vendredi 6 septembre 2024 19:12

J’aimerais introduire ce texte par quelques signes d’espérance entraperçus ou constatés sur le terrain et qui sont la preuve que cette question de la retraite et du vieillir de bon nombre d’immigrés loin du pays d’origine ne laisse plus indifférents. Il est à rappeler aussi, sans cesse et sans relâche que c’est à l’articulation du droit et de la solidarité que des réponses doivent être apportées aux difficultés de la vie que rencontrent ces vieillards qui se sont invités pour vivre leurs vieux jours dans l’hexagone.

Cette situation, à la regarder de plus près est tout autant une « prise de risque » comme l’ont été les moments inauguraux de l’émigration. Elle est pleine d’incertitudes et surtout pleine d’inquiétudes sur comment va continuer la vie, comment gérer toutes ces transformations qui ont affecté la vie sociale, familiale et qui opèrent comme autant de ruptures successives rendant le retour définitif au pays d’origine de plus en plus improbable.

Les contours de la question de la vieillesse des immigrés se dessinent de plus en plus. Ils s’inscrivent globalement dans des préoccupations liées à l’avance en âge, dans les besoins de personnes devenues vulnérables ou fragiles, dans la mise en place de dispositifs préventifs sociaux et sanitaires et enfin dans la lutte contre les risques d’exclusion sociale. Ce qui est assez surprenant cependant c'est la polarisation de cet intérêt sur la seule situation des hommes vieillissants, reproduisant ainsi le lien entre l'immigration de travail et la présence sélective des seuls hommes immigrés.

C'est pourquoi aussi mon propos est également un constat d'impuissance, une sorte de " mea culpa " devant une réalité humaine, celles des femmes immigrées âgées et même très âgées pour certaines, dont nous présentions (présentons toujours) les difficultés mais qui nous échappe dans ses profondeurs pour différentes raisons que nous soulevons ici:

Une réalité qui échappe :

Le sujet n'est pas mobilisateur parce qu'il éloigne de l'entendement convenu de ce qu’est un immigré et à plus forte raison un immigré au travail et issu de l'immigration de travail. Souvenons-nous, il n’y pas si longtemps encore toutes les recherches sur le vieillissement des immigrés de manière générale paraissaient incongrues parce qu'elles rompaient avec les standards de l'immigration " à problèmes ou uniquement comme problèmes" posés au pays d'accueil dans sa gestion ou sa régulation.

- Le confinement des femmes dans la sphère domestique, faisait de ces dernières " des sujets captifs ou des prisonnières " dans la sphère familiale et par conséquent, elles étaient difficilement abordables.

- Les lois de l'immigration et sur l'immigration elles-mêmes ont maintenu pendant très longtemps les femmes sous la tutelle de leur époux " leur bienfaiteur " à qui elles devaient être extrêmement redevables et jusque dans leur existence administrative en France.

- L'empathie qui s'est développée à juste raison sur la situation souvent catastrophique des hommes seuls, n'a jamais laissé de place pour poser la question du vieillissement non plus comme un épiphénomène, marginal ne concernant que quelques vieux messieurs perdus dans le labyrinthe d'une mauvaise insertion urbaine ou une insertion à tout le moins problématique mais en tant que situation sociale et familiale, de gens ordinaires ne relevant d'aucune exception sociale, urbaine ni même sanitaire.

- L'approche des femmes et des réalités des femmes auraient grandement tirées profit d'une mobilisation de chercheuses et d'enquêtrices de terrains femmes aussi. J'ai souvent signalé les limites, les contraintes sous - jacentes et les choses qui ne seront jamais dites à un homme dans mes rencontres avec des femmes et à plus forte raison celles de ces générations pionnières. Si des années durant j'ai toujours pu prendre appui et compter sur la mobilisation d'une proximité culturelle pour accéder aux aspirations et attentes de tous les vieux immigrés que j'ai pu rencontrer, cette même proximité opère dans la situation des femmes âgées comme un frein, qui fixe les limites à ce qui est permis de solliciter à travers leur parole, à ce qui est convenable de dire ou de donner à voir.

- Enfin on peut aussi s'interroger à juste titre pour savoir si les efforts et les engagements visibles en direction des femmes immigrées englobent les pionnières, les plus âgées, les invisibles. Celles qui ne sortent pas de chez elles ou très peu mais jamais sans être accompagnées parce qu'elles ne sauront où aller. Celles qu'on ne voit qu'aux aéroports où dans les postes frontières pour découvrir qu'elles existent et qu'elles habitent aussi en France. Où sont toutes celles qui sont mentionnées comme formant " des ménages ordinaires " dans les recensements de la population et qui sont si inaccessibles encore à notre regard, à nos interrogations ?

Si quelques éléments de réponses sont apportées aujourd'hui, ils semblent concerner d’abord une infime minorité de femmes: celles qu'on peut rencontrer facilement dans des espaces publics ou encore celles qui sont déjà accompagnées dans leurs difficultés par des services sociaux. Pour l'essentiel, toutes celles sont encore relativement jeunes par rapport aux pionnières sans visibilité sociale.

Une population mal connue :

Les nouveaux horizons de lecture de la vieillesse des femmes immigrées seront d'abord la mise en lumière d'une population très mal connue, n'ayant rien à négocier jusque dans son statut au sein de la société d'accueil parce que tributaire, qui du regroupement familial, qui des droits dérivés conférés à des épouses. On peut parier que ces conditions de présence, sans légitimité liée au travail comme déterminant de la présence immigrée a été un handicap social dans le parcours de bon nombre d'entre elles.

