Historienne des migrations marocaines aux Pays-Bas, Nadia Bouras, suis actuellement un doctorat en Genre et migrations à l’Université de Leiden. Nadia Bouras a été approchée par Yabiladi.com, à l’occasion de sa participation au 16e SIEL. Elle nous donne des détails sur ses recherches. Elle s’exprime sur les immigrés marocains vivant aux Pays-Bas et donne son avis sur l’intégration de la nouvelle génération, aussi bien au Maroc que dans le pays d’accueil.
Les profils des immigrés Marocains ont beaucoup changé depuis l’arrivée de la première vague aux Pays-Bas, il y a un demi-siècle. Après avoir travaillé sur la "Migration des femmes marocaines aux Pays-Bas, 1967-1980", Nadia Bouras tente toujours de comprendre davantage l’immigration marocaine dans le temps et son intégration dans son pays d’adoption. Pour ce faire, ses recherches se focalisent sur les études des migrations marocaines depuis leur début (années 1960) jusqu’à nos jours. Elle essaye notamment de connaître en profondeur les liens unissant les Marocains des Pays-Bas à leur origine, les différences de comportement homme-femme entre le Maroc et dans le pays d’accueil…
L’historienne qui est également membre du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), pensent que les jeunes de la deuxième génération, gardent un lien avec le Maroc, et ce, pour plusieurs raisons. "On peut être Marocain et Hollandais en même temps" d'après elle.
Née novembre 1981 à Amsterdam, Nadia Bouras fait partie membre des conseils d’administration d’EMCEMO (Centre euro-méditerranéen migration et développement basé à Amsterdam et de Gresen Links Amsterdam (Parti vert gauche).
Source : Yabiladi
S'il y a un apport efficace apporté par la manifestation «Marocains du monde» au Salon international de l’édition et du livre de Casablanca, c'est bien d'avoir permis la publication d'ouvrages d'auteurs marocains vivants à l'étranger en les traduisant notamment en arabe ou en français pour ceux écrit en néerlandais, mais aussi d'avoir permis de donner la parole à des Marocains pour exprimer le souci de la recherche de leurs racines conçue comme une demande essentielle pour des représentants de la deuxième génération présents au salon.
Plusieurs tables-rondes ont été organisées par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCEM) sur l'immigration. Ainsi, après les tables rondes «Migrations vues d'Asie», «Revues en immigration et immigration en revues», «Les écrivains immigrés et la langue italienne», «Influences marocaines dans la littérature néerlandaise» ainsi que «L'immigration dans la littérature amazighe» organisée par l'Institut Royal de Culture Amazigh, il y a eu dimanche une rencontre très attendue sous le thème «Histoire de l'immigration: initiations sociales et nouvelles pistes de recherche» organisée par le CCME. Cette table-ronde qui devait permettre de faire le point sur l'immigration marocaine en Europe où 80% des 3 millions et demi de MRE vivent aujourd'hui, a surtout donné la parole à des intervenants s'intéressant à l'histoire de l'immigration marocaine qui ont généralement déploré l'absence de prise en charge de cette Histoire dont la mémoire risque de se perdre à jamais avec la disparition des représentants de la première génération des migrants. Ce qui constituerait, le cas échéant, une amputation d'une partie intégrante de l'identité des générations à venir.
Au cours de cette rencontre, on avait eu à un aperçu sur la population des Marocains à l'étranger et surtout la situation de la recherche en histoire de l'immigration marocaine en France, en Belgique et en Hollande, à travers des expériences spécifiques où c'est surtout l'associatif qui semble avoir primé pour l'instant.
Emigration en mutation
Prenant la parole en premier, Driss El Yazami, président du CCME, devait rappeler les objectifs de l'hommage rendu par cette édition du SIEL, à travers les créateurs d'origine marocaine, à la diaspora marocaine. El Yazami a souligné au passage les changements intervenus au cours des dernières décennies dans l'émigration. Cette dernière s'est, en effet, grandement féminisée avec actuellement 50% de population féminine, ex-æquo avec l'émigration masculine, et «des femmes marocaines de plus en plus seules à émigrer», sans compter «une généralisation du phénomène à toutes les régions et à toutes les couches sociales».
Aussi, le «paradoxe marocain» s’illustre par une intégration assez rapide dans la société d'accueil et un très fort taux de naturalisation, tout en gardant un solide rapport de nostalgie avec le pays d'origine.
L'histoire de l'immigration marocaine est passée par bien des étapes très difficiles au cours du 20ème siècle. Les pionniers de ces flux migratoires avaient enduré le pire durant des décennies comme force de travail dans les mines et les usines. Des échos n'ont pas manqué de transparaître dans la littérature marocaine comme le roman de Driss Chraïbi «Les Boucs» (1955), premier roman poignant sur les problèmes de l'immigration maghrébine en France avec à la clef racisme, ségrégation, exclusion. Il y eut ensuite les poésies de Ali Sidki Azayku, les romans de Khair-Eddine «Soleil arachnide» (1969) et surtout «Le Déterreur» (1973) et, par la suite, Tahar Benjelloun «La plus haute des solitudes».
Depuis quelques années, avec l'émergence d'autres générations, l'expression littéraire des marocains résidants à l'étranger se fait à travers d'autres langues que le français, comme le néerlandais avec de très intéressants auteurs à l'instar de Abdelkader Benali, en Catalan comme Najat El-Hachimi qui a reçu le prix Ulysse de la première œuvre pour son roman «Le Dernier patriarche», en anglais etc. Les Marocains à l'étranger montrent une grande diversité et richesse, ce qui explique leur attachement à leurs racines et le pays d'origine. Cet intérêt pour les racines se traduit par un intérêt pour l'histoire et la mémoire ce qui explique la programmation de rencontres sur l'histoire de l'immigration.
Pour l'histoire, c'est l'institution militaire coloniale qui, au début du XXème siècle, avait enclenché les premiers grands flux migratoires.
«Ce que nous sommes aujourd'hui c'est aussi une conséquence de cette immigration» a souligné Driss El Yazami lors de cette table ronde en citant les cas typiques de Houssin Slaoui, Haj Belaid ou Agoumi comme exemples.
«On ne peut pas comprendre ce qu'ils ont été sans ce passage par l'émigration», a-t-il indiqué en ajoutant: «Mais jusqu'à la fin des années 80, l'histoire de l'immigration a été marginalisée».
Des affirmations confirmées et corroborées par Jacques Toubon, homme politique français, ancien ministre de la Culture et président du Conseil d'orientation de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration qui a ouvert ses portes en 2007. En effet, il devait notamment parler de la cité nationale de l'immigration qui constitue une avancée de taille sur l'amnésie. La connaissance autour de l'immigration en cours durant les dernières années a une double origine: des travaux scientifiques et des travaux associatifs militants. Jacques Toubon a rappelé que dans le passé «l'évocation des origines des immigrés représentait une hérésie». Comme si, en faisant état de ses origines, on compromettait le processus de l'intégration. Comme si on allait à rebours des fondements des principes de l'Etat. C'est à partir de 1990, avec le recensement général de la population, qu'on a autorisé, en France, à faire état de ses origines. A partir de 2002, une idée simple s'est imposée: la France est l'unique pays d'immigration en Europe jusqu'aux années 50! C'est donc après un demi siècle d'émigration de peuples vers la France que d'autres pays européens comme la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie ont commencé à connaître l'immigration.
La France, au début du XXème siècle, avait connu un déclin démographique et, pendant des décennies, on a assisté à ce qu'on a appelé le processus de «fabriquer des Français» à partir de populations venues d'abord d'Europe ensuite d'Afrique.
Mais si importante qu'elle soit, cette histoire de l'immigration était restée ignorée.
«Ce pays ne se racontait pas son histoire telle qu'elle était, contrairement à l'Amérique» précise Jacques Toubon en parlant de la France. Il ajoute: «Aujourd'hui, l'histoire de France c'est aussi l'histoire de l'immigration».
Il cite le cas du Pas-de-Calais dont le quart des 350 mille habitants est d'origine polonaise.
Du coup, la création de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration est un repère du grand changement intervenu dans la prise de conscience vis-à-vis de l'histoire de l'immigration comme un phénomène identitaire français.
La cité nationale de l'histoire de l'immigration est une structure comportant un musée de 1100 m2 abritant une exposition permanente racontant l'histoire de l'immigration du début du siècle passé à 2006. Une prochaine exposition aura pour thème «football et immigration».
Marocains de Hollande et effort de recherche
Parmi les communautés marocaines à l'étranger les plus dynamiques, il y a celle de Hollande. Déjà une image forte a été donnée par Dominique Caubet dans son livre «Shouf shouf Hollanda» (Tarik Editions, Casablanca, 2005) sur la richesse de créativité de la deuxième génération des Marocain de Hollande avec des écrivains, dramaturges, cinéastes, musiciens, génération qui en a étonné plus d'un avec une surprenante intégration au sein de la société d'accueil.
Faisant partie de cette deuxième génération de Marocains de Hollande, Nadia Bouras, très jeune historienne des migrations marocaines aux Pays-Bas venue participer au salon du livre, parle du rôle des femmes et surtout le phénomène de la «féminisation de l'immigration». Elle avait effectué des recherches en anglais et en néerlandais à l'Université de Leiden et elle est co-auteur d'un ouvrage «Marocains aux Pays-Bas: les pionniers racontent» qui figure parmi les ouvrages que le Conseil de la communauté des Marocains à l'Etranger s'est promis de publier dans le cadre de son programme de mise en valeur et de communication des travaux et créations des Marocains du monde à leur pays d'origine.
Pour Nadia Bouras, il s'agit de restituer l'histoire de l'immigration marocaine en Hollande de 1960 à aujourd'hui, en se ressourçant auprès de ceux de la première génération qui avaient vécu cette énorme saga de la fondation d'une communauté très intégrée dans la population néerlandaise et, en même temps, très viscéralement attachée au Maroc, pays d'origine.
Actuellement, il y a 340 milles marocains en Hollande dont 50% constituent la première génération et 50% la deuxième. La troisième génération est au stade du balbutiement. 80% des immigrés marocains de Hollande sont originaires du Rif.
Le problème principal soulevé par Nadia Bouras c'est que la deuxième génération ne connaît pas cette histoire de leur pays. Il s'agit de jeunes nés en Hollande ou né au Maroc et partis encore très jeunes s'établir dans ce pays dans le cadre du regroupement familial.
On apprend qu'il y a une grande différence entre la migration féminine et masculine. Bien que cette dernière soit la première à commencer au début, le rôle des femmes dans le phénomène migratoire a toujours été actif.
«Le discours sur les marocains en Hollande n'est pas historique» dit Nadia Bouras, souvent on évoque des problèmes sociaux mais sans dire cette histoire dans sa complexité et ses commencements.
En 2009, on a célébré 40 ans d'immigration marocaine en Hollande. Quel bilan en faire?
Réponse: «Il y a eu de nombreux livres écrits en Hollande sur l'immigration, à l'occasion du 40ème anniversaire, des livres en quantité qui peuvent remplir cette salle et même une autre, mais dans le lot, peu de travaux scientifiques qui fassent la part des choses dans une approche scientifique et historique».
En attendant, les jeunes chercheurs qui portent le souci de cette mémoire des origines et la vraie histoire des commencements, se tournent vers une activité d'ethnographes en enregistrant des interviews avec les anciens, documents vivants qui risquent de partir en laissant un vide.
J'enregistre des témoignages, c'est important pour préserver la mémoire de ce qui s'était passé, je travaille avec les archives d'Amsterdam. La deuxième génération ne connaît pas cette histoire de leur pays».
Nadia Bourras rappelle avec une évidente émotion l'expérience intéressante de l'exposition itinérante en bus de la Hollande vers le Maroc, «RifTour». Une manifestation qui a eu un vif succès. Elle était partie de La Haye pour Al Hoceima en traversant de nombreux douars du Rif et en passant par Berkane, Taourirt et Taza. L’objectif de l’expédition était de montrer, de rappeler la vie des pionniers de l'émigration rifaine vers la Hollande par des photos et récits d'expériences réussies des premiers travailleurs marocains aux Pays-Bas.
Le même constat sur la question de préservation de la mémoire est fait par M'hammed El Ouafrassi, marocain résidant en Hollande depuis 20 ans, militant associatif, ex-président de l'association des Marocains pour les droits humains aux Pays-Bas et membre du groupe NAP (Nouveau Plan d'Amsterdam): «L'histoire de l'immigration des Marocains en Hollande est ignorée malheureusement» dit-il en soulignant que pour comprendre ce que nous sommes, il faut absolument comprendre l'histoire de nos origines, une «histoire méconnue». C'est ce qui explique des manifestations comme l'exposition «Mémoire» organisée dans les lieux publics, à même dans la rue à Tanger, une initiative pour en finir avec les stéréotypes.
Mais «l'université marocaine n'a pas encore une conviction profonde de l'importance de ce dossier dans tous ses aspects historique, culturel, économique», martèle El Ouafrassi.
Pour Ahmed Mahou, professeur et écrivain militant associatif travaillant sur l'histoire et la mémoire des Marocains de Belgique et d'Europe, membre de l''Association Karima qui travaille sur la préservation des archives sur l'immigration marocaine, il y a en Belgique au moins trois générations de Marocains. Au début, les Marocains émigraient en Belgique pour travailler, dit-il, mais aujourd'hui ils font carrément partie intégrante d'un pays étant aussi des intellectuels, des médecins, des universitaires, des politiciens... La population d'origine marocaine en Belgique ce sont 320 mille personnes dont 80% ont déjà la nationalité belge.
Le mouvement de la naturalisation se poursuit. En 1974, lors de l'arrêt de l'émigration proprement dite et jusqu'au début des années 80, c'est la phase de regroupement familial. La population d'origine marocaine était 7000 en 1960 et devait passer à 120 mille en 1974 à 180 en 1982. Aujourd’hui, on en est à une communauté de 320 milles membres.
Jusqu'au début des années 80, un leitmotiv était ressassé dans la communauté marocaine résidant en Belgique: «surtout ne pas s'occuper de la politique, il faut penser au retour», les associations avaient cette revendication de ne s'occupaient que de leurs affaires.
«Aujourd’hui qu'est-ce qui reste? Que transmettre aux jeunes générations? se demande Ahmed Mahou. Il y a une lacune énorme pour la mémoire de la communauté marocaine de Belgique avec manque d'archives, manque de mémoire écrite, contrairement à la Hollande».
Source : L’Opinion
Identité nationale, burqa, islamophobie… les moments de répit sont rares ces derniers temps pour les musulmans de France, sous les feux des projecteurs depuis plusieurs mois. Un documentaire vient offrir ce moment. Réalisé par Emmanuel Blanchard et Karim Miské, « Musulmans de France »* retrace un siècle d’histoire en trois épisodes. La trilogie « Indigènes » (1904-1945), « Immigrés » (1945-1981) puis « Français » (1981 à nos jours) sera diffusée le 23 février sur France 5. Interview.
Saphirnews : Quelle évolution de l'Histoire des musulmans de France avez-vous pu constater au fil de vos recherches?
Karim Miské : La première évolution est celle de la catégorie : on ne parle de « musulmans de France » que depuis une quinzaine d'années. Le film retrace d'abord l'Histoire de la constitution de cette catégorie qui commence au début du XXe siècle de quelques milliers de Nord-Africains venus majoritairement de Kabylie et qui ont alors le statut d'indigènes. On les appelle donc « Indigènes nord-africains », « Kabyles » ou de manière dépréciative, « Sidis ».
Pour aller vite, ces Indigènes deviendront des immigrés avec les indépendances au tournant des années 1960, avant de « redevenir » Français progressivement à partir des années 1980. C’est là que l'on va commencer progressivement à parler de « musulmans », pour plusieurs raisons : d'une part, avec l'arrivée des Sahéliens, cette population a cessé d'être exclusivement maghrébine ; d'autre part, et surtout, on ne parle plus, à partir de cette époque, que de l'islam, devenu un acteur politique majeur au niveau mondial, et après la chute du mur de Berlin une sorte de défi permanent à l'Occident.
En catégorisant ces héritiers d'une histoire coloniale, puis de migration, comme musulmans, on en fait aussi des Français à part. Cela étant, il y a bien sûr aussi appropriation de cette identité musulmane par les premiers concernés.
C’est une Histoire indéniablement liée à celle de la colonisation que vous avez voulu dresser dans le documentaire…
K. M. : Tout à fait, c'est clairement une Histoire coloniale puis post-coloniale, car les représentations héritées de la colonisation sont bien loin d'avoir disparu, elles nous habitent tous en réalité. Le fait de rappeler que les pionniers de cette Histoire étaient des Indigènes, qu'ils étaient pris en charge par des institutions spécifiques, comme le Service d'assistance aux Indigènes nord-africains, la Brigade nord-africaine, un service de police spécifiquement charge de réprimer les Indigènes. Ou encore l'hôpital franco-musulman de Bobigny, qui était certes un hôpital moderne, mais où les Nord-Africains étaient conduits de force si on les trouvait dans un autre hôpital parisien.
