vendredi 5 juillet 2024 02:23

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Racisme : une élue d'un parti populiste italien condamnée à la prison avec sursis, un sénateur soumis à enquête

Une élue locale du parti populiste et anti-immigrés italien, La Ligue du Nord (Lega), a été condamnée, mercredi, à Padoue (nord-est) à 13 mois de prison avec sursis pour avoir tenu des propos racistes et violents à l'endroit de la ministre italienne d'origine congolaise, Cécile Kyenge.

Dolores Valandro a été condamnée également à n'exercer aucune fonction officielle pendant trois ans. Cette interdiction ne lui sera cependant appliquée qu'une fois la justice aura tranché sur les recours que lui permet la loi.

Réagissant à une tentative de viol commise par un immigré africain, l'intéressée avait publié, le mois dernier, sur sa page Facebook une photo de Kyenge avec ce commentaire: "Pourquoi n'y a-t-il personne pour la violer afin qu'elle comprenne ce que subit la victime d'un tel crime? Honte à elle!"

A la suite de cette affaire, Valandro a été exclue de la Ligue du Nord.

Par ailleurs, le parquet de Bergame (nord) a ouvert une enquête pour diffamation à caractère racial visant le sénateur de la Ligue du Nord, Roberto Calderoli, qui a comparé, il y a quelques jours, Cécile Kyenge à un singe, a-t-on indiqué de sources judiciaires.

Kyenge "fait bien d'être ministre mais peut-être devrait-elle le faire dans son pays (...) J'aime les animaux (...) mais quand je vois les images de Kyenge, je ne peux m'empêcher de penser à des ressemblances avec un orang-outan, même si je ne dis pas qu'elle en soit un", avait-il affirmé lors d'une réunion de parti.

Depuis sa nomination, fin avril, au sein du gouvernement de grande coalition conduit par le démocrate Enrico Letta, des milieux essentiellement d'extrême-droite se sont déchainés contre la ministre la désignant notamment de "guenon congolaise", de "Zouloue" ou encore de "la Noire anti-italienne".

Dans le cadre de cette même campagne, un eurodéputé issu de la Ligue du Nord, avait traité Kyenge, qui est en charge du portefeuille de l'intégration, d'"incompétente" et de "figure de ménagère".
Mario Borghezio avait qualifié également le nouvel exécutif italien de gouvernement de "Bonga-Bonga", par ironie pour les origines africaines de la ministre.

Lundi dernier, Enrico Letta avait appelé la Ligue du Nord à mettre fin aux attaques racistes en son sein, déplorant les insultes proférés contre Kyenge, première ministre de couleur de l'histoire de l'Italie.

"Je lance un appel à (Roberto) Maroni (le chef de la Ligue du nord, ndlr) pour qu'il referme le plus vite possible cette page, sinon on entrera dans une logique d'affrontement total qui ne serait utile ni à lui ni au reste du pays", avait déclaré Letta en qualifiant ces insultes de "page honteuse" de l'histoire de l'Italie.

Le chef du gouvernement italien avait déploré aussi que cette affaire "soit déjà en première page de toute la presse étrangère".

Le portefeuille attribué à Kyenge, 49 ans, cadre parfaitement avec le combat qu'elle mène notamment en faveur des immigrés.

Résidant en Italie depuis 1983 où elle exerce en tant qu'ophtalmologue, elle est connue pour son action visant la réforme de la loi sur la citoyenneté, qui est basée pour l'heure en Italie sur le seul droit du sang.

Kyenge, qui milite en faveur de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés dans la Péninsule de parents étrangers, compte également parmi les fervents défenseurs de l'abrogation du délit d'immigration clandestine, entré en vigueur en 2009, sous l'impulsion du ministre de l'intérieur, le même Roberto Maroni qui fut l'un des membres les plus influents à l'époque du gouvernement de Silvio Berlusconi.

La ministre qui, comme Letta, fait partie du Parti démocrate (PD-gauche), milite aussi pour rendre le marché du travail plus accessible aux étrangers et pour "lutter contre la violence sexiste, raciste et de toute autre nature".

La nomination de Kyenge, qui est l'une des sept femmes ministres du gouvernement Letta, avait été saluée par plusieurs personnalités politiques pour qui il s'agit là d'un signal qui "démontre avec cohérence" la volonté de croire en une Italie "plus intégratrice et vraiment multiculturelle".

18 juill. 2013

Source : MAP

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