C'est sur cette difficulté principale que viennent se greffer tous les déficits et les facteurs à risque d'une mauvaise insertion sociale ou à tout le moins une insertion problématique, comme l'analphabétisme, l'absence ou l'insuffisance de ressources propres ou le statut matrimonial.

Aussi, il est important de relever qu'au plan gérontologique, il n'y a pas une adéquation systématique entre immigration, vieillissement et isolement. La plupart des immigrés vieillissent « en ménages ordinaires » et parmi eux, seuls (10 %) sont des hommes qui vivent seuls, sans conjointe. Paradoxalement plus du quart des femmes âgées vivent isolées. Elles sont veuves (12 %), divorcées ou séparées (12 %), ou bien encore célibataires (5 %). Plus important encore il y a une adéquation entre isolement féminin et avance en âge: 18 % chez les 45-49 ans, 20 % chez les 50-54 ans, 27 % chez les 55-64 ans, et 35,5 % chez les 65-70 ans. (Insee 2004)

Ces éléments statistiques apportent des indications précieuses à plus d'un titre. D'abord elles permettent de réintroduire la problématique du vieillissement des immigrés dans l'espace urbain ordinaire loin de la vie dans le logement spécifique aux immigrés comme les foyers de travailleurs migrants (FTM) ou des institutions dédiées aux personnes âgées. Dans ce prolongement, l'intérêt accordé à la vieillesse des femmes immigrées, permet d'accéder au cadre social ordinaire de vie que peut constituer la vie familiale, d'apprécier les dynamiques relationnelles, les rôles sociaux des acteurs confrontés à l'épreuve de la vieillesse. Nul doute que nous avons là quelques repères pour accéder à des femmes âgées et de pouvoir les entendre non seulement sur leur propre vieillesse mais aussi en tant qu'actrices incontournables dans les édifices familiaux comme aidantes naturelles ou soutien dans la vieillesse d'un conjoint ou d'un proche également.

Sans aucun doute que les besoins élémentaires de ces femmes immigrées sont les mêmes que les autres femmes âgées. Ce qui nous fait défaut c'est la perception globale de la vie du couple âgé immigré. Les nouvelles relations qui s'instaurent avec des maris qui ne travaillent plus parce que vieux aussi, les rapports avec les enfants désormais eux-mêmes adultes aujourd'hui et parents, ce qui nous amène à questionner la fonction de garants parents de ces vieilles personnes.

Nous ne savons rien non plus sur cette inversion des rôles au sein de l'immigration, à savoir comment s'opère le passage pour ces vieux (hommes et femmes), comme référents de projets migratoires, à un statut de parents pris en charge par leurs propres enfants. Il y a là une somme d'occasions pour s'attarder sur la survivance des apports sociaux et culturels de référence dans leur mise en épreuve en situation migratoire. Bref, nous sommes devant des chantiers qui ne sont pas explorés et il serait plus honnête intellectuellement de mesurer et d'admettre notre ignorance que nous livrer à un propos généraliste, sans contenu et qui serait préjudiciable à une compréhension satisfaisante, large, de ces réalités absentes, erreur commise déjà par l'impact prééminent qu'avait pris la seule situation des hommes vieillissant isolés pendant longtemps.

12/12/2011, Omar Samaoli

Source : Yabiladi

Toute la semaine, "Le Nouvel Observateur" présente des portraits d'étudiants étrangers, nouvelle cible de Claude Guéant pour réduire l'immigration. Aujourd'hui, Mehdi.

Mehdi, 25 ans, est ingénieur dans le nucléaire. Il est marocain mais a fait ses études en France. Il a travaillé chez Areva. Pourtant, aujourd’hui on lui demande de rentrer "chez lui".

Tout juste diplômé de l’Ecole des Mines de Douai et de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN), le jeune homme décroche un CDI, à 2100 euros nets par mois, dans une grande entreprise de technologies dont il préfère taire le nom. Pendant cinq mois, il est détaché chez Areva comme ingénieur d’études en thermohydraulique des réacteurs. Toujours avec sa carte de séjour "étudiant".

Refus de changement de statut

En juillet, il demande son changement de statut pour obtenir un titre de "salarié". Mais le 5 octobre, fin de la belle aventure : il reçoit une lettre de refus. Motif officiel : "La situation actuelle de l'emploi ne permet pas d'envisager favorablement votre admission sur le marché du travail. De plus, votre employeur n'a pas pu justifier d'une réelle difficulté de recrutement." Pourtant, selon Mehdi, "les chiffres officiels disent qu'il manque 10.000 ingénieurs en France".

Conséquence directe de la circulaire Guéant du 31 mai, qui enjoint les préfets d'examiner avec plus de "rigueur" ces changements de statut d'étudiant à salarié ? Depuis la diffusion de ce texte, qui vise à réduire l’immigration professionnelle, ils sont des centaines de diplômés étrangers à se voir opposer une fin de non-recevoir.

Du jour au lendemain, Mehdi se retrouve sans autorisation de travail ni de séjour, dans l’illégalité. Sans papiers. Son entreprise a immédiatement rompu son contrat. "Ils étaient dégoûtés, dit-il. En plus, ils doivent me verser des indemnités. C’est perdant pour tout le monde".

