jeudi 4 juillet 2024 22:20

Actuellement organisées à Marseille, les Rencontres d'Averroès mettent au cœur du débat les perceptions de l'islam en Europe, dans le contexte du Printemps arabe. Entretien avec le directeur de l'événement…Suite

La capitale sénégalaise Dakar abrite, les 22 et 23 novembre courant, la 3-ème "Conférence ministérielle euro-africaine sur la migration et le développement", avec la participation des ministres compétents en matière de migration et de développement des pays d'Afrique centrale et de l'Ouest, du Maghreb et d'Europe.

Baptisée aussi "Processus de Rabat", la première conférence tenue dans la capitale du Royaume en juillet 2006, cette manifestation euro-africaine procédera à l'évaluation du "Programme de Coopération Triennal de Paris" (2008-2011), ainsi qu'à l'adoption d'une nouvelle stratégie qui fixera les priorités du dialogue sur la migration entre les pays partenaires pour la période 2012-2014.

Dans un contexte marqué par les drames humanitaires causés par les flux croissants de migrants en situation irrégulière depuis l'Afrique sub-saharienne vers l'Europe, les ministres de plus d'une cinquantaine de pays d'origine, de transit et de destination se sont réunis pour la première fois en 2006 à Rabat, afin de répondre aux questions soulevées par les enjeux migratoires.

Les vues convergentes exprimées lors de ces assises ont révélé la nécessité d'appréhender les questions migratoires de façon équilibrée et dans un esprit de responsabilité partagée.

La déclaration et le Plan d'action adoptés lors de la Première Conférence de Rabat, témoignent de ce partenariat novateur caractérisé par une vision commune qui a jeté les bases d'un partenariat étroit entre les pays concernés par la "route migratoire africaine" comprenant les flux migratoires vers l'Europe en provenance du nord, du centre et de l'ouest du continent noir.

Le "Processus de Rabat" avait pour objectif de créer un cadre de dialogue et de consultation au sein duquel sont mises en oeuvre des initiatives concrètes et opérationnelles.

Il témoignait d'une nouvelle vision des questions migratoires caractérisée par une gestion globale et équilibrée. L'Union européenne demande aux partenaires africains de poursuivre une politique de prévention et de réduction de la migration irrégulière.

En revanche, l'Europe œuvre pour une politique migratoire, qui vise à mieux organiser la migration légale et à promouvoir le lien entre migration et développement.

16/11/2011

Source : MAP

Etablie depuis plus de 18 ans à Montréal, Khadija Lamrani, qui s'adonne à cœur ouvert et à bras-le-corps pour apporter un tant soit peu de réconfort à ses congénères à besoins spécifiques dans la métropole canadienne, ne semble point essoufflée et sa détermination ne fait qu'accentuer son "acharnement" contre un handicap qui hypothèque la vie d'une personne et la soumet à l'état de dépendance et à l'altruisme d'autrui.

Son implication effective dans cette action de bienfaisance, sa bravoure et abnégation qui forcent l'admiration du monde communautaire et des acteurs de la société civile montréalaise, vont au-delà du soutien des handicapées pour prendre l'aspect d'un militantisme engagé auprès des organisations de défense de droits des femmes dans une situation de précarité, dans le but de contribuer à leur assurer une éducation décente et une autonomie financière.

Consécration: Mme Lamrani s'est "emparée" de droit et haut la main, récemment, du Trophée Femmes arabes du Québec 2011 dans la Catégorie "Associatif et communautaire" décerné par l'Organisation Espace Féminin Arabe (EFA), lors d'une cérémonie "humaniste" et "humanitaire" en présence, notamment de la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles du Québec, Kathleen Weil et de députés de renom, ainsi que de plusieurs acteurs du monde associatif, culturel et académique.

