Une opération de rapatriement temporaire de Marocains sinistrés du séisme de Lorca (Sud est de l'Espagne), qui a fait neuf morts, le 11 mai, a été organisée mardi, apprend-on mercredi de sources consulaires marocaines.
L'opération, organisée en coordination entre le ministère chargé de la communauté marocaine à l'étranger, l'ambassade du Maroc en Espagne, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et le consulat du Maroc à Valence, intervient en réponse à la demande de plusieurs membres de la communauté marocaine de Lorca de revenir temporairement à leur pays d'origine.
Selon les mêmes sources, quelque 71 ressortissants marocains, en majorité des femmes et des enfants, ont quitté dans la nuit de mardi à mercredi la ville de Lorca à bord de deux autocars mis à leur disposition par les autorités marocaines.
Plusieurs autres ressortissants marocains hébergés dans des campements mis en place au profit des sinistrés de ce séisme, ont préféré rester à Lorca pour des raisons liées essentiellement à leurs engagements professionnels, a indiqué à la MAP, le consul général du Maroc à Valence, El Hassan Dahmane.
Les autorités consulaires et les associations de la société civile continuent d'oeuvrer, en collaboration avec les autorités espagnoles, pour aplanir les difficultés rencontrées par les sinistrés marocains qui traversent des moments difficiles à l'instar des autres communautés étrangères résidant dans la ville et des autres habitants espagnols, a indiqué le diplomate marocain.
Une délégation officielle marocaine s'était rendue, il y a deux semaines, dans la ville de Lorca pour s'enquérir de la situation des Marocains y résidant.
A cette occasion, les membres de la délégation se sont réunis avec plusieurs membres de la communauté marocaine affectés par le séisme, dans le but de connaître leurs besoins urgents relatifs notamment aux conditions d'hébergement. Ils se sont également enquis de l'ampleur des dommages causés à leurs biens et logements.
La délégation, composée de l'ambassadeur du Maroc en Espagne, Ahmed Souilem, du secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) Abdellah Boussouf, du consul général du Maroc à Valence El Hassan Dahman, du directeur du cabinet du ministre délégué chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger Ibrahim Ounnir et du directeur de la Direction des émigrés au ministère Abdelfattah Sahibi, avait également tenu une réunion avec le délégué du gouvernement central espagnol dans la région de Murcie, Rafael Gonzalez Tovar.
La réunion a été axée sur la situation des membres de la communauté marocaine résidant dans cette ville du Sud est espagnol, ainsi que sur les préoccupations de certains Marocains affectés par le séisme, notamment celles relatives aux conditions d'hébergement, à leurs spécificités socioculturelles et aux moyens de les aider à surmonter les conséquences de cette catastrophe naturelle.
25/5/2011
Source : MAP
"Mondialisation, immigration, intégration" : la France est donc tentée par le repli (Le Monde, 24-25 avril). Dans certains secteurs de notre vie nationale, c'est cependant déjà plus qu'une tentation, et bien une réalité. En particulier dans l'enseignement supérieur. Depuis des mois, les discours se succèdent sur "l'explosion du nombre d'étudiants étrangers" (Brice Hortefeux, décembre 2010) et sur la nécessité de faire la chasse aux "étudiants fantômes" qui ne viendraient faire leurs études en France que pour bénéficier de nos aides sociales. En parallèle, les consulats brident les attributions de visas étudiants, les obstacles administratifs restent nombreux pour l'inscription dans une université ou l'obtention d'un titre de séjour, jetant ainsi dans la précarité nombre d'étudiants de bonne foi mais sans-papiers, menacés d'expulsion et arrêtés dans des conditions intolérables. Un situation qui, en focalisant l'attention sur quelques cas marginaux de fraudes avérées, généralise les attitudes de suspicion à l'égard de l'ensemble des étudiants étrangers.
Au-delà des dangers évidents que font peser pareils discours et pratiques de repli (ayons garde de ne pas oublier les conséquences de l'hostilité aux " métèques " dans les universités françaises des années 1930), ce positionnement pourrait bien être aussi une triple erreur.
Erreur stratégique tout d'abord, puisque tout le monde sait qu'à l'heure du capitalisme cognitif, la puissance d'un État et de ses entreprises dépend de la maîtrise des savoirs et de l'innovation, et que, pour rester compétitif, l'attractivité des universités et des grandes écoles représente un enjeu majeur. L'accueil d'universitaires étrangers, et notamment de jeunes chercheurs, détermine la capacité de notre recherche nationale à se trouver en phase avec l'innovation scientifique, à favoriser les transferts de connaissances et de technologies, à exporter nos savoirs à l'étranger – c'est-à-dire, sur le long terme, notre influence internationale.
Erreur économique ensuite, dans la mesure où le séjour prolongé de chercheurs et d'étudiants étrangers représentent une manne potentielle pour nos commerces et nos entreprises, en étant source de créations d'emplois. Le récent rapport parlementaire d'Audit de la politique de l'immigration, de l'intégration et du codéveloppement vient même de prouver, à rebours de toutes les idées reçues, que les immigrés rapportent plus à la France qu'ils ne lui coûtent.
Erreur politique enfin, car la configuration de repli général en Europe pourrait, à condition de s'en démarquer, nous être profitable. David Cameron a par exemple annoncé fin avril une restriction du nombre de visas qui seront désormais accordés à des travailleurs qualifiés. Objectif : 80 000 étudiants étrangers de moins. Une politique qui, tout en visant les étudiants non-européen s'est susceptible d'affaiblir les équipes internationalisées de chercheurs en Grande-Bretagne, souvent même dans des secteurs-clefs (informatique, biotechnologies, etc.). Or, si la France ne prend pas le contre-pied de ce courant général, à qui profiteront les migrations scientifiques internationales si ce n'est à l'Europe ? Aux Etats-Unis, à l'Inde et à la Chine, ces deux dernières attirant déjà nombre d'universitaires et d'étudiants africains chassés par nos politiques d'immigration restrictives.
Contre une logique de repli, notamment dans l'enseignement supérieur et la recherche, il faut au contraire faire le pari de l'étranger. Pari raisonné qui, loin de laisser faire une mondialisation dérégulée, pourrait s'appuyer sur une série de mesures simples : harmonisation des politiques consulaires d'attribution de visas, mise en place de co-recrutements dans les établissements et les laboratoires en vue d'encourager les aller-retour et le co-développement, internationalisation accrue des cursus universitaires français afin d'attirer les étudiants non-francophones, soutien aux réseaux d'études avancés pour améliorer l'accueil des chercheurs étrangers en France, redynamisation de notre diaspora scientifique à l'étranger, à travers nos instituts, si mal considérés aujourd'hui.
La vie universitaire et scientifique est intrinsèquement internationale. À l'heure où l'on ne parle plus que de "politique de civilisation" chez nos responsables politiques, il serait suicidaire pour l'avenir de notre pays de ne pas en tenir compte.