"Boucan Guéant"

Le 8 décembre, Mehdi participe, sur le parvis de l’université Paris 7 Denis-Diderot, au "Boucan Guéant", cette manifestation hebdomadaire organisée par la Confédération étudiante et le Collectif du 31 mai pour protester contre la politique agressive du ministre de l’Intérieur à l’encontre des étudiants étrangers. Il est complètement abattu. "Le fait que je n’ai pas vécu au Maroc depuis des années, que j’ai des amis ici, une copine, un logement, un bon travail, ça ils s’en foutent !" Et puis que faire de son diplôme dans le nucléaire au Maroc ? Il soupire : "Il n’y a pas de nucléaire là-bas…"

"J’ai mandaté une avocate", annonce-t-il gravement. Elle a déposé deux recours contre cette décision. "Si au final j’obtiens mon changement de statut, je récupère mon poste. Mais si d’ici là je me fais contrôler, je suis mal". Et s’il essuie un nouveau refus ? "J’essaierais d’aller travailler au Canada, en espérant qu’ils soient moins crétins".

12/12/2011, Lisa Vaturi

Source : Le Nouvel Observateur

Le Centre Euro-méditerranéen de Migration et Développement (EMCEMO) et la Maison d’Édition Universitaire de l’Université d’Amsterdam (AUP) lancent le livre « Islamophobie et Discrimination aux Pays-Bas » par la Professeur Ineke van der Valk le 12 janvier 2012 à Amsterdam.

Ce Livre a été rendu possible grâce au soutien du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger…Suite

L'association musulmane d'Alençon, en Basse-Normandie, attendait la création d’un cimetière musulman depuis plusieurs années. C’est chose faite depuis fin octobre, date à laquelle la municipalité a promis le tracé de l’espace au cimetière Notre-Dame.

Ouest-France revient, lundi 12 décembre, sur cette avancée qui ravit les musulmans de la région. « L'islam ne demande qu'à s'intégrer selon la loi laïque. La création d'un espace musulman dans les cimetières contribue à stabiliser les populations musulmanes de France », a indiqué David Lallemand, chargé de communication de l'association.

« Le droit au cimetière musulman est légitime parce qu'il est inadmissible d'attendre les vacances pour aller se recueillir sur les tombes des siens. Avoir les siens enterrés près de soi exprime la volonté d'une intégration réelle, donc de racines. Ainsi, s'intégrer, c'est aussi exister en tant que mort. L'intégration passe avant tout par la désintégration du corps ici, en France », a-t-il ajouté.

12 Décembre 2011

Source : Saphir News

Le gouvernement canadien a l'intention de révoquer la citoyenneté de 2100 personnes qui auraient obtenu leur statut par des moyens frauduleux, soit 300 de plus que ce qui avait été annoncé en juillet dernier, a déclaré, vendredi, le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenny.

Cette mesure envoie un "message très clair" à tous ceux qui pensent pouvoir "abuser" du système canadien, a indiqué le ministre de l'Immigration, lors d'un point de presse à Montréal, précisant qu'au total 6500 personnes sont visées par les enquêtes de son département.

"La citoyenneté canadienne n'est pas à vendre", a-t-il soutenu, réaffirmant que Citoyenneté et Immigration Canada appliquera "fermement" les lois canadiennes et prendra les mesures qui s'imposent dans le cas des personnes qui ont acquis la citoyenneté de manière frauduleuse.

Il a aussi ajouté que son ministère se penche depuis un certain temps sur le cas de personnes qui n'ont pas encore acquis la citoyenneté. "Les dossiers de près de 4 400 résidents permanents que l'on sait impliqués dans un stratagème de fraudes en matière de résidence sont soumis à une surveillance particulière et ces personnes feront l'objet d'un signalement si elles tentent d'entrer au Canada ou d'acquérir la citoyenneté canadienne", a-t-il précisé, estimant que "la majorité de ces personnes se trouvent à l'extérieur du pays".

"A ce jour, parmi les 4400 résidents permanents signalés, quelque 1400 ont retiré ou abandonné leur demande de citoyenneté en raison de cette surveillance accrue du ministère", a-t-il déclaré.

Le ministre canadien prévient que son gouvernement ne tolérera aucune fraude et pourrait révoquer le statut des fraudeurs, voire les expulser du pays.

"Le ministère travaille en étroite collaboration avec l'Agence des services frontaliers du Canada, la Gendarmerie royale du Canada et les bureaux canadiens à l'étranger pour empêcher les gens que l'on soupçonne de ne pas se conformer à l'obligation liée à la résidence permanente d'être admis au Canada sans avoir à prouver qu'ils se conforment à cette obligation, et pour prendre les mesures d'exécution de la loi qui s'imposent, le cas échéant", a ajouté M. Kenney.

Immigration Canada vise ainsi les résidents permanents qui ont recours à des consultants en immigration "malhonnêtes" pour obtenir des preuves de résidence au Canada, alors qu'ils vivent en permanence ou la plupart du temps à l'étranger, a-t-il dit.

Le projet de loi C-35, présenté au départ sous le nom de "Loi sévissant contre les consultants véreux", est entré en vigueur le 30 juin 2011. La Loi permet d'infliger des sanctions aux personnes qui fournissent, ou offrent de fournir des conseils ou des services de représentation de manière non autorisée contre rémunération, et ce à n'importe quelle étape d'une demande ou d'une instance en matière d'immigration.

10/12/2011

Source : MAP

Le ministre français de l'Intérieur Claude Guéant a estimé dimanche que les étrangers résidant en France devaient respecter "ce qui fait l'art de vivre français, comme les civilités, la politesse, la gentillesse".

Sur la chaîne de télévision France 5, il a rejeté une limitation à 10.000 du nombre des étrangers admis légalement sur le territoire, prônée par le Front national (extrême droite), contre 200.000 autorisés actuellement en vertu des flux migratoires "maîtrisés" défendus par le gouvernement.