Ce fait est un enjeu historique important pour l'ensemble des Français. Il faut pouvoir regarder ensemble cette Histoire, se dire que c’est une Histoire commune pour pouvoir comprendre en quoi cela détermine les regards que nous portons les uns sur les autres et éventuellement s'en libérer.
Le documentaire a-t-il en cela une dimension purement pédagogique ?
K. M. : Non, pas seulement, c'est d'abord un film. En fait, c'est un récit collectif d'une Histoire, épique à bien des égards, avec des héros comme Messali Hadj, le premier militant nationaliste algérien, et son adversaire Si Kaddour Ben Ghabrit, le premier recteur de la Grande Mosquée de Paris, considéré comme un agent de la colonisation, mais qui avait une très forte personnalité et que l'on ne peut réduire à cela.
Faire un film comme celui-ci, c'est raconter une histoire, tenir le spectateur en haleine durant 2 h 50, faire en sorte qu'il ne décroche jamais, exactement comme pour un film de fiction grand public... Et en racontant cette histoire, on apprend des choses au spectateur. Mais pour que cela marche, il faut vraiment faire les choses dans ce sens-là. Il faut faire passer les messages naturellement. Dans ce sens là, oui, il y a des objectifs pédagogiques et même civiques et citoyens à ce film qui ne pouvaient, à notre sens, au co-auteur Emmanuel Blanchard et à moi, être atteints qu'à condition que le spectateur passe un bon moment.
L'une des premières idées reçues d'une partie des Français est de penser que la présence musulmane est très récente. Vous brossez un siècle d'Histoire. Pourquoi avoir commencé en 1904?
K. M. : C'est la première date à laquelle on trouve un rapport mentionnant la présence de 5 000 Indigènes nord-africains en France. L'histoire remonte surtout à la fin de la guerre (franco-allemande, ndlr) de 1870, dans laquelle des spahis avaient été engagés. À partir de là, des colporteurs kabyles ont pris l'habitude de venir vendre des produits artisanaux en France durant la morte saison des champs en Kabylie. Mais c'est au début du XXe siècle qu'ils commencent à devenir ouvriers. C'est donc le véritable début d'une Histoire qui devient dès lors aussi une partie intégrante de l'Histoire ouvrière française.
Pourquoi ne pas avoir évoqué ces points-là dans le documentaire ?
K. M. : C'est aussi tout simplement parce que l'on commence à partir de l'invention du cinéma. Ce qui aurait pu être une contrainte un peu lourde, mais qui ici n'est pas très gênante finalement, puisque c'était très logique historiquement de démarrer avec le début de l'immigration ouvrière.
Vous disiez plus haut qu'« en catégorisant ces héritiers d'une Histoire coloniale, puis de migration, comme musulmans, on en fait aussi des Français à part ». Pouvez-vous développer ce point ?
K.M. : Il y a une stigmatisation par l'islam, sans cesse présenté comme une religion qui, par nature, opprime les femmes, s'oppose à la laïcité, etc. Du coup, l'étiquette « musulman » devient pour le moins ambivalente, problématique. Parler de « musulmans de France », c'est à la fois reconnaître une minorité et lui assigner une place à part, pas complètement dans la communauté nationale. Ça fonctionne comme un piège en fait : ceux qui revendiquent leur qualité de musulmans se retrouvent un peu suspects, voire beaucoup, cela dépend de l'actualité nationale et internationale. Ceux qui n'ont pas de sentiment religieux ni d'appartenance communautaire très développée, ne peuvent de toute façon pas y échapper, car leur nom, leur apparence physique les désigne comme « musulmans ».
Vous prenez des pincettes pour employer l’expression « musulmans de France ». Pouvez-vous aujourd'hui aisément définir cette catégorie ?
K.M. : Aisément non... En fait, c'est une définition qui appartient à chacun mais, pour le film, nous avons décidé que les « Musulmans de France » étaient ceux qui étaient perçus par la société française comme musulmans. C'est pour cela que certains dans le film s'affirment athées. Ils parlent néanmoins car, de toute façon, vu qu'ils sont perçus comme tels, cette identité leur appartient aussi. Nous avons fait de cette catégorie une catégorie historique bien plus que religieuse, même si cela se mélange.
Il est vrai que vous ne parliez pas de l'Histoire de l'islam en France...
K.M. : Non, en effet, ça peut faire l'objet d'un autre film. Ici, il fallait établir que ceux qu'on appelle « Musulmans de France » − que j'écris avec un M majuscule pour montrer que l'on parle d'une catégorie au fond « identitaire » qui n'a pas à voir, loin s'en faut, qu'avec le sentiment religieux − sont les héritiers d'une Histoire et que c'est cela qu'ils ont en commun, bien plus que les croyances ou pratiques religieuses, qui sont extrêmement diverses.
Les images d'archives étaient-elles faciles à trouver ? Elles sont vraiment rares.
K.M. : Elles sont très rares en effet. Les documentalistes se sont donnés beaucoup de mal pour les trouver car, surtout dans la période du premier épisode (1904-1945), on filmait très peu les Indigènes dans des situations ordinaires. Dans les usines, il y en avait mais ce n'est pas précisé dans les descriptifs, il faut donc regarder des heures de bande pour se dire : tiens, ceux-là ils doivent venir d'Algérie, et ce n'est pas facile de distinguer un Kabyle d'un Italien du Sud, mais on finissait par y arriver, en observant aussi l'attitude, le regard, des petits riens...
Ce film est le fruit de trois ans de travail, mais vous dites que c'est un hasard du calendrier qu'il soit diffusé à l’heure où l’on questionne l’intégration des musulmans en France. Quelles sont vos positions face au débat ?
K. M. : Oui, totalement. Le débat n'a été lancé qu'après que le film ait été terminé. Ça a été pour nous une étrange coïncidence, on se dit maintenant en plaisantant qu'Éric Besson est notre meilleur attaché de presse, car de nombreux journalistes perçoivent immédiatement l'intérêt du film dans le contexte actuel !
Sur le débat, que dire ? J'ai eu le sentiment qu'il était très à côté de la société française dans la manière dont elle se construit aujourd'hui. Je veux dire que tout le monde a des collègues, des amis, des parents issus de l'histoire que nous racontons dans le film. Tout à coup, avec ce débat, chacun peut exprimer sa rancœur, ses préjugés et insulter une partie de la société française. Cela m'a donné le sentiment que la société se retourne contre elle-même, qu'elle se débat aussi peut-être simplement avec sa nouvelle identité. Mais, au total, les réactions ont été nombreuses et fortes et, en définitive, plutôt saines. Je crois qu'au fond la France est tout de même prête à s'accepter. En ce sens, le film vient apporter sa pierre à ce mouvement.
Percevez-vous alors les débats actuels comme stigmatisantes pour les musulmans ?
K. M. : Ça l'aurait été si tout le monde s'était tu. Mais ça n'a pas été le cas. Cela ne veut pas dire que je considère ce débat comme une chose positive. Je suis comme tout le monde, j'ai mal vécu l'accumulation de dérapages. Après, en tant qu'observateur de la société, je constate que la société française a été capable de réagir, que l'on n'a pas sombré mais que ce qui s'est exprimé à l'occasion du débat est inquiétant et incite à rester extrêmement vigilants.
Quel message souhaitez-vous faire passer à travers le film ?
K. M. : C'est toujours très difficile et un peu gênant de répondre directement à une telle question, d'abord parce que, une fois que le film est fait, il ne m'appartient plus. Il appartient à ceux qui le regardent et qui lui font une place dans leur imaginaire et leur vision du monde. Plus que de message, je parlerai de point de vue. L'idée était de se libérer des idées préconçues. De libérer les Français appartenant à la part, disons, majoritaire de la société des visions préétablies sur les Musulmans. De nettoyer le regard en quelque sorte pour leur permettre de voir derrière le Musulman un être humain et un concitoyen, dont les ancêtres ont eux aussi traversé l'Histoire du pays et contribué à faire de la France ce qu'elle est aujourd'hui.