25/5/2011, Guillaume Tronchet
Source : Le Monde
La Commission propose un train de mesures afin d’améliorer la gestion des flux migratoires originaires du Sud de la Méditerranée, ainsi que des modifications à apporter au règlement relatif aux visas pour éviter d’éventuels abus du régime d’exemption des visas. La solidarité à l’égard des États membres les plus exposés aux pressions migratoires et le renforcement de la coopération avec les pays tiers restent une priorité absolue.
«La situation dans le Sud de la Méditerranée appelle de nouvelles mesures au niveau européen. L’Union a déjà pris un certain nombre de mesures à court terme pour aider les pays d’Afrique du Nord à faire face aux pressions migratoires et pour soutenir les États membres qui se trouvent en première ligne, en veillant à apporter une réponse européenne cohérente à ceux qui ont besoin de son aide. Mais ce que je propose aujourd’hui va plus loin que ces seules mesures d’urgence. Notre projet est de mettre en place une coopération plus structurée avec les pays d’Afrique du Nord. Tant l’Union que les pays d’Afrique du Nord ont intérêt à promouvoir la mobilité et des migrations bien gérées. L’Europe dépendra de plus en plus des migrations de maind’œuvre, et le potentiel qu’offrent les pays d’Afrique du Nord devrait profiter aux uns et aux autres. Nous devons également permettre aux étudiants, chercheurs et hommes et femmes d’affaires de se rendre plus facilement dans d’autres pays. À cette fin, nous devons offrir davantage de voies légales d’entrée en Europe, en intensifiant la coopération avec nos voisins méridionaux, en établissant des règles claires et des conditions de sécurité telles que cette circulation des personnes satisfera les intérêts de toutes les parties prenantes. Nous devons aussi permettre aux personnes de se rendre plus aisément dans l’Union en assouplissant encore davantage les régimes des visas. En contrepartie, il nous faut veiller à empêcher toute application abusive des accords correspondants. C’est pourquoi je propose aujourd’hui d’y insérer une clause de sauvegarde à n’appliquer que dans des circonstances exceptionnelles et des conditions très strictes. J’espère que la confiance des États membres s’en trouvera ainsi renforcée et qu’ils seront disposés à assouplir davantage de régimes des visas à l’avenir», a déclaré Cecilia Malmström, membre de la Commission européenne chargée des affaires intérieures.
Parmi les initiatives présentées aujourd’hui figurent:
- Une communication intitulée «Un dialogue sur les migrations, la mobilité et la sécurité avec les pays du Sud de la Méditerranée»
- Le rapport annuel sur l’immigration et l’asile (2010)
- Une proposition de modification du règlement (CE) n° 539/2001 relatif aux visas
Prochaines étapes
Ces initiatives sont les premières suites données à la communication sur la migration adoptée le 4 mai 2011. Elles seront examinées lors du prochain Conseil «Justice et affaires intérieures» prévu le 9 juin 2011 et ouvriront la voie à un débat sur la politique européenne d’asile et de migration entre les chefs d’État ou de gouvernement européens, qui sera organisé pendant la réunion du Conseil européen à Bruxelles le 24 juin 2011.
25/5/2011
Source : Euromaghreb
« Les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés », la phrase de Claude Guéant lancée dimanche au micro d’Europe-1 a, sans surprise, provoqué l’indignation de la communauté éducative. « Ignoble », « fantaisiste »... Syndicats d’enseignants et associations de parents d’élèves ont immédiatement réagi aux propos du ministre en s’interrogeant sur l’origine d’une telle statistique. D’où le ministre de l’intérieur tient-il pareil chiffre ? Contacté le lendemain, un porte-parole du ministère assurait que Guéant reprenait simplement les données du rapport du Haut Conseil à l’intégration intitulé « Les défis de l’intégration à l’école ».
Pourtant, si le rapport pointe bien les difficultés scolaires des enfants issus de l’immigration, aucune trace d’une tel chiffre dans le rapport. « Il a sans doute été lu dans la presse par le ministre », estime une représentante du HCI… Rue de Grenelle, la gêne était tout aussi palpable : « Nous n’avons pas eu connaissance de ce chiffre », nous précise un porte-parole. Interrogé mardi par l’AFP, Claude Guéant a cette fois dit qu’il s’agissait de données de l’Insee et de l’OCDE… Sans plus de précision. Et pour cause.
Contrairement à ce qu’ont pu affirmer les associations de parents d’élèves, qui ont rappelé que les statistiques ethniques étaient interdites en France, les chiffres sur la scolarité des enfants d’immigrés existent bien, et depuis longtemps. Mais aucun n’aboutit à un tel résultat. Le rapport du HCI auquel s’est d’abord référé le ministère de l’intérieur met effectivement en évidence les difficultés scolaires des enfants d’immigrés : « Les enfants de famille immigrée sortent aussi presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification (11% contre 6% pour les non-immigrés). » Le redoublement les touche plus souvent que les autres élèves : plus d’un sur quatre a redoublé à l’école élémentaire contre un sur cinq quand aucun ou un seul parent est immigré. En 2002, sept ans après leur entrée au collège, seul un enfant d’immigré sur quatre prépare un baccalauréat général (27% contre 40% des non-immigrés). Ils sont plus souvent dans les voies professionnelles (35% contre 25% des non-immigrés), et technologiques (20% contre 18% des non-immigrés) et ont moins recours à l’apprentissage (6% contre 9%).
Mais pour les chercheurs spécialistes de la question, pour accablants qu’ils paraissent, ces chiffres n’ont en réalité que peu de sens s’ils ne sont pas mis en perspective. Réalisé à la demande du premier ministre, le rapport du Haut Conseil à l’intégration a semble-t-il eu à cœur de coller à la demande, très politique, qui lui était faite. Il a ainsi mis en valeur les médiocres performances des élèves issus de l’immigration en omettant les spécificités sociologiques de cette population qui rendent l’opposition entre performances scolaires des enfants d’origine française ou immigrée totalement absurde.
« Affirmer qu’il y a sur-représentation des “enfants d’immigrés” qui – pour prendre un indicateur d’“échec” – sortent du système scolaire sans diplôme relève d’une confusion et d’un mauvais usage des statistiques puisque on ne peut pas raisonner en chiffres bruts sans prendre en compte, au moins, la dimension sociale. Or, l’échec scolaire est d’abord l’échec des enfants des milieux populaires, plus que celui des enfants d’immigrés », affirme ainsi Séverine Chauvel, sociologue et co-auteur d’Orientation scolaire et discrimination, qui vient de paraître à la Documentation française. Pour elle, « cette affirmation relève de l’idéologie : attribuer la cause de l’échec aux familles qui ont migré en France permet surtout de ne pas remettre en cause les politiques éducatives actuelles ».