"La proposition de Mme Le Pen n'a aucun sens", a dit M. Guéant. "Le Front National dit qu'il faut limiter l'immigration légale à 10.000, cela voudrait dire que nous n'accueillons plus d'étudiants étrangers en France, que nous n'accueillons plus les demandeurs d'asile politique", a relevé le ministre de l'Intérieur, soulignant que "ce serait contraire au droit international" et reviendrait sur la "grande tradition française" d'"accueil des persécutés qui viennent du monde entier".

M. Guéant, à l'origine d'une circulaire controversée restreignant la possibilité pour des diplômés étrangers d'obtenir un statut de salarié, a défendu la politique gouvernementale d'immigration légale "maîtrisée", avec le projet d'"intégrer ceux qui viennent chez nous" et "une vision de société".

"Nous souhaitons que la France reste respecteuse de ses traditions, de son droit, des grands principes qui l'animent et que ceux qui viennent puissent adopter ces règles, notre façon de vivre, y compris ce qui fait l'art de vivre français, comme les civilités, la politesse, la gentillesse des uns envers les autres", a-t-il dit.

"Lorsqu'il y a moins d'immigrés légaux nous pouvons mieux les accueillir" et "ce n'est pas la peine de faire venir des chômeurs supplémentaires de l'extérieur", a-t-il ajouté.

Défendant sa politique de lutte contre l'immigration clandestine, il a aussi préconisé d'accélérer la procédure de demande d'asile afin d'éviter des "débordements" dus à l'instruction "trop longue" des 60.000 dossiers déposés cette année, pour 10.000 qui reçoivent finalement le statut.

11/12/2011

Source : Canoë/AFP

La question de l'émigration, qui a pris un relief inquiétant dans un contexte de montée de l'extrême droite, est inscrite dans tous les agendas des responsables politiques en Europe, où vit la majorité de nos émigrés. Dans cette vaste problématique, figure l'émigration ou plutôt l'exode des cerveaux qui a un coût énorme pour les pays en voie de développement. Au moment où la mondialisation accélère le mouvement migratoire des compétences scientifiques, dont le Maroc a plus que jamais besoin pour se construire, la question de la captation de la matière grise sous toutes ses formes est posée...Suite

La rareté des ressources,  surtout celles qui sont facilement traitables, crée de plus en plus d’incertitudes…Suite

De par son ampleur et sa complexité, la migration est devenue un phénomène planétaire qui nécessite une approche novatrice, globale et équilibrée basée sur le dialogue, la concertation et la coopération de tous les acteurs concernés, a indiqué l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations unies à Genève, M.Omar Hilale.

Intervenant lors de la 100ème session du Conseil de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), tenue à Genève du 05 au 07 décembre, M. Hilale a ajouté que le Maroc estime que les réponses aux défis migratoires contemporains devraient contribuer à mettre en porte à faux les réflexes de repli identitaire, à lutter contre les comportements xénophobes et à valoriser l'apport bénéfique de la migration et le potentiel positif qu'elle recèle pour l'économie mondiale et pour le rapprochement entre les peuples et civilisations du monde.

Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, le Maroc considère que l'OIM demeure le principal acteur de la scène migratoire mondiale et une composante essentielle de la gouvernance de cette problématique. De ce fait, a estimé le diplomate marocain, l'Organisation est appelée à assumer pleinement sa responsabilité et jouer le rôle que lui impose son statut de chef de file de la scène migratoire internationale afin de s'adapter aux mutations et transformation rapides qui marquent la scène migratoire mondiale.
Il a, d'autre part, fait savoir que le Maroc, qui a de tout temps été un pays ouvert à la migration, est parfaitement conscient des exigences que lui impose sa situation géographique et son triple statut de pays d'origine, de transit et de destination.

Il est également conscient de l'importance de la contribution de sa diaspora qui constitue 12 pc de sa population ( soit plus de 4 millions ressortissants) et du potentiel qu'elle représente pour son économie, a ajouté l'ambassadeur marocain, précisant que c'est dans ce contexte que le Royaume s'est doté, depuis longtemps, d'une feuille de route pour sa politique et a pris un ensemble de mesures institutionnelles et juridiques pour sa mise en oeuvre. Cette politique, a-t-il souligné, vient d'être consolidée par les dispositions de la nouvelle constitution, adoptée par référendum, le ter juillet 2011, qui traduit l'engagement irréversible du Maroc pour la consolidation de l'Etat de droit et le renforcement des différents aspects des droits de l'homme. Il a signalé que les droits des migrants y sont fortement présents et un intérêt particulier est accordé aux Marocains Résident à l'Etranger en vue de leur permettre d'exercer pleinement leur citoyenneté et de participer activement à la vie politique, sociale et culturelle du Maroc.

La création d'un ministère spécifiquement dédié à la Communauté Marocaine Résidant à l'étranger a couronné la construction de l'édifice institutionnel du pays qui comprend d'autres entités, a-t-il précisé, citant à cet égard le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) et la Fondation Hassan II pour les Marocains Résidant à l'Etranger.

/11/2011

Source : MAP

Une proposition de loi relative au droit de vote des étrangers a été adoptée au Sénat, après avoir été débattue en la présence du Premier ministre. En rappelant les termes historiques du clivage à ce sujet, ce texte défend l'idée d'un patriotisme constitutionnel démocratique, ouvert au vote des étrangers aux élections locales.

