vendredi 5 juillet 2024 00:26

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Derniers jours de sursis en Arabie saoudite pour la main d'œuvre irrégulière

Des centaines de travailleurs étrangers en situation irrégulière en Arabie saoudite faute de bénéficier d'un parrainage n'ont plus que deux jours pour se mettre en conformité avec la loi dans le royaume où la main d'oeuvre locale sera désormais privilégiée.

L'amnistie, décrétée le 3 avril par le roi Abdallah, accordait un sursis de trois mois aux travailleurs étrangers pour régulariser leur situation ou quitter le royaume, et éviter ainsi de figurer sur une liste noire ou risquer une peine de prison et une amende.

Au cours des deux premiers mois, plus de 1,5 million d'étrangers illégaux ont bénéficié de cette amnistie, a indiqué le ministère du Travail sans préciser le nombre des sans papiers dans le royaume, estimé à plus de deux millions.

Parmi eux, quelque 180.000 ont quitté définitivement le royaume, s'ajoutant à plus de 200.000 autres expulsés au début de l'année en application de nouvelles réglementations visant à traquer les immigrés en situation irrégulière, selon les autorités.

A quelques jours de la date butoir, la tension était perceptible parmi les sans-papiers, originaires pour la plupart d'Inde, du Bangladesh, du Pakistan et d'Indonésie mais aussi du Yémen et d'Egypte.

Tous redoutent la campagne d'arrestations que les autorités ont menacé de mener à l'expiration de la grâce royale. S'y exposent ceux qui ne peuvent justifier d'un parrainage ou ne travaillent pas pour leur parrain officiel.

De nombreux retardataires se pressaient dans les ambassades de leurs pays pour accomplir les formalités consulaires nécessaires avant de pouvoir partir.

"J'essaye de renouveler mon passeport après avoir désespérément cherché à être parrainée par un employeur pour pouvoir rester dans le royaume", dit Sharon, une domestique philippine de 38 ans, faisant la queue sous un soleil de plomb, devant la chancellerie de son pays à Ryad.

Sa compatriote, Anne, 25 ans, est inquiète. Elle dispose de ses documents de voyage mais n'arrive pas à trouver une place sur un vol pour Manille.

La pratique du parrainage des expatriés, dénoncée par les organisations de défense des droits de l'Homme, est une affaire juteuse pour beaucoup de Saoudiens qui peuvent se livrer à un trafic de visas de travail.

Pour les autorités les nouvelles réglementations doivent permettre de réduire le nombre de travailleurs immigrés, estimés à 8 millions de personnes sur une population de quelque 27 millions d'habitants, pour favoriser l'emploi des Saoudiens dans le pays où le taux du chômage est de 12,6%.

"Cela va aider à réorganiser le marché du travail, favoriser l'emploi des Saoudiens et protéger les travailleurs étrangers des abus des sponsors", a indiqué l'expert économique Fadhl al-Boulaïnaïn.

Les nouvelles réglementations doivent, selon lui, "réduire d'au moins 30% le nombre des travailleurs dans le royaume, sinon la campagne n'aura pas été un succès".

Mais il avertit cependant que le départ massif et simultané de dizaines de milliers d'étrangers aura "un impact négatif sur le monde des affaires", soulignant que certains secteurs, dont celui du bâtiment, "n'attirent pas les Saoudiens".

Un autre expert, Abdelwahab Abou Dahesh, prévient lui aussi qu'un certain nombre d'emplois risquent de rester vacants. "Comme les étrangers occupent des emplois subalternes, leur remplacement par des Saoudiens ne sera pas rapide et l'impact sur l'économie nationale se fera attendre".

En attendant des jours meilleurs, Rajeev Shukery, un coursier indien depuis dix ans, s'apprête à quitter le royaume d'ici mercredi. Mais pour lui, la page saoudienne n'est pas tournée pour autant et il espère bien pouvoir "revenir avec un nouveau visa de travail".

01 juil 2013, Assad ABBOUD

Source : AFP

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