dimanche 20 octobre 2024 13:23

Le nombre de Marocains résidant légalement en Espagne s'est établi à près de 758.000 personnes à fin décembre 2010, en hausse de 2,75% par rapport à l'année 2009, selon des statistiques officielles publiées, mercredi, à Madrid.

Les Marocains constituent ainsi la première communauté étrangère originaire d'un pas pays hors Union européenne (UE), avec un total de 757.809 personnes disposant d'un titre séjour en Espagne, indique le Secrétariat d'Etat espagnol à l'Immigration.

Les Equatoriens viennent en deuxième position avec 369.692 personnes, suivis notamment des Colombiens (222.061) et des Chinois (153.883), ajoute la même source.

Le Secrétariat d'Etat espagnol à l'Immigration fait savoir que le nombre total d'immigrés résidant légalement en Espagne s'est établi à 4.926.608 de personnes à fin 2010, dont 48,7% (2.401.632) sont originaires de pays extra-communautaires.

Les ressortissants roumains représentent la première communauté étrangère légalement établie en Espagne, avec 840.682 personnes recensées à fin décembre 2010, toujours selon la même source.

2/3/2011

Source : MAP

Des artistes marocaines et africaines fêteront samedi à Bruxelles, la journée internationale de la femme, avec une série de représentations théâtrales, de concerts, de projections de documentaires, de tables-rondes, de récitals de poésie et d'ateliers de gastronomie.

Organisée par l'Association culturelle belge "PianoFabriek", cette journée, qui sera marquée par la participation de citoyennes d'autres contrées du monde (Cuba, Brésil, Russie), s'assigne pour objectifs de favoriser le partage entre toutes les femmes artistes et de célébrer cette dynamique féminine plurielle dans son engagement à la créativité.

L'orchestre "Les femmes de Tanger" sera de la partie pour révéler au grand public la variété de la chanson marocaine dans l'histoire du genre, du style et de la tradition musicale.

La chanson marocaine, soulignent les organisateurs, recèle un fonds commun entre la chanson arabe classique et la chanson populaire et c'est à ce titre que la troupe tangéroise présentera un florilège de chansons puisées à la fois dans les répertoires classique que spécifique au nord du Maroc.

Six conférencières, dont des marocaines issues de l'immigration nouvelle plurielle, animeront une table-ronde autour de leurs expériences individuelles et leurs implications sociales, interculturelles et professionnelles.

Des femmes de Tunisie élèveront aussi leur voix pour chanter la "liberté" et revisiter la mémoire d'un jeune poète Tunisien, Abou Lkacem Chabbi.

Elles seront relayées notamment par des chanteuses et musiciennes brésiliennes, qui fêteront l'Afrique et le monde arabe à travers des extraits de partitions empruntées à ces deux continents, l'objectif étant de faire partager des sensibilités transnationales qui font ouvrir de nouveaux espaces esthétiques.

Sous un autre registre, les cuisines marocaine, brésilienne et sénégalaise seront à l'honneur .Trois femmes, mélangeant les ingrédients provenant de leurs pays respectifs, prépareront un mets atypique qu'elles serviront comme "un plat international" aux convives du jour.

Côté documentaires, la projection du film "Mme Wambo" lèvera le voile sur les difficultés du quotidien de l'immigration où témoignent des femmes migrantes universitaires confrontées à la discrimination à l'emploi.

3/3/2011

Source : MAP


On l'avait presque oubliée celle-là, ou plutôt on ne savait plus exactement quand elle allait entrer en vigueur, la loi "interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public".

La voici la voilà. Ce jeudi matin, sera publié au Journal Officiel, la circulaire relative à sa mise en œuvre. La loi elle-même sera exécutoire le 11 avril, six jours après le débat sur la place de l'islam voulu par Sarkozy.

«Notre souci est de ne pas stigmatiser», répète-t-on au cabinet de François Fillon. En clair, l’entrée en vigueur de la loi anti-niqab va se faire avec tact et doigté.

Pour éviter que les musulmans ne se sentent une nouvelle fois montrés du doigt?

Cette modération revendiquée se reflète dans la rédaction de la circulaire. Dans l’entourage du Premier ministre, on attire l’attention sur les premières phrases du texte qui «rappellent le sens de cette loi».

Ainsi : «Se dissimuler le visage, c’est porter atteinte aux exigences minimales de la vie en société. Cela place en outre les personnes concernées dans une situation d’exclusion et d’infériorité incompatible avec les principes de liberté, d’égalité et de dignité humaine affirmés par la République française».

Ou encore : «La République se vit à visage découvert».

Cette dernière formule sera le slogan de la campagne de communication qui débute aujourd’hui. Son symbole étant un buste de Marianne au chaste décolleté, photographié sur un fond bleu horizon. «Nous avons choisi cette Marianne assez traditionnelle qui était très utilisée sous la Troisième République», explique-t-on chez Fillon.

Cette campagne de communication sera modeste. Elle n’a pas été confiée à une agence de pub mais conçue en interne par le cabinet du Premier ministre. Elle ne comprend ni spots télé ni affichage 4 par 3. Seulement 100 000 affichettes, 400 000 dépliants, et un site internet. Ces outils sont destinés à l’information du public, mais surtout des professionnels «confrontés à une situation de face à face avec des personnes ayant le visage dissimulé».

A partir du 11 avril, ce sont eux, en effet, qui seront en première ligne pour l’application de la loi.

Et ce texte prévoyant l’interdiction de la dissimulation du visage dans «l’espace public» au sens large, ils sont nombreux à être concernés. D’après la circulaire, entrent dans le champ d’application de la loi, les voies publiques, les lieux ouverts au public (plages, jardins, cinémas, théâtres, commerces, banques, gares, aéroports) et les services publics.

S’ajoutent «les lieux de culte» - alors que le Conseil Constitutionnel avait jugé qu’il pouvait s’agir là d’une violation de la liberté religieuse - mais pas les voitures particulières considérées comme des espaces privés.

Si une personne dont le visage est dissimulé se présente dans l’un de ces lieux, la circulaire précise la conduite à tenir : «Lui rappeler la réglementation applicable et l’inviter au respect de la loi en se découvrant ou en quittant les lieux». Et, si elle refuse, ne pas exercer de «contrainte» ce qui constituerait «une voie de fait», mais appeler les forces de l’ordre «qui peuvent seules constater l’infraction».

Le contrevenant risque une contravention d’un montant maximum de 150 € et peut se voir condamné à suivre un «stage de citoyenneté» à titre de peine complémentaire ou alternative.

La loi prévoyait l’entrée en vigueur de ces sanctions six mois après sa promulgation. Dans l’intervalle, des actions de médiation et pédagogie à l’attention des personnes concernées devaient être menées. «Ainsi, certaines des femmes qui portent le voile intégral pourront-elles y renoncer spontanément», prévoyait le projet de loi.

De médiation et de pédagogie, il n’y eut point. Seul Eric Besson, alors ministre de l’Immigration, avait signé, fin octobre, avec l’association Ni Putes Ni Soumises, une convention annuelle de 80 000 euros pour l’installation d’«ambassadrices» chargées de promouvoir la laïcité et l’égalité hommes-femmes dans les quartiers «les plus sensibles».

«Des discussions dans les quartiers, c’était précisément ce qu’il fallait éviter, rétorque-t-on chez Fillon. Lancer une opération médiatique, c’était continuer le débat, nourrir le tam-tam. Nous avons choisi l’apaisement».

Le gouvernement n’a pas renoncé à convaincre les femmes portant le voile intégral d’y renoncer. Le ministère de la Ville a préparé un «dispositif d’information des personnes concernées». Son objectif : «donner toutes ses chances au dialogue, afin d’amener la petite minorité des personnes qui se dissimulent le visage (1900 environ d’après le ministère de l’Intérieur, ndlr) à respecter l’interdiction posée par le législateur».

La question étant de savoir si la coïncidence de dates, avec le projet de débat sur l’islam voulu par Sarkozy, ne risque pas de crisper les positions des musulmans, et de rendre toute conciliation impossible.

3/3/2011, Catherine Coroller

Source : Libération

“Aâzi”, “aâzia” pour dire sale nègre ou sale négresse, “serrak ezzit” pour dire cafard noir. Les termes racistes utilisés pour proférer des injures infâmes à l'encontre des Noirs au Maroc, sont légion, toutes plus offensantes les unes que les autres. Mais tant que cela reste du verbal, c'est encore “gérable”. Au-delà, c'est plus qu'un être humain ne peut tolérer car certains comportements frisent la bestialité.

Le racisme, ne nous leurrons pas, c'est un fait bien réel dans ce Maroc qui se dit pourtant “accueillant”, “tolérant” et “ouvert” (sic)! Souvent cautionné par l'ignorance de l'autre, le romancier français Robert Sabatier pour sa part, estime plutôt que “c'est une manière de déléguer à l'autre, le dégoût qu'on a de soi-même”...

Pour ma part, j'estime que c'est profondément un manque regrettable d'éducation. Car en réalité, nul ne naît raciste. De même que “le blanc, le jaune, le noir, ne sont que des créations de l'esprit”, disait un jour, l'ex-footballeur français Lilian Thuram.