Ayant eu la malchance de contracter la poliomyélite au berceau dans son pays d'origine, le Maroc, et de traîner avec elle ce handicap tout au long de son bas-âge et de son adolescence, Mme Lamrani a fait du combat contre la discrimination et la marginalisation des personnes handicapées en général et de la femme en situation d'handicap en particulier, son cheval de bataille, voire sa raison d'être.

Nonobstant son travail à plein temps à l'Agence du Revenu Québec, Mme Lamrani fut également l'un des membres-fondateurs de l'Association de Solidarité Canada-Maroc, dont elle occupe le poste de présidente, qui a vu le jour en 2002 et dont la mission est d'apporter l'aide et l'assistance nécessaires aux femmes handicapées, vulnérables et vivant dans la précarité.

Diplômée en Administration des affaires et en finances, Mme Lamrani fut également administratrice de l'Association des étudiants handicapés de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et de l'Association des étudiants post secondaires de Québec. Elle est également conférencière et présidente de l'Union des femmes du Maroc (section de la région de Meknès).

A travers son association, Mme Lamrani oeuvre pour la mise en marche d'un Centre de soutien à l'intégration des migrants, particulièrement les personnes handicapées et femmes en situation de précarité, ainsi que la mise en oeuvre du programme "s'enraciner sans se déraciner" visant la prévention du décrochage scolaire chez les jeunes issus de l'immigration.

L'Association de solidarité Canada-Maroc, a-t-elle confié à la MAP, s'attelle à booster son programme de transfert des connaissances et d'expertises pour le développement local en matière de handicap à l'échelle du Royaume à travers son projet de fabrication de chaises roulantes et de formation et à lancer une ligne de financement destinée à envoyer des véhicules adaptés pour le transport des personnes handicapées du Maroc.

Sa devise: "Ensemble, nous pouvons aider un enfant handicapé à poursuivre ses études, soulager une mère et lui éviter de transporter son enfant dans ses bras pour le ramener à l'hôpital ou tout simplement donner le goût à une personne handicapée d'aller au travail en ayant un moyen de transport adapté à ses besoins".

16/11/2011, Mohammed Farhane

Source : MAP

 

La Banque mondiale et l'Union africaine ont décidé conjointement de réduire le coût des envois de fonds des immigrants africains vers l'Afrique grâce à la création d'une base de données qui contribuera à accroître la transparence des prix et à encourager la concurrence entre les prestataires de services.

Intitulée ''Send Money Africa'' (envoyer de l'argent en Afrique), cette base de données est le fruit de plusieurs années de partenariat entre la BM, la Commission de l'Union africaine et les bailleurs de fonds.

Ce dispositif permet aux migrants de comparer les tarifs pratiqués par les prestataires de services d'envois de fonds pour transférer un montant donné dans un pays donné, a indiqué mercredi la BM.

Pour consulter cette base de données par les immigrants africains, ces derniers peuvent obtenir les informations à travers un site web édité en 8 langues (http://remittanceprices.worldbank.org/).

Pour le Chef du Programme Diaspora africaine à la Banque mondiale, M. Richard Cambridge, ''Send Money Africa stimulera la concurrence entre les prestataires de services et entraînera une réduction des coûts. Les expéditeurs et destinataires d'envois de fonds pourront ainsi bénéficier de services de transfert transparents, efficients et moins coûteux''.

Selon les chiffres de la BM, environ 120 millions d'Africains reçoivent un total de 40 milliards de dollars par an de la part de près de 30 millions de parents et d'amis expatriés.

Toutefois, les migrants désireux d'envoyer de l'argent en Afrique ne disposent pas des informations nécessaires pour choisir le meilleur opérateur en terme de coût.

A ce propos, la base de données de la Banque mondiale constate que l'Afrique est la destination la plus coûteuse en matière d'envois de fonds.

Le coût moyen des transferts d'argent en Afrique dépasse 12 % du montant transféré, contre une moyenne mondiale de 9 %.