Une première conception de la citoyenneté est indissociablement liée au nationalisme. Elle limite le droit de vote et d'éligibilité à la nationalité et remonte à la période révolutionnaire : plus précisément à partir de 1793, dès lors que les partisans de la République entrent en conflit frontal avec la réaction monarchique européenne, une rétraction de l'universalisme conduit à limiter la citoyenneté aux seuls Français.

Depuis lors, y compris lorsque le suffrage universel direct devient la norme (soit à partir de la seconde République – 1848), non seulement il n'est que masculin – jusqu'en 1945 –, mais encore, il exclut systématiquement les étrangers.

Citoyenneté = nationalité ?

Le débat sur l'assimilation entre citoyenneté et nationalité ressurgit après guerre, pendant la phase de décolonisation et surtout en réaction à la Seconde Guerre mondiale, qui a démontré jusqu'à quelle inadmissible absurdité peut conduire le nationalisme populiste.

La question reste posée et le dernier discours de François Mitterrand face aux chefs d'Etat européens en 1995 résonne encore : « Le nationalisme, c'est la guerre. »

Dans tous les cas, dans l'histoire européenne, un nationalisme à la fois revanchard, militariste, raciste, conduit au déferlement des haines.

Mais le nationalisme universaliste porté par le projet révolutionnaire des Lumières déroge à cette loi du sang et conduit à privilégier le droit du sol ; le patriotisme constitutionnel, sans nier la réalité des nations en tant que communautés politiques et culturelles aux traditions spécifiques, veut promouvoir la participation à la vie publique et politique à partir du critère de résidence, sans discrimination fondée sur l'origine, la race, la religion…

Cette seconde conception de la citoyenneté est plus conforme aux idéaux de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et à ceux de la déclaration universelle de 1948. La citoyenneté peut alors ne plus être strictement assimilée à la nationalité.

Droite de vote des étrangers : notre histoire constitutionnelle dit « oui »

Il est donc tout à fait conforme à notre patrimoine constitutionnel de défendre un projet de citoyenneté qui permette aux élections locales, aux étrangers résidant par exemple depuis cinq ans dans leurs communes, de voter et d'être éligibles.

Il faut rappeler que cette évolution favorable à la diversité juridique tout en ne retenant pas le concept de discrimination positive, est déjà actée depuis les années 90 au sujet de la citoyenneté européenne : les résidents européens non nationaux votent et sont éligibles en France aux élections municipales et européennes.

De fait comme de droit, la citoyenneté a été depuis lors, dissociée de la nationalité.

Rappelons qu'en conformité à l'identité constitutionnelle de la France, en vertu d'une future proposition de loi, les étrangers ne pourront pas participer aux élections en lien direct avec la souveraineté nationale (sénatoriales, législatives et présidentielle).

Ainsi, en respectant les déclarations universelles des droits et sans déroger à la tradition, le patriotisme constitutionnel démocratique propose judicieusement, de faire davantage de place à la diversité.

11/12/2011, Olivier Rouquan

Source : Rue 89

Le gouvernement fédéral ne tolèrera plus que de nouvelles immigrantes cachent leur visage derrière un voile intégral islamique lorsqu’elles seront assermentées comme citoyennes canadiennes.

Ce précédent entourant le port du niqab et de la burqa entre en vigueur dès lundi à travers le pays, selon des sources au ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration.

Selon nos informations, le bureau du ministre Jason Kenney a pris cette décision à la suite de plaintes provenant non seulement de la population, mais aussi de certains de ses juges de la citoyenneté.

On dénonçait que le port du voile intégral lors de ces cérémonies constitue un accroc au principe d’égalité entre citoyens, hommes et femmes.

De plus, le gouvernement Harper partageait le malaise de ses juges administratifs qui assermentaient des femmes au visage voilé, sans être capables de vérifier leur identité. «Si une candidate refuse de découvrir son visage, on lui refusera sa citoyenneté, a fait valoir une source gouvernementale bien au fait du dossier. On n’impose pas de culture ou de religion. On souhaite simplement que ces personnes se joignent à la société canadienne d’une manière qui soit acceptable pour la société canadienne.»

Point sensible au Québec

Ottawa ne conserve pas de données précises sur le nombre de citoyennes canadiennes ayant prêté serment alors qu’elles portaient le niqab (voile couvrant le visage à l’exception des yeux) ou la burqa (vêtement d’origine afghane qui couvre l’ensemble du corps et doté d’un grillage tissé à la hauteur des yeux).

Le ministère n’était pas non plus en mesure d’élaborer sur des cas semblables au Québec. «Mais il y en a eu. Et pas seulement deux ou trois», ont rappelé nos sources, conscientes qu’il s’agit d’un point «sensible» dans la province où le voile intégral a alimenté le débat sur les accommodements raisonnables et la commission Bouchard-Taylor en 2007.

Pas d’interdiction en public

Le gouvernement Harper n’a toutefois pas l’intention de légiférer afin de bannir le port du niqab et de la burqa dans une plus large mesure, notamment dans les bureaux des services publics.

En février 2010, le ministre Kenney s’était dit «contre l’idée que l’État doive réglementer les vêtements des citoyens canadiens, qui sont des gens libres». Il s’est cependant montré favorable à un projet de loi n’ayant pas eu de suite, l’hiver dernier, pour obliger tout électeur à montrer son visage dans les bureaux de scrutin.

M. Kenney doit prononcer une allocution à Montréal, lundi, devant les membres d’une communauté culturelle.

Chaque année, une trentaine de juges de la citoyenneté du Canada président plus de 2500 cérémonies, lors desquelles plus de 170 000 immigrants sont assermentés en tant que nouveaux citoyens du pays.

