de conclure : "oui sauf que c'est pas vrai, on est ensemble".
18/11/2022, Céline Rastello
Source : Le Nouvel Observateur
« Dans quelques jours, je serai de retour au Maroc […] un retour qui n’était pas prévu, une surprise au goût amer. Je l’ai bien compris, je ne suis plus la bienvenue ici. Aujourd’hui, la France, je l’aime et je la quitte », Salma Semmami une étudiante marocaine qui a passé cinq année d’études à Sciences po, résume à elle seule l’incompréhension de tous aujourd’hui à la conférence de presse organisée par la vice-présidente socialiste au Sénat, Bariza Khiari.
Cette dernière porte un projet de résolution en réaction à la circulaire datée du 31 mai 2011, signée conjointement par Claude Guéant, ministre de l’intérieur et Xavier Bertrand, ministre du travail, de l’emploi et de la santé ayant pour objet la « maîtrise de l’immigration professionnelle ».
La circulaire parle du « taux de chômage des étrangers non-communautaires qui s’élèverait à « environ 23%, selon les statistiques de l’INSEE » et de la population active française en hausse « d’environ 110 000 personnes par an. Ces réalités doivent nous inciter à conjuguer nos efforts pour insérer dans l’emploi l’ensemble des demandeurs d’emploi, de nationalité française ou étrangère ». Prenant acte de ces « réalités » la circulaire demande la hausse des contrôles pour les autorisations de travail, et la limitation des autorisations provisoires de séjour (APS) dans le cas d’une demande de changement de statut formulée par l’étudiant étranger arrivant au terme de son Master. Par exemple, une demande d’autorisation de travail pourra être refusée lorsque le type d’emploi concerné ne justifie pas l’introduction d’un travailleur étranger » et pour lequel on peut former « dans des délais très brefs, des demandeurs d’emploi résidant régulièrement en France » ou lors de non respect de la législation du travail par la structure accueillant le stagiaire.
500 cas déclarés, 14 % ont été régularisés
«On met en avant des arguments anti discrimination pour justement faire de la discrimination ! » s’indigne Bariza Khiari, pour qui le gouvernement fait un amalgame entre les travailleurs étrangers et les étudiants étrangers tout en « tirant une balle dans le pied » de la culture et de l’économie française qui se priverait de ses « meilleurs ambassadeurs à l’étranger ». Cette circulaire serait aussi un « déni de droit » en vu de l’article 311-11 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) : « Une autorisation provisoire de séjour d'une durée de validité de six mois non renouvelable est délivrée à l'étranger qui, ayant achevé avec succès, dans un établissement d'enseignement supérieur habilité au plan national, un cycle de formation conduisant à un diplôme au moins équivalent au master , souhaite, dans la perspective de son retour dans son pays d'origine, compléter sa formation par une première expérience professionnelle participant directement ou indirectement au développement économique de la France et du pays dont il a la nationalité ».
Toutefois, ce projet de résolution qui vient d’être déposé a été déclaré « recevable » par le gouvernement. Ce qui ouvre donc la porte au débat en Parlement. « ce débat permettra de mettre sur la place publique les contradictions de cette circulaire » affirme la sénatrice PS. Le projet de résolution demande entre autre « à respecter la lettre et l’esprit de l’article 311-11 du CESEDA » et « considère que l’accueil d’étudiants étrangers renforce l’attractivité de notre culture et de notre modèle universitaire»
Wauquiez, ministre de l’Enseignement supérieur a quant à lui déclaré qu’une politique d'attractivité, « c'est aussi une politique d'attractivité qui est maîtrisée, qui est faite dans le cadre de partenariats avec des universités et pas en désordre »
Présents à cette conférence de presse, le « Collectif du 31 Mai », luttant contre cette circulaire a précisé qu’à ce jour il était recensé 500 cas déclarés d’étudiants étrangers dont la demande a été refusée, 14 % ont été régularisés mais la plupart se sont résignés à quitter le territoire voyant leur requête bloquée.
17/11/2011, Bariza Khiari
Source : Public Sénat
Pour sa 7ème édition le Festival Strasbourg-Méditerranée met en avant le thème "exils", dans la continuité des thèmes de l'hospitalité, des nouvelles identités, de la frontière et des héritages, explorés lors des éditions précédentes.
La volonté des organisateurs est d'aborder toutes les formes de l'exil, et les variantes qui lui sont souvent associées (émigration - immigration, voyages, errances, ostracismes, expulsions, exodes, diasporas, évacuations, expatriations, ...) : l'exil intérieur, l'exil dans son propre pays, dans son propre milieu, l'exil forcé, géographique, politique, économique, climatique, religieux, ou bien encore l'exil dit "volontaire" de ceux et celles qui vont chercher ailleurs de quoi nourrir de nouveaux espoirs, une hospitalité refondatrice, une humanité future.
Selon Salah Oudahar, directeur du festival, si l'exil est cet "ex" qui signifie en latin "hors" et renvoie à un hors lieu, qui peut être celui de la souffrance et de la séparation, c'est aussi une terre de résistance et de création, de fécondation et de renouvellement, aux multiples apports. Un horizon d'espérance et d'émancipation, une ouverture sur l'autre et sur le monde. L'expérience de l'exil a en effet inspiré, stimulé de nombreuses créations artistiques, littéraires, philosophiques, exprimant les affres de la rupture et de l'éloignement, la solitude, la nostalgie, le manque, la perte, voire la culpabilité d'un abandon mais aussi le sentiment d'une renaissance, l'espoir d'un recommencement et d'un monde meilleur.
Le programme met en lumière la création artistique sous toutes ses formes : théâtre, poésie, littérature, musique, cinéma, arts plastiques, photographies... récits de vie, témoignages, mais aussi débats et rencontres avec des intellectuels, artistes, chercheurs, acteurs de la vie civile des deux rives de la Méditerranée, afin de décliner la problématique de l'exil dans ses expressions multiformes.
Le festivale se déroule du 26 novembre au 10 décembre 2011 à Strasbourg
Le programme détaillé et la liste des lieux où se déroule le festival sont disponibles sur le site Strasbourg-Méditerranée
18/11/2011
Source : Site de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration