vendredi 5 juillet 2024 00:23

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L'Italie n'est pas un pays raciste même si des épisodes de racisme peuvent y survenir

L'Italie n'est pas un pays raciste même si des épisodes de racisme peuvent y survenir, a affirmé samedi la ministre italienne d'origine congolaise, Cécile Kyenge, première femme de couleur à accéder à un poste gouvernemental en Italie.

Mme Kyenge, qui a fait l'objet récemment d'une vaste campagne de dénigrement orchestrée par des milieux d'extrême-droite sur des sites internet, a précisé que contrairement à d'autres pays européens, qui ont une longue histoire d'immigration, l'Italie n'a pas encore réussi à concevoir une culture de société multiethnique.

"Ici, le phénomène a été différent et très rapide", a expliqué la ministre de l'Intégration dans un entretien au journal le +Corriere della Sera+.

Pour elle, il ne s'agit "aucunement d'une question politique ou même partisane, mais d'une urgence culturelle à laquelle il faut répondre par l'éducation, l'information et la sensibilisation et par un travail dans les écoles".

"L'Italie est déjà un pays multiethnique", a-t-elle souligné, invitant tous ceux qui n'arrivent pas encore à l'admettre à visiter des écoles primaires pour s'en rendre compte.

Mme Kyenge avait rappelé récemment que l'Italie accueille près de 5 millions d'immigrés, dont 1 million d'enfants parmi lesquels 600.000 nés sur le territoire italien.

Ces immigrés sont "aussi une ressource: des travailleurs, des contribuables et parfois des entrepreneurs", avait-elle ajouté en réponse à ceux qui tentent d'expliquer les tensions sociales par les effets de la crise économique.

"La priorité de ce gouvernement est l'emploi mais la crise touche tout le monde, il faut l'affronter ensemble, y compris avec l'idée d'une nouvelle citoyenneté qui prévoit des droits mais aussi des devoirs", avait insisté Mme Kyenge.

Revenant, par ailleurs, sur les épisodes de racisme dont elle a été récemment la cible, la ministre a affirmé que ses détracteurs ne réussiront pas à lui faire peur, tout en reconnaissant que cette campagne ne l'a pas laissée indifférente.

"Ceux qui en m'insultant pensaient m'offenser ont en réalité offensé l'humanité toute entière", a-t-elle dit, en soulignant que "toute personne qui réfute le racisme doit se sentir concernée".

Depuis sa prise de fonction fin avril, Mme Kyenge, 49 ans, a été la cible d'agressions verbales et d'attaques xénophobes particulièrement virulentes par le biais de sites racistes et même sur sa propre page facebook.

Résidant en Italie depuis 1983 où elle exerce en tant qu'ophtalmologue, la ministre est connue pour son action visant la réforme de la loi sur la citoyenneté, qui est basée pour l'heure en Italie sur le seul droit du sang.

Mme Kyenge, qui milite en faveur de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés dans la Péninsule de parents étrangers, compte également parmi les fervents défenseurs de l'abrogation du délit d'immigration clandestine, entré en vigueur en 2009, sous l'impulsion du ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni (Ligue du nord), l'un des membres les plus influents à l'époque du gouvernement de Silvio Berlusconi.

Elle se bat aussi pour rendre le marché du travail plus accessible aux étrangers et pour "lutter contre la violence sexiste, raciste et de toute autre nature".

La nomination de Mme Kyenge a été saluée par plusieurs personnalités politiques, pour qui il s'agit d'un signal qui "démontre avec cohérence" la volonté de croire en une Italie "plus intégratrice et vraiment multiculturelle".

22 juin 2013

Source : MAP

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