Et en ce qui concerne les Musulmans eux-mêmes, l'enjeu est de se libérer du regard enfermant, de l'assignation identitaire, de s'assurer, au fond, de sa légitimité à être là, à faire intégralement partie de cette société. Car, depuis la colonisation, il y a tout de même des restes d'une mauvaise image de soi qui continuent à traîner. Le but extrêmement ambitieux est de contribuer à la désaliénation des uns et des autres.
* Sortie du double DVD « Musulmans de France », le 11 mars 2010.
Source : SaphirNews
"Le Statut juridique de l'Islam en Europe", actes du colloque international tenu à Fès les 14 et 15 mars dernier, vient d'être publié à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger (CCME) et le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, en partenariat avec les maisons d'éditions "La Croisée des Chemins", "Le Fennec" et "Marsam".
Cette publication (348 pages) est le fruit des réflexions livrées par des chercheurs, des responsables politiques et des experts qui s'intéressent à l'immigration et au culte musulman en Europe, ainsi que des acteurs culturels et cultuels réunis lors de ce colloque organisé par le CCME.
Les articles publiés évoquent les thématiques liées au statut juridique de l'Islam dans différents pays européens, la place de ce culte dans les politiques publiques et les principales expériences et type d'organisation des communautés musulmanes dans ces pays.
L'ouvrage a été également au centre d'une table ronde, vendredi au 16ème Salon international de l'Edition et du Livre, qui se poursuit jusqu'au 21 février.
Une rencontre avec Jean Daniel, écrivain et éditorialiste français a été organisée, vendredi à Casablanca, à l'occasion du 16ème SIEL qui célèbre cette année les marocains du monde.
Cette rencontre a été marquée par la projection d'un film documentaire (52 min) réalisé par le fondateur du Nouvel Observateur sur Albert Camus, journaliste, écrivain, philosophe et dramaturge, prix Nobel de littérature en 1957.
Le Conseil de la communauté marocaine de l'étranger (CCME) et le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, en partenariat avec les maisons d'éditions "La Croisée des Chemins", "Le Fennec", et "Marsam" viennent de publier la traduction (du français à l'arabe) du roman de Kébir Mustapha Ammi "Les Vertus Immorales" (Gallimard, 2009).
Le roman raconte les aventures d'un Marocain du XVIe siècle, nourri de la lecture des écrits de Marco Polo, qui part à la découverte du Nouveau Monde trente-cinq ans après Christophe Colomb.
Moumen sera confronté à des expériences avec les Espagnols, les Anglais et les indigènes.
Né en 1952 à Taza, Mustapha Ammi qui enseigne à Paris est l'auteur de nombreux romans, essais et pièces de théâtres notamment "Apulée, mon éditrice et moi" (L'Aube, 2006), "Le Ciel sans détour" (Gallimard, 2007) et "Alger, la blanche" (théâtre, 2003).
Une lecture du dernier recueil de Poèmes "Je hais l'amour" de Taha Adnan a été organisée, samedi à Casablanca, à l'occasion du 16ème Salon international de l'Edition et Livre (SIEL).
"Je hais l'amour" (traduit en français, 135 pages) est à la fois, une carte d'identité poétique et la biographie d'un émigré moderne. Un recueil écrit dans un esprit rebelle: un mouvement contre la poésie classique, contre l'amour et contre un monde de plus en plus "macdonalisé", lit-on sur la couverture de ce recueil.
Ce recueil de neuf poèmes témoigne du changement vécu par l'auteur en terre d'émigration pendant une décennie (1997-2007): dépaysement, nostalgie, amour à l'ère du net, sans pour autant sombrer dans les lamentations.
Né en 1970, Taha Adnan a grandi à Marrakech et réside depuis 1996 à Bruxelles. Il a publié plusieurs recueils de poésie en arabe et en français dont Transparence (L'Arbre à Paroles, 2006).
La traduction française de ce recueil a été réalisée à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine de l'étranger (CCME) et le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, en co-édition avec les maisons d'éditions "La Croisée des Chemins", "Le Fennec", et "Marsam". L'ouvrage sera traduit en espagnol à l'occasion du Salon du livre du Costa Rica en avril prochain.
Source : MAP
Sauvegarder et valoriser les archives de l'immigration ne peut être qu'une meilleure contribution à la connaissance profonde des phénomènes migratoires et une reconnaissance de l'apport des étrangers à l'histoire culturelle, politique, économique et sociale de leur pays d'accueil.
Animé d'une volonté de construire une mémoire partagée et d'enrichir la diversité culturelle, de lier histoire et société, patrimoine et citoyenneté, le Centre d'archives et de recherche sur l'histoire de l'immigration maghrébine et arabe (Carihma) en Belgique se propose d'inventorier, de préserver et de valoriser les fonds archivistiques afin de les rendre accessibles aux chercheurs et au public.
"En 2004, les commémorations des quarante ans d'immigration marocaine en Belgique ont démontré l'importance de sauvegarder les sources indéniables à cette histoire. L'objectif du centre, crée en 2008, est de contribuer à développer la connaissance de l'histoire de l'immigration notamment marocaine en Belgique et en dresser un bilan objectif", affirme Mme Catherine Jacques, chargée de projets, dans un entretien à la MAP.
La communauté marocaine, un facteur d'enrichissement de la société belge
Il y'a une forte communauté marocaine en Belgique. Cette diaspora s'est investie dans les syndicats, les associations et la politique. Elle a joué un rôle crucial contribuant largement au développement économique et social du pays, a-t-elle souligné.
"Un travail de mémoire fera prendre la mesure de l'apport culturel et économique des migrants mais aussi de faire prendre conscience au pays d'accueil de ses devoirs et obligations en matière de citoyenneté à l'égard de ces immigrés", a-t-elle ajouté .
De façon générale, les archives sont une source de richesse pour la connaissance des sociétés. Celles de l'immigration témoigneront de l'extrême diversité quant à leurs origines, à leurs supports et à leurs apports. Il y a les archives publiques, produites par l'état, constituées pour l'essentiel de documents administratifs, et les archives privées (archives de particuliers, associations, syndicats, entreprises).
Le centre Carihma veut repérer, collecter et sauvegarder ces archives éparpillées dans différents lieux de conservation. Ce travail laborieux d'inventaire sera entrepris dans le but de veiller à la conservation du patrimoine archivistique pour offrir des outils qui en seront un moyen de valorisation et d'exploitation pour les chercheurs mais aussi les jeunes générations en quête de leur histoire et de leurs racines.
Cette action sera concrétisée par la confection et la publication de guides qui identifieront les archives disponibles, leurs lieux de conservation et leurs accessibilités.
Les archives apportent un éclairage à l'histoire des populations immigrées. Elles sont des sources précieuses d'information. L'histoire minière entre le Maroc et la Belgique a été l'élément catalyseur de l'immigration marocaine, par conséquent les archives du secteur minier peuvent fournir des données importantes quand on sait que ce secteur a attiré beaucoup de travailleurs marocains, indique Catherine Jacques.
On peut citer aussi les archives de la société des transports en commun à Bruxelles, qui emploie beaucoup de travailleurs d'origine marocaine, ou encore les archives des maternités. A ce titre, explique Mme Jacques, les registres de naissance permettent de retracer les métamorphoses sociales d'un quartier et l'arrivée des diverses vagues d'immigrants.
Les archives des syndicats, des associations et des partis politiques sont très intéressantes dans la mesure, où dit-elle, elles permettent d'évaluer l'implication des immigrés dans la vie sociale et politique en Belgique.
Les journaux publiés par les migrants sont aussi des sources incontournables pour retracer leur histoire et leur profil, ajoute-t-elle.
Le centre Carihma, tient-elle à souligner, cherche à recenser les sources écrites mais aussi orales. Interroger les premières générations sur leur expérience, recueillir des témoignages sur les itinéraires et les parcours personnels, reconstituer des trajectoires et des biographies individuelles et familiales, l'objectif étant de rassembler et de valoriser un ensemble significatif de témoignages écrits et oraux, émanant tant des particuliers que des institutions ou du milieu associatif.
Le centre organise dans cet objectif des événements culturels et des expositions, des conférences et des journées d'études pour sensibiliser les détenteurs potentiels d'archives (documents, photos, lettres, manuscrits) afin d'enrichir les fonds disponibles des services publics d'archives.
Ce travail mémorial pluriel permettra l'analyse et la compréhension du phénomène migratoire dans toutes ses richesses et complexités, loin des clichés et des idées reçues, pour une plus grande cohésion sociale et pour un "vivre ensemble" dans la pluralité des cultures, a-t-elle ajouté.