Selon les dernières estimations du ministère de l'Intérieur, le Royaume accueille actuellement, pas moins de 10.000 Subsahariens répartis dans tout le territoire. Ils sont étudiants ou travailleurs pour la plupart mais parfois aussi réfugiés ou clandestins. Chacun d'entre nous à sa propre mésaventure à raconter, victimes de préjugés, d'injures, de mépris, de discriminations, de crachats... de coups! Faut-il pour autant capituler? Sûrement pas.

Nous aussi, nous avons notre mot à dire dans une société où nous contribuons financièrement, économiquement, socialement et culturellement. Le danger serait de croiser les bras, se dire qu'il est trop tard et de laisser la situation empirer. Ne pas se demander: pourquoi personne ou si peu de gens tentent d'y remédier? Mais plutôt, quel rôle moi j'ai à jouer dans ce processus d'acceptation de l'autre dans une société si différente et si proche de moi à la fois?

Alors, j'ai nourri l'espoir jusque là secret, qu'un jour, il existera au Maroc une association de lutte contre le racisme pas seulement pour dénoncer ces actes vils mais surtout, pour faire comprendre à la population, que notre différence ne peut-être que source d'enrichissement.

Aucune bataille n'est perdue d'avance, il faut juste se donner les moyens de sa bataille.

2/3/2011, Ana Lopes

Source : Aufait

Le poste-frontière tunisien de Ras Jédir s'est organisé pour faire face à l'exode massif de travailleurs étrangers fuyant la Libye. Des milliers d'entre eux se massaient encore mercredi du côté libyen de la frontière, en attendant de pouvoir passer en Tunisie. Les policiers et les militaires tunisiens appellent par haut-parleur la foule à s'organiser par nationalités. Puis, par petits groupes d'une dizaine, les gens sont admis sous les hangars de la douane, où se forment de longues files d'attente. La pagaille des jours précédents a fait place à une meilleure organisation. Les fonctionnaires tunisiens visent les papiers, fouillent les maigres bagages qu'emportent ces travailleurs souvent peu qualifiés, quelques vêtements, des couvertures synthétiques, confisquent ceux de leurs outils, truelles ou clefs à molettes, qui pourraient servir d'armes, et les dirigent vers les parkings. Égyptiens, Ghanéens, Bengalis, Chinois, Vietnamiens, toute la main-d'œuvre étrangère employée en Libye défile à ce poste-frontière.

Les ressortissants des pays riches ont été évacués directement depuis Tripoli par des avions ou des bateaux affrétés par leurs gouvernements. Ceux qui se massent à Ras Jédir sont originaires de pays trop pauvres, ou dont les gouvernements ne se préoccupent guère de leur sort. Devant la frontière, les Bengalis ont dressé une émouvante pancarte en carton : «Nous voulons sauver. Nous voulons rentrer Bangladesh. S'il vous plaît, aidez-nous.» Assis en rangs, une centaine de Ghanéens écoutent les instructions du consul du Ghana : «Notre gouvernement envoie un avion pour vous rapatrier. Donnez vos noms et un numéro de téléphone au pays. Nous comptons sur votre comportement, vous devez donner l'exemple !» «Merci, que Dieu vous bénisse !», lui répondent les Ghanéens.

85 000 personnes en transit

À un moment arrivent du côté libyen de la frontière des pick-up toutes sirènes hurlantes. Des bennes, des jeunes gens jettent des packs d'eau minérale dans la foule, manquant assommer leurs destinataires. «Vive Kadhafi ! Ne partez pas ! N'écoutez pas les mensonges des médias !», crie un homme aux gens rassemblés. Peu convaincue par cette habile opération de communication, la foule retourne vite aux barrières tunisiennes.

Une fois entrés en Tunisie, les migrants sont dirigés vers la sortie de la zone frontière. En attendant d'être embarqués dans des bus réquisitionnés dans tout le Sud tunisien, les ressortissants étrangers s'installent comme ils le peuvent, tendent leurs couvertures sur les grilles pour se protéger du soleil, font la queue devant les tentes où des organisations d'aide distribuent de la nourriture. Il y a beaucoup de Tunisiens, venus pour faire des affaires - vendant à même le sol des téléphones portables ou des cigarettes -, pour donner un coup de main ou en simples curieux.

«Une crise humanitaire ? Non, c'est plutôt un exode massif que nous devons gérer», dit le lieutenant-colonel Malek Mihoub, un officier de la Protection civile tunisienne. «Une fois que les douanes ont rempli les formalités d'entrée, on dirige les gens vers le camp de transit de La Chucha, installé par l'armée à 6 km d'ici. Et de là, vers l'aéroport de Djerba et le port de Jarjis, en fonction de l'arrivée des avions et des bateaux. La situation sanitaire est sous contrôle, nous avons simplement besoin que les gouvernements étrangers viennent les chercher.»

D'après l'officier, près de 85 000 personnes sont passées depuis le début de la révolte libyenne, dont 35 000 Égyptiens, et 20 000 Asiatiques. «Il n'y a pas de crise pour le moment, nous arrivons à faire face, assure aussi le lieutenant-colonel Khaled Baltagi, un médecin militaire tunisien. Nous gérons un camp de transit, pas de réfugiés. C'est différent.»

3/3/2011, Adrien Jaulmes

Source : Le Figaro

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et la Fondation Western Union ont annoncé, à New York, le lancement d'une initiative de soutien pour promouvoir la contribution des Marocains résidant à l'étranger (MRE) au développement durable de leur pays.

D'une valeur de 500.000 dollars, cette contribution bénéficiera également aux émigrés philippins travaillant à l'étranger, précise, mardi, un communiqué conjoint des deux organisations.

Cette initiative "représente une partie des 1,1 millions de dollars de subventions accordées par la Fondation Western Union à trois agences des Nations Unies pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement"- un ensemble de huit objectifs convenus au niveau international visant à réduire la pauvreté, la faim, la maladie et de la mère décès d'enfants.

"A seulement cinq ans de 2015, date boutoir pour atteindre les objectifs de lutte contre la pauvreté, nous devons trouver des moyens novateurs pour améliorer la vie de millions de personnes vivant dans la pauvreté dans les pays en développement", a souligné Olav Kjorven du PNUD, jugeant que les transferts de fonds constituent "une importante source de financement" qui pourrait être utilisée au profit de la collectivité.

Le responsable du PNUD a, par ailleurs, affirmé que les bénéficiaires de cette initiative se verront offrir de nouveaux moyens pour soutenir collectivement les priorités de développement fixées par le gouvernement et les collectivités locales dans leur pays d'origine.

Ces priorités pourraient notamment inclure l'amélioration de l'accès aux services de base comme la santé, l'éducation et la finance, mais aussi le soutien aux petites entreprises et la création d'emplois.

"Avec le soutien de la Fondation Western Union, le PNUD aidera les deux pays à élaborer des politiques, des institutions, des compétences et des mécanismes qui vont utiliser les fonds envoyés de l'étranger pour réduire la pauvreté et engager les communautés de la diaspora en tant qu'acteurs transnationaux du développement local", conclut le communiqué.

Selon les estimations de la Banque mondiale pour l'année 2010, les transferts de fonds des MRE ont totalisé 6,4 milliards de dollars, rappelle-t-on.(MAP).

2/3/2011

Source : MAP

A l'initiative de l'Observatoire des circulations migratoires et des espaces transfrontaliers, s'est tenu les 28 février et 1er mars à Rabat, un colloque sur l'immigration. Il a été question de contrôle des migrations, de leurs enjeux internationaux mais surtout des cadres juridiques et législatifs existants ou non, dans les pays d'accueil. Le Maroc, qui abrite une communauté d'environ 800 réfugiés essentiellement dans la périphérie urbaine de Rabat, Salé et Casablanca, est fortement concerné par cette question. En effet, même s'il a signé et ratifié la Convention de Genève de 1951 relative au statut de réfugié, il n'en demeure pas moins que le pays ne dispose toujours pas de cadre juridique et législatif propre.

Conséquence de ce vide juridique? C'est le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui assure la politique d'asile en déterminant à certains ressortissants étrangers, le statut de réfugié. Une reconnaissance et une protection internationale que ne leur reconnaît pourtant pas le Royaume alors que la plupart de ces réfugiés vivent dans une grande précarité. D'ailleurs, on se souvient qu'en juin 2009, une soixantaine de Subsahariens manifestaient devant la délégation du HCR à Rabat pour réclamer leur réinstallation dans un autre pays d'accueil à cause de leur “intégration difficile” dans le Royaume.

2/3/2011

Source : Aufait

En marge du colloque sur les politiques migratoires, tenu ces deux derniers jours à Rabat, le chargé des relations extérieures du HCR, Marc Fawe, nous a accordé un entretien dans lequel il revient sur l'état d'avancement des négociations engagées avec le gouvernement marocain sur sa politique d'asile.

Depuis plusieurs mois voire années, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Rabat est en négociation avec le gouvernement marocain pour la mise en place d’un cadre législatif et institutionnel d’asile propre au pays. Que faudrait-il réformer dans le cadre juridique actuel ?