Inégalité de traitement
Tradition républicaine oblige, la recherche sur les performances scolaires en fonction de l’origine a longtemps été difficile. Pour obtenir des résultats sur le comportement scolaire des enfants d’immigrés, les chercheurs s’en sont souvent tenus à des pratiques de contournement : recherches à partir des patronymes, de la nationalité, etc. Or, le panel 1995, qui suit les parcours de tous les élèves entrés en sixième cette année-là, offre pour la première fois des statistiques sur la nationalité des parents. Il permet d’obtenir des données très précises sur la scolarité de cette population. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles ne vont pas du tout dans le sens du « chiffre » avancé par Claude Guéant.
« Leurs résultats sont globalement moins bons. Mais à classe sociale équivalente ce n’est plus vrai. A caractéristiques sociales comparables des parents, on observe au contraire un avantage des enfants d’immigrés essentiellement dû à l’investissement très forts des parents », explique Annick Kieffer, auteur avec Yaël Brinbaum de l’étude La scolarité des enfants d’immigrés de la sixième au baccalauréat (2009, lire sous l’onglet Prolonger). « C’est vrai à l’entrée en sixième et c’est vrai également au niveau du BEPC. »
Selon cette étude, parmi les élèves dont les parents sont ouvriers et employés, 46% ont le bac chez les enfants d’immigrés, contre 40% chez les Français d’origine. Ce chiffre monte à 88% chez les enfants d’immigrés cadres. Ils sont aussi plus nombreux à aller vers une seconde générale. « Le problème, c’est qu’on ne s’intéresse plus à l’origine sociale, déplore Annick Kieffer. On compare deux populations (enfants issus de l’immigration et français d’origine) dont les caractéristiques socioprofessionnelles n’ont absolument rien à voir. » Et de rappeler que dans le cas des enfants d’immigrés, les ségrégations urbaines et scolaires se superposent. Les élèves d’origines maghrébines, par exemple, sont cinq fois plus inscrits en ZEP que les autres.
A l’opposé du Haut Conseil à l’intégration, qui fait mine de pouvoir isoler le critère de l’origine en faisant fi des autres paramètres, la recherche sur la scolarité des enfants d’immigrés tente plutôt aujourd’hui d’ouvrir un champ jusque-là laissé en friche : celui d’une inégalité de traitement selon l’origine. « L’idée d’une légère sur-réussite des enfants d’immigrés, à niveau social égal, ne doit pas faire oublier le sentiment d’injustice criant et la souffrance de beaucoup de ces élèves », souligne ainsi Fabrice Dhume qui a coordonné l’ouvrage Orientation scolaire et discrimination (La Documentation française, 2011, en partenariat avec la Halde). Les élèves de parents immigrés ont-ils les mêmes chances que les autres dans l’école de la République ? Sont-ils notés, orientés de la même façon ? Le panel 95 révèle que 39% des élèves d’origine maghrébine se sont vu refuser leur vœu d’orientation contre 23% pour les élèves français d’origine. Pour ce chercheur de l’ISCRA, il est temps que les pouvoirs publics « sortent du déni sur ces questions ». Pas sûr que, dans le climat actuel, il soit entendu.
25/5/2011
Source : Médiapart
Un groupe de 15 lycéens du LPA Chalossais de Mugron, « Émigrante del Mundo », a ouvert ses portes à l'occasion d'une répétition le 9 mars. En choisissant la danse comme mode d'expression, ces lycéens engagés ont décidé de transmettre un message politique, sensible et actuel : l'immigration, en s'appuyant sur le mélange des nationalités et les échanges entre les peuples. Ce spectacle propose 10 minutes de voyage autour du monde qui mêle des rythmes entraînants américains, brésiliens et européens. Un véritable défi pour ces 15 jeunes landais, membres d'un club de danse dans leur lycée agricole, qui enchaînent les performances tout en passant d'un style à l'autre. Avec cette équipe habituée du festival et motivée, le spectacle promet d'être dépaysant !
26/5/2011
Source : Sud Ouest
Un toutes-boîtes émanant du Vlaams Belang et distribué depuis quelques jours dans chacune des 19 communes bruxelloises suscite l'indignation.
Le document, qui lie notamment insécurité et immigration, propose également un mini-canif aux personnes qui répondraient au questionnaire qui y est joint, révèlent jeudi Le Soir et La Dernière Heure.
Le document distribué par le Vlaams Belang évoque l'insécurité, les personnes qui profitent du système de santé belge, les violences domestiques, etc... des faits à chaque fois imputés aux immigrés. Le parti invite également les citoyens à s'exprimer sur leurs préoccupations en offrant aux participants qui rempliront le questionnaire un mini-canif estampillé VB.
Plusieurs bourgmestres et élus bruxellois ont chargé des avocats spécialisés d'étudier le document en vue de l'introduction d'une éventuelle plainte notamment.
La bourgmestre de Boitsfort, Martine Payfa, estime ainsi que le parti "se rend non seulement coupable de la distribution d'armes potentiellement dangereuses, mais on peut y voir également une incitation à la violence".
26/05/11
Source : 7sur7 (belga)
L'Agence européenne de surveillance des frontières a lancé mercredi une mise en garde contre les idées de rétablir les contrôles aux frontières internes de la zone Schengen face au risque d'une immigration massive à la suite des troubles en Afrique du Nord.
"Nous ne pourrions pas résoudre le problème même en construisant une clôture. Une clôture n'est pas une solution", a déclaré le directeur de Frontex Ilkka Laitinen.
26/5/2011
Source : Fenêtre sur l’Europe
Le Rassemblement des Musulmans de France (RMF) a décidé à l'unanimité, lors de son conseil d'administration tenu dimanche 22 mai, l'investiture de l’actuel président Mohammed Moussaoui pour un nouveau mandat à la tête du Conseil Français du Culte Musulman lors des prochaines élections du 5 et du 19 juin prochain.
Le RMF se félicite du bilan "honorable" du CFCM pour le mandat qui s'achève, "au cours duquel de nombreux dossiers liés au culte musulman ont réalisé des avancées significatives".
Il cite, entre autres, l'augmentation de la construction des lieux de culte en France, "grâce aux relations de confiance qui se sont installées avec les Mairies", l'élaboration d'une "charte Halal" pour la clarification des exigences nécessaires pour la certification Halal, et l'accroissement de la mise en place des carrés musulmans dans les cimetières.
Le RMF met en avant également la mise en place d'un suivi des "actes anti-musulmans", au niveau national avec le CFCM et au niveau régional avec les CRCM (conseils régionaux du culte musulman en France), dans le cadre d'une convention signée avec le ministère français de l'Intérieur en juin 2010, outre le développement du dialogue et de la concertation avec l'ensemble des religions de France, à travers notamment la mise en place du Conseil des Responsables de Cultes en France (CRCF).
"Conscient du travail qui reste à accomplir au sein du CFCM", le RMF réaffirme "sa volonté de poursuivre les chantiers qui ont été entamés, avec l'ensemble des composantes du CFCM, et dans le dialogue avec les Pouvoirs Publics".