''En raison de leur caractère anticyclique, les envois de fonds jouent un rôle essentiel dans la vie des ménages pauvres. Toute réduction du coût des transferts devrait donc permettre aux migrants et à leurs familles de conserver plus d'argent'', souligne le Directeur du département des Affaires sociales à la Commission de l'Union africaine, M. Olawale Maiyegun.

A l'heure actuelle, Send Money Africa fournit des données sur le coût de l'envoi et de la réception de montants relativement faibles (équivalant à 200 ou 500 dollars) en provenance de 15 grands pays expéditeurs dans le monde et en Afrique et à destination de 27 pays africains.

16/11/2011

Source :Agence algérienne APS

Pendant des années - trois -, Sylvain George a filmé les migrants venus d'Afrique ou d'Asie, bloqués à Calais dans l'attente et l'espoir d'un passage vers le Royaume-Uni. Qu'ils reposent en révolte, qui emprunte son titre à un vers d'Henri Michaux, est l'objet imposant et parfois rebutant qu'il a tiré du matériau accumulé au long de ces années.

Fait de longues séquences en noir et blanc, le film additionne des moments, passe d'une saison à l'autre. De temps en temps, un monologue vient briser ces images sans commentaires. Un migrant raconte son voyage, à travers le Sahara, la Libye, la Méditerranée ou à travers l'Iran, La dernière partie du film montre la destruction de la "jungle" par les forces de l'ordre françaises agissant sur instruction du ministre de l'immigration et de l'identité nationale, Eric Besson. La caméra s'attarde sur les rebuts de la société de consommation (affiches, cartons d'emballage) qui avaient servi à la construction des cahutes. On entrevoit le ministre, sûr de lui, du bon droit de l'Etat. On voit les policiers procéder "avec humanité", comme l'avait dit M. Besson.

Cette dernière partie, qui retrouve le fil du temps qui passe, contraste avec les deux heures qui l'ont précédée. Pendant ce temps, très long, qui forcément suscitera l'ennui, la rêverie, Sylvain George montre un monde étriqué - les rues de Calais qui ne changent qu'au gré des saisons - habité d'hommes (il n'y a pas de femmes) qui n'ont d'autre identité que celle de migrants, d'autre histoire que celle de leur voyage.

Ils prennent la parole un par un, on dirait que cette société n'en est justement pas une, qu'il n'existe qu'une addition d'individus isolés qui jamais ne commercent entre eux.

Ce parti pris, qui ne recouvre pas exactement ce qu'on a vu ailleurs de la vie à Calais dans la période entre la fermeture du camp de Sangatte et la destruction de la "jungle", forme le discours poétique du film (car l'aspiration à la poésie transparaît à chaque plan).

Il impose également au spectateur une patience, une disponibilité totale. Il reviendra à chacun, au bout de 153 minutes, de déterminer si cette patience et cette disponibilité ont été payées de retour.

15/11/2011, Thomas Sotinel

Source : Le Monde

"Adolescences en exil", c'est le titre d'un livre écrit par deux ethnologues de l'UCL. Durant deux ans, elles ont enquêté auprès de jeunes immigrés ou issus de l'immigration dans des quartiers précarisés de Bruxelles. Il en ressort un constat assez critique: dans ces quartiers-là et pour ces jeunes-là, l'intégration ne fonctionne pas.

Les conclusions de l'enquête donnent une impression de déjà vu: ces jeunes ne trouvent pas leur place, leur image dans les médias est négative et l'ascenseur social est en panne pour eux.

Justement, pour Jacinthe Mazzocheti, l'une des deux chercheuses, c'est bien ça le problème: la situation n'évolue pas pour ces jeunes dans certains quartiers. "Ce qui est justement interpellant pour nous, c’est de voir comment les choses se répètent, comment on n’a pas pris leçon des échecs de toute une série de politiques et que, d’une génération à l’autre de primo-migrants, dans certains quartiers, les non-possibilités de s’insérer se répètent", constate-t-elle.