Source : MAP
Une rencontre a été organisée en hommage à la mémoire de feu Driss Chraïbi, jeudi à Casablanca, dans le cadre du 16ème Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL) qui se poursuit jusqu'au 21 février.
Dans l'œuvre de Chraïbi, on retrouve les qualités d'un homme qui adorait la vie, le contact de vrais gens et horreur des salons littéraires et des rencontres entre intellectuels puisqu'il vivait toujours retiré dans des îles (île de Ré) ou dans des régions reculées", a souligné l'universitaire Kacem Basfao qui animait cette rencontre.
Driss Chraïbi, qui est arrivé en 1945 en France pour étudier la chimie mais se passionnait pour la littérature et le journalisme, était aussi un homme de radio durant une trentaine d'années. Il animait des émissions (ORTF, RTF, France culture, ...) léguant ainsi une œuvre radiophonique immense.
"Précurseur et grand orateur", Chraïbi, qui a reçu de nombreux prix littéraires dont celui de l'Afrique Méditerranéenne pour l'ensemble de son œuvre en 1973, le prix de l'amitié franco-arabe en 1981, s'est fait connaître par ses deux premiers romans.
Il s'agit du "Le Passé simple" (Gallimard, 1954), récit autobiographique dans lequel il dénonce à la fois le colonialisme français et les archaïsmes de la société marocaine et les "Les Boucs" (Gallimard, 1955), qui relate pour la première fois les conditions des travailleurs immigrés en France.
L'œuvre prolifique et éclectique à l'humour espiègle de Driss Chraïbi a influencé des générations d'écrivains et d'auteurs traitant avec une ironie et liberté de ton rare la condition de la femme, les relations amoureuses, le colonialisme, le racisme, ou Al Andalus: "Succession ouverte" (Gallimard, 1962), "La civilisation ma mère !..." (Gallimard, 1972), "Un ami viendra vous voir" (1967), "Mort au Canada" (1975), "Une enquête au pays" (1981), "La mère du printemps" (1982), "Naissance à l'aube" (1986), "Lu, vu, entendu", "Le monde à côté" (Denoël, 2001) et "L'homme qui venait du passé" (Denoël 2004).
"Nos destins se sont croisés en 1972, quand il écrivait +La civilisation ma mère !...+, a témoigné sa femme Sheena Chraïbi. "J'étais donc sa première auditrice, il lui fallait toujours déclamer à haute voix ce qu'il était en train d'écrire, commencer et recommencer une page plusieurs fois", a-t-elle confié. Il lui a fallu 10 ans de réflexion "pour accoucher dans la douleur de L'homme du livre", a-t-elle dit.
Cette rencontre qui s'est déroulée en présence de plusieurs intellectuels, a été agrémenté par des lectures d'extraits de "Lu, Vu, Entendu" et de la postface des "Les Boucs" par Sheena Chraïbi.
Driss Chraïbi s'est éteint en 2007 dans le Dôme où il résidait et fut enterré, à sa demande, aux côtés de son père au Cimetière Chouhada de Casablanca.
Source : MAP
Le président du Conseil de la communauté marocaine à l'Etranger (CCME), M. Driss El Yazami, a mis en relief le rôle des auteurs marocains résidant à l'étranger dans l'enrichissement de la culture nationale.
Dans un entretien publié vendredi par le quotidien +Al Ittihad Al Ichtiraki+, M. El Yazami a fait état de la féminisation de l'écriture de la créativité et l'émergence d'écrivains de deuxième et troisième générations, dont Abdelkader Ben Ali et Bouaâza qui s'expriment dans plusieurs langues, qui contribuent sciemment à l'enrichissent de la culture marocaine et à l'élargissement de ses horizons.
L'émergence de cette nouvelle génération d'écrivains a contribué au rayonnement international du Maroc, qui n'était connue auparavant que par les œuvres, notamment de Driss Chraïbi dans les années cinquante, Mohamed Khaireddine dans les années soixante et Abdellatif Laâbi et Salim Jaï depuis les années quatre-vingt-dix jusqu'à nos jours, a-t-il dit.
M. El Yazami a souligné le grand engouement que connaît le stand de la communauté marocaine établie à l'étranger au 16ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL) et la participation massive aux conférences organisées dans le cadre de l'hommage réservé aux écrivains marocains du monde.
Par ailleurs, le président du CCME a indiqué que le Royaume est appelé à répondre favorablement à la demande formulée par la communauté marocaine à l'étranger de créer des centres culturels dans les pays d'accueil.
Le CCME, a-t-il affirmé, a décidé de placer les ouvrages des écrivains du monde exposé au Salon à la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc.
Source : MAP
Deux conventions de partenariat et de coopération ont été signées, vendredi soir à Casablanca, entre le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM) et la Ligue Mohammadia des Ouléma du Maroc.
Intervenant à cette occasion, le président du CCME, M. Driss El Yazami, a indiqué que ces conventions visent notamment à créer, au niveau de ces institutions, un rayon dédié à la problématique de l'émigration pour enrichir le fonds documentaire relatif aux marocains du monde et faire connaître leur situation par le biais de publication de recherches et de documents.
Ces conventions, signées en marge du 16è Salon international de l'édition et du livre (SIEL), s'inscrivent dans le cadre de la mise en place d'un partenariat culturel et scientifique entre le CCME et les institutions académiques et scientifiques avec lesquelles le Conseil a des objectifs communs.
La première convention, signée par M. El Yazami et le directeur de la BNRM, M. Driss Khrouz, vise, entre autres, à enrichir le fonds de la bibliothèque nationale en termes de publications et outils audio-visuels en rapport avec la migration.
Aux termes de cette convention, la BNRM réserve une partie de ses rayonnages en accès libre aux livres des marocains et sur les marocains à l'étranger, a déclaré à la presse M. Khrouz, ajoutant que l'objectif ultime sera d'intégrer tous les supports numériques et audiovisuels.
La deuxième convention, signée par M. El Yazami et le secrétaire général de la Ligue Mohammadia des Ouléma du Maroc, M. Ahmed Abbadi, ambitionne d'approfondir et multiplier les pistes de collaboration dans les domaines scientifique et culturel.
M. Abbadi s'est dit convaincu que cet accord permettra de rapprocher les deux institutions en vue de relever les défis auxquels fait face la communauté marocaine établie à l'étranger, notamment dans le domaine religieux.
Une riche programmation allant du livre au cinéma en passant par des rencontres et conférences pour mettre les Marocains du monde au devant de la scène culturelle, a été montée pour cette édition du SIEL qui se poursuit jusqu'au 21 février.
Source : MAP
Les Marocains constituent la première communauté étrangère d'Espagne avec 767.784 personnes qui disposaient d'un titre de séjour à fin décembre 2009, selon des données de l'Observatoire permanent de l'immigration (OPI) qui relève du secrétariat d'Etat espagnol de l'Immigration.
Les Roumains viennent en 2e position avec 751.688 personnes, suivis notamment des Equatoriens (440.304), des Colombiens (287.205) et des Britanniques (222.039), ajoute l'OPI, qui relève du secrétariat d'Etat espagnol de l'Immigration.
Dans un rapport publié vendredi par la presse, l'OPI fait savoir que le nombre total d'immigrés résidant légalement en Espagne s'est établi à 4.791.232,00 de personnes à fin 2009, en hausse de 7,1% par rapport à 2008.
La même source précise que 39% des immigrés résidant en Espagne sont originaires de pays de l'Union européenne (UE), 30,4% des pays de l'Amérique latine et 21% des pays africains.
Les Boliviens ont constitué la population étrangère originaire d'un pays extra-communautaire dont le nombre a enregistré la plus forte croissance en 2009 par rapport à 2008 (+37%).
C'est le cas également des Lettons (+16,8%) pour les migrants originaires d'un pays européen.
Source : MAP
Le secrétaire d'Etat français chargé des Affaires européennes, M. Pierre Lellouche, s'est félicité, vendredi à Rabat, du rôle "majeur" que joue le Royaume du Maroc en matière de lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.
"Le Maroc joue un rôle majeur en ce qui concerne le contrôle du flux migratoire illégal en direction de l'Europe ", a souligné M. Lellouche dans une déclaration à la presse à l'issue d'un entretien avec le Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, M. Saad Hassar.
Les Européens peuvent se féliciter du progrès et du travail "énorme" effectués dans ce domaine par les autorités françaises et marocaines, a-t-il dit.
