vendredi 5 juillet 2024 00:29

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Suisse : Initiative contre l'immigration de masse rejetée par le parlement

Le Conseil national ne veut pas des recettes de l'UDC en matière d'immigration. Il a balayé jeudi, par 128 voix contre 49, son initiative populaire "contre l'immigration de masse". Tous les partis s'y sont opposés, car elle remettrait en question l'accord de libre circulation et serait préjudiciable à l'économie.

Malgré la netteté du verdict, le texte, signé par plus de 135'000 personnes, a donné lieu à un débat de près de sept heures. Pas moins de 63 députés - dont 25 UDC - s'étaient en effet inscrits pour prendre individuellement la parole.

L'initiative vise à réintroduire des plafonds annuels à l'immigration ainsi que des contingents pour les autorisations de séjours en Suisse. Ces limites s'appliqueraient aussi aux frontaliers et aux requérants d'asile.

ETRE MAÎTRE DE L'IMMIGRATION

Hans Fehr (UDC/ZH) a dénoncé une immigration incontrôlée. "A terme, cette situation est ingérable", a-t-il dit, en rappelant que l'excédent annuel est de quelque 80'000 personnes, soit l'équivalent de la ville de St-Gall.

Selon M. Fehr, l'immigration excessive entraîne une hausse vertigineuse des loyers, des trains bondés, des routes engorgées, une hausse de la consommation d'énergie et une augmentation de la criminalité dans le cadre de l'accord de Schengen. "Nous voulons rester maîtres de l'immigration qui arrive chez nous", a martelé le Zurichois.

Sa collègue genevoise Céline Amaudruz a pointé du doigt la surreprésentation des étrangers parmi les bénéficiaires des institutions sociales et dans les prisons.

Libre circulation positive

Le texte de l'UDC, soutenu uniquement par la Lega, a subi le feu nourri de tous les autres partis. Moult orateurs ont souligné que les accords bilatéraux et la libre circulation avec l'Union européenne (UE) sont positifs pour la Suisse et pour de nombreux secteurs économiques, qui ont besoin de personnel qualifié.

Pour les Verts, les problèmes soulevés par les initiants, comme la gestion du territoire ou la surcharge des moyens de transport, sont certes renforcés par l'immigration, mais ils sont aussi "faits maison". La meilleure solution réside dans les mesures d'accompagnement, comprenant par exemple des salaires minimums, a dit la Vaudoise Adèle Thorens.

Un avis pleinement partagé par les socialistes. "Il faut avoir une belle dose de poussée de fièvre populiste pour laisser entendre que le retour préhistorique aux contingents serait bon pour le pays", s'est insurgée Cesla Amarelle (VD).

"ON N'EST PLUS EN 1291 !"

"On n'est plus en 1291 !", a lancé Alain Ribaux (PLR/NE). Espérer aujourd'hui que la Suisse peut gérer l'immigration de manière autonome est "vain, creux et passéiste". C'est laisser penser que notre pays est un îlot à part et qu'il peut vivre en autarcie.

"Comment peut-on laisser croire à la population que l'UE, avec ses 500 millions d'habitants, a plus besoin de la Suisse que l'inverse?", a interrogé le Neuchâtelois. Marianne Streiff (PEV/BE) a saisi la balle au bond: "L'UE ne sera pas prête à renégocier les accords bilatéraux. L'initiative est donc très risquée".

Attitude de l'udc dénoncée

Martin Bäumle (PVL/ZH) a dénoncé l'attitude de l'UDC: "Lorsque nous voulons prendre des mesures en faveur de l'aménagement du territoire, c'est elle qui s'y oppose". Pour le Vert'libéral, on peut donc se demander si le parti ne veut pas surtout exploiter le problème de l'immigration à son profit.

M. Bäumle, de concert avec les Verts, a néanmoins reconnu l'existence de certains problèmes et souligné que la politique de la croissance doit être remise en question.

Pour Martin Landolt (PBD/GL), l'UDC a réussi à soulever une question qui préoccupe la population, "mais cela n'améliore pas l'initiative, qui ne propose pas une solution praticable". "C'est de la poudre aux yeux", a renchéri Elisabeth Schneider-Schneiter (PDC/BL), qui a aussi reproché à l'UDC de faire l'amalgame entre l'asile et la libre circulation.

Le Conseil fédéral partage la position de la majorité. La ministre de la justice Simonetta Sommaruga a mis en garde contre la difficulté pour les autorités de répartir les contingents entre les cantons et les secteurs économiques.

20.06.2013

Source : Romandie/ats/rp

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