Cette répétition de comportement s'observe de génération en génération. Si bien que, dans certains quartiers, les jeunes issus de l'immigration mais nés en Belgique se retrouvent dans la même situation que les nouveaux arrivants.

"Ceux qui viennent d’arriver sont, pour la plupart, dans des logiques de réussite, analyse la chercheuse.Ils sont venus faire leur vie ici. Ils sont très motivés. Mais, en fonction des violences, des procédures, à la fois leurs espoirs, mais aussi leurs possibilités réelles de réussite diminuent. Du côté des jeunes qui sont nés ici, ils ont déjà vécu des échecs successifs. Donc, toute une série d’entre eux intériorise le fait que ce n’est pas possible."

Cette étude ne dresse que des constats, mais elle va déboucher sur des groupes de travail avec des acteurs de terrain professionnels.

16/11/2011, Geoffroy Fabré – Delphine Wilputte

Source : RTBF

Le président de la Fifa Joseph Blatter a été pris dans une controverse mercredi, après avoir affirmé dans une interview que le racisme n’existait pas dans le football et qu’une poignée de main pouvait absoudre certains comportements.

«Il n’y a pas de racisme, mais peut-être un mot ou un geste déplacé, a d’abord affirmé le Suisse à la chaîne américaine CNN World Sport. Et la victime devrait se dire que ce n’est qu’un jeu et serrer la main» de son adversaire.

Il a ensuite tenu à nuancer ses propos. Dans un communiqué publié peu après, Blatter, 75 ans, a expliqué que ses propos «ont été mal interprétés». «Ce que je voulais souligner c’est que les joueurs de football se livrent bataille et parfois, les choses se font de manière incorrecte», a-t-il déclaré.

«Mais, normalement, à la fin de la partie, vous présentez vos excuses à votre adversaire si cela a été rude durant le match. Vous vous serrez la main, et tout est fini, a expliqué le président de la Fifa. Toute personne qui a disputé un match de football ou de n’importe quel sport sait que c’est le cas.» Ses commentaires interviennent le jour même où la Fédération anglaise a accusé l’international uruguayen Luis Suarez d’avoir tenu des propos et/ou eu un comportement raciste envers le Français Patrice Evra.

«Ceci dit, je tiens à souligner une nouvelle fois que je ne veux pas sous-estimer le problème du racisme dans la société et le sport. Je m’engage à combattre cette plaie et à la chasser du football», a conclu Joseph Blatter.

17/11/2011

Source : Libération/AFP

Ce texte est produit à la fois par des auteurs du référentiel, des professionnels de terrain, des chercheurs spécialistes depuis longtemps de la formation linguistique et d'autres qui ne le sont pas, mais que le domaine concerne parce qu'ils sont engagés dans la construction de masters incluant des orientations insertion et intégration. Il est enfin co-rédigé par des chercheurs qui entendent intervenir de façon distanciée dans un débat qui échappe aux principes de rigueur qui constituent le socle de notre engagement professionnel.

Il est sain que la mise en place du label FLI interroge les chercheurs autant que les praticiens et il nous semble nécessaire que toutes les personnes préoccupées par la mise en place du FLI possèdent les informations sur les tenants et les aboutissants de la rédaction du label. Cependant, les accusations d'instrumentalisation et certains propos tenus sur les experts qui ont participé à la rédaction du référentiel sont inacceptables, voire calomnieux. L'intérêt soudain porté au FLI est exactement proportionnel au désintérêt qu'a suscité, pendant de très longues années, la formation linguistique des migrants adultes et ses acteurs. L'histoire de ce champ éducatif est en train de s'écrire et démontre combien il a peiné à se faire une place aux côtés du FLE puis du FLS. Les attaques, auxquelles nous allons répondre, par leur virulence et parfois leurs outrances, tendent au moins à démontrer qu'il est désormais incontournable.

Nous souhaitons donc apporter ici quelques éléments de réflexion au débat.

