vendredi 5 juillet 2024 00:21

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Migration / Réadmission : qui a décidé quoi et pourquoi ?

Nous sommes le 23 juillet 2012, Saâdeddine El Othmani, ministre en charge des Affaires étrangères et de la coopération, s'exprime au Parlement devant les conseillers de la deuxième Chambre.

Que dit-il ? «Le Maroc refuse d'être le gendarme de l'Europe. Sur la question migratoire, nous avons décidé de ne pas signer l'accord de réadmission, lequel comporte des dispositions inappropriées», fin de citation. Avant de passer au scanner le propos du Chef de la diplomatie, attachons nous à savoir de qui et de quoi parle-t-on ? Réadmission ? Migration ? Coopération ? Circulation ? Régulation ? Population ? Ça veut dire quoi, cela engage qui et cela conditionne quoi en matière d'enjeu(x) ? Tout d'abord, il faut savoir qu'un accord de réadmission, c'est tout simplement, une sorte de partenariat avec à la clé une brochette d'accords et de conventions signés entre pays et qui repose sur les conditions de reconduite à la frontière de ressortissants émigrés en situation irrégulière d'un point de vue administratif. En clair, et en ce qui nous concerne, à savoir le Maroc et l'Union européenne, il s'agit de construire un viaduc entre les rives nord et sud de la méditerranée, viaduc destiné à servir de couloir pour le transfert de personnes jugées non intégrables par les pays membres de l'Union européenne. Vous commencez à y voir plus clair, tant mieux, moi aussi. Continuons à dérouler la pellicule. Autre élément à intégrer pour mieux s'approprier la situation, c'est de savoir que le Maroc a signé des accords de réadmissions avec des pays de la rive sud de l'Europe, accords bilatéraux avec la France, l'Espagne, la Belgique ou encore les Pays bas.

Pourquoi ? Et pourquoi avec ces pays là ? La réponse est simple. Dans ces quatre pays, il y des femmes, des hommes et des enfants d'origine marocaine. Du coup, le levier réadmission a été signé pour permettre des expulsions de marocains en toute harmonie avec le cadre juridique, et voilà le tout est joué et voilà. Quand aux critères d'expulsion, on dira que l'arbitraire est quelque peu la règle. Venons-en à cet accord de réadmission que le Maroc aurait signé, aurait car le mystère reste entier sur la signature effective, comme du reste sur l'identité des signataires du reste, mettons ça sur le dos de notre exception. Aujourd'hui on parle d'un nouvel accord de coopération pour la mobilité sociale et la gestion de la circulation des personnes. Et hop ! On change le packaging mais le produit est le même. Sauf que. Que quoi au fait ? Ah oui, que la finalité, c'est comment soulager l'Europe de populations, essentiellement d'origine africaine, maghrébine voire marocaine en situation irrégulière. Un soulagement pressant de Bruxelles, pressant car cela fait plus de 10 ans que l'Europe attend que le Maroc pactise, une sorte de pacte élargi, si l'Union européenne a élargie ses membres et ses prérogatives, elle a obtenue que le Royaume élargisse son champ d'accueil de populations expulsées, ainsi, il ne sera plus limité aux marocains mais aux africains. Dur à dire mais surtout dur à vivre pour celles et ceux qui vont faire les frais de cet accord. Accord dont l'objectif est aussi de faire face à la montée de l'islamophobie en Europe, à la croissance du chômage, des tensions sociales, aux mouvements d'extrême droite, au populisme, bref tout ce qui dérange les populations du Vieux continent. Reste à savoir ce qu'en pensent les marocains ? Vous me direz, difficile de savoir, étant donné qu'ils ont été privé d'informations, de débats, et qu'ils non pas été consultés, à moins qu'il faille considérer que la promesse de plus de visas suffise à contenter le peuple. Encore faut-il que la promesse soit respectée ? Que les marocains acceptent de sous traiter de l'humain ? Et que chacun soit conscient que demain ne sera plus comme hier....

Invités : Driss Ajbali, membre dirigeant au CCME (Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger), Mehdi Alioua, Sociologue, Enseignant Chercheur à l'IER (Université Internationale de Rabat), Abdelhak Najib, journaliste d'investigation à Maroc Hebdo et Gabriel Banon, Economiste et Expert en géopolitique.

L'émission a été diffusée sur Luxe Radio le Jeudi, 20 Juin 2013

Source : Site de Luxe Radio

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