Faisant état de l'existence de plusieurs accords sur la "libéralisation des visas" qui entreront en vigueur une fois signés par la partie européenne, le secrétaire d'Etat français a indiqué que cette rencontre a été une occasion pour mettre en avant la coopération franco-marocaine sur le plan sécuritaire.
Lellouche a entamé jeudi une visite de deux jours au Maroc durant laquelle il s'est entretenu avec plusieurs responsables marocains, notamment le Premier ministre, M. Abbas El Fassi, et le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, M. Taib Fassi Fihri.
Source : MAP
«La littérature monde» des communautés marocaines à l’étranger a permis de montrer un nouveau visage de l’immigration, très dynamique et très créatif», souligne Younès Ajarraï, président du groupe de travail Cultures, Identités et Education au sein du Conseil des Communautés Marocaines à l’Etranger. Le stand CCME/MCCMRE, joliment aménagé pour l’occasion, ne désemplit pas. Pendant toute la durée du salon, il accueille une centaine de Marocains du Monde, en plus de quelques étrangers, représentant 17 pays (Japon, Etats-Unis, France, Espagne, Canada, Allemagne, Pays-Bas, Belgique…), dont beaucoup de femmes écrivaines. Plusieurs tables rondes et conférences s’y tiennent quotidiennement et les séances de signatures permettent de mieux faire connaître ces diverses cultures au public marocain.
La bibliothèque du stand contient 1.200 titres d’auteurs Marocains à l’étranger, ou d’ouvrages sur le thème de l’immigration, rassemblés pour la première fois dans l’histoire du Maroc dans un même lieu. Un certain nombre d’ouvrages ont été traduits en arabe et en français, en co-édition par les maisons «La Croisée des Chemins», «Le Fennec» et «Marsam». Les visiteurs peuvent acheter ces publications à des prix très abordables: 40 à 50 DH par ouvrage.
D’après Younès Ajarraï, ces auteurs qui sont nés pour la plupart dans leurs pays de résidence, ne sont pas des immigrés puisqu’ils n’ont émigré nulle part. «Tout en étant parfaitement enracinés d’une manière définitive dans leurs pays d’adoption, ils éprouvent tous un attachement sans faille pour le Maroc et gardent un lien avec le pays d’origine de leurs parents ou de leurs grands parents. Ils ont tous le Maroc en bandoulière», affirme-t-il. Cet attachement très vivace et très profond pour le Maroc s’exprime non seulement dans la littérature mais aussi dans les arts plastiques, le cinéma, la musique ou toute autre forme de création artistique.
Pour ne citer que quelques-uns parmi cette élite d’écrivains du monde invités au salon, il y a Abdelkader Benali, lauréat de nombreux prix aux Pays-Bas et considéré comme un des plus grands écrivains néerlandais. Ses ouvrages ont été traduits en 15 langues.
Il y a aussi Najat El Hachiri, une des plus grandes écrivaines de Catalogne, lauréate de nombreux prix, et dont les ouvrages ont été traduits en quarante langues. Anouar Majid, citoyen des Etats-Unis, a écrit pour sa part un livre qui figure dans les hit-parades des meilleures ventes en Amérique.
«Il s’agit d’un mouvement d’ampleur international, une littérature monde, que les Marocains doivent connaître», soutient Ajarraï.
Des rayons dédiés aux Marocains du monde
Le CCME vient de signer avec la BNRM une convention, dont l’objet est d’ouvrir au sein de la belle bibliothèque de Rabat le premier rayon consacré aux ouvrages écrits par des Marocains du monde, avec plus de 1.200 titres. Le centre culturel attenant à la mosquée Hassan II de Casablanca sera également équipé d’un rayon consacré à l’immigration.
Suite: L'Economiste
Près de la moitié des jeunes Italiens sont intolérants à l'égard des étrangers ou carrément xénophobes, selon une étude rendue publique jeudi à la Chambre des députés à l'initiative de son président qui a appelé la classe politique à élaborer "un modèle italien d'intégration".
L'enquête d'opinion, effectuée par l'institut SWG auprès d'un échantillon représentatif de 2.000 jeunes de 18 à 29 ans, montre que 45,8% d'entre eux expriment une forme d'hostilité envers les étrangers ou directement de la xénophobie, alors que seulement 39,6% se disent "ouverts" aux étrangers.
Au sein des jeunes qualifiés de "fermés", SWG distingue trois groupes.
Un premier, représentant 15,3% du total, exprime surtout une "phobie envers les Roumains-tziganes-Albanais" et en majorité composé de femmes (56%).
Un deuxième groupe, le plus petit mais le plus extrême, réunit les comportements ouvertement racistes avec 10,7% des jeunes. Le troisième groupe (20%) rassemble les "xénophobes", qui excluent de recourir à la violence mais souhaitent que les étrangers vivent loin d'eux, de préférence hors d'Italie. Ce sont surtout des garçons d'une vingtaine d'années.
Réagissant au sondage SWG, le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini a appelé ses collègues à imaginer un modèle d'intégration à l'italienne et s'est montré sceptique sur le système français d'"assimilation et donc de déracinement total, pour lequel tu es Français, Italien ou Allemand seulement si tu fais tienne la langue et l'identité du pays".
La diffusion de l'étude, menée en octobre, a coïncidé avec la publication jeudi des résultats du recensement de 2009 par l'Institut de statistiques national Istat qui y décrit la présence des immigrés comme "déterminante" pour la croissance démographique de l'Italie. Les étrangers représentaient 7,1% des 60,387 millions d'habitants de la péninsule au 1er janvier dernier.
Selon M. Fini, de récentes tensions entre immigrés sud-américains et nord-africains à Milan (nord) montrent qu'"il ne suffit pas de leur donner un logement". "Il faut réduire les délais pour obtenir la nationalité et leur donner la possibilité de voter aux élections locales sans être italien", a estimé M. Fini.
Il a aussi appelé télévision et presse écrite à cesser de stigmatiser l'origine ethnique des délinquants dans leurs rubriques faits divers car cela "accroît l'ignorance et les préjugés".
Dans son sondage, SWG souligne sur la base d'une échelle d'appréciation qualitative, que les jeunes Italiens disent préférer dîner dans l'ordre avec une personne en difficulté économique, un Juif, un homosexuel et un étranger non Européen. Ils sont plus "froids" quand il s'agit d'un repas avec un musulman. Et ils excluent de dîner avec un drogué ou un Rom (tzigane), de les avoir pour voisin et pire encore que leur fils ou fille vive avec l'un d'eux.
SWG dresse le profil du jeune ouvertement raciste: "besoin de puissance, attitude ouvertement homophobe, poussées antisémites, conviction que les femmes sont inférieures et surtout refus de tout ce qui est différent".
Selon une étude de SWG, plus d'un millier de groupes xénophobes existent sur le réseau social Facebook Italie, dont une centaine anti-musulmans, 350 anti-immigrés, 300 anti-tziganes et 400 contre les gens du sud de l'Italie.
Source : AFP
La 6e édition du festival international des contes se tiendra du 15 au 18 avril à Béni-Mellal à l'initiative de l'atelier du conte dans la région de Tadla-Azilal, apprend-on jeudi auprès des organisateurs.
Au programme de ce festival, organisé en partenariat avec le Centre international de recherche sur les arts de la parole, figurent des spectacles associant conte et musique, des matinées-contes destinées aux touts petits.
Des spectacles associant conte et musique et des matinées destinées aux enfants auront une place de choix dans le programme du festival.
Les organisateurs prévoient aussi des débats sur "le conte entre l'exception et la diversité culturelle", "la variante comme phénomène propre à la littérature orale", "la transmission du conte dans les milieux de l'immigration" et "le brassage culturel et la diversité linguistique ".
Source : MAP
Jamal Belahrach, directeur général de la filiale marocaine de Manpower fait partie de ces enfants d’immigrés marocains qui ont choisi de revenir dans le pays d’origine. A l’occasion du 16e SIEL dédié aux Marocains du monde, Jamal Belahrach, revient brièvement sur son livre autobiographique, "Envie de Maroc», le retour au Maroc et le rôle des binationaux dans le développement du Maroc.
L’actuel président de la commission Emploi et Relations sociales à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), est revenu au Maroc en 1997. Il a écrit "Envie de Maroc", publié aux éditions Le Fennec avec le concours du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Sans prétendre être un écrivain, et sans vouloir donner de leçons, Jamal Belahrach livre des conseils à travers des petites histoires qu’il a vécues.