"Pour cela, le RMF renouvelle sa totale confiance à M. Mohammed Moussaoui, en tant que Président du CFCM, pour mener à bien les projets à venir et relever les défis pour la défense de l'intérêt et de la dignité du culte musulman en France", conclut le communiqué.
25 Mai 2011
Source : Atlasinfo
Quoique leur rythme se soit ralenti, depuis la crise financière et économique de 2008, les transferts d'argent effectués par les Marocains résidant à l'étranger continuent toujours à jouer un rôle de premier rang dans l'économie nationale, aussi bien sur le plan macroéconomique qu'au niveau des familles qui en bénéficient. Car même si la physionomie de la diaspora marocaine change et ses habitudes évoluent, son attachement au pays et à la famille n'a pas subi de mutation notable. Et ce n'est pas pour demain que cette donne changera, d'après les observateurs et comme le laissent apparaître les différents rapports à ce sujet.
Il en est ainsi d'un récent rapport réalisé conjointement par la Commission économique de l'ONU pour l'Afrique (CEA) et de l'Union africaine (UA), qui fait ressortir que le Maroc figure parmi les six pays africains ayant le plus bénéficié des transferts de fonds des émigrés. Les cinq autres pays sont l'Algérie, l'Égypte, le Nigeria, le Soudan et la Tunisie. Avec le Maroc, ces pays ont absorbé plus de 75 % du total des transferts vers le continent. Le rapport, qui porte sur les perspectives économiques de l'Afrique en 2011, note également un recul des entrées totales d'envois de fonds en Afrique, en raison des répercussions de la crise économique mondiale de 2008. Ce qui a mis un coup de frein à la montée en puissance de ces transferts ces dernières années.
En fait, relève le rapport, les envois de fonds ont, en valeur, considérablement augmenté au niveau mondial durant la dernière décennie, avant que ce trend ne se rompe. «Les pertes d'emplois dues à la crise économique mondiale et les conditions de travail plus difficiles des migrants dans les pays d'accueil ont modifié cette tendance», précise ce rapport qui indique que ces transferts sont passés successivement de 41,1 milliards de dollars en 2008, à 38,5 milliards en 2009 et à 21,5 milliards de dollars en 2010. Par ailleurs, ce ralentissement des envois des MRE est visible dans les statistiques de l'Office des changes qui montrent que ces transferts n'ont progressé que de 2,1% ou +334,2 MDH au cours des quatre premiers mois de cette année par rapport à la même période de 2010 (16,58 MMDH contre 16,25 MMDH). Il est à rappeler qu'en 2010, ces transferts ont porté sur 54,09 MMDH contre 50,21 MMDH en 2009, en progression de 7,7% ou +3,88 MMDH. Par rapport à la moyenne des années 2005 à 2009, soit 49,37 MMDH, ces recettes ont progressé de 9,6% ou +4,72 MMDH. En outre, ces flux financiers, qui représentent à peu près 9% du PIB du pays, jouent un rôle socioéconomique d'une grande importance.
Certes, d'après les études qui ont été réalisées à ce sujet, plus de 75% de ces fonds sont destinés au soutien familial et une petite part seulement du reste est dédiée à l'investissement, en particulier dans le domaine immobilier. Toutefois, les économistes signalent que le soutien familial est tout aussi important que l'investissement, du fait qu'il contribue à la lutte contre la pauvreté. Surtout que la plupart des MRE sont issus des régions pauvres et du monde rural. D'ailleurs, souligne-t-on, cette solidarité des MRE n'est pas seulement destinée à leurs familles, mais également à leurs communautés, comme l'illustrent les projets de développement local qui sont initiés par les MRE dans des régions, en particulier dans le Sud.
Toutefois, cela ne dispense pas les intervenants dans ce domaine de concevoir et de mettre en place des dispositifs et des mécanismes pour orienter les 25% restants vers l'investissement.
Encourager l'investissement
Pour inciter les MRE à investir, l'État a créé le fonds «MDM Invest». Lancé en juillet 2009, il est géré par la Caisse centrale de garantie et est ouvert aux MRE présentant un nouveau projet d'investissement ou un projet d'extension d'un montant égal ou supérieur à 1 MDH, promu directement par un MRE. Le montage financier des projets combine un apport personnel en devises de 25% du coût du projet, une aide de l'État de 10% du coût du projet et un financement bancaire pouvant atteindre 65% du coût du projet.
De même, on a procédé à l'extension de la garantie du fonds «Damane Assakane» aux MRE, aux mêmes conditions que pour les résidents.
25/5/2011, Lahcen OUDOUD
Source : Le Matin
Méditerranée Sud, le retour du cosmopolitisme ?
Mobilités, altérités et reconstructions identitaires sur la rive sud de la Méditerranée.
Organisé par le CCME, la BNRM, le CJB et l’IF Rabat
Colloque international organisé en partenariat par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), Le Centre Jacques Berque, l’Institut Français de Rabat, et la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc (BNRM).
Les questions de l’altérité, de la coexistence et du « vivre ensemble » se réinvitent dans les pays du Sud de la Méditerranée. Elles s’y reformulent sous une perspective inédite dessinée par l’irruption de l’immigration dans des terres traditionnellement d’émigration. Ces questions stimulent et bousculent des reconstructions identitaires en œuvre où l’illusion d’un entre-soi identitaire national ou culturel est déjà largement fissurée par l’effet de processus de mondialisation qui traversent tous les secteurs de la vie de la région. Mais surtout, elles posent probablement les prémices de l’émergence d’une perspective cosmopolite dans une région d’où elle a été évacuée.
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Comité scientifique du colloque :
Michel Abitbol, Professeur des Université ENSG
Ali Bensaâd, Centre Jacques Berque, Rabat/ IREMAM Aix en Provence
Mohamed Berriane, Professeur, Université de Rabat
William Berthomière, Directeur Migrinter, Poitiers
Zoubir Chattou, Professeur, ENA, Meknès
Mohamed Charef, Professeur, Université d’Agadir
Pierre Noel Denieuil, Directeur de l’IRMC (Institut de Recherche sur le Maghreb ), Tunis
Kamel Dorai, IFPO (Institut Français du Proche Orient), Damas
Baudouin Dupret, Directeur du Centre Jacques Berque, Rabat
Driss El Yazami, président du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger
Philippe Fargues, professeur à l’Institut Universitaire Européen de Florence et directeur du Policy Migration Center
Yvan Gastaut, CCMC (Centre de la Méditerranée, Nice)
Driss Khrouz, Directeur de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc, Rabat
Hervé Le Bras, Directeur de Recherches à l’EHESS, Paris
Jean François Pérouse, Responsable de l’Observatoire Urbain d’Istanbul (IFEA)
Abdelhak Serhane, Ecrivain, chercheur
Benjamin Stora, Professeur à l’Inalco
Wassila Tamzali, Ecrivaine, chercheure
Alain Tarrius, Professeur de Sociologie, Université de Toulouse
Catherine Whithol de Wenden, Directrice de recherche au CERI, Sciences Po
Lucette Valensi, Directrice d’Etudes, Centre d’Histoire Sociale de l’Islam méditerranéen.
