jeudi 12 décembre 2024 07:23
mercredi, 11 décembre 2024 17:25

Discriminations à l’embauche : Le voile, un obstacle majeur pour l’accès à l’emploi en France Spécial

Une récente étude publiée par l’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le Supérieur (Ondes) révèle l'ampleur de la discrimination à l’embauche liée au port du voile. L’enquête, menée par l’Université Gustave-Eiffel, a porté sur des candidatures fictives pour des contrats d’apprentissage en BTS Comptabilité-Gestion.

Les résultats sont sans appel : le port du voile réduit de 81,4 % les chances d’obtenir une réponse positive des recruteurs et diminue de plus de 30 % les réponses non négatives.
Des résultats accablants pour les candidates voilées

L’étude a classé les réponses des recruteurs en trois catégories : négative, non négative (comme une demande de complément d’informations) et positive (une invitation à un entretien). Les candidates portant le voile sont largement désavantagées. Par exemple, les candidates françaises voilées ont seulement 2,46 % de chances d’obtenir une réponse positive, contre 13,26 % pour celles qui ne portent pas de voile. Pour les candidates d’origine maghrébine, la différence est encore plus marquée : seulement 1,19 % de réponses positives pour celles portant le voile, contre 7,86 % pour leurs homologues non voilées.

En outre, la probabilité de recevoir une réponse non négative est réduite de 31,3 % pour les candidates françaises voilées et de 34,8 % pour celles d’origine maghrébine. Le rapport souligne ainsi l’existence d’une « discrimination systématique » fondée sur le port du voile.
Islamophobie et discrimination religieuse

L’étude met également en évidence une forme d’islamophobie qui se manifeste indépendamment de l’origine des candidates. La « pénalité » liée au voile est similaire pour celles signalant une origine française ou maghrébine, ce qui révèle que la discrimination est principalement d’ordre religieux, et non ethnique.

Cette situation témoigne d’une réalité douloureuse pour les femmes voilées, pour lesquelles l’islamophobie semble être un obstacle déterminant à l’accès à l’emploi, indépendamment de leurs qualifications ou de leur origine.

Le défi de l'inclusion et de l'égalité des chances

Dans un contexte où l’insertion des jeunes dans le marché du travail reste un enjeu central, les résultats de cette étude sont préoccupants. Les chercheuses et chercheurs notent qu’une candidate voilée doit envoyer environ 200 candidatures pour espérer obtenir une réponse positive, ce qui témoigne de la persistance des discriminations à l’embauche.

Le rapport appelle à une prise de conscience collective et à une action renforcée contre l’islamophobie. Les décideurs publics sont invités à sensibiliser davantage les employeurs et à mettre en place des politiques concrètes pour garantir une égalité des chances réelle.

Alors que la France prône l’égalité des chances, cette étude souligne l’ampleur des inégalités qui subsistent dans le monde du travail. Elle met en lumière la nécessité d’une action publique renforcée pour lutter contre la discrimination religieuse et garantir une véritable inclusion des femmes voilées dans la société française.

Dernière modification le mercredi, 11 décembre 2024 17:30
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