Les critiques, par leur caractère désordonné, confus et contradictoire, révèlent davantage une crise profonde de la sociolinguistique et de la didactique du français qu'une force scientifique sereine et sûre d'elle-même. Quand les uns s'alarment d'un éclatement de la didactique du français, les autres proposent une nouvelle spécification comme contrepoint au français langue d'intégration. Les critiques mêlent des arguments scientifiques mais également de politique linguistique et des arguments purement idéologiques. De nombreuses remarques ont porté notamment sur l'avant-propos en lui reprochant ses faiblesses scientifiques: c'était oublier que ses rédacteurs ne sont précisément pas des scientifiques et qu'ils écrivent en tant que responsables de la publication de ce référentiel, non en tant qu'experts. Ils écrivent comme premiers responsables des deux directions ministérielles (la DGLF-LF, du ministère de la culture et la DAIC du ministère de l'intérieur) qui ont pris conjointement l'initiative de la rédaction de ce référentiel. Ils ont tenu à cet égard à assumer leur texte, en le signant, de façon à ce qu'il ne soit pas confondu avec le travail des experts.

Sur le fond, nous voyons plusieurs causes à ces débats et à ces inquiétudes.

La première tient au fait que le choix des experts a sans doute pu froisser quelques susceptibilités en dérogeant à certaines règles de préséance. Or, ce référentiel est d'abord un outil de travail destiné aux professionnels de la formation des adultes. Les experts ont donc été choisis parce qu'ils connaissent intimement le terrain de la formation linguistique des adultes migrants, qu'ils soient professionnels ou chercheurs, ces derniers étant particulièrement peu nombreux. Des lecteurs extérieurs ont étésollicités et ont formulé des remarques très intéressantes mais qui portaient essentiellement sur l'avant-propos qui, nous l'avons dit, relève de la responsabilité des deux directions ministérielles. Les autres remarques des lecteurs extérieurs posaient des interrogations, certes tout à fait légitimes, mais qui portaient essentiellement sur l'orientation même du référentiel: elles n'auraient pu être intégrées sans remettre en cause la cohérence d'ensemble de ce travail. Par ailleurs, les remarques et les objections des relecteurs étaient parfois tout à fait contradictoires entre elles. Les experts sont tout àfait conscients du travail que ces lecteurs ont effectué et ils les en remercient, mais ils ont dû procéder à des choix d'orientation.

La seconde raison tient au fait que certains s'inquiètent du rapport entre les décrets publiés sur la naturalisation et la parution du label. C'est oublier que le label FLI arrive au bout d'un processus qui a débuté avec le Contrat d'Accueil et d'Intégration (CAI) et le Diplôme Initial de Langue Française (DILF) qui ont mené à la reconnaissance, à la légitimation et à la structuration d'un champ éducatif dont nous avons dit qu'il avait été longtemps négligé. Le label FLI ne tombe pas «comme un cheveu sur la soupe» mais s'inscrit dans une logique que les acteurs de ce champ ont acceptée et soutenue; il s'inscrit dans une logique de hausse permanente de la qualité des prestations destinées aux migrants. Ce processus s'est accéléré en 2001 avec la transformation du FAS (Fonds d'action sociale), opérateur«historique» depuis 1959, en FASILD (Fonds d'action et de soutien à l'intégration et à la lutte contre les discriminations), indépendamment des contextes politiques successifs. Les acteurs de terrain d'ailleurs, pour qui ce référentiel a été conçu, nous le rappelons, sont partie prenante de cette évolution et s'associent à cette nouvelle étape qualitative que représente le label FLI. Le CAI, le DILF et enfin le FLI s'inscrivent par ailleurs dans le combat mené depuis longtemps par les associations de défense des migrants pour le droit à la langue, c'est-à-dire pour le droit d'apprendre le français, condition indispensable, si elle n'est non suffisante, pour faciliter la vie sociale et citoyenne des migrants. Les experts se sont donc engagés en toute connaissance de cause dans ce travail parce-que, connaissant l'histoire de ce champ, ils ont mesuré l'opportunité que représentait le label FLI pour la reconnaissance des organismes de formation qui œuvrent avec compétence et combativité pour une meilleure insertion socioprofessionnelle des migrants en leur garantissant, entre autres, une qualitéd'enseignement/apprentissage de la langue d'usage en France. Le choix de travailler à ce label était également lié au niveau de langue requis pour l'obtention de la nationalité française. Celui-ci a été fixéau niveau B1 à l'oral, ce qui signifie que les migrants faiblement scolarisés et en difficulté à l'écrit conserveront cette «protection» que leur donnait le niveau A1.1. Ce niveau, par ailleurs, est celui exigé par de nombreux pays européens qui ne sont pas particulièrement répressifs en matière de politique d'immigration. Ce qui est frappant d'ailleurs concernant le débat actuel sur le niveau de langue exigé pour la naturalisation, c'est qu'au moment où a été institué le A1.1, le DILF avait étéaccusé d'être un diplôme au rabais pour les migrants. Le parcours de migrants qui pourront aller jusqu'à l'acquisition d'un niveau B1 à l'oral devrait bénéficier de financements et nous pouvons nous en réjouir pour les apprenants et les organismes de formation. Nous resterons vigilants à ce que les formations gratuites nécessaires pour atteindre le niveau B1 soient effectivement mises en œuvre et que le respect du principe du droit à la langue du pays d'accueil continue d'être garanti.

