vendredi 5 juillet 2024 02:19

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Emigration : La crise bouleverse la «normalité»

La question de l'immigration clandestine est toujours au cœur des relations maroco-espagnoles. Le nombre de clandestins arrivant sur les côtes espagnoles a régressé de 90% entre 2005 et 2013.La crise économique espagnole a créé un nouveau profil d'immigration Nord-Sud.

 

La visite du Roi d'Espagne Juan Carlos au Maroc, vient confirmer la volonté des deux pays voisins à consolider et à approfondir leurs relations bilatérales. Des liens qui se sont renforcés ces dernières années en dépit de la crise économique et financière espagnole.

La présente visite du Roi Juan Carlos balise le terrain à une autre forme de coopération économique et sociale.

Cependant, des dossiers épineux ont souvent pimenté cette relation maroco-espagnole, entre autres, le dossier de l'immigration clandestine

De par sa proximité géographique, l'Espagne est la première destination des immigrants, en provenance du continent africain, à la recherche d'un nouvel Eldorado. Durant les dix dernières années, leur nombre s'est multiplié par 6, passant de 1 million en 2001 à 6 millions d'étrangers en 2013 selon une étude réalisée par la FIIAPP (la Fondation internationale et pour l'Amérique latine d'administration et de politiques publiques). Il faut dire qu'à partir des années 90, l'Espagne est passée du statut de pays d'émigration au statut de pays d'immigration. Les immigrants clandestins arrivaient en masse sur les côtes espagnoles à bord d'embarcations de fortune. Chiffres à l'appui, en 2006, plus de 40.000 clandestins ont débarqué en Espagne. Les autorités marocaines et espagnoles ont renforcé le contrôle des frontières. Ils ont fait de la lutte contre l'immigration clandestine et des mafias de passeurs l'une de leurs priorités. En 2012, les deux Etats ont renforcé leur coopération en matière de sécurité transfrontalière via une alliance bi-policière. Depuis mai 2012, le complexe portuaire Tanger-Med et celui d'Algésiras se sont dotés de deux unités de coopération sécuritaire hispano-marocaines. Ce sont des équipes de sécurité mixtes qui assurent la gestion des deux centres et composées notamment des éléments de la Gendarmerie royale et de la Sûreté nationale, ainsi que de la Garde civile et de la police espagnole.

Des actions conséquentes

Tous les efforts déployés visent à réduire le nombre des clandestins. Un pari réussi puisque le nombre d'arrivées en Espagne a connu une baisse importante de plus de 90%, passant de 40.000 en 2006 à 4.000 personnes en 2012. Le ministre espagnol de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz avait récemment déclaré que 2012 a été l'une des années ayant enregistré le chiffre le plus bas d'arrivées de clandestins en Espagne durant la dernière décennie.

Et le Maroc à joué un rôle clé dans la gestion de ces flux de migrants clandestins.

Récemment, il a signé avec l'Union européenne une déclaration commune sur un partenariat pour la mobilité. Ce qui implique l'engagement du Maroc à négocier et à coopérer avec l'Europe sur les questions de l'immigration clandestine.

Le pays est appelé, en quelque sorte, à jouer le rôle de gendarme et à débarrasser l'Europe de l'un des problèmes les plus contraignants. A travers ce partenariat, le Maroc s'engage à accueillir sur son territoire toutes les personnes arrêtées en situation irrégulière en Europe qui seraient supposées être passées par le Maroc. En contrepartie, l'UE a proposé différentes mesures d'aide, à savoir la facilitation de l'octroi des visas pour les étudiants ou les hommes d'affaires et l'octroi d'aides financières pour lutter contre l'immigration clandestine.

Cet accord a d'ailleurs été jugé inéquitable par les organisations des droits de l'Homme.

«L'Espagne est en phase de changer son regard sur le Maroc. Ce n'est plus un regard de pays menaçant par les problèmes d'émigration illégale ou de trafic de drogue, mais plutôt un regard d'un pays d'opportunité», nous avait affirmé Alberto Navarro, ambassadeur d'Espagne au Maroc, lors d'une interview accordée à Finances News Hebdo.

L'envers du décor

Frappée de plein fouet par la crise, l'Espagne a connu ces dernières années l'un des taux de chômage les plus élevés d'Europe. En effet, d'après les données de l'Institut national de statistiques espagnoles, ce taux est passé de 9,16% en 2005 à presque 26% en 2013. Ce sont les métiers du bâtiment et des services, premiers employeurs de la main-d'œuvre immigrée, qui ont été les plus touchés. L'Eldorado espagnol ne fait plus rêver les migrants qui fuient leur pays à la recherche d'une vie meilleure. La situation est devenue chaotique à tel point qu'un grand nombre d'immigrants ont décidé de plier bagages et de retourner à leur pays d'origine. D'autres, en revanche, ont opté de tenter leur chance dans d'autres pays de l'Union européenne moins impactés par la crise. Beaucoup de Marocains sont retournés au bercail pour investir dans leur terre natale.

La crise espagnole a également créé un autre flux d'immigration soit une nouvelle vague d'immigration Nord-Sud, de l'Espagne vers le Maroc. Cela paraît inimaginable et c'est pourtant vrai ! La présence d'Espagnols sur le territoire marocain a vraisemblablement augmenté ces deux dernières années des effets de la crise qui a touché leur pays.

Un reportage sur ce nouveau profil d'émigration a été diffusé sur 2M montrant clairement que le Maroc est désormais dans la ligne de mire des Espagnols sans emploi. On parle même du Maroc comme nouvel Eldorado. C'est une première dans l'histoire de la migration. Beaucoup ont décidé de s'installer au Maroc pour échapper a la crise en créant leur propre commerce ou en travaillant dans des entreprises marocaines ou espagnoles. Si certains sont installés légalement, d'autres en revanche demeurent dans une situation illégale. Contrairement aux immigrants marocains qui galèrent pour trouver du travail, les Espagnols ne semblent pas trouver trop de difficulté. Au Maroc, embaucher un étranger est une valeur ajoutée pour l'entreprise.

18 Juillet 2013, L. Boumahrou

Source : financenews

 

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