Dans cet ouvrage, il évoque son vécu en France (Dreux dans l’Eure-et-Loir), où il s’est battu pour réussir une "intégration difficile" et aussi le Maroc, qui selon lui, à d’énormes "opportunités, mais il faut se préparer pour revenir".
Ce dirigeant d’entreprise est également président fondateur du Centre des jeunes dirigeants du Maroc et du Réseau international de la diaspora marocaine (RIDM). Ce dernier a pour objectif de faciliter l’intégration de Marocains résidant à l’étranger désireux de revenir vivre au Maroc. Pour lui, le retour dans son pays d’origine a été un choc culturel. "La principale difficulté est de faire accepter que nous (tous ceux qui sont revenus) sommes différents", précise t-il.
De même, selon lui, "le Maroc du futur se fera avec les binationaux (…)", à condition qu’on leur donne l’occasion de s’exprimer.
A travers "Envie de Maroc", Jamal Belahrach veut véhiculer un message. "Vous avez envie du Maroc ? Le Maroc aussi vous envie, c’est ensemble qu’on doit mener le combat" du développement du pays.
Source : Yabiladi
Jamal Belahrach, directeur général de la filiale marocaine de Manpower fait partie de ces enfants d’immigrés marocains qui ont choisi de revenir dans le pays d’origine. A l’occasion du 16e SIEL dédié aux Marocains du monde, Jamal Belahrach, revient brièvement sur son livre autobiographique, "Envie de Maroc», le retour au Maroc et le rôle des binationaux dans le développement du Maroc.
L’actuel président de la commission Emploi et Relations sociales à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), est revenu au Maroc en 1997. Il a écrit "Envie de Maroc", publié aux éditions Le Fennec avec le concours du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME). Sans prétendre être un écrivain, et sans vouloir donner de leçons, Jamal Belahrach livre des conseils à travers des petites histoires qu’il a vécues.
Dans cet ouvrage, il évoque son vécu en France (Dreux dans l’Eure-et-Loir), où il s’est battu pour réussir une "intégration difficile" et aussi le Maroc, qui selon lui, à d’énormes "opportunités, mais il faut se préparer pour revenir".
Ce dirigeant d’entreprise est également président fondateur du Centre des jeunes dirigeants du Maroc et du Réseau international de la diaspora marocaine (RIDM). Ce dernier a pour objectif de faciliter l’intégration de Marocains résidant à l’étranger désireux de revenir vivre au Maroc. Pour lui, le retour dans son pays d’origine a été un choc culturel. "La principale difficulté est de faire accepter que nous (tous ceux qui sont revenus) sommes différents", précise t-il.
De même, selon lui, "le Maroc du futur se fera avec les binationaux (…)", à condition qu’on leur donne l’occasion de s’exprimer.
A travers "Envie de Maroc", Jamal Belahrach veut véhiculer un message. "Vous avez envie du Maroc ? Le Maroc aussi vous envie, c’est ensemble qu’on doit mener le combat" du développement du pays.
Source : Yabiladi
Le Salon du livre a été hier l'occasion de débattre des mutations de la migration représentée aujourd'hui par de grands auteurs de la diaspora marocaine.
En cette seizième édition du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca, le Maroc a pris le parti de mettre les écrivains marocains du monde à l'honneur, en collaboration avec le CCME (Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger). Une façon de promouvoir le rapprochement et le dialogue des cultures entre les deux rives de la Méditerranée.
Mais pas seulement. Cet événement donne aussi l'occasion de se pencher sur le processus d'immigration qui a permis l'éclosion d'un grand nombre de ces auteurs maghrébins en Europe. Une conférence donnée au SIEL sur l'histoire de l'immigration a permis un tour d'horizon des initiatives sociales en matière de sauvegarde de la mémoire depuis l'arrivée des primo migrants et une présentation des nouvelles pistes de recherche sur ces projets historiques en France, aux Pays-Bas et en Belgique. «Nous avons déjà entamé ce travail sur la mémoire en 2009 par une exposition itinérante qui s'étale sur pas moins d'un siècle d'histoire», a déclaré en ouverture Driss El Yazami, président du CCME soulignant que l'approche entreprise n'a pas été prismatique mais multiple.
«Le facteur économique ne justifie pas à lui seul l'immigration. L'institution militaire, les raisons politique et estudiantine expliquent et justifient d'autant le projet migratoire», poursuit Driss El Yazami. Pour sortir du seul paradigme social lié a priori à l'immigration, l'exposition se veut une fresque largement culturelle de cette histoire migratoire avec en point focal les apports longtemps marginalisés des migrants marocains à leur pays d'accueil tout autant qu'à leur pays d'extraction. «Par cette démarche, a poursuivi Driss El Yazami, nous contribuons dans une certaine mesure à changer la perception de la migration dans les pays d'accueil et à mettre en lumière les mutations que connaît cette migration, grâce entre autres à ces écrivains, et à ses créateurs représentés aujourd'hui à ce Salon». La France apparaît, à cet égard, comme ayant une longueur d'avance sur la question historique, son immigration étant plus ancienne. Aux Pays-Bas et en Belgique en revanche, les travaux d'investigation historique sur la mémoire des immigrés depuis les années 60 à nos jours, sont encore balbutiants. Or, les études sur le concept de «transnationalisme», tel que l'évoque Nadia Bourras, chercheuse néerlandaise, et la sauvegarde imminente de cette histoire de la migration sont une préoccupation commune aux trois pays.
«Le défi est de sauver cette mémoire afin de la transmettre à la 2e et à la 3e générations afin d'aider ces dernières à comprendre ce qu'elles sont aujourd'hui. «L'association néerlandaise Dakira a entrepris ce travail de recherche mnémonique», témoigne M'hammad El Ouafrassi, travailleur et militant associatif. De même pour la Belgique qui édite un Guide des sources sur 50 ans d'immigration, grâce à l'association Karima», explique Ahmed Mahou, psychopédagogue. La France, quant à elle, a déjà pris son destin historique en main… Jacques Toubon, ministre de la Culture et de la Francophonie entre 1993 et 1995, présent également, rappelle à juste titre l'existence de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration qui a ouvert ses portes en 2007 à Paris, et dont il est président du Conseil d'orientation. Une institution qui doit beaucoup au réseau associatif, aux militants politiques et au travail scientifique des historiens qui ne voulaient pas que les migrants après avoir vécu toute leur vie dans l'ombre, tombent définitivement dans l'oubli après leur disparition. «Au départ, cette reconnaissance des origines ou la simple évocation de celles-ci était une hérésie sociale et donc purement interdite, soucieuse qu'a toujours été la France de préserver l'égalité de la citoyenneté et des principes républicains», a dit en substance Jacques Toubon.
Il est vrai que contrairement aux autres pays européens, la France considérait l'assimilation comme le seul contrat social national possible. La France ne se raconte pas son histoire, ne revendique pas sa différence comme une richesse, mais a toujours prêché l'uniformité comme garant de l'intégration. Or, l'histoire de France, c'est aussi l'histoire de cette migration. Le projet de cette Cité nationale, mené par Driss El Yazami, a-t-il eu, de ce fait, du mal à vaincre les réticences politiques et n'a fini par voir le jour, qu'en 2002, lors des élections présidentielles. Aujourd'hui, cette Cité se veut un élément majeur de la cohésion sociale et républicaine de la France auquel le partenariat avec les pays d'origine serait une pierre de plus à l'édifice migratoire «notamment pour le volet contemporain», a précisé l'ancien ministre français de la Culture. Une politique qui rend enfin grâce à cette multitude d'hommes et de femmes qui ont contribué et contribuent encore à l'édification de la nation française à l'heure où pourtant un débat sur l'identité nationale a fait rage.
Source : Le Matin
Le Salon du livre a été hier l'occasion de débattre des mutations de la migration représentée aujourd'hui par de grands auteurs de la diaspora marocaine.
En cette seizième édition du Salon international de l'édition et du livre de Casablanca, le Maroc a pris le parti de mettre les écrivains marocains du monde à l'honneur, en collaboration avec le CCME (Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger). Une façon de promouvoir le rapprochement et le dialogue des cultures entre les deux rives de la Méditerranée.