Concernant la spécification en FLI, nous avons tout d'abord une question: pourquoi s'offusquer de l'apparition du FLI alors que les autres spécifications citées n'ont pas fait l'objet d'une aussi intense critique au moment où elles sont apparues? Le FLE lui-même a d'ailleurs été considéré comme une spécification inutile au regard de la didactique du français (qui inclurait le FLM) voire de la didactique des langues en général. Le FLI est une notion en construction et l'objet du référentiel, qui n'est pas un texte scientifique mais un document d'orientation, n'est pas de le définir. Par ailleurs, comment peut- -on opposer aussi peu rigoureusement une notion «floue» (FLI) à des «concepts» soit disant stabilisés (FLE et FLS) quand on sait l'imprécision de ces deux derniers? Nul n'est en mesure de définir aujourd'hui précisément le FLS; quant au FLE, il est si évanescent qu'il relève du «ça va de soi», contre toute logique scientifique. Nous pensons que, plutôt que de s'alarmer face à l'éclatement de la didactique du français, il faut mesurer et analyser les conditions et les raisons qui conduisent àce qu'il convient d'appeler une crise de la didactique du français plutôt que de pratiquer l'invective et l'anathème. La didactique générale du français se cherche et ne se retrouve plus que dans ces particularisations; il est temps d'en comprendre les raisons. Concernant le FLI, les raisons qui conduisent à cette spécification reposent pour l'essentiel sur le fait que les didactiques sont nécessairement contextualisées et que, à cet égard, le champ éducatif de la formation linguistique des migrants adultes est un champ éducatif, professionnel et social distinct des champs d'intervention du FLE et du FLS notamment. Cependant, ces spécifications ne sont pas irréductibles l'une à l'autre, mais tout à fait complémentaires, comme c'est le cas du FLI avec le FLP (Français langue professionnelle) ou le FOS (Français sur Objectif Spécifique) par exemple. Plutôt que de nous complaire dans la nostalgie du temps qui passe, nous pensons urgent de mener une réflexion sur cette nouvelle configuration didactique, d'en dégager les lignes de force et les cohérences. Le FLI est une contribution à cette nouvelle construction et on ne peut pas lui demander d'être parfaitement défini dès sa naissance quand on sait que les appellations «historiques» ne le sont toujours pas, des décennies après leur apparition, tout en étant très largement utilisés par la communauté scientifique sans véritable examen critique. Par ailleurs, le champ du FLI fait partie du vaste ensemble de la formation d'adultes et de l'éducation permanente, dont il a emprunté bon nombre de pratiques et de valeurs depuis les balbutiements de l'alphabétisation des années 60 jusqu'aux orientations actuelles basées sur les apports de l'ingénierie de formation et de l'ingénierie pédagogique. La délimitation du champ ne peut s'effectuer qu'en le reliant à des ensembles plus vastes d'intervention éducative dont les cadres théoriques sont incontournables.

