vendredi 5 juillet 2024 00:30

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Ces Français issus de l'immigration qui vont tenter leur chance au Qatar

Le Qatar et sa puissance financière presque sans limite attire les Français d'origine maghrébine, dont la double culture est un atout dans ce pays.

Le PIB le plus haut du monde, avec 66.000 euros par habitant. 40 milliards d'euros d'excédents budgétaires. Tout ça avec deux millions d'habitants sur une surface grande comme la Corse. Surpuissant Qatar, qui investit tous azimuts et qui tire de ses réserves de gaz des revenus gigantesques. Un pays qui est vu comme le nouvel eldorado. On s'y presse, d'ailleurs. Les chefs d'Etats, bien sûr, comme François Hollande qui rend pour la première fois visite à l'émirat, ce week-end, avec dans ses valises une importante délégation de chefs d'entreprises. Mais aussi des travailleurs venus des quatre coins du globe, et notamment de France, alléchés par des salaires généreux et des infrastructures modernes.

« Embauché en 20 minutes »

L'émirat attire en effet de plus en plus de jeunes venus de l'hexagone, notamment ceux d'origine maghrébine, parce qu'ici la double culture française et arabe est un plus sur le CV. Brahim 45 ans, qui vient de Mirande dans le Gers. Il était mécanicien de formation avant de se lancer dans la photo aéronautique. Il a connu beaucoup de période de chômage en France, jusqu'au jour où le Qatar lui a ouvert ses portes. Il est aujourd'hui photographe officiel de la compagnie nationale Qatar Airways. Pour Brahim, une telle carrière aurait été impossible en France : « Quand j'ai été embauché, j'ai eu un entretien de 20 minutes, raconte-t-il. J'ai montré les images que je faisais et tout de suite on m'a dit "vous correspondez au profil, on vous prend". Aussi simple que ça. Et la question d'après ça a été "quand est-ce que vous voulez commencer ?". Moi venir travailler au Qatar ne faisait pas partie de mon programme. Mais je suis arrivé à un point où c'était la porte de sortie de la galère ».

« Ici, on est tous étrangers »

Amel, qui est professeure d'art à la faculté, à Doha, la capitale qatarie. Alors qu'être maghrébin peut parfois poser problème en France, ici c'est plutôt un avantage : « Ça peut être plus facile, oui. Ici on est tous étrangers. La plupart du temps, votre directeur est aussi étranger, donc c'est plus simple ». Mais le Qatar ne s'offre pas si facilement. Avant de pouvoir s'élancer sur les routes fraîchement goudronnées qui serpentent entre les buildings en construction, il faut trouver un "sponsor", sans qui rien n'est possible. Un sponsor, c'est un qatari qui accepte d'être soit votre employeur, soit votre associé, et dans ce dernier cas il possèdera 49% des parts de votre société. Ici, on est pieds et poings liés à son sponsor, comme l'explique Amel : « Vous dépendez de lui. Sur votre carte d'identité locale, vous avez le nom de votre sponsor. Sans lui, vous ne seriez pas là, donc vous êtes liés, même si c'est un peu bizarre. Vous êtes sous son aile et si vous voulez sortir du pays vous devez lui demander la permission. Chaque fois que vous vous déplacez ou que vous partez en vacances, vous avez un permis de sortie, qui est signé par l'employeur. Il n'y a pas d'alternatives ». L'eldorado a un prix, la liberté.

24 Juin 201, Philippe Gril avec Stéphanie Collié

Source : Bled.ma

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