Comité d’organisation :
François Xavier Adam, Institut Français de Rabat
Younes Ajarraï, CCME
Ali Bensaâd, Centre Jacques Berque, Rabat/ IREMAM Aix en Provence
Cecilia Malmstrôm, commissaire européenne aux affaires intérieures, devait présenter, mardi 24 mai, un plan en plusieurs volets concernant l'immigration. Il consiste en un projet de « dialogue sur la mobilité, l'immigration et la sécurité» avec les pays de la Méditerranée – en premier lieu, la Tunisie, le Maroc et l'Egypte - et une révision de la politique de visas…Suite
Plus de 130 dossiers des descendants des migrants marocains sont en cours d'étude par les autorités marocaines pour l'obtention de la nationalité.
Une délégation marocaine représentant le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, le ministère de la Justice, le ministère de l'Intérieur et le ministère chargé de la Communauté marocaine à l'Etranger a visité quelques mois auparavant le Sénégal. Le but de cette mission était de rencontrer les descendants de migrants marocains dans ce pays qui n'ont pas pu avoir la nationalité marocaine. En effet, la présence de migrants marocains au Sénégal remonte au 19e siècle. De nombreux commerçants marocains faisaient à cette époque des allers et des retours entre le Sénégal et les villes marocaines principalement Fès.
«La plupart de ces commerçants fassis effectuaient chaque année des séjours de plusieurs mois au Sénégal. Ils arrivaient au mois de ramadan et repartaient après la fête du sacrifice (Aïd El Kébir). Le choix de cette période de l'année n'est pas fortuit. Le commerce des Marocains rencontrait un grand engouement à l'occasion des fêtes religieuses.
Ils se sont spécialisés dans la vente des habits traditionnels et autres produits d'artisanat», explique Abdalilah, médecin marocain installé à Dakar depuis la fin des années 80 du siècle dernier. «Certains commerçants se mariaient avec des Sénégalaises et effectuaient des séjours encore plus longs. D'autres ont même fini par s'installer définitivement au Sénégal une fois leurs femmes marocaines décédaient», ajoute-t-il. Les descendants de ces migrants sont aujourd'hui des Sénégalais d'origine marocaine. Mais ils sont nombreux à demander la nationalité marocaine auprès des autorités consulaires.
Mais la mission est tellement difficile que les dossiers qui ont été déjà soumis n'ont pratiquement pas progressé. Les demandeurs devaient en effet fournir des pièces qui prouvent la nationalité marocaine de leurs ancêtres, chose qui est tout à fait difficile aujourd'hui pour la majorité de ces descendants. «Les demandeurs devaient fournir au moins une pièce qui prouve la nationalité marocaine de leurs ancêtres telle qu'un acte de naissance, un acte de mariage ou même un simple courrier reçu du Maroc.
Mais la tâche a été beaucoup plus compliquée qu'on croyait puisque les petits fils des premiers migrants ne possèdent pas des pièces similaires», explique une source consulaire à Dakar. Et d'ajouter : «la délégation marocaine est donc rentrée au Royaume pour essayer d'établir les liens familiaux de ces descendants à partir du Maroc. Ces derniers ont fourni des adresses, notamment à Fès où leurs proches parents habitent».
Au total, la délégation marocaine est rentrée avec plus de 130 dossiers de descendants de la première génération des migrants marocains. Mais des difficultés ont commencé encore une fois à surgir. Les adresses fournies par les Marocains du Sénégal n'ont pas été toutes retrouvées. Selon des sources consulaires, certains quartiers indiqués ont complètement disparu.
C'est dire que la mission s'annonce difficile. Malgré ces obstacles, l'obtention de la nationalité marocaine reste possible grâce aux facilités introduites par la modification des codes de la famille et de la nationalité.
Enseignement
Le Sénégal compte une communauté estudiantine assez importante. Le nombre des étudiants marocains avoisine actuellement les 900 étudiants. Environ 100 étudiants sont boursiers alors que le reste est constitué par des candidats libres. La majorité des étudiants marocains sont inscrits dans les facultés de médecine et de la pharmacie. Les deux pays avaient en effet signé un accord d'échange dans le domaine de l'enseignement dans les années 60 du siècle dernier. En vertu de cet accord, 100 étudiants marocains s'installent chaque année au Sénégal pour continuer leurs études supérieures alors qu'une centaine d'étudiants sénégalais arrivent annuellement au Maroc. Au début, tous les boursiers marocains s'orientaient vers la médecine et la pharmacie. Aujourd'hui, une quarantaine parmi ces derniers seulement opte pour ces filières. A noter que de nombreux étudiants marocains se sont installés au Sénégal après la fin de leurs études supérieures. Les ressortissants des deux pays n'ont pas besoin d'autorisations spéciales pour avoir un travail.
25/5/2011, Mohamed Badrane
Source : Le Matin
Barbès Café au cœur de Paris continue son spectacle jusqu'au 28 mai. La nouvelle génération de chanteurs y entonne les ritournelles des premiers émigrés et reprend leurs refrains cultes et leurs textes poignants. Qui sont ces grandes voix qui ont marqué la chanson maghrébine? …Suite
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Les participants à une conférence à Rome sur "les religions et la démocratie" ont plaidé, mardi, pour de nouvelles dynamiques de dialogue entre les religions dans le but de lever les équivoques et les préjugés et de promouvoir la compréhension et le respect de l'autre.
Les différences ne sauraient être génératrices de peur et de repli qu'en l'absence d'identités fortes, ont insisté les intervenants à cette conférence, organisée dans le cadre de la semaine de la culture islamique ouverte, lundi, dans la capitale italienne.
Selon eux, les identités lorsqu'elles sont fortes ne peuvent qu'être sources de liberté, de tolérance, d'échanges fructueux d'idées et d'ouverture.
Les orateurs ont, à cet égard, émis l'espoir que les changements en cours dans plusieurs pays de la rive sud de la Méditerranée puissent aboutir à des systèmes démocratiques avec des références identitaires solides. Une véritable démocratie ne peut évoluer que dans le cadre d'une identité forte alimentée par les valeurs de démocratie, de tolérance et d'ouverture sur les autres, ont-ils souligné.
Cette conférence, qui s'est tenue au siège du centre islamique culturel d'Italie dirigé par le marocain Abdellah Redouane, s'est tenue avec la participation du ministre tunisien des Affaires islamiques, Laroussi El Mizuri, et du maire de Rome, Gianni Alemanno.
Elle a été marquée également par les interventions du président de l'Institut de l'Encyclopédie italienne Treccani, Giuliano Amato, et de hauts représentants des religions chrétienne et juive en Italie.
Cette conférence était parmi les rendez-vous les plus importants de la semaine de la culture islamique organisée par la ville de Rome et le centre islamique et culturel d'Italie.