Les critiques portent également sur le fait que le référentiel serait un texte «assimilationniste». Au-delà du fait qu'il s'agit d'une critique d'ordre purement idéologique, et non scientifique, le référentiel est un équilibre entre les différentes sensibilités des experts où apparaît la nécessité d'aider les migrants, par l'apprentissage de la langue du pays d'accueil, à s'intégrer avec succès dans la sociétéfrançaise, mais tout en tenant compte de leur diversité. Ces orientations se situent dans l'esprit de ce qu'évoquent Archibald & Chiss (2007) (1): «Non seulement la langue citoyenne est une affaire d'état, mais aussi dans une large mesure la langue des organismes de la société civile qui par la force intégratrice de celle-ci rassemble bien des migrants autour d'activités qui exigent une connaissance de la langue commune pour pouvoir participer pleinement à la vie sociale et économique». Les orientations que propose le référentiel pour les compétences attendues des formateurs et les contenus de l'intervention didactique sont parfaitement clairs à cet égard. La meilleure façon, ici comme ailleurs, est de lire le référentiel et de ne pas se satisfaire des «bonnes feuilles» qu'une critique bien peu professionnelle a proposé de sélectionner pour «ceux qui n'auraient ni le temps ni l'envie de lire le texte». Le référentiel est accusé de propager cette introuvable idéologie monolingue qu'on ne trouve que dans le caricatural rapport Benisti. L'idée de s'appuyer au contraire sur les langues d'origine est intéressante, et nous ne la rejetons absolument pas, mais elle a été développée sur la base de recherches-actions dans le cadre de l'école. Concernant la formation linguistique des adultes migrants, bien peu de recherches-actions ont été menées et l'intervention didactique concrète ne peut se contenter de déclarations générales, fussent-elles d'origine universitaire, invitant à la prise en compte des langues d'origine. Là comme ailleurs, bien peu de chercheurs sont descendus sur le terrain de la formation des migrants adultes pour une expérimentation scientifique des professions de foi plurilingues et, surtout, pour les traduire en termes de contenus didactiques. Or ce terrain est pris par des contraintes qui ne sont pas celles de l'école et le modèle des expériences effectuées en milieu scolaire n'est pas exportable tel quel. Par ailleurs, s'agissant d'adultes, les références théoriques ne sont pas pédagogiques mais andragogiques. Qui connait un tant soit peu le terrain et ses acteurs sait que les conditions sont difficiles et que les formateurs ne sont pas que des enseignants. Devant l'urgence des situations, les contraintes matérielles, le temps court des formations (quelques centaines d'heures maximum dans le meilleur des cas), la question de la prise en compte obligatoire des langues d'origine dans les formations représente, pour l'instant, pour les apprenants et les formateurs, non pas un appui mais un poids supplémentaire dans la mesure où, faute de bases expérimentales éprouvées par la recherche-action, les acteurs seraient livrés à eux-mêmes.