Il n’y a rien à réformer; il s’agit plutôt de construire des choses qui n’existent pas encore de manière formelle. Au niveau légal, il y a déjà des bribes d’éléments, dont les plus anciennes remontent à 1957 avec le Dahir sur le Bureau des réfugiés et des apatrides, dans la poursuite de la ratification par le Maroc de la Convention de Genève laquelle n’a jamais été appliquée dans tout son sens. Mais cela reste très ancien et de surcroît, le Bureau en question a cessé toute activité depuis 2004.

Il y a aussi eu cette fameuse loi 0203 sur l’entrée et le séjour des étrangers dans le territoire marocain adoptée en 2003. Elle contien un petit paragraphe qui concerne les réfugiés mais c’est loin d’être suffisant pour un cadre clair et précis qui nous permettrait de savoir comment accueillir les demandeurs d’asile, comment procéder à la détermination du statut de réfugiés et comment encadrer ces personnes.

Où en sont vos négociations actuelles avec l’Etat marocain ?

Des progrès significatifs ont été notés suite aux échanges entre le HCR et les partenaires institutionnels marocains, à savoir les ministères des Affaires étrangères, de la Justice et de l’Intérieur. A terme, nous nous acheminons vers l’élaboration d’une nouvelle loi sur le droit d’asile. Nous sommes confiants quant à l’institution dans les mois ou années à venir, d'un cadre juridique et législatif clair car pour l’heure, les résultats sont assez encourageants.

Est-ce à dire que vous ressentez une réelle volonté politique de la part des autorités marocaines à résoudre de manière définitive ce problème ?

La volonté politique existe depuis longtemps et ça a presque toujours été le cas. Cependant, ce sont des processus et des procédures qui prennent énormément de temps parce qu’il y a des tas de considérations qu’on ne maîtrise pas toujours. La question du Sahara par exemple, en est un facteur déterminant. Un autre élément essentiel, c’est que malgré toutes les relations et les discussions entre le Maroc et l’Union européenne, la politique de l’asile ne figure pas comme une priorité dans l’agenda européen. Les échanges sont surtout focalisés sur les questions ayant trait aux droits de l’Homme et à la démocratisation.

Sur le terrain, avez-vous noté un changement de comportement de la part des autorités policières marocaines à l’égard des réfugiés mais aussi des migrants ?

Pour les migrants, je ne peux que me référer à la presse locale et que tout le monde sait déjà, à savoir les arrestations et reconduites à la frontière plus massives qui ont eu lieu en août, décembre et janvier derniers. Par contre, pour les réfugiés et les demandeurs d’asile, il y a une évolution très positive depuis 2005. En 2010, nous n’avons répertorié que six reconduites à la frontière qui ont pu être évitées par l’organisation marocaine des droits de l’Homme. Même lorsqu’il y a des arrestations parfois, ce sont les policiers eux-mêmes qui téléphonent au HCR.

Actuellement, le Maroc accueille 800 réfugiés. C’est presque insignifiant comparé à d’autres pays comme l’Allemagne qui en accueille 600.000 ou encore le Pakistan avec plus d’un million de réfugiés. Pourtant certains préjugés persistent quant à l’accaparement d’une partie de la richesse du pays par ces réfugiés sachant que le Maroc enregistre un fort taux de chômage. Qu'en pensez-vous ?

C’est une question qui revient souvent lorsqu’on parle de migrants. Pour ma part, j’ai trois éléments de réponse à donner à ce type d’argument. La première chose, c’est qu’au Maroc, le nombre de réfugiés est vraiment très limité et malgré un taux de chômage très élevé notamment chez les jeunes, ce ne sont pas 800 réfugiés qui vont influer de manière significative sur la baisse ou non du chômage. Par ailleurs, le Maroc a ratifié de manière volontaire la convention de Genève, ce qui signifie que l’Etat marocain s’est engagé à accueillir sur son territoire des réfugiés. Cela fait partie de la répartition du “fardeau” des réfugiés à travers le monde où chaque pays ayant ratifié ladite convention, s’engage à prendre en charge un nombre déterminé de réfugiés. Le Maroc est soutenu dans cette tâche par le HCR mais aussi par des bailleurs de fonds qui sont prêts à intervenir financièrement pour l’intégration de ces réfugiés dans la société marocaine.

Le deuxième élément de réponse, c’est que parmi ces réfugiés, il y a certes des personnes d’origine humble comme des agriculteurs ou des ouvriers mais il y a aussi des médecins, des infirmiers, des professeurs. Si cette catégorie arrivait à s’intégrer même si leur nombre reste assez limité, elle ne serait pas un fardeau mais un véritable apport pour le Maroc. Dans n’importe quel pays où un migrant s’installe, il absorbe une partie de la richesse nationale, mais il peut aussi contribuer de manière significative au bien-être de cette société.

Le troisième élément, c’est qu’il y a un indicateur qu’on utilise au niveau du HCR pour voir quelle est la charge que représentent les réfugiés dans l’économie nationale. Par exemple, la contribution du Pakistan qui est pourtant un pays en conflit, est 10.000 fois supérieure à celle du Maroc.

On parle énormément de la position marocaine sur ce sujet mais quelle est la position et quel est le rôle des représentations diplomatiques des pays d’origine de ces migrants ?

Il y a deux catégories de réfugiés: la première qui regroupe des réfugiés qui partent de chez eux parce que l’Etat dans lequel ils vivent ne peut pas les protéger, et la seconde qui concerne ceux qui sont menacés par leur propre Etat (ndlr: cas des réfugiés politiques). Dans le premier schéma, le problème ne se pose pas, nous sommes en contact régulier avec leur représentation diplomatique. C’est dans le deuxième cas de figure que les choses se compliquent car on ne peut pas mettre le réfugié en contact avec son ambassade vu que c’est son propre Etat qui le menace et que ce serait le meilleur moyen de retrouver sa trace et de le persécuter à nouveau.

Mais le HCR, en partenariat avec certaines ONG, assure des rencontres plus ou moins régulières avec les consuls des pays d’origine afin de discuter des problèmes relatifs à leurs ressortissants. Mais on ne peut pas s’attendre à de grands résultats de leur part quand bien même des efforts sont fournis.

2/3/2011,  Ana Lopes

Source : Aufait

Suite aux brusques flux migratoires venant de Tunisie, l’Union européenne a décidé d’agir avec son agence Frontex. Mais l'Europe peine encore à montrer une véritable solidarité entre Etats sur ce sujet.

L’immigration n’est pas qu’un problème national, elle peut concerner tout un continent, la crise de Lampedusa en est l’exemple. Des milliers de migrants tunisiens voguent dans les eaux internationales puis échouent en Italie en espérant atteindre la France. De même, la frontière gréco-turque où passent notamment des migrants afghans est aussi un lieu de tension. Ces derniers cherchent à aller en Angleterre notamment via la France et son Tunnel sous la manche. Sans parler des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, situées au Maroc.

Vouloir créer des frontières communes tout en abolissant les frontières intérieures a naturellement des conséquences sur les migrations. En franchissant les frontières de l’Europe, les immigrants espèrent pouvoir circuler librement sur le continent. Vu que la question migratoire s’impose désormais à tous, le bon sens imposerait donc que l’on mette en place une gestion commune des frontières. Ce n’est pourtant pas encore le cas. La crise de Lampedusa a d'ailleurs donné un bel exemple de cette désunion européenne. L’Italie avait accusé Bruxelles de ne pas lui apporter d’aide. Bruxelles a rétorqué que c’était Rome qui avait refusé la main tendue.

Toutefois, un outil a pu faire son apparition dans cette crise migratoire : l’agence Frontex. Un nom très novlangue pour l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures. Créée en 2004, opérationnelle depuis 2005, elle a notamment trois missions : étudier les mouvements migratoires, coordonner des opérations de gestion de flux migratoire entre Etats-membres et permettre des vols communs de retour vers les pays d’origine des migrants refoulés. Son budget pour 2011 dépasse les 88 millions d’euros. Elle a mené 43 opérations de contrôle ou de vols retours en 2010 selon des chiffres des eurodéputés Europe Ecologie, un chiffre qui parait faible vu l’enjeu.

Frontex, l'agence à risques

L'agence Frontex possède aussi un bras armé avec les Rabits (pour Rapid intervention border teams, admirez l’humour bruxellois). Ce sont des policiers et autre agents armés chargés d’intervenir rapidement à la demande d’un Etat membre pour gérer un problème migratoire. Ils gardent leurs uniformes nationaux mais ont un brassard de l’UE et sont placés sous le commandement de l’Etat demandeur. Ce n’est donc pas à proprement parler une police européenne des frontières. Ces équipes sont notamment intervenues en Grèce à l’automne dernier  face à un afflux de migrants venant de la frontière avec la Turquie.