Mais pas seulement. Cet événement donne aussi l'occasion de se pencher sur le processus d'immigration qui a permis l'éclosion d'un grand nombre de ces auteurs maghrébins en Europe. Une conférence donnée au SIEL sur l'histoire de l'immigration a permis un tour d'horizon des initiatives sociales en matière de sauvegarde de la mémoire depuis l'arrivée des primo migrants et une présentation des nouvelles pistes de recherche sur ces projets historiques en France, aux Pays-Bas et en Belgique. «Nous avons déjà entamé ce travail sur la mémoire en 2009 par une exposition itinérante qui s'étale sur pas moins d'un siècle d'histoire», a déclaré en ouverture Driss El Yazami, président du CCME soulignant que l'approche entreprise n'a pas été prismatique mais multiple.
«Le facteur économique ne justifie pas à lui seul l'immigration. L'institution militaire, les raisons politique et estudiantine expliquent et justifient d'autant le projet migratoire», poursuit Driss El Yazami. Pour sortir du seul paradigme social lié a priori à l'immigration, l'exposition se veut une fresque largement culturelle de cette histoire migratoire avec en point focal les apports longtemps marginalisés des migrants marocains à leur pays d'accueil tout autant qu'à leur pays d'extraction. «Par cette démarche, a poursuivi Driss El Yazami, nous contribuons dans une certaine mesure à changer la perception de la migration dans les pays d'accueil et à mettre en lumière les mutations que connaît cette migration, grâce entre autres à ces écrivains, et à ses créateurs représentés aujourd'hui à ce Salon». La France apparaît, à cet égard, comme ayant une longueur d'avance sur la question historique, son immigration étant plus ancienne. Aux Pays-Bas et en Belgique en revanche, les travaux d'investigation historique sur la mémoire des immigrés depuis les années 60 à nos jours, sont encore balbutiants. Or, les études sur le concept de «transnationalisme», tel que l'évoque Nadia Bourras, chercheuse néerlandaise, et la sauvegarde imminente de cette histoire de la migration sont une préoccupation commune aux trois pays.
«Le défi est de sauver cette mémoire afin de la transmettre à la 2e et à la 3e générations afin d'aider ces dernières à comprendre ce qu'elles sont aujourd'hui. «L'association néerlandaise Dakira a entrepris ce travail de recherche mnémonique», témoigne M'hammad El Ouafrassi, travailleur et militant associatif. De même pour la Belgique qui édite un Guide des sources sur 50 ans d'immigration, grâce à l'association Karima», explique Ahmed Mahou, psychopédagogue. La France, quant à elle, a déjà pris son destin historique en main… Jacques Toubon, ministre de la Culture et de la Francophonie entre 1993 et 1995, présent également, rappelle à juste titre l'existence de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration qui a ouvert ses portes en 2007 à Paris, et dont il est président du Conseil d'orientation. Une institution qui doit beaucoup au réseau associatif, aux militants politiques et au travail scientifique des historiens qui ne voulaient pas que les migrants après avoir vécu toute leur vie dans l'ombre, tombent définitivement dans l'oubli après leur disparition. «Au départ, cette reconnaissance des origines ou la simple évocation de celles-ci était une hérésie sociale et donc purement interdite, soucieuse qu'a toujours été la France de préserver l'égalité de la citoyenneté et des principes républicains», a dit en substance Jacques Toubon.
Il est vrai que contrairement aux autres pays européens, la France considérait l'assimilation comme le seul contrat social national possible. La France ne se raconte pas son histoire, ne revendique pas sa différence comme une richesse, mais a toujours prêché l'uniformité comme garant de l'intégration. Or, l'histoire de France, c'est aussi l'histoire de cette migration. Le projet de cette Cité nationale, mené par Driss El Yazami, a-t-il eu, de ce fait, du mal à vaincre les réticences politiques et n'a fini par voir le jour, qu'en 2002, lors des élections présidentielles. Aujourd'hui, cette Cité se veut un élément majeur de la cohésion sociale et républicaine de la France auquel le partenariat avec les pays d'origine serait une pierre de plus à l'édifice migratoire «notamment pour le volet contemporain», a précisé l'ancien ministre français de la Culture. Une politique qui rend enfin grâce à cette multitude d'hommes et de femmes qui ont contribué et contribuent encore à l'édification de la nation française à l'heure où pourtant un débat sur l'identité nationale a fait rage.
Source : Le Matin
Les salariés français descendants d'immigrés sont moins payés que ceux dont les parents sont nés avec la nationalité française, selon une étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), parue le mardi 16 février. L’écart est plus important quand s'ils descendent d'immigrés africains.
L’étude est intitulée "Les salariés français descendant d’immigrés : salaires et profil socioprofessionnel dans les entreprises de 10 salariés ou plus en 2006". Il rend compte des différences entre les salaires et les profils socioprofessionnels des Français de naissance et ceux issus de l’immigration. On y apprend que sur les 96% (92 % de Français de naissance et 4 % par acquisition) de salariés de nationalité française dans les entreprises de 10 salariés ou plus du secteur concurrentiel et des hôpitaux publics en 2006 (base de l’enquête), 6% étaient descendants d’immigrés d’Europe du Sud (Espagne, Italie ou Portugal) et seulement 2 % d’immigrés africains.
En termes de salaire brut mensuel, les salariés de parents français touchaient 2342 euros contre 2022 euros pour les travailleurs descendant d’immigrés africains, soit 14% de moins. Alors que celui des descendants d’immigrés d’Europe du Sud, était de 2173 (écart de 7 %). S’agissant du salaire horaire brut moyen, les salariés de parents français percevaient 15,2 euros, contre respectivement 13,8 euros (-9 %) et 14,6 (-4 %).
La DARES explique globalement ces écarts par des différences de caractéristiques entre ces salariés. En général, il y a moins de cadres parmi les descendants d’immigrés originaires d’Afrique et d’Europe du Sud que parmi les autres salariés français (13% contre 17%). Autre différence, les salariés français descendant d’immigrés du Sud européen ont un profil sociodémographique proche de leurs homologues nés de parents français. Quant aux descendants d’immigrés africains, ils sont plus jeunes et moins diplômés. Les travailleurs issus de parents originaires d’Afrique et d’Europe du Sud, sont surtout employés dans le commerce et les activités de services aux entreprises et aux particuliers.
Mais, si on prend en compte les différences de caractéristiques socioprofessionnelles, "les écarts de salaire horaire brut entre les trois groupes de salariés ne sont plus statistiquement significatifs", précise l'étude.
Les données sur les salaires et les caractéristiques des postes des salariés proviennent de l’Enquête sur le coût de la main d’œuvre et la structure des salaires (ECMOSS), réalisée en 2006 par l’INSEE en collaboration avec la DARES.
Source : Yabiladi
SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan, a effectué, jeudi, une visite au Salon international de l'édition et du livre (SIEL) organisé du 12 au 21 février à Casablanca sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI.
SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan a été salué à son arrivée par MM. Bensalem Himmich, ministre de la Culture, Mohamed Halab, wali de la région du Grand Casablanca et Mohamed Sajid, président du conseil de la ville.
SAR le Prince Héritier a, par la suite, effectué une tournée dans différents stands du salon, notamment l'espace enfants où Son Altesse Royale a suivi des explications sur les ateliers de dessin, de théâtre et de musique.
A cette occasion, un orchestre d'enfants des écoles de la région de Toulouse dirigé par Ali Alaoui a interprété l'hymne national et des partitions de musique andalouse.
SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan a également visité le stand de la maison d'édition Al Maarifa, de la société française d'édition SAT-diffusion, ainsi que les stands de "Yanboua Al Kitab", du ministère de la Culture et du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger.
Source :La Vie ec/ MAP
L'idée de célébrer les Marocains du monde est intéressante et judicieuse, a estimé M. Samuel L. Kaplan, Ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, qui a effectué une visite au 16ème Salon international de l'Edition et du Livre (SIEL) qui se tient à Casablanca du 12 au 21 février.
"C'est un excellent exemple que de célébrer les marocains du monde. C'est formidable de voir un pays comme le Maroc honorer ses ressortissants à l'étranger", a déclaré M. Kaplan à la presse.
Le diplomate américain, qui a eu des entretiens avec M. Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'Etranger (CCME), sur le fonctionnement et les missions de cette institution, s'est dit impressionné par la programmation riche et diversifiée.
Une programmation qui traduit la volonté d'un pays qui œuvre et continue de garder le lien avec ses ressortissants à l'étranger, a-t-il dit, ajoutant que cet intérêt veut dire quelque chose pour les Etats-Unis un pays d'immigrants et d'immigration.
Une riche programmation allant du livre au cinéma en passant par des rencontres et conférences pour mettre les Marocains du monde au devant de la scène culturelle, a été montée pour cette édition du SIEL.
Source : MAP
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