Au-delà de cette question «technique» se profile cependant un autre débat de fond, politique. Le référentiel parle de deux conceptions de l'intégration des migrants, l'une qualifiée de multiculturaliste et l'autre de républicaine ou universaliste. C'est une opposition parfaitement connue que Todd, entre beaucoup d'autres, a mis au jour dès les années 80 et qui traverse de part en part toutes les familles politiques. Ce n'est donc pas en ce sens une opposition gauche-droite. Le référentiel, comme document d'orientation en matière de politique linguistique, a fait le choix d'un modèle d'intégration républicain et citoyen basé sur les principes issus des Lumières et de la Révolution Française. La critique de ce choix est parfaitement légitime mais elle doit se faire sur le plan explicite du débat idéologique et citoyen et non sur des bases présentées comme scientifiques. Les documents d'orientation du Conseil de l'Europe sont également des documents de politique linguistique et ils sont imprégnés d'idéologie. Cependant, ils représentent la doxa en matière de formation linguistique et l'examen critique des orientations politico-didactiques des textes du Conseil de l'Europe commence à peine. Nous sommes légitimement en droit de nous demander pourquoi de si percutants analystes, traquant l'idéologie politiquement incorrecte dans ce modeste référentiel, ont tranquillement avaliséles textes européens pourtant saturés d'idéologie? Encore une fois, nous pensons bien sûr que chacun a le droit d'adhérer à l'idéologie qui lui sied, y compris les chercheurs, mais il convient alors de porter le débat sur le terrain idéologique et de sortir des faux-semblants scientifiques.

Concernant les formations de master enfin, on assiste à une véritable entreprise de désinformation. Cette labellisation répond d'abord à une demande pressante du terrain notamment en termes de formations de formateurs : quiconque connait la réalité de la vie des organismes de formation sait la difficulté de recruter des formateurs capables de s'adapter à ce terrain si particulier après leur formation initiale en FLE ou en FLS. Un article est particulièrement évocateur à cet égard (Bruley-Meszaros, 20082), qui montre le désarroi des nouveaux venus sur le terrain de la formation des adultes migrants. Il ne s'agit pas de créer des masters exclusivement («mention») FLI, ce qui n'a pas de sens, mais des parcours spécialisés FLI dans des cursus généraux de didactique des langues, de sciences du langage, de sciences de l'éducation... Plusieurs universités ont d'ores et déjà pris cette orientation: rien ni personne ne contraint les universités à faire le choix du FLI, elles restent parfaitement libres de proposer les cursus qu'elles souhaitent. L'objectif est que des universités proposent des cursus intégrant la dimension FLI de façon à enrichir l'offre de formation nationale pour permettre ainsi aux étudiants intéressés de choisir leur cursus en fonction de leurs origines géographiques, de leurs parcours d'étude et de leur projet professionnel. Il n'est pas question de réserver le label FLI à quelques happy few: cette décision appartiendra à une commission indépendante prévue par le dispositif.

Que ce référentiel provoque un débat nous semble parfaitement légitime et cela fait partie de la vie scientifique. Cependant, plutôt qu'il ne passe par des pétitions, nous aurions souhaité qu'il s'appuie sur la confrontation d'expériences et de résultats de recherche convaincants. Or ceux-ci manquent cruellement dans le domaine. Nous invitons donc les lecteurs critiques de ce référentiel à descendre et nous rejoindre sur le terrain de la formation linguistique des migrants adultes afin de mener des recherches et des recherches-actions qui seraient forts utiles aux formateurs et aux apprenants.

Post Scriptum

En complément, nous proposons aux lecteurs de (re)lire l'article que nous mettons en lien ci-dessous3, qui nous paraît particulièrement éclairant.

1) Tout d'abord l'auteur, Christine Candide. Elle est la cheville ouvrière du FLI et, que ce soit sous l'égide du FAS, du FASILD, de l'ANCSEC, de l'ACSE ou de la DAIC, connaît particulièrement bien le terrain depuis longtemps.

2) Ensuite, le sujet abordé : il s'agit de la question que nous évoquons dans notre texte du droit àl'apprentissage de la langue du pays d'accueil. Cet article montre bien que le FLI s'inscrit dans la très longue durée et qu'il ne s'agit pas d'un "coup" préparé dans la précipitation pour d'obscures raisons. 3) Enfin, nous invitons le lecteur à considérer la date de parution de cet article (2001) en le replaçant dans le contexte politique de l'époque (gouvernement Jospin). Les gouvernements passent mais les orientations demeurent....

16/11/2011

Source : Médiapart

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