vendredi 5 juillet 2024 00:23

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L'Islam de France peine à se rassembler

A deux jours des élections des délégués régionaux du Conseil français des cultes musulmans, les dirigeants se déchirent.

Entre la menace de l'une des principales composantes de l'islam de France de se retirer des élections de samedi et des accusations de «chantage», le Conseil français du culte musulman (CFCM) peine à mettre un terme à ses dissensions qui l'empêchent de fonctionner depuis deux ans.

A la dernière minute, l'Union des Organisations islamiques de France (UOIF), l'une des trois grandes fédérations de mosquées de France, proche des Frères musulmans, a menacé dans la nuit de se retirer du scrutin s'il n'était pas reporté. Le CFCM, qui pensait avoir trouvé une issue à la crise en février, a dénoncé auprès de l'AFP ce «chantage» et maintient la date du 8 juin pour l'élection de ses délégués régionaux.

Mercredi, son président sortant Mohammed Moussaoui tablait sur 901 mosquées inscrites et 3 460 délégués votants, ce qui représentait «une augmentation de plus de 24 % par rapport aux élections de juin 2011».

Dans un communiqué diffusé dans la nuit, l'UOIF dénonce «l'immaturité du projet de réforme du CFCM», les grandes fédérations n'arrivant pas, selon elle, à «favoriser l'émergence des listes communes dans les régions». Pourtant signataire du projet de réforme des statuts du CFCM, comme du calendrier électoral, l'UOIF, menace «son retrait du processus électoral».

La GMP (pro-Algérie) et l'UOIF avaient boycotté le scrutin de juin 2011, entravant l'action du CFCM sur des dossiers tels que la formation des imams, ou l'organisation de la certification halal. Le Rassemblement pour les Musulmans de France (RMF - pro-Marocain) s'était retrouvé en situation de quasi-monopole, ce qui limitait sa légitimité et le rendait impuissant à animer le CFCM.

«Mosquée de quartier»

La consultation de samedi, avancée d'un an, vise à réintégrer les grandes fédérations de la Grande Mosquée de Paris (GMP) et de l'UOIF. Elle permettra aux 25 conseils régionaux (CRCM) d'élire 45 délégués au Conseil d'Administration, auxquels s'ajouteront 45 membres cooptés par ces grandes fédérations.

Les 90 membres du Conseil d'administration (contre 58 jusqu'à présent) désigneront le 23 juin le bureau exécutif qui élira le président du CFCM. Mais 5 Conseils régionaux du Culte musulman (CRCM) regimbent contre un scrutin anticipé qui prive notamment leurs délégués d'une année de représentation – les élections du CFCM ont lieu tous les trois ans. En outre, des grandes mosquées comme celle de Lyon, Saint-Etienne ou Evry-Courcouronnes, n'appartenant pas à une fédération, refusent de participer, s'estiment «ravalées au rang d'une mosquée de quartier».

Le «nouveau mode de gouvernance, basé sur la collégialité et l'alternance de la présidence» prévu par la réforme des statuts, dispose que le RMF, la GMP et l'UOIF, désigneront 9 délégués chacun. Les autres composantes de l'islam de France disposeront respectivement de 7 délégués pour le CCMTF (turc), 2 pour les afro-antillaises (FFAIACA), 1 pour Foi et Pratique ou Tabligh.

Un mandat de six ans sera donné à une direction collégiale (un président et au moins deux vice-présidents, issus de chacune des grandes fédérations). Le CA élira 3 personnes qui présideront le CFCM pendant 2 ans en alternance.Autre changement : la pondération du critère de représentativité par mètre carrés. Les catégories de lieux de cultes ne sont plus qu'au nombre de 3 (contre 10): les salles de prière de moins de 100 m2 auront un délégué, celles de taille moyenne (100 / 300 m2) en auront 3 et les grandes mosquées (plus de 300 m2) en auront 5.

Le CFCM a été créé en 2003 sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, pour doter les 3,5 millions de musulmans vivant en France d'une instance représentative, mais il a rapidement été grippé par des conflits entre ses différentes composantes.

6 juin 2013

Source : Libération/AFP

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