11/12/2011, Éric Thibault

Source : Canoë/Agence QMI

Le Sénat a adopté jeudi soir la proposition de loi sur le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales. La Belgique a voté une réforme similaire en 2004. Que peut-on en tirer ?

Atlantico : Vous avez étudié la sociologie du vote des étrangers et des immigrés en Belgique. Quelle est votre analyse ?

Andrea Rea : Dans la revue française de sciences politiques (2010), notre article tente d’expliquer les raisons pour lesquelles -de manière globale- on remarque qu’il y a une très forte représentation politique des différents rangs de migrants en Belgique. En insistant surtout sur un déterminant essentiel : la loi électorale même. Cette dernière favorise l’émergence de candidats issus de l'immigration, ce qui suppose aussi que les partis s’ouvrent. Mais fondamentalement, comme la loi électorale fonctionne sous une logique de vote obligatoire, cela change beaucoup de choses.

Difficile donc de faire un parallèle avec un éventuel vote en France…

Oui, c’est pourquoi, on insiste beaucoup sur le fait que c’est la loi électorale qui rend surtout possible le vote de personnes issues de l’immigration. De même qu’on montre (dans ce même papier) d’une manière assez forte que l’étude est essentiellement sur Bruxelles, en comparant avec des municipalités différentes. Et on voit de manière évidente que certains partis sont en fait totalement dépendant de ce vote-là. Et en particulier le Parti socialiste. Il arrive fondamentalement à devenir le parti en tête parce que – et dans ce cas-ci- surtout pour une municipalité –Molenbeek. Les Belges d’origine marocaine votent à plus de 80% pour ce parti-là. Il y a quand même des éléments liés fondamentalement à des critères institutionnels plutôt qu’à des mobilisations. D’autres sont aussi mis en évidence, comme la question de l’organisation. Il existe beaucoup d’organisations et d’associations. On voit bien que la mobilisation politique s’inscrit dans la prolongation d’activités sociales : dans des associations, dans un militantisme social local, dans les syndicats, etc.

Peut-on soupçonner le PS de vouloir donner le droit de vote aux immigrés pour de bonnes intentions humanistes mais aussi pour accéder à un réservoir de voix supposé ?

Oui. C'est la même proposition que le Pidi -le Parti démocrate- en Italie ou le PSOE - le Parti socialiste - en Espagne. Donc c'est dans une logique d'élargissement de la démocratie d'une part. Mais auprès d'un réservoir de votes que l'on pense -traditionnellement- davantage orientés vers les partis de gauche.

On remarque deux éléments. Primo il existe une raison idéologique car seule la gauche peut soutenir cette proposition. Secundo : on note cette logique politique pour élargir sa base électorale.

En Belgique, les immigrés non membres de l'Union européenne peuvent voter sans être éligibles, depuis 2004. Et ce vote est très important car il est obligatoire en Belgique. Pourtant, 20% seulement des potentiels nouveaux électeurs se sont inscrits. Donc, le fait d'attribuer le droit de vote à des personnes qui ne votent pas traditionnellement, ne donne pas nécessairement une participation politique gigantesque. Cependant, quand ces électeurs votent, on note que la dimension nationale compte énormément. Ainsi, les Marocains ou les personnes originaires du Maroc votent pour les Marocains. Et les personnes d'origine turque; votent pour des Belges d'origine turque.

Nous avons en Belgique quelque chose qu'il n'y aura jamais en France. La ministre de la Culture, Fadila Laana, est d'origine marocaine. Vous aviez Rachida Dati mais à la Justice : c'était pour "réprimer", pas pour la culture...

9/12/2011, Antoine de Tournemire

Source : Atlantico

A l’appel des organisations participant sous différentes formes aux luttes des immigré.e.s et aux actions concrètes de soutien…Suite

La Casa Arabe rendra hommage, le mercredi 14 décembre, à l’immigration arabe. Un colloque sera, organisé, en partenariat avec la Ligue arabe, au siège du centre culturel espagnol, à Madrid, pour célébrer « La journée de l’immigrant arabe ».

La rencontre verra, notamment, la présence de Hassine Bouzid, chef de mission de la Ligue arabe à Madrid qui interviendra sur « L'importance accordée par la Ligue des États arabes aux immigrants arabes ». L’événement connaitra, également, la participation de Mohammed Anouar Haidour, un Marocain opérant dans le domaine de « l'immigration et des communautés arabes en Espagne » et Mohammed Hanèche, ambassadeur de l’Algérie en Espagne.

8/12/2011

Source : Yabiladi

La piqûre de rappel sur la disposition législative de 2006 sur le changement de statut des étudiants étrangers fait toujours polémique…Suite

En matière d’immigration, alors que la droite s’est lancée dans une fuite en avant vertigineuse, qui la précipite chaque jour davantage vers l’abîme de l’extrême droite, la gauche doit aujourd’hui choisir entre trois stratégies. La première se contente d’offrir une version atténuée de la politique actuelle. C’est ainsi qu’en 2007, sans contester la logique du «cas par cas», Ségolène Royal proposait seulement de lui donner un visage plus humain. Au nom du réalisme, voire des classes populaires, c’était reconnaître que la droite pose les bonnes questions.

