vendredi 5 juillet 2024 02:18

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Images de violences policières dans un centre de rétention grec

Début août, une émeute survenue dans le centre de rétention de migrants d'Amygdaleza, près d'Athènes, a mis au jour les conditions de détention éprouvantes des réfugiés sur le sol grec. De violents incidents avaient éclaté dans ce principal camp de rétention de migrants de Grèce, au cours desquels certains avaient pris la fuite pour protester contre la prolongation de leur détention, passant de un an à dix-huit mois.

En décembre 2012, à Corinthe, des centaines de demandeurs d'asile avaient entamé une grève de la faim pour s'opposer à l'allongement de leur délai d'incarcération. L'intervention de la police antiémeute avait cassé net la mobilisation. Une manœuvre brutale, comme en témoigne la vidéo tournée par l'un des réfugiés posté à la fenêtre d'une des cellules et que Le Monde s'est procurée.

Plus d'une cinquantaine de migrants, originaires principalement d'Afghanistan et du Pakistan, avaient refusé de regagner leur baraquement, qu'ils ne quittent habituellement que pour la sortie quotidienne autorisée. Dans la cour de l'enceinte, surveillée en permanence, ils avaient déposé matelas et couvertures, poursuivant la protestation pacifique à l'extérieur du bâtiment. Parmi leurs principales revendications : la visite d'un médecin en dehors des rendez-vous organisés lors de l'arrivée et de la sortie du centre, le recours à un avocat et aux associations, ainsi que l'assistance systématique d'un traducteur.

DOCUMENTS DIFFICILEMENT EXPLOITABLES PAR LES ASSOCIATIONS

Ancienne académie militaire cédée au ministère de l'ordre public en 2012, le centre de Corinthe est l'un des seuls camps où la possession de téléphone portable n'est pas strictement prohibée.

Ces documents vidéo – tournés dans l'illégalité – restent difficilement exploitables par les associations de défense des droits de l'homme. Transmis dans un premier temps à Amnesty International, l'enregistrement n'a pas permis d'appuyer les revendications des réfugiés détenus. "La loi sur la protection des sources est très limitée dans le pays, explique Elias Anagnostopoulos, directeur du bureau grec d'Amnesty international. Publier la vidéo nous aurait obligés à dévoiler l'identité du migrant qui l'avait filmée, l'exposant à des représailles de la part de la police."

Surpris par les gardiens en train de tourner la scène avec son téléphone, l'homme, de nationalité syrienne, a été passé à tabac après avoir réussi à envoyer la vidéo. Libéré de Corinthe en mars, ce migrant originaire d'Afrin, qui avait fui son pays en guerre, a depuis trouvé refuge en Suède.

Les événements de décembre 2012 n'ont pas abouti à l'amélioration des conditions de vie des détenus de Corinthe. Le 27 juillet, Hassan Muhammad, un migrant afghan, est mort d'une infection pulmonaire. Placé dans le centre de rétention depuis plus de dix mois, il n'avait jamais eu accès à un médecin malgré ses demandes réitérées.

20/8/2013, Alicia Bourabaa

Source : Le Monde

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