Les initiateurs de cette manifestation, qui est à sa première édition, s'étaient déclarés convaincus qu'elle "offrira une occasion unique pour connaitre de près la civilisation islamique à un moment où le dialogue entre les peuples et les religions revêt de plus en plus d'importance".
Placée sous l'égide de l'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (ISESCO), la semaine de la culture islamique se poursuivra jusqu'au 31 mai avec une série d'activités qui auront pour cadre de prestigieux sites de la capitale italienne (musées, palais d'expositions, mairies, grandes mosquées de Rome etc).
Ces activités vont de l'organisation de tables rondes sur d'importants thèmes d'actualité à la présentation de livres et d'ouvrages en passant par des expositions d'art contemporain, des soirées musicales et des projections cinématographiques.
24 mai 2011
Source : MAP
Un collectif d'une cinquantaine d'avocats a déposé, lundi 23 mai, 4 Questions Prioritaires de Constitutionnalité (QPC) à Paris, Lyon, Marseille, Lille, Nanterre et Créteil relatives à la loi sur les contrôles d'identité. Ils demandent au Conseil Constitutionnel de se prononcer sur la constitutionnalité de l'article 78-2 qui ouvre, selon eux, la porte aux discriminations. Le président de la commission pénale du SNAF explique ce recours au Conseil Constitutionnel.
Une cinquantaine d'avocats, membres du Groupe d'information et de soutien des immigrés, de l'Open society justice intitiative et du Syndicat des Avocats de France (SNAF) ont déposé 4 QPC, dans toute la France, lundi 23 mai, sur la loi sur les contrôles d'identité. Le collectif accuse cette loi d'être trop floue dans la défintion des motifs de ces contrôles et de laisser place à l'arbitraire et donc à la discimination. Leur requête se base sur une étude de l'ONG Open Society Justice Initiative, publié en 2009. Elle indique que les contrôles d'identité sont 6 fois plus nombreux pour les « noirs », 7,8 fois plus nombreux pour les « arabes » que pour les « blancs ». Maxime Cessieux est président de la Commission pénale du SNAF. Il explique que c'est bien la réalité des pratiques policières qui est remise en cause par cette action en justice.
Yabiladi : Dans le communiqué du collectif d’avocats, vous expliquez que « l’absence de critères précis [...] est source d’arbitraire et ne permet pas un contrôle effectif des motifs du contrôle d’identité ». Pourtant la loi précise qu’une personne est contrôlée dans les cas où elle pourrait avoir un rapport direct avec un délit.
Maxime Cessieux : Les quatre alinéas du texte laissent la porte ouverte à des contrôles d’identité arbitraires et discriminatoires. L’alinéa 4 autorise tous les contrôles d’identité dans les gares et aérogares sans motif particulier, pas même un comportement suspect. L’alinéa 3 autorise les contrôles « quel que soit le comportement » pour prévenir une atteinte à « l’ordre public ». C’est une formule qui veut tout et rien dire. L’alinéa 2 règle les contrôles « sur réquisition écrite du procureur ». Le procureur peut très bien demander des contrôles d’identité métro La Chapelle, tard le soir, pour rechercher, notamment, des terroristes. En réalité, la police n’y attrape jamais de terroristes mais des personnes en situation irrégulière. Enfin, l’alinéa 1 est, effectivement, plus précis mais il évoque seulement des contrôles d’identité pour « raisons plausibles » de soupçonner un délit et non plus « d’indices » qui supposaient que le policier aient des raisons objectives de procéder à un contrôle d’identité sur une personne plutôt que sur une autre.
Vous dites qu’un juge est dans « l’impossibilité de [vérifier] des motifs de ces contrôles » en raison de formules trop vagues mais, dans bien des cas, les contrôles d’identité ne parviennent jamais jusqu’au juge. Agir sur la loi ne modifiera pas nécessairement les pratiques policières.
Effectivement, lorsque le policier contrôle l’identité de quelqu’un et que cette personne a ses papiers et les lui tend, on n’en saura jamais rien. Par contre, si la personne s’énerve parce qu’elle se sent, par exemple, victime de discrimination, et insulte le policier, elle peut se retrouver accusée d’outrage à agent. Dans le cas d’un contrôle d’identité qui révèle que la personne est en situation irrégulière, elle est aussi poursuivie. Tous ces cas de figures passent devant le juge et il est aisé alors, grâce à cette loi, de trouver un motif à posteriori pour justifier le contrôle d’identité. Par le dépôt de ces QPC, nous visons donc d’abord ces contrôles d’identité mais aussi, indirectement, la totalité des contrôles.
En 93, une QPC avait déjà été déposée concernant le même article de loi. Le Conseil Constitutionnel n’avait pas alors jugé cette loi anticonstitutionnelle, or, pour être recevable, une QPC ne doit pas porter sur les mêmes dispositions que ce sur quoi il a déjà statué.
Cela pourrait être un obstacle au dépôt des 4 QPC. Ceci dit, en 1993, déjà, une QPC concernant la loi sur la garde à vue avait été déposée et, en juillet dernier, le Conseil Constitutionnel avait tout de même accepté de se pencher à nouveau dessus, en raison « de changements de circonstances », notamment la forte augmentation du nombre de gardes à vue. Si l’on reconnait que ces changements légitiment un réexamen de la loi, alors le réexamen de la loi sur les contrôles d’identité est possible, car gardes à vue et contrôles d’identité sont liés ; ils ont subi les mêmes évolutions.
Vous demandez à ce que la loi change pour que soit respectée la liberté individuelle, conformément à la Constitution. A quoi devrait-elle ressembler ?
Nous n’écrivons pas les lois et un débat devra avoir lieu, mais nous avons des idées. Une initiative anglaise a retenu notre attention, face au même phénomène de discrimination. Les policiers anglais doivent délivrer pour chaque contrôle d’identité un « formulaire d’arrêt » avec le nom de la personne contrôlée et le motif du contrôle. La mesure a fait considérablement baisser le nombre de contrôles d’identité et a augmenté leur rentabilité. Ainsi, une personne qui a déjà été contrôlée peut montrer cet arrêté pour demander que l’on cesse de l’importuner. Ensuite, la nature humaine est ainsi faite que le policier réfléchit à deux fois avant de procéder à un contrôle parce qu’il sait qu’il devra ensuite remplir des papiers. Il ne tient pas à se donner du travail pour rien.
De plus, il faudrait que le texte soit plus précis. Les formules les plus floues doivent être abrogées. Il faut demander aux policiers des indices objectifs plutôt que des raisons subjectives de procéder à des contrôles d’identité.
24/5/2011
Source : Yabiladi
Le gouvernement mexicain a promulgué, mardi, une nouvelle loi visant à protéger les milliers de migrants clandestins latino-américains qui traversent le territoire mexicain pour se rendre aux Etats Unis.
La nouvelle loi instaure notamment un nouveau type de visa qui autorise les migrants clandestins à résider pendant 180 jours au Mexique.