Dans la crise de Lampedusa, Frontex a déployé un autre outil en dépêchant des « experts » sur place dans le cadre de l’Opération Hermès. Aux alentours de 50 personnels issus de différents pays européens (France, Portugal, Danemark…) sont venus prêter main forte à l’Italie (qui dirige la mission).  Ces experts seront notamment chargés de l’accueil et de l’interrogatoire des migrants. Ils ne seront pas seulement policiers mais aussi spécialistes des « relations intercutlrurelles » ou du droit d’asile, comme l’a précisé la Commission européenne à Marianne2. Une mise à disposition de moyens aériens en vue de la surrveillance des frontières est également prévue. L’opération devrait être terminée le 31 mars selon la Commission. Mais Bruxelles n’a pas su nous dire si d’autres moyens sont prévus : « On suit les évolutions au jour le jour ».

C’est justement le problème. L’agence Frontex apparaît comme le symbole d’une Europe dépassée par la mondialisation des échanges. Elle peine à s'imposer comme outil commun de régulation et reste suspendue au bon vouloir des Etats membres qui mettent à disposition troupes et matériel. « On reçoit une demande d’aide d’un Etat membre et chaque Etat dit quels moyens il peut offrir », nous explique la Commission. En matière de migrations, c'est donc le règne le chacun pour soi. « Ce qui est en cause, c’est que l’agence Frontex doit être assurée que les Etats membres fournissent les moyens promis », ajoute l’eurodéputée PS Sylvie Guillaume, contactée par Marianne2. Mais créer une véritable police aux frontières européenne, idée qui est toujours sur la table, empiéterait sur la souveraineté des Etats. D’un autre côté, sans instruments politiques adéquats, la mise en place de frontière commune est ingérable.

Chacun pour soi

Tout le dilemme de la construction européenne est là. On a voulu inscrire l’Europe dans la mondialisation, abolir les frontières, sans voir que la mondialisation doit aussi être régulée pour être viable, que l’on parle d’économie ou de migrations. Les règles européennes, au lieu de donner un cadre commun sûr, renvoient au chacun pour soi. Une chose qui ne protège ni les Etats, ni les migrants. Mais il n'y a pas que l'aspect répressif qui compte. En matière d’asile par exemple, elles imposent que le migrant fasse sa demande uniquement dans le pays où il est arrivé en premier (ici l’Italie). Si un autre Etat l’arrête, il est alors renvoyé dans le pays d’entrée. La base de données Eurodac (qui recense les empreintes digitales) permet d’ailleurs de repérer les demandeurs multiples.

Cette règle a un effet pervers :  faire porter une large part des politiques migratoires sur les pays ayant une frontière exposée, qui deviennent ainsi un guichet géant pour tous les demandeurs d'asile. Un petit Etat comme Malte a du mal à faire face. La Grèce a également menacé, avec le soutien de Paris, de construire une clôture à sa frontière turque, s'estimant trop isolée face à l'immigration clandestine. Bruxelles s'est opposé au projet, pourtant, à Ceuta et Melilla, l’UE a financé la construction de barrières de ce type. Mais les renvois vers la Grèce posent un autre problème étant contestés par la Cour européenne des droits de l’Homme car Athènes ne respecte pas assez les droits des demandeurs d’asile. L’Italie souhaite que le sujet de migrations soit  à l’ordre du jour du prochain Sommet Européen. La crise de Lampedusa pourrait faire bouger les lignes vers plus de solidarité mais le chemin est encore long.

« La très grande liberté laissée aux Etats aboutit à des systèmes hétérogènes », déplore Sylvie Guillaume. Une solution intermédiaire pourrait alors être des accords d’Etat à Etat sans passer par Bruxelles, solution écartée par l’eurodéputé. Pour elle, tous les pays de l’UE doivent être impliqués : « Les Suédois sont aussi concernés par ce qu’il se passe en Méditerranée ». Mais pour l’instant, la solidarité européenne n’est pas de mise. Comme si l'Union européenne était seulement vouée à être le cadre d'une « concurrence libre et non faussée » et non celui d'une protection, laissant les Etats les plus faibles, comme la Grèce, en première ligne. Bien sûr, il reste la solution de confier la surveillance de nos frontières à la Libye de Kadhafi.

Quelle politique d'asile ?

Au cœur donc de la crise de Lampedusa, c’est donc bien le degré de souveraineté que sont prêts à abandonner les Etats qui est mis en débat. Ce qui est politiquement difficile à faire avaler. Contrairement donc au discours ambiant, l’abolition des souverainetés est plus un vœu pieu qu'un horizon inéluctable. Si la politique d’asile en Europe est en cours de refonte, pour l’instant, « rien n’est commun » à ce sujet parmi les Etats membres, précise Sylvie Guillaume. Réguler n’est décidément pas le fort de l’UE. Car, au delà de la question de Frontex, la politique migratoire de l’Union manque encore d’instruments communs. « Si les Etats membres veulent gérer le rapport migratoire avec la seule agence Frontex, c’est la mauvaise façon de faire », estime Sylvie Guillaume. L’eurodéputé socialiste plaide pour « un dispositif d’asile commun ».

Ce serait un minimum, une Europe ouverte ne signifie pas forcément un monde sans règles.

Il reste à savoir si les Etats membres sont capables d'accepter des règles communes en ce domaine. Pour l’instant, en France, on loue la nécessité d’une véritable politique européenne d’immigration. Le Quai d’Orsay avait déjà appelé au « renforcement opérationnel de Frontex ». Lundi, François Fillon a réaffirmé que la solution face aux crises migratoires était « une réponse collective, une réponse européenne sur ce sujet, d'abord pour faire en sorte qu'il y ait le moins de flux migratoires possibles, et ensuite pour accueillir les personnes qu'il faudra accueillir ». Le contexte politique imposait un tel discours. Mais la géopgraphie qui sépare la Finlande de l'Italie, peut-elle permettre une position commune sur la crise migratoire méditerranéenne ?

2 Mars 2011, Tefy Andriamanana

Source : Marianne

Au Pakistan, par exemple, ils sont 1.700.000, chez nous ils ne sont que 800. Eux, ce sont les réfugiés, ceux que la situation dans leurs pays respectifs a poussés à l’exil. Mais une fois sur le territoire national, ces Congolais, Ivoiriens et Irakiens leur statut de réfugiés ne leur sert qu’à éviter la reconduction vers les frontières. Car sans un cadre juridique clair, ce qui est le cas jusqu’à présent, ils ne peuvent prétendre à occuper un emploi. Il y a certes une bribe de loi datant de 2003 mais qui ne permet ni de savoir comment les accueillir, ni comment procéder à la détermination du statut de réfugiés et ni de quelle manière encadrer ces personnes.

Mais, murmure t-on du côté du Haut Commissariat aux réfugiés, plusieurs départements ministériels planchent sur la formulation d’un nouveau cadre juridique à même de garantir à ces personnes une vie décente. Espérons que ça ne tarde pas.

2/3/2011,

Source : Aufait

 

Le Centre Jacques Berque a réuni lundi et mardi à Rabat, des experts autour de la question migratoire. Selon eux, l’invasion post-révolutions arabes n’aura pas lieu. Quant aux restrictions juridiques et réglementaires, elles ne font qu’aggraver la situation des migrants, sans diminuer leur flux.

Les mouvements sociaux qui secouent actuellement le monde arabe poussent chacun à s’interroger sur leurs conséquences. L’une d’entre elles a été illustrée par les milliers de migrants tunisiens qui ont débarqué sur l’île italienne de Lampedusa au lendemain de la chute du régime de Benali. Le Centre Jacques Berque (CJB) pour les études en sciences humaines et sociales a réuni, lundi et mardi derniers à Rabat, plusieurs experts autour de la thématique « Immigration, changement social et changement juridique au Maghreb ». Le démographe Hervé Lebras répondait à ceux qui craignent la vague migratoire vers l’Europe. Citant Adam Smith, il a rappellé que «de tous les bagages, l’Homme est le plus difficile à remuer». Appuyant cette idée, le géographe Julien Brachet a affirmé que «la majorité des migrants ne cherchent pas à quitter le continent africain».

Pourquoi alors continuer de nourrir la crainte d’un spectre migratoire qui s’abattra prochainement sur l’Europe ? Pour Julien Brachet, de l’Institut de recherche pour le développement, « l’objectif est de légitimer les restrictions imposées aux migrants illégaux et la manière dont ils sont traités ». Et des changements juridiques, il y en a eu beaucoup. Les refoulements collectifs de migrants ne surprennent même plus. Seulement, les flux de migrants n’ont pas pour autant enregistré des baisses notoires

Ne pas oublier l’éthique

Au-delà de l’aspect économique de la question migratoire, les intervenants ont soulevé l’aspect éthique, souvent laissé pour compte. Hervé Lebras, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris, a commencé par rappeler que «l’enfant qui naît n’est pas responsable de son lieu de naissance». La question migratoire a ainsi permis le retour des questions des droits de l’Homme, qui sont « sortis du huis clos national », comme l’analyse Ali Bensaâd, du CJB. Evoquant le phénomène du «brain drain», (fuite des cerveaux), plusieurs intervenants se sont indignés de la responsabilité qui pèse sur les épaules des migrants.

«Les individus ne sont pas des molécules dans un espace a-social et a-économique, qui vont venir combler les vides dans tel ou tel pays», souligne Hervé Lebras. Quant au raisonnement qui soutient que les immigrés coûtent plus qu’ils ne rapportent, il n’a pas l’appui de certains chercheurs qui ont étudié la question de près. «S’il avait fallu « produire » cet immigré, ça aurait coûté encore plus cher. Là, il arrive adulte, et formé», explique encore le démographe. « On devrait rembourser les pays d’origine », va-t-il jusqu’à proposer avec le sourire.

Faut-il pour autant laisser les migrants circuler librement ? Pour Khadija Elmadmad, titulaire de la Chaire UNESCO «Migration et Droits Humains», il faut revenir à l’application du droit traditionnel, qui promeut une liberté de circulation et d’installation. «Nous sommes passés de frontières socioreligieuses à des frontières géographiques» indique-t-elle. Seulement, dans la pratique, la répression n’est pas toujours appliquée. «Au Maroc, il y a des hésitations.Si la législation est répressive, dans la pratique il existe toujours des îlots où le droit traditionnel est appliqué et où l’hospitalité a encore sa place».

Les Subsahariennes s’installent

Une des preuves que les migrants subsahariens ne quittent pas forcément le continent a été donné par Mohamed Berriane, de l’équipe de Recherche sur la Région et la Régionalisation de Rabat. D’après cette équipe, un nouveau phénomène a vu le jour, à savoir l’installation de plusieurs Subsahariennes seules dans des villes marocaines. Leurs conjoints sont en général des immigrés établis en Espagne et en Italie, qui viennent régulièrement leur rendre visite au Maroc. Pour la plupart Sénégalaises, ces femmes qui n’ont pas besoin d’un visa pour séjourner au Maroc, sont obligées de quitter le territoire au bout de trois mois. Elles partent le plus souvent «pointer» en Mauritanie avant de rejoindre à nouveau le Maroc avec trois mois supplémentaires à leur actif.

2 mars 2011, Selma Tannouche Bennani

Source : Le Soir

Avec le printemps arabe, la cellule de crise installée conjointement par le ministère en charge de la communauté marocaine résidant à l’étranger et le département  des affaires étrangères ne s’est jamais arrêtée de travailler. Il y a eu d’abord la révolution du Jasmin et les Marocains de Tunisie qui ont choisi le retour au pays, puis les événements du Caire et la chute du régime de Moubarak et le rapatriement des Marocains de là-bas. « La machine est rodée ! », s’exclame Mohamed Ameur, le ministre délégué chargé de la communauté marocaine résidant à l’étranger.

Aujourd’hui, la machine s’emballe. Avec la révolte libyenne, la cellule de crise qui a pris ses quartiers dans une annexe des A.E, au centre-ville à Rabat, est mobilisée 24 heures sur 24 heures, 7 jours sur 7 jours. Une dizaine de personnes travaillent sans relâche pour répondre aux appels, informer, réceptionner les fax de ceux et celles qui veulent fuir  le pays de Kadhafi et rentrer au Maroc. Les trois ambassades du Maroc à Tripoli, à Tunis et au Caire ont prêté main forte à la cellule de crise et les consulats marocains à Benghazi et à Tunis sont débordés. Sur place, les moyens humains et financiers  ont été renforcés pour permettre aux appareils consulaires d’accompagner leurs missions, celles d’accompagner les marocains installés en Libye jusqu’aux frontières.
« Ce mardi 1er mars, un bilan aérien fait état de l’arrivée de quelques 3000 marocains arrivés de Tripoli, de 450 compatriotes  en provenance de Tunis et de 202 autres embarqués du Caire. Lundi soir, 650 Marocains ont quitté Tripoli pour Casablanca par voie aérienne », déclare Mohamed Ameur. Le ministre usfpésite n’a de cesse de le répéter : « le Maroc était là depuis les premières heures de la révolte libyenne. Le Maroc était prêt à toutes les éventualités. D’ailleurs quelques dizaines de Marocains s’étaient alors inscrits sur les listes du retour. »

De jour en jour, les listes de candidats au voyage vers le pays d’origine, le Maroc, grossissent. A Benghazi, alors que la situation est revenue à la normale dans cette ville libérée, plusieurs dizaines de membres de la communauté marocaine veulent rentrer au pays. Les informations faisant état d’une intervention militaire américaine imminente ont très probablement contribué à la panique des étrangers qui quittent en masse la Libye.

Sur instructions du Souverain, les pouvoirs publics ont mobilisé deux bateaux de la compagnie maritime « Comarit » pour faciliter le rapatriement des Marocains qui le souhaitent. Un premier bateau est arrivé lundi à Benghazi, une ville qui n’a pas d’aéroport. Il devait prendre la mer  mardi aux environs de 13 heures –après avoir mis 5 heures à accoster- avec à bord 1400 marocains, une quarantaine de ressortissants mauritaniens et 20 sénégalais.

Dans le bureau ministériel, les téléphones n’en finissent pas de sonner. Un deuxième navire dépêché par le Maroc vient tout juste d’arriver ce mardi matin. Le ministre Ameur est comme soulagé. « Ce bateau a une capacité de 2000 passagers ».

Des retours par air et par mer

Pour quitter le territoire libyen, il faut passer par Benghazi et les frontières entre la Tunisie et l’Egypte. Pas évident pour ces Marocains vivant dans les villes éloignées du pays. Combien sont-ils ? Personne ne le sait vraiment et ceux en charge de l’opération de rapatriement le savent : ils ne peuvent pas être partout.

Un peu plus de 100 000 Marocains vivent en Libye. Les chiffres ne sont pas totalement maîtrisés surtout si l’on sait que Tripoli n’avait délivré aucun titre de séjour à plusieurs milliers d’entre eux  et qui y  sont établis depuis de nombreuses années. On retrouve les membres de la communauté marocaine résidant en Libye dans l’agriculture où ils sont généralement employés comme ouvriers, dans les services et le commerce en plus d’une petite élite marocaine qui émerge à peine. «De manière générale, ces Marocains vivent dans la précarité. Nous prenons par exemple en charge les frais de scolarité de plus de 6000 enfants marocains vivant ce pays. L’Etat 450 bourses annuelles de l’enseignement supérieur aux étudiants marocains de là-bas. A cela, il faut ajouter que nous avons mis en place une assistance juridique et judiciaire à l’adresse de notre communauté en Libye ainsi que des mécanismes d’aide de personnes en détresse », explique Mohamed Ameur tout en indiquant que le Maroc vient tout juste d’achever la construction d’un centre socioculturel marocain à Tripoli « destiné à accompagner les Marocains installés en Libye ».

Dans le pays de Kadhafi, les événements se précipitent. La communauté internationale n’en finit d’organiser le retour de ses ressortissants. Le Maroc n’échappe pas à la règle. 10 000 Marocains sont attendus d’ici quelques jours.
Le téléphone du ministre Ameur sonne de nouveau. Le retour de Marocains résidant en Côte d’Ivoire s’organise. La machine est rodée. Dans ce pays d’Afrique de l’ouest au bord de la guerre civile, 3000 Marocains sont établis.

2 Mars 2011, Narjis Rerhaye

Source : Libération.ma

Fethi, né en France, bac + 5, a enchaîné les petits boulots. Saïd, né au Maroc, en France depuis treize ans, bac + 5 lui aussi, a découvert concrètement ce que le mot « discrimination » voulait dire. Samira, jeune romancière du bassin minier passée par hypokhâgne et khâgne, est souvent confrontée au regard des autres qui rappelle que des parcours comme le sien ne vont toujours pas de soi. Hasard de nos rencontres, tous trois travaillent aujourd'hui dans l'insertion…

Immigrés en Nord - Pas-de-Calais

Alors que la jeunesse d'Afrique du Nord secoue le joug de ses dirigeants, à quoi aspirent les jeunes immigrés ou enfants d'immigrés du Maghreb qui vivent dans la région ? Une récente étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques du Nord - Pas-de-Calais montre que, dans une région avec un taux de chômage record, une catégorie de la population est encore plus durement touchée : les personnes issues de l'immigration. Non seulement le diplôme ne facilite pas leur insertion professionnelle, mais il ne protège pas de la même façon un immigré qu'un Français d'origine : à diplôme égal, les
immigrés ont des métiers moins conformes à leur formation, et moins qualifiés, en moyenne, que la population régionale.

Inégalités
Deux tiers des immigrés nordistes sont originaires de six pays : Algérie, Maroc, Belgique, Italie, Portugal et Pologne. L'étude de l'INSEE montre une double inégalité : géographique (les immigrés originaires d'Europe accèdent plus facilement au marché du travail) et au niveau de la qualification (ceux du Maghreb et de Turquie accèdent moins souvent à des emplois qualifiés). Hier, c'était la deuxième Journée sans immigrés – peu suivie – destinée à lutter contre les discriminations. Alors que les initiatives comme le CV anonyme fleurissent, la place laissée aux immigrés et personnes issues de l'immigration par les pouvoirs publics ou les employeurs est encore mince.

Samira El Ayachi : l'imaginaire, refuge contre les préjugés

Elle est l'auteure d'un roman, « La Vie rêvée de Mademoiselle S. » (Sarbacane), inspiré des émeutes dans les banlieues. Samira El Ayachi est une émeutière de l'intime, armée d'encre et d'imaginaire, en croisade contre les préjugés, pour dénoncer la crise du rêve.

Face à nous, trempant un spéculoos dans son café, Samira El Ayachi, 30 ans, sourire mutin encadré par des bouclettes brunes. Née à Lens. Avant un master en arts et culture, elle est passée par hypokhâgne et khâgne à Lille, prépa littéraire formant une élite jonglant entre Sénèque et Romain Gary. Samira y a appris que « la culture pose une question traversant les classes sociales et les cultures : le rapport de l'homme à l'imaginaire ».

Dans le roman de Samira, l'héroïne s'appelle Salima, 18 ans, première de la classe, écartelée entre Lille Sud et le Maroc... « Visiblement, je viens d'ailleurs !, sourit la romancière à la peau mate. Pendant longtemps, j'ai été l'enfant d'une époque, du bassin minier qui a accueilli des gens venus de partout, sans me poser de questions. Quand je suis entrée dans la vie active, la question de mes origines géographiques et sociales a surgi, avec violence. » Née dans le regard des autres. « Poser la question de l'intégration à des enfants nés ici, est-ce encore pertinent ?, s'indigne Samira. La question, n'est-elle pas plutôt quel diplôme, quelle insertion professionnelle avec la crise ? » Elle ajoute : « Dites que vos parents sont marocains, ont eu six enfants : voyez les clichés dans l'oeil de votre interlocuteur... » Question d'imaginaire.

Mais preuve que l'imaginaire peut influer sur le réel, son roman a donné naissance à l'association Mademoiselle S. : salons d'écriture nomades et ateliers de langage avec des femmes parlant russe, berbère et d'autres dialectes provoquent des rencontres inédites. « On vit une époque de trop-plein de mémoire : à force de se poser toutes ces questions, on oublie, peut-être, de regarder vers l'avenir. » De l'imaginer. Samira, elle, travaille à son second roman.

Fethi Guennadi : « On te renvoie tes origines en pleine figure »

Éboueur, vendeur en prêt-à-porter, bibliothécaire à la Catho, serveur dans un bar, pion, manutentionnaire, vendeur de sandwiches dans les trains. Fethi Guennadi pourrait éditer une brochure sur les petits boulots. Ceux qui permettent de se payer des études et ceux qui servent à payer un loyer, à faire chauffer la gamelle.

Le problème, c'est lorsqu'on est titulaire d'un bac + 5 et qu'on ne trouve pas un emploi en rapport avec ses qualifications. « J'ai intégré un dispositif nommé Alliance destiné à des diplômés qui ne trouvent pas de travail. À la première réunion, sur vingt diplômés chômeurs, il y avait deux visages européens. » Tous les autres sont noirs ou arabes. « Je l'ai fait remarquer à la responsable de groupe. Les autres ne s'en rendaient même pas compte, ils étaient obnubilés par leur recherche d'un travail. » Comment expliquer cette passivité devant ce qui ressemble fortement à de la discrimination à l'embauche ? « Tu l'assimiles petit à petit. Tu as 17 ans, tu ne peux pas rentrer en boîte. On te renvoie tes origines en pleine figure. Plus tu essaies de te sortir de ça, plus on te le fait ressentir parce que tu t'aventures dans des milieux où tu n'es pas représenté. » Le résultat, c'est que Fethi enchaîne les entretiens d'embauche durant une année, « à raison d'un ou deux rendez-vous hebdomadaires ». Sans résultat. « Tu te rends compte de la manière très subtile avec laquelle on se fout de ta g ... » Fethi a alors la tentation de quitter sa terre natale, la France. « J'ai un pote qui est parti en Autriche, un autre à Bruxelles, un en Australie, deux autres qui ont monté leur boîte parce qu'ils n'avaient pas d'autre solution. » Deux ans durant, ce sera le chômage, « deux ans de grosse galère. Ça me rend triste, ce n'est même pas de la colère. C'est de la tristesse et de l'inquiétude. La dernière génération a complètement abdiqué ».

Aujourd'hui, Fethi est chargé de mission à l'emploi pour l'institut lillois d'éducation permanente. Son boulot ? Accompagner directement en entreprise des gens au chômage de moyenne et longue durée. « J'accompagne des gens d'origine étrangère pour au moins la moitié. »

Saïd Zamoussi : « C'est une humiliation, une remise en question totale de soi »

« C'est une humiliation, c'est une remise en question totale de soi. On ne veut pas de vous pour des raisons qui ne sont pas expliquées. » La discrimination à l'embauche, Saïd Zamoussi en parle en pesant ses mots. Calmement. Sans haine.

Il pose même un postulat de départ : « La victimisation est un terrain glissant. » Quand il arrive en France en 1998 depuis son Maroc natal, Saïd Zamoussi est plein d'espoir. Il a un bac + 2 de littérature anglaise en poche et l'envie de décrocher la lune. Il obtient un premier boulot : éducateur sportif à la maison d'arrêt de Loos. « Une grande partie des détenus était d'origine étrangère. Quand je leur demandais pourquoi ils étaient incarcérés, la plupart répondaient qu'ils ne trouvaient pas de travail. » Après six mois au milieu des détenus, Saïd change d'horizon. La valse des entretiens d'embauche débute. « J'étais systématiquement recalé mais le problème de discrimination ne me venait pas à l'esprit. Ce n'est qu'avec le recul que j'y ai pensé. » Les faits sont pourtant là. Il y a d'abord cet employé de l'ANPE qui ne transmettait pas la candidature de Saïd pour d'obscures raisons. Ce boulot de médiateur de justice où il ne restait plus que trois candidats en lice. Un poste qui impliquait une connaissance approfondie des problématiques de l'immigration. Sur les trois candidats, Saïd était le seul à parler arabe. Le seul susceptible de remplir au mieux sa mission d'interface entre les parents de délinquants et la justice. Recalé.

« J'ai compris que la solution, c'était de créer mon propre emploi. » Saïd se lance dans une formation de psychologue du travail. « Je suivais les cours du soir. La journée, je cherchais du travail. J'étais parfois agent de sécurité. » À force d'abnégation, Saïd Zamoussi a décroché son DESS. Bac + 5. Dans la foulée, il crée une association : Iris formation à Lille, une structure d'accompagnement des personnes en recherche d'emploi.

Forcément, lors des entretiens, les problèmes de discrimination rencontrés par Saïd lui reviennent. « Dans une ville comme Lille, il y a de la couleur. Dès qu'on entre dans certains espaces, cette couleur disparaît. » La solution ? « Elle est peut-être dans la conscience des employeurs. »

Le diplôme n’est pas un bouclier antichômage

Une immigration liée au développement industriel de la région, notamment textile et minier. L'ex-bassin minier, la métropole lilloise et la frontière de la Sambre-Avesnois sont les principaux territoires d'accueil. Aux courants migratoires plus anciens de Belgique et de Pologne, ont succédé ceux de l'Europe du Sud et du Maghreb.

> Aujourd'hui, seulement 4,5 % d'immigrés dans la région. Dans la région résident 183 000 immigrés, soit 4,5 % de la population, taux nettement inférieur à la moyenne nationale. 39 % des immigrés dans la région sont arrivés d'un autre pays européen, 52 % sont originaires d'Afrique. En 2010, la région a accueilli 2 650 primo-arrivants, selon l'Office français de l'immigration et de l'intégration.

> Les diplômes n'empêchent pas les inégalités. Le chômage est plus élevé pour la population immigrée, quel que soit le niveau de diplôme, même si les immigrés originaires d'Europe accèdent plus facilement au marché du travail. La part des ouvriers issus de l'enseignement supérieur est deux fois plus importante pour les immigrés que pour la population régionale (1).

1. Étude INSEE, en lien avec la relance des programmes régionaux pour l'intégration des personnes immigrées, en partenariat avec la direction régionale de la jeunesse, de la cohésion sociale et des sports.

2/3/2011

Source : La Voix du Nord

Le site internet de la Gazet van Antwerpen précise que 37% des arrivants (935) sont de nationalité marocaine, 9,8% sont Turcs (246) et 4,5% sont Congolais (114).

L'administration a comptabilisé 2.522 parents et grands-parents étrangers venus en Belgique en 2010 dans le cadre d'une procédure de regroupement familial, selon des informations fournies par le ministre chargé de la politique de migration et d'asile Melchior Wathelet au député N-VA Theo Francken.

Les personnes qui font venir leurs parents sont, majoritairement, des Belges naturalisés (2.060) mais aussi des personnes étrangères, citoyens de l'Union européenne. Elles doivent prendre en charge les parents qu'elles font venir en Belgique.

02/03/2011

Source : BELGA/Lalibre.be

Invitée mardi 1er mars de Jean-Michel Aphatie, Marine Le Pen a réitéré son souhait de repousser dans les eaux internationales les migrants venus des pays arabes. Intronisée mi-janvier, la présidente frontiste aura donc mis moins de 2 mois avant de renouer avec un discours anti-immigration digne du FN des années 80.