8/12/2011

Source : Libération

La grogne sociale monte d’un cran chez les enseignants de la langue arabe et de la culture marocaine en fonction à l’étranger. Ainsi, et après une série de sit-in dont le dernier remonte au 5 décembre dernier, ils comptent protester les 12 et 19 décembre courant devant l’ambassade du Maroc à Bruxelles et observer une grève le mercredi 18 janvier 2012 accompagnée d’un sit-in devant l’ambassade du Maroc à Paris. Pour cause : le non-respect de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger de ses engagements.

Selon un communiqué du Comité syndical des enseignants de la langue arabe et de la culture d’origine en Belgique (CSELACM), affilié à la FDT, dont Libé détient une copie, la décision d’observer ces sit-in a été prise lors de la réunion dudit comité le 21 octobre à Bruxelles pour exprimer le mécontentement des enseignants face à la politique de la sourde oreille menée par l’administration de la Fondation quant à leurs revendications.

En effet, ces derniers reprochent à celle-ci son peu d’empressement à s’acquitter du paiement des salaires encore dus, à mettre à jour ceux-ci pour les rendre conformes aux échelons et grades, à la normalisation de leurs statuts en tenant compte de l’indemnité journalière de séjour et de taux de chancellerie conformément à la lettre du MEF n° 1357 du 19 mars 2010.

Les syndicalistes du CSELACM critiquent également le non versement des indemnités de voyage pour l’année 2010, la non régularisation des problèmes du logement et l’absence de couverture sociale.

Des critiques qui font l’unanimité des enseignants affiliés au Comité local des enseignants de la langue arabe et de la culture marocaine exerçant à Paris-Ile de France, à Strasbourg, à Dijon et en Catalogne et qui ont tous dénoncé l’absence de toute réponse favorable de la Fondation à leurs revendications. Ces enseignants ne semblent pas prêts à lâcher du lest. Ils sont déterminés à lutter, avec tous les moyens légitimes, pour améliorer leurs conditions de travail, jugées de plus en plus difficiles dans les pays d’accueil.

Des propos qui semblent tomber dans l’oreille d’un sourd puisque la Fondation Hassan II pour les MRE a préféré leur répondre en embauchant de nouveaux enseignants.

Pas plus tard que cette semaine, elle a achevé les procédures d’affectation de 89 nouveaux enseignants qui se mettront au service des enfants de la communauté marocaine résidant en France à partir de cette année.

Cette opération obéit, selon elle, à un double impératif, à savoir le remplacement de 63 enseignants ayant bénéficié des départs volontaires et le renforcement des effectifs par la création de 26 nouveaux postes pour répondre aux attentes des familles MRE.
Les enseignants nouvellement recrutés s’ajoutent ainsi aux 514 enseignants déjà en poste à l’étranger chargés d’enseigner la langue arabe et de transmettre la culture marocaine aux enfants de l’immigration en Europe, notamment en France, en Belgique, en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne, au Danemark et en Norvège.

A rappeler que le programme d’enseignement de la langue arabe et de la culture marocaine, a été initié par la Fondation Hassan II pour les MRE en collaboration avec le ministère de l’Education nationale. Il a pour objectif de contribuer à la préservation de l’identité culturelle des enfants marocains vivant à l’étranger et, partant, à permettre à ces derniers de maintenir des liens solides avec leur pays d’origine.

9/12/2011, Hassan Bentaleb

Source : Libération

Le Sénat a adopté jeudi soir par 173 voix contre 166 la proposition de loi constitutionnelle de la majorité de gauche accordant le droit de vote aux municipales aux étrangers non communautaires.

Ce vote est intervenu après un long débat houleux au cours duquel la droite, menée par le premier ministre François Fillon, s'est vivement opposée mais vainement à ce texte.

Quelque 300 partisans et adversaires du projet, séparés par un cordon policier, se sont rassemblés près du Sénat à l'appel d'une partie de la gauche pour les premiers, et du Front national pour les seconds. Deux candidats à la présidentielle avaient fait le déplacement: la patronne du FN Marine Le Pen et l'écologiste Eva Joly.

Citoyenneté et nationalité, immigration et communautarisme... Les clivages profonds entre gauche et droite ont été mis en exergue.

Fait exceptionnel: c'est François Fillon qui a ouvert le débat pour "exprimer" sa ferme "opposition" à un "travail de sape d'un des fondements de notre République".

"La gauche s'engage dans une voie dangereuse avec légèreté", en prenant "le risque de vider la nationalité et la citoyenneté française de leur substance", a lancé le Premier ministre devant un hémicycle clairsemé mais animé.

"Dissocier le droit de vote de la nationalité française, c'est prendre le risque de communautariser le débat public", a-t-il jugé.

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a rappelé la position de la majorité: "On vote parce que l'on est citoyen, on est citoyen parce que l'on est Français, on n'est pas citoyen parce que l'on habite en France".

Esther Benbassa (EELV), rapporteure, a répliqué en lisant à la tribune des déclarations passées en faveur de ce droit, prononcées jadis par Nicolas Sarkozy, Eric Besson (ministre de l'Industrie), l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin ou encore Brice Hortefeux.

"Ce sont d'autres discours que nous entendons désormais" a déploré cette universitaire, qui possède la triple nationalité franco-turque-israélienne. "J'ai ai été moi-même une étrangère, une immigrée", a-t-elle noté.

En inscrivant à l'ordre du jour le même texte voté à l'Assemblée en mai 2000 sous le gouvernement de Lionel Jospin -et qui avait été bloqué par le Sénat de droite-, la gauche sénatoriale a voulu lancer un signal politique avant la présidentielle.