Il s'agit de la mesure légale ''la plus significative en matière de politique migratoire au cours des dernières 80 ans'', a estimé le ministre de l'Intérieur, Francisco Blake.
La nouvelle loi instaure une série de garanties au profit des migrants en situation de vulnérabilité, en facilitant les flux migratoires et en privilégiant la protection et le respect des droits humains des migrants, indépendamment de leur statut légal.
Le Mexique fait face à un sérieux problème de flux migratoires en provenance notamment d'Amérique centrale, qui sont enlevés et parfois assassinés par des trafiquants d'êtres humains.
Le cas le plus fâcheux pour le Mexique a été celui de l'assassinat, en août dernier, de 72 migrants clandestins dans le nord-est du pays.
De même, les autorités mexicaines ont intercepté la semaine dernière dans le sud du pays 513 migrants clandestins, un chiffre ''record'', à bord de deux camions.
24/5/2011
Source : Casafree/MAP
Immigrés, «clandestins» et menaces diverses supposées peser sur la France en raison de la présence de «trop nombreux étrangers» réputés mal intégrés à la société: vieille antienne. En mai 2007, c'est elle qui a justifié la création d'un ministère ad hoc doté de compétences multiples qui vont de la «gestion» de l'immigration à la défense de l'identité nationale en passant par l'intégration et le co-développement. Vaste programme.
Cette nouvelle administration, et ceux qui l'ont dirigée, se sont surtout fait connaître par les expulsions massives d'étrangers en situation irrégulière. La disparition récente de ce ministère ne change rien aux orientations mises en œuvre, comme le prouvent les nombreuses déclarations de Claude Guéant et les pratiques de l'administration dont il a la charge. Rupture, comme l'affirme le credo présidentiel et gouvernemental? A rebours de ce bruit politico-médiatique savamment orchestré, on s'interrogera sur les origines républicaines d'un racisme et d'une xénophobie d'Etat que l'on découvre dans les années 20 du siècle précédent.
8 octobre 1924. Etablie depuis dix ans, la liberté de circulation entre les départements d'Algérie et la métropole est remise en cause. Désormais, les autorités exigent des «indigènes»un certificat d'hébergement et un certificat médical. Poussés par des «salaires de misère» et confrontés à ces nouveaux obstacles, des «travailleurs» algériens décident d'embarquer, de façon clandestine, sur des navires à destination du sud de la France. Mêmes causes, mêmes effets, déjà. En mai 1926, la «catastrophe du Sidi Ferruch»survient et l'on découvre, à bord de ce bateau, «plus de vingt indigènes» morts étouffés dans des réduits où ils s'étaient cachés pour échapper aux contrôles de police (1). Quelques mois plus tard, en décembre, des faits similaires se produisent: onze Algériens sont «sortis agonisants des soutes du Charley-le-Borgne à Port-Saint-Louis-du-Rhône.» De même à Nice en janvier 1927, et au port de La-Nouvelle dans l'Aude en février, où quarante-huit«travailleurs» venus d'Algérie sont retrouvés dans les cales du voilier Afrique après avoir payé la somme de«1000 francs par tête.» Privés de «nourriture substantielle» au cours de la traversée, «quatre d'entre eux» périssent; les survivants sont«dirigés à l'hôpital ou... à la prison» (2).
Même si le terme n'est pas employé, la figure du «clandestin»vient de faire une apparition dramatique dans le champ politique. Confrontée à cette situation, les autorités métropolitaines réagissent rapidement. Le 4 avril 1928, la réglementation suivante est arrêtée: désormais les candidats au départ pour la métropole doivent produire une carte nationale d'identité, un extrait de casier judiciaire constatant l'absence de condamnation grave, la justification d'un pécule de 150 francs et le versement d'une caution destinée à couvrir les frais de rapatriement.
1. Contrôler et sélectionner
Vingt jours plus tard, des mesures voisines sont prises en Afrique occidentale française puisque les «indigènes» ne peuvent quitter «la colonie» sans «être munis d'une pièce d'identité établie par l'administration locale»à quoi s'ajoute, pour l'écrasante majorité de ceux qui ne sont pas «citoyens français», l'obligation de détenir«un permis d'émigration délivré par le lieutenant-gouverneur». L'objectif de ces dispositions: limiter l'émigration vers d'autres possessions françaises ou étrangères, et vers la métropole en contrôlant les mouvements de population dans les territoires d'origines.
En ces matières, la situation des colonisés français est très proche de celle des «sujets coloniaux» de l'Erythrée dominée par l'Italie fasciste. Là, les «indigènes»ne peuvent avoir de passeport –ils sont réservés aux citoyens–mais seulement une «feuille de route» indispensable pour quitter le pays et délivrée après le dépôt de 2000 lires pour frais de rapatriement. Des mesures similaires existent au Congo belge. Au-delà de singularités qu'il ne s'agit pas de nier, on découvre que la nature du régime établi en métropole n'a pas vraiment d'incidence sur la condition des autochtones de ces différentes colonies. A des degrés divers, tous tombent sous le coup d'uneréglementation d'exception destinée à limiter leur possibilité d'émigration. Quant aux spécificités de la colonisation française, réputée être plus libérale, au plan politique et juridique, que celle conduite par l'Espagne, l'Italie mussolinienne, la Grande-Bretagne ou la Belgique, elles ne sont que des mythes destinés à faire croire en la compatibilité des principes républicains avec l'empire.
2. Immigration et défense de la France
C'est dans ce contexte que Georges Mauco rédige son maître ouvrage, Les étrangers en France. Leur rôle dans l'activité économique, paru en 1932. En raison d'un «tempérament»spécifique, certains Européens nuisent à «l'âme»de la «nation» et au «principe spirituel»supposé la constituer, écrit-il. Classique xénophobie soutenue par des considérations relatives aux caractères de ces étrangers perçus comme une atteinte «à la raison, à l'esprit de finesse,(...) et au sens de la mesure qui caractérisent le Français»(3). Quant aux «indigènes», les menaces qu'ils font courir à la métropole sont d'une nature différente puisqu'elles sont réputées entraîner «l'abâtardissement»racial de la population française et lui apporter des «germes de maladies que celle-ci était parvenue à éliminer». Ces analyses appartiennent à la doxa scientiste, raciste et hygiéniste de saison; l'un des objectifs majeurs de Mauco étant de défendre la «santé» publique pour mieux préserver «l'avenir de la race»(4) dans une conjoncture où l'hygiène publique est indissociable de préoccupations raciales. Eu égard à ce contexte, ces analyses, de même les conséquences pratiques qui en découlent, sont à la fois communes et lestées d'une autorité particulière car elles sont exposées dans une thèse élaborée sous la direction d'un géographe célèbre alors, Albert Demangeon, et dans un ouvrage grâce auquel son auteur est devenu un expert de premier plan; les responsabilités importantes qui ont été rapidement confiées à Mauco en témoignent. Défendu par H. de Jouvenel, il devient secrétaire du Comité d'études sur les étrangers en 1935, trois ans plus tard, secrétaire de l'Union internationale pour l'étude scientifique des problèmes de population puis membre du cabinet de Ph. Serre, sous-secrétaire d'Etat chargé des services de l'immigration et des étrangers de janvier à mars 1938. Brillant parcours.
Dénonçant l'envahissement de certains quartiers de Marseille et de la banlieue parisienne par des «Africains du Nord»peu «aptes au travail discipliné», Mauco souligne les dangers multiples qui en découlent. Prostitution, dégradation de la«santé morale et physique» des métropolitains,«ravages effrayants» de la «syphilis et de la tuberculose», et insécurité enfin. De plus, en raison de leurs «coutumes», de «leur tournure d'esprit»et du «poids d'habitudes séculaires qui contredisent l'orientation de notre civilisation», ces colonisés-immigrésarabes sont, comme les Asiatiques, jugés rétifs à toute assimilation. Aussi faut-il réformer la politique mise en œuvre, choisir les «sources de recrutement» de la main-d'œuvre étrangère et coloniale, et, par une sélection rigoureuse, ne retenir que «les éléments ethniquement assimilables» (5).
3. L'exception est la règle
A partir de 1924, les «Musulmans» furent soumis à de nombreux contrôles. Se découvrent ainsi:
- le racisme fait droit, puisque ce dernier sanctionne, pour partie, les représentations dominantes que l'on sait en même temps qu'il les valide en contribuant à leur induration institutionnelle, sociale et politique,
- et le racisme d'un droit dont le caractère discriminatoire n'est pas douteux puisqu'il n'est opposable qu'aux autochtones d'Algérie, d'Afrique et d'Asie.
Si le 17 juillet 1936, le Front populaire supprime, pour les seuls départements algériens, les mesures précitées, elles ressurgissent aussitôt sous la forme de deux arrêtés du gouverneur général de cette colonie qui impose aux travailleurs «indigènes»souhaitant venir en métropole, le dépôt d'un cautionnement de 125 francs (9 décembre 1936) et, quelques semaines plus tard, le contrôle sanitaire (29 janvier 1937). Il faut attendre une ordonnance de 1944 pour que la liberté de circulation des autochtones d'Algérie soit rétablie.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, des spécialistes se sont élevés contre la disparition de cette réglementation parce qu'ils estiment qu'elle crée une situation dangereuse pour l'économie nationale et l'identité de la France menacées par de «multiples infiltrations» qui risquent de «changer les valeurs physiques, spirituelles et morales auxquelles nous tenons»(6), écrit Louis Chevalier dans une publication de l'Institut national des études démographiques. Comme Mauco, Chevalier met en garde les responsables politiques contre l'arrivée, «particulièrement inquiétante», de nombreux colonisés-immigrésd'Afrique du Nord. Ces analyses prospèrent sur une thèse ancienne: l'impossible assimilation des «travailleurs»algériens, tunisiens et marocains. Cette continuité repose cependant sur une discontinuité des facteurs avancés pour rendre compte des singularités de cette immigration puisque la «variable religieuse», comme on dit, prend le pas sur les éléments raciaux qui ne sont plus considérés comme primordiaux. «Les données essentielles du problème» posé par les Nord-africains se «ramènent à ce fait fondamental: l'islam», écrit Chevalier, car cette religion «est une manière d'être, de sentir, de comprendre, un tempérament en somme (...) qui crée, par derrière toutes les apparences secondaires d'européanisation, un profond refus de toute assimilation» (7).
Telle est aussi la position de Robert Debré et d'Alfred Sauvy, directeur de l'Ined depuis sa fondation en 1945, qui, pour«garder au caractère et au type français ses meilleures qualités», proposent la création d'un «ministère unique» chargé de «diriger et contrôler l'immigration en France»(8). Après avoir élaboré une typologie sommaire, appelée à un grand avenir, et distingué les étrangers assimilables -Italiens, Espagnols, Belges, Hollandais notamment- de ceux qui ne le sont pas ou moins comme les «Nord-africains», les«habitants de l'Est de l'Europe et des confins de l'Asie (Grecs, Levantins, Arméniens, Israélites de l'Europe orientale)», ces auteurs estiment que les problèmes posés par les Maghrébins «proviennent beaucoup moins d'une différence de race que de civilisation». La cause de cette situation? «L'islam» qui rend «la fusion des (...) populations difficile et, sans doute, peu souhaitable»puisque «les résultats obtenus sont déplorables, tant pour la santé publique que pour la moralité générale»(9). Classique mixophobie. Elle ne repose plus cependant sur des fondements biologiques mais sur un complexe cultuel et culturel jugé dangereux pour la collectivité nationale.
Le déclenchement de la guerre d'Algérie va justifier le recours à de nouvelles mesures restrictives. Pour venir en métropole désormais, les «Français Musulmans d'Algérie»doivent produire une «autorisation de voyage» et une carte nationale d'identité, de même lorsqu'ils voyagent de la métropole vers les départements algériens. Les atteintes portées à la libre circulation des colonisés-immigrés «arabes»entre le territoire algérien et la France: des mesures exceptionnelles et éphémères? Exceptionnelles, au regard des principes généraux du droit supposés établir l'égalité des individus sans distinction de race ou de religion, elles le sont assurément. Ephémères, elles ne le sont pas puisqu'elles furent appliquées par trois Républiques successives. En ces matières, il se confirme que l'exception fut la règle puisquel'exception dicta la règle, et la liberté, rarement accordée, l'exception.
Cette situation nous éclaire sur la nature de cette dernière liberté qui ne fut jamais considérée comme une prérogative, moins encore comme un droitfondamental mais comme une simple tolérance toujours susceptible d'être remise en cause pour des motifs variés. De là, ces réformes multiples qui se traduisent, pour les «indigènes»concernés, par une insécurité juridique structurelle dont le fondement est, en dernière analyse, la raison d'Etat; celle-là même qui légitime, au nom de la défense des intérêts supérieurs du pays, le recours aux dispositions restrictives étudiées. Aujourd'hui encore, le droit des étrangers, opposable aux anciens colonisés notamment, même si beaucoup d'autres sont visés, demeure soumis à des considérations de ce type; l'ordre intérieur, l'unité, la sécurité et l'identité nationales étant toujours à l'origine d'un prurit législatif et réglementaire qui ne se dément pas. Relativement aux orientations mises en œuvre par les différents gouvernement depuis 2007, elles institutionnalisent cette xénophobie puisque l'étranger est désormais devenu, de façon officielle et publique, l'incarnation de dangers multiples qu'il faut conjurer au plus vite par la mobilisation de moyens matériels, financiers et policiers exceptionnels.
Olivier Le Cour Grandmaison sera présent lors de la conférence du jeudi 26 mai à Paris: La République et ses immigrés.
24 Mai 2011, Olivier Le Cour Gran
Source : Médiapart
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