Depuis que Le Pen fille a repris le Front national des mains de Le Pen père, elle s’échine à recouvrir le parti d’extrême-droite d’un voile de blancheur prétendument républicaine. En inaugurant son mandat le 16 janvier à Tours par une ode à l’Etat « composante essentielle de l'âme de la France »,  Marine Le Pen espère sans doute se draper dans des atours un peu plus décents pour la présidente d’un parti crédité par les derniers sondages de 19 à 20% d’intentions de votes.

La capacité de Marine Le Pen à se démarquer de son paternel vient pourtant de connaître un coup d’arrêt lors de sa visite au salon de l’agriculture le vendredi 25 février. Interrogée sur les flux migratoires liés aux révoltes dans le monde arabe, la candidate FN a déclaré : « L’union européenne est totalement impuissante à nous protéger, il faut passer un accord bilatéral avec l’Espagne et l'Italie pour permettre à nos marines de préserver nos eaux territoriales et repousser dans les eaux internationales les migrants qui voudraient entrer en Europe. » Marine Le Pen amorce-t-elle un virage républicain ? La question était sur toutes les lèvres au lendemain du congrès de Tours. Avec cette sortie, la voilà qui opère une incontestable régression en renouant avec les vieilles lunes du Front des années Jean-Marie. Attendue sur l’immigration, thème de prédilection et fonds de commerce du FN, la présidente a plongé tête la première dans le débat, sans même se donner la peine de distinguer l’immigration traditionnelle des flux migratoires exceptionnels dus à des crises politiques majeures.

Invitée ce mardi 1er mars de RTL, la nouvelle présidente du Front enfonce le clou : « On peut parfaitement repousser des bateaux dans les eaux internationales humainement ». Malgré les protestations de Jean-Michel Aphatie, elle ajoute : « Je crois qu’on va dire que je suis la seule à avoir le courage de prendre les décisions nécessaires pour sauvegarder l’intérêt de la France et des Français. Il n’y a rien de plus facile que de faire du compassionnel mais y a toujours quelqu’un qui paye le prix et ce sont les Français qui le payent. »

En l'écoutant ce matin sur RTL, Bruno Gollnisch a dû sourire devant sa glace : si Marine Le Pen retombe dans une rhétorique anti-immigrés façon années 1980, c'est peut-être que son positionnement demeure incompris dans les tréfonds du Front national, et qu'elle entend rectifier le tir.

1 Mars 2011, Laureline Dupont

Source : Marianne

Le gouvernement espagnol est en passe de durcir les règles sur le regroupement familial. Désormais, tout étranger désireux de faire venir des membres de sa famille devra non seulement avoir un salaire qui dépasse les 800 euros, mais aussi justifier que ce salaire lui sera versé pendant au moins un an. Les Marocains, plus nombreux à demander le regroupement familial parmi les immigrés en Espagne, risquent d’être les premières victimes de cette règle.

Si jusqu'à présent, des « moyens de subsistance suffisants » pour les personnes rejoignant le demandeur étaient demandés, un montant exact a été proposé dans un nouveau projet de règlement : 799 euros par mois. Cette somme représente 150% de l'IPREM (Indicador Público de Renta de Efectos Múltiples), l'indice à base duquel se calculent les aides sociales en Espagne. Selon Europa Press, le projet de règlement venu complétér la loi des étrangers prévoyait initialement un taux de 175% de l'IPREM (soit 931 euros par mois), mais après consultations avec patrons et partenaires sociaux, il aurait été rabaissé.

Le salaire scruté sur 6 mois avant et 12 mois après la demande

La personne voulant accueillir des personnes de sa famille devra remplir davantage de conditions. Actuellement, cette personne doit avoir résidé légalement en Espagne depuis au moins un an et avoir une carte de séjour valable une année au moment de la demande. A en croire le nouveau projet de règlement, il sera également pris en considération « le maintien d'une source de revenus dans l'année suivant la demande de regroupement ». « Seront refusées les demandes dans lesquelles se détermine de manière indubitable qu'il n'y a pas de perspective de maintien des revenus dans l'année suivant la demande », explique le texte parvenu à Europa Press.

Ce texte préciserait également que dans le traitement d'une demande « sera considérée l'évolution des moyens du regroupant (l’immigré, ndlr) dans les 6 mois précédant la demande ». Un salaire stable devient ainsi condition sine qua non d'un regroupement familial.

Les Marocains, premières victimes de ces mesures restrictives

Les Marocains résidant en Espagne, qui représentent la deuxième communauté étrangère après les ressortissants roumains, et la plus grande minorité extra-européenne, seront les premiers à être touchés par ces restrictions. Selon les statistiques de l'Observatoire permanent de l'immigration, affilié au ministère espagnol du Travail et de l'Immigration, les Marocains sont les plus nombreux à se voir attribuer des visas pour regroupement familial en Espagne. En 2009, 20 275 sur 69 188 visas attribués dans ce cadre revenaient à des Marocains, soit 29% du total. Les Colombiens avec 9591 et les Péruviens avec 6048 visas attribués dans le cadre du regroupement familial, arrivaient loin derrière.

Plusieurs acteurs associatifs ont critiqué ces nouvelles mesures et le projet de règlement dans son ensemble, malgré les consultations larges qui se sont faites au préalable. Ainsi, le Forum galicien d'immigration a dénoncé le « caractère restrictif du projet de règlement », selon le site d'information RedInmigrante.es. Le projet reconnaitrait les étrangers résidant en Espagne comme force de travail sans reconnaître leurs droits fondamentaux.

1/3/2011, Frederic Schmachtel

Source : Yabiladi

Ce mardi avait lieu, pour la deuxième année, la journée «vingt-quatre heures sans nous». «Nous»? Ceux qui entendent rappeler que l'immigration, ça a du bon.

Slogan: «24 heures sans nous». Signe de ralliement: un petit ruban jaune. Enlevez de la société française tous ceux qui ont un ancêtre étranger, que reste-t-il?

Plus grand monde, entendaient rappeler ce mardi à ceux qui l'oublieraient les organisateurs de la «journée sans immigrés». Comme l'année dernière lors du coup d'essai de l'opération, l'idée était d'appeler les Français en général, quelle que soit leur origine, à arrêter de travailler et de consommer le temps d'une journée pour montrer, en creux, l'apport de l'immigration à la société française. Et en finir avec la stigmatisation ambiante.

Derrière cette démarche, un collectif né fin 2009 d'un «ras-le-bol commun» après une petite phrase de trop, celle d'Hortefeux - «Quand y en a un, ça va...» Profs, cadres, journalistes, ils se sont organisés via Facebook en prenant soin de garder leurs distances avec toute récupération syndicale ou politique, même si des organisations comme le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) s'associent à la démarche. Un an plus tard, et à l'approche de la présidentielle, leur manifeste (à lire ici, accompagné d'un appel à signer), leur paraît plus que jamais d'actualité.

Les comités locaux organisaient ce mardi des manifestations dans une quinzaine de ville (lire ici l'interview recueillie par notre correspondante à Lille). A Paris, le rendez-vous était donné à la mi-journée place de la Bourse.

Parmi la petite foule, Nadia, Rachid, Farida ou Najib. Ils ont posé une RTT pour venir dire, en termes mesurés, leur fatigue d'être sans cesse renvoyés à leurs origines.

Nadia, 39 ans, comptable

«Mes grands-parents sont venus en 1947 d'Algérie parce qu'on est venu les chercher. Et deux générations plus tard, je devrais encore me justifier? On nous renvoie à la figure le passé colonial. Pareil sur l'islam, que Sarkozy s'ingénie à instrumentaliser dans une pure logique électoraliste. On peut être français à part entière et choisir une autre religion que le catholicisme, non ?

«L'immigration fait partie de la vie économique de la France, c'est un fait. Et malgré tout on nous considère comme des parias. Quand on nous parle immigration, on nous parle banlieue, barbus, on monte les Français les uns contre les autres. Il faudrait quand même arrêter de dire que l'immigration, c'est les petits délinquants qui tiennent les murs dans les cités. Ce racisme ouvert de la part des hommes politiques et de figures médiatiques est intolérable. Pourtant, il est toléré, regardez Eric Zemmour! Il a été condamné par la justice pour ses propos et il continue de faire des émissions.»

Najib, 31 ans, cadre marketing dans une grande entreprise

«Je suis née ici, j'y ai fait mes études, je me sens français à 100%. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir des attaches fortes avec le Maroc. Mes parents sont venus en France dans les années 70 pour le travail, mon père comme ouvrier, ma mère dans la restauration. Ils ont contribué au développement de la France et en dépit de cela, dans les médias, au gouvernement, l'immigration est toujours abordée comme un problème. Mais sans les immigrés et les enfants d'immigrés, la France ne tournerait pas! Les relents de racisme perdurent, comme une lame de fond. On continue à nous opposer aux "Français de souche".

«J'ai beau avoir avoir un bon poste, le mélange ne se fait pas dans le tissu social. Quand je suis dans un dîner, les premiers échanges sont bons mais dès que je donne mon prénom on me demande: "Ah oui? Tu viens d'où? T'habites où?", avec toutes les connotations qui vont avec: la banlieue, les Arabes... Et la religion. Car depuis quelques années, cette stigmatisation de l'origine se double d'une défiance envers les musulmans. Regardez le débat sur l'islam qui s'annonce! Ça me dégoûte. Alors que 99% des musulmans ne demandent qu'à vivre leur religion dans la paix et la sérénité, on focalise sur quelques centaines de radicaux.»
Farida, 38 ans, informaticienne dans une grande chaîne télé

«Il faut dire, ensemble, à nos dirigeants qu'ils arrêtent de systématiquement pointer l'apport négatif de l'immigration, de faire des amalgames du type musulman = arabe = terroriste = délinquant. Faisons attention à ce qu'on dit. Il n'y avait qu'à écouter, dimanche soir, Sarkozy nous faire un discours sur la peur, comme si des Tunisiens et des Algériens allaient débarquer d'un coup en masse! On ne peut laisser nos gouvernants continuer à dire des énormités comme ça impunément.

«On est nés ici, on vit ici, on participe activement au développement de ce pays, on travaille et on consomme comme tout le monde... Et à cause de ces discours, on se retrouve obligés de devoir crier au monde: "Regardez, on n'est pas des délinquants!"».
Rachid, 30 ans, cadre dans une grande entreprise du secteur industriel

«Il y a encore cinq ans, je ne crois pas que je serais venu aujourd'hui. Mais le climat s'est considérablement dégradé. Il y a maintenant une véritable cohésion de la classe politique pour dire que tout ce qui est immigré, ou plus exactement tout ce qui n'est pas blond aux yeux bleus, est un mal. Alors qu'au contraire c'est l'union qui fait qu'aujourd'hui la France est ce qu'elle est. J'en appelle simplement à un peu de mesure, un peu de respect. Mes parents sont nés en Algérie, ils sont français, je suis né ici, je suis français, point barre.

«Même dans la sphère privée et professionnelle, j'observe un repli. Je suis dans un milieu, disons, classe moyenne supérieure, et le discours m'inquiète de plus en plus. Mes collègues se permettent des remarques que je n'entendais pas avant. Par exemple, je suis le seul Beur de mon service, et ils disent: "Nous, on a notre Beur." Ce n'est pas intentionnellement méchant, mais une distinction est faite. Pareil sur la religion. Si c'est le ramadan, on va me dire: "Ben, tu manges ? Tu bois du vin ?" Je ne suis pas musulman ! C'est tout juste si on ne m'accuse pas d'être polygame... Je dois toujours me justifier. Et je ne vous parle pas du débat sur l'islam, on va se le prendre de plein fouet. »

1/3/2011

Source : Libération

Près de 150 000 personnes se sont réfugiées en Tunisie et en Égypte depuis dix jours. L’Organisation internationale pour les migrations en prévoit plusieurs milliers au Niger

La situation a atteint un niveau de « crise » à la frontière entre la Libye et la Tunisie, s’est alarmé mardi 1er mars le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Selon les autorités tunisiennes, 75 000 personnes fuyant la Libye l’ont franchie depuis le 20 février.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui fait état de « scènes de chaos », poursuivait mardi 1er mars évacuations, commencées lundi 28 février.

« Un besoin urgent d’assistance »

Environ 1 450 Égyptiens ont pris un bateau à Sfax vers le port égyptien d’Alexandrie. Cinq avions transportant 900 Égyptiens devaient aussi quitter l’île tunisienne de Djerba vers Le Caire. Le dispositif avait déjà été mis en œuvre lundi 28 février.

D’autres vols étaient programmés pour rapatrier des Bangladeshis. L’OIM venait aussi en aide,mardi 1er mars, à 1 000 Vietnamiens. D’autres groupes ont « un besoin urgent d’assistance », dont des Népalais, des Ghanéens et des Nigérians dormant dehors malgré des « températures glaciales ».

750 Bangladeshis devaient aussi partir du Caire vers leur pays

À la frontière entre la Libye et l’Égypte, franchie elle aussi par environ 70 000 personnes les jours derniers, la situation est un peu plus « stabilisée », selon Jean-Philippe Chauzy, porte-parole de l’organisation. 216 Ghanéens ont été transférés vers Le Caire, d’où un avion a décollé pour le Ghana.

Trois avions transportant 750 Bangladeshis devaient aussi partir du Caire vers leur pays. L’OIM essayait par ailleurs d’organiser des évacuations par bateau depuis Benghazi, en Libye. Les migrants ont aussi commencé à affluer à la frontière de la Libye avec le Niger. L’OIM se préparait mardi 1er mars à accueillir plusieurs milliers de personnes dans cette zone les jours prochains.

L’organisation « travaille 24 heures sur 24 pour mettre en place des structures d’accueil aux frontières », indique Jean-Philippe Chauzy. Samedi, un avion-cargo affrété par le HCR, transportant plus de 100 tonnes de matériel humanitaire pour aider 10 000 personnes, a atterri en Tunisie. Deux nouveaux avions sont prévus jeudi 3 mars.

« Décongestionner les zones frontalières »

Mais les deux organismes rappellent qu’il est essentiel de « décongestionner les zones frontalières », en particulier tunisienne. « Face à la pression migratoire, il faut que le programme d’évacuation humanitaire monte très vite en puissance », explique Jean-Philippe Chauzy. L’OIM a renouvelé son appel, lancé vendredi 25 février, à une aide d’urgence de 8 millions d’euros.

L’OIM et le HCR sont aussi très préoccupés par la situation des ressortissants d’Afrique subsaharienne « bloqués » en Libye, assimilés à des mercenaires étrangers de Kadhafi (lire ci-dessus). Leurs bureaux à Tripoli reçoivent des appels de détresse de ces migrants « effrayés et terrés chez eux », parmi lesquels figurent des réfugiés et des demandeurs d’asile.

Jean-Philippe Chauzy regrette que l’« équipe de l’OIM à Tripoli n’ait pas les moyens d’aider » cette population prise au piège, en raison des dangers encourus.

1/3/2011, Camille LE TALLEC

Source :AFP/ La Croix

Le droit d'échange du permis étranger contre le permis de conduire marocain est ouvert aux MRE rentrant définitivement au Maroc et les étrangers dont les pays ont signé avec le Maroc un accord de reconnaissance réciproque des titres de conduite…Suite

Le rapatriement des Marocains de Libye continue. Depuis le début de la semaine dernière plus de 2000 personnes ont été rapatriées par avion. 2 bateaux devraient ramener, dans les prochains jours, 3800 réfugiés. Les difficultés rencontrées par ces Marocains ne s’arrêtent pas une fois arrivés au Royaume. A l’heure actuelle, rien n’est organisé pour les recevoir.

Plus de 2000 Marocains résidant en Libye sont arrivés au Royaume depuis le début de la semaine dernière. Samedi, un vol a ramené en une seule fois 220 d’entre eux. Il est aujourd’hui encore impossible de savoir combien d’entre eux demandent à être et seront rapatriés. Pour répondre à l’urgence, toutefois, 2 navires de respectivement 2000 et 1800 places sont affrétés.

Un premier est parti de Gênes et le second est en cours d’affrètement. Ils devront rejoindre les ports de Tripoli et Benghazi dans le courant de la semaine pour revenir, vendredi 4 mars, à Tanger Med avec à leur bord potentiellement 3800 nouveaux réfugiés.

Les épreuves que traversent les Marocains de Libye qui tentent de rentrer au Royaume sont considérables même s'ils n'ont eu a subir aucune violence spécifique. Quitter une maison, un appartement pour sauver sa vie, étant donné la situation chaotique du pays, c’est prendre le risque de ne jamais retrouver son patrimoine. La plupart des agences bancaires sont fermées, il est donc aussi très difficile de vider son compte avant de fuir.

Lorsque les Marocains de Libye, parviennent malgré tout à emporter avec eux une partie de leur capital, ils sont fréquemment rançonnés le long de la route qui mène à l’aéroport de Tripoli. Une fois sur place, il suffit vraisemblablement de montrer son passeport vert pour embarquer pour le premier vol pour Casablanca, dans la limite des places disponibles.

Arrivés au Maroc, les réfugiés n’ont plus a craindre pour leur vie, mais leurs difficultés, pour ne pas dire calvaire, se poursuivent. Le dinar libyen n’a jamais été convertible au Maroc. De même en Tunisie, où la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a pourtant pris la mesure exceptionnelle de permettre au Tunisiens « travaillant en Libye et qui sont retournés, depuis le 17 février 2011 », de « convertir une seule fois, selon les procédures de changes en vigueur, 1000 dinars libyens. » Bank Al Maghrib, quant à elle, n’a pour l'instant pris aucune mesure de cet ordre.

Enfin, et surtout, les Marocains de Libye qui arrivent sur le sol du Royaume ont tout intérêt à avoir conservé des liens dans le Royaume car rien n’est, à l’heure actuelle, prévu pour les accueillir à leur arrivé.

28/2/2011

Source : Yabiladi

Google+ Google+