Nicolas Sarkozy avait le premier taxé cette proposition d'"hasardeuse". L'UMP, notamment la Droite populaire, a ensuite accusé la gauche de "brader la citoyenneté". Claude Guéant a agité la crainte de voir "la majorité des maires devenir étrangers" en Seine-Saint-Denis.

Or le texte ne permet pas aux étrangers de devenir maire ni de participer aux élections sénatoriales en tant que grands électeurs. Ils pourraient seulement être élus conseillers municipaux. Une loi organique déciderait des modalités, notamment de la condition de résidence, qui devrait être de cinq ans.

Le vote, qui devrait intervenir dans la soirée, promet d'être très serré, certaines voix du RDSE (PRG) faisant défaut à la majorité, comme celle de Jean-Pierre Chevènement, qui ne prendra pas part au vote.

Mais les centristes étant aussi divisés, la proposition devrait être approuvée. François Bayrou (MoDem) dit oui tandis que le patron des sénateurs centristes, François Zocchetto, dit non. Mardi, Jean-Louis Borloo pensait que ses "amis" au Sénat voteraient le texte ou s'abstiendraient.

La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a elle demandé dans un communiqué "que la foire d’empoigne laisse place à l’analyse", déplorant que cette question "soit instrumentalisée à l’aube de chaque scrutin".

Ce texte constitutionnel n'a aucune chance d'être voté sous cette législature. Il ne pourra être adopté conforme (définitivement) et reviendra donc devant l'Assemblée nationale.

9/12/2011

Source : Libération/AFP

Des réponses diverses ont été apportées jusqu'ici à la question du vote aux élections locales des étrangers non-européens.

Depuis le traité de Maastricht, en 1992, tous les citoyens de l'Union européenne peuvent voter - et se présenter - dans un autre État membre aux élections européennes et municipales. Mais en ce qui concerne les étrangers extracommunautaires, les règles sont différentes selon les États. La plupart l'autorisent, à certaines conditions.

Pionnière en la matière, l'Irlande autorise, depuis 1963, tous les résidents étrangers à voter aux élections municipales, sans durée minimale de résidence. Depuis 1985, les ressortissants britanniques peuvent même voter aux législatives.

La Suède (en 1975), le Danemark (en 1981), les Pays-Bas (en 1983), le Luxembourg (en 2003) et la Belgique (en 2004) ont octroyé le droit de vote à tous les étrangers qui résident sur leur territoire depuis plusieurs années - entre deux et cinq ans. L'Estonie, la Slovénie, la Lituanie, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie ont pris les mêmes dispositions. Le Danemark, la Finlande et la Suède permettent aux Islandais et aux Norvégiens de voter sans condition de durée de résidence, en vertu d'un accord au sein du Conseil nordique.

En Grèce, lors des municipales de novembre 2010, les étrangers ont pu voter pour la première fois. Mais en mars dernier, le Conseil constitutionnel a jugé la loi, votée en mars 2010, inconstitutionnelle. La Cour suprême va devoir trancher.

Ressortissants des anciennes colonies

L'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni accordent le droit de vote aux ressortissants de certains pays, notamment leurs anciennes colonies. L'Espagne et le Portugal, sous réserve de réciprocité et de durée de résidence. La Grande-Bretagne ouvre tous ses scrutins - locaux et nationaux - aux citoyens du Commonwealth (qui compte 54 États membres) et aux Irlandais.

Comme la France, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie, la Bulgarie, la Lettonie, la Pologne, la Roumanie, Chypre et Malte s'opposent au droit de vote des étrangers hors Union européenne.

En ce qui concerne l'éligibilité, les étrangers disposant du droit de vote sont éligibles aux assemblées municipales au Danemark, Espagne, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suède et au Royaume-Uni sous certaines conditions. En Irlande, il n'y a aucune restriction.

Enfin, deux États accordent le droit de vote à d'autres élections que les municipales : le Danemark (pour les régionales) et la Suède (à l'équivalent des conseils généraux). En Suède, les étrangers peuvent même participer à des référendums nationaux.

8/12/2011, Stéphane Kovacs

Source : Le Figaro

Par 173 voix contre 166, la nouvelle majorité de gauche au Sénat a adopté jeudi soir une proposition de loi constitutionnelle étendant aux étrangers non communautaires le droit de vote aux élections municipales. Pour l'instant, ce vote reste un symbole, le texte constitutionnel n'ayant aucune chance d'aboutir sous cette législature, la majorité de droite à l'Assemblée nationale et Nicolas Sarkozy s'étant prononcés contre.

Elle pourrait en revanche aller au bout en cas d'élection de François Hollande à la présidence de la République.
Ce vote est intervenu après un long débat houleux au cours duquel la droite, menée par le premier ministre François Fillon, a sorti l'artillerie lourde contre ce texte.

Le texte permet aux étrangers d'être élus conseillers municipaux mais interdit qu'ils deviennent maires et participent aux élections sénatoriales en tant que grands électeurs. Une loi organique devrait décider des modalités, notamment de la condition de résidence, qui devrait être de cinq ans.

«C'est pour nous un moment important, une réparation de la discrimination qui existe sur le territoire entre les étrangers non communautaires et communautaires», a lancé la présidente du groupe communiste Nicole Borvo Cohen-Seat. Les ressortissants de l'Union Européenne ont le droit de vote local depuis la ratification du traité de Maastricht.

Dans la journée, les abords du Sénat avaient été le théâtre de deux manifestations : les partisans au droit de vote des étrangers avaient défilé avec Eva Joly, tandis que les opposants protestaient aux côtés de Marine Le Pen.

9/12/2012